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Retour Piste de recherche


- Première partie : Argumentaire
- Deuxième partie : Généralités
- Troisième partie : suite de l'enquête
- Quatrième partie : Analyses et Commentaires
- Cinquième partie : L'hôpital de jour, un modèle de référence

Conclusion

Au terme de cette réflexion, les résultats ne sont pas minces. Qui veut promouvoir l’utilisation des activités à des fins thérapeutiques trouvera matière à rebondir.

Nous avons redéfini la notion d’activité, proposé un cadre conceptuel permettant de mieux les décrire, en saisir l’intérêt, la finalité. Nous avons insisté sur la nécessité d’énoncer clairement l’objectif à atteindre, d’inscrire l’activité dans le projet thérapeutique, d’adapter la fréquence et les conditions de réalisation à l’évolution clinique du patient. L’objectif est de permettre à l’activité de devenir un soin à part entière au même titre que les autres modes de prise en charge.

Ainsi que l’énoncent nos collègues de Rouffach, il nous est apparu nécessaire de formaliser les différentes étapes de la mise en place de l’activité afin de se réapproprier son sens tout en l’imprégnant de la culture de l’établissement, du lieu de soin; de l’inscrire dans le projet individuel du patient en lien avec sa problématique et ses objectifs; de suivre une méthodologie de travail claire et rigoureuse tout en mettant en place les conditions d’une évaluation destinée à mettre en évidence l’évolution du patient et à transmettre les étapes de cette évolution à partir de difficultés et d’objectifs repérés au préalable.

Partant du constat que les infirmiers du secteur n’animaient pas ou peu d’activités, il nous appartient de proposer maintenant un certain nombre de mesures correctives.

Rappelons que l’enjeu de tout cela est d’améliorer la qualité des soins dispensés, de permettre au patient de jouer et déjouer ses difficultés psychiques dans un cadre suffisamment contenant, suffisamment créatif pour être habitable sans angoisses excessives, de favoriser l’insertion et la réinsertion, la socialisation et la resocialisation du patient dans son milieu socioculturel habituel.

Certaines de ces mesures ont pour terrain l’institution Esquirol elle-même, elles ne se justifieraient que si l’enquête était réalisée au sein des différents secteurs de l’établissement et montraient les mêmes insuffisances. Nous pensons qu’à quelques nuances près les résultats seraient les mêmes.

Le premier axe est la formation initiale : pas d’animation sans formation à l’animation. A l’IFSI d’accorder une place plus importante à cette dimension essentielle du soin infirmier qu’il se pratique à l’hôpital général (il est de plus en plus souvent nécessaire d’éduquer le patient à de meilleures pratiques de santé) ou en psychiatrie. Ce recentrage aura l’avantage d’enrichir les démarches de soin.

Les activités constituent un extraordinaire moyen d’atteindre les objectifs centrées sur une meilleure gestion de la maladie et de la santé, sur la maîtrise des rôles et sur une meilleure adaptation à la vie sociale. Elles impliquent une plus grande finesse d’observation et supposent une meilleure qualité de savoir-être.

Le second axe est la formation continue. Chaque année deux ou trois actions de formation devraient être centrées sur l’animation d’activités. Le lien avec la démarche de soins et les actions de resocialisation et de réinsertion est tellement évident que plusieurs objectifs pourraient être atteints. Si chaque année vingt infirmiers étaient formés à l’organisation et à l’animation d’activités; en dix ans près de deux cent infirmiers contribueraient à inverser la tendance.

Le troisième axe repose sur la Direction du Service de soins infirmiers et éventuellement sur la Commission du Service de Soins Infirmiers. Il repose sur la réalisation d’un état des lieux. Quelles activités proposent-on aujourd’hui au CH. Esquirol ? Quels lieux, quelle périodicité, quelles médiations, quels sont les effets, les impacts escomptés, à quel public s’adressent-elles, qui sont leurs référents (profession, formations suivies), comment sont-elles évaluées, quelle transmissions ? Cet état des lieux impliquerait d’utiliser le recueil de données proposés dans le chapitre 5-B. Il pourrait être également intéressant de généraliser l’enquête effectuée au sein du Secteur 14 à l’ensemble des secteurs de psychiatrie adulte et infanto-juvénile de l’établissement. Cette enquête contribuerait puissamment à stimuler l’intérêt pour ce type de prise en charge.

Si l’enquête une fois analysée confirmait les résultats obtenus au sein du secteur 14, il serait souhaitable de passer à un quatrième axe permettant de rebondir en proposant aux équipes de définir collectivement leur projet de soins et la place qu’occupent les activités dans ce projet. Il serait ensuite possible de demander aux équipes volontaires de mettre en place une activité centrée sur ce projet et sur les besoins des patients. Cette activité qui reposerait sur la participation de deux ou trois infirmiers référents volontaires (choisis en fonction de leur expérience, des actions de formation continue menées à terme) serait planifiée sur un an. Cette activité devrait respecter la règle des trois unités, être évaluée par écrit après chaque séance et donner lieu à une transmission orale régulière. Après un an de fonctionnement, il sera nécessaire d’évaluer cette activité (nombre de patients, nombre de séances, évolution des patients au sein du groupe, évolution du groupe, intérêt pour les patients, intérêt pour le fonctionnement de l’unité elle-même, etc.). En fonction de cette évaluation, l’équipe se prononcera sur le maintien ou non de cette activité, sur la possibilité ou non d’en créer une autre, etc.

Cette façon de procéder suppose également un cadre volontaire, qui s’engage à planifier l’activité, à favoriser la transmission orale de cette activité. Elle suppose également qu’existent au sein du secteur des réunions cliniques régulières permettant une réflexion en commun des différents membres de l’équipe pluridisciplinaire (l’activité peut être réalisée par infirmiers, éducateurs spécialisés et ergothérapeutes).

La participation des étudiants à cette activité serait encouragée pendant toute la durée de leur stage. Les infirmiers référents contribueraient ainsi à la formation des étudiants et favoriseraient des échanges avec des étudiants eux-mêmes formés à l’animation d’activités.

Il pourrait également être opportun d’organiser des rencontres entre les référents des différentes activités (une fois par trimestre) afin que ceux-ci puissent mettre en commun leurs difficultés, leurs réussites et s’interroger sur le groupe et sur son animation. La participation d’une ou deux psychologues (Esquirol n’en manque pas) formés à ce type de pratique constituerait un plus indéniable.

La rédaction et la publication d’articles de réflexion centrées sur cette pratique permettrait de stimuler l’intérêt des équipes et de lui donner un certain retentissement.

Il s’agit évidemment d’actions à long terme mais les recettes minutes ou miracles sont rares en psychiatrie.

Nous contribuerions ainsi non seulement à améliorer la qualité des soins dispensés à Esquirol mais également, à la façon du groupe de recherche de Rouffach, à faire rebondir la question des activités en psychiatrie.

 

 

 

Dominique Friard

Recherche en Soins

Août-Novembre 1996.

 


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