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Samedi 22 septembre
Message de Emmanuel 22/09/2001
Sujet : TOULOUSE, on vous AIME
Plus d'hôpital psy à Toulouse !
Pas de victimes ... physiques....
Des copains qui ont besoin de soutien !
Courage, on est pas loin
Emmanuel
Message de fridom 22/09/2001
Sujet : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Le Centre Hospitalier Gérard Marchant n'existe plus. Bâtiments éventrés, débris de verre partout. Tout cela rappelle Beyrouth comme le disent les infirmiers de Marchant. Tout Toulouse d'ailleurs ressemble à Beyrouth.
Les patients ont été évacués hier. Courage des uns et des autres. Les patients regroupés dans un endroit moins touché que les autres, en attente d'être évacués. Le temps qui ne passe pas pour les uns et les autres. Les agités, calmes, qui comprennent, attendent. Les isolés qui ne cassent pas tout mais se contiennent. Des entretiens à même la pelouse. Partout du sang froid. Du respect. C'est tous ensemble qu'ils ont tenus. Des mains qui en pressent d'autres. Des soignés qui prennent soin d'autres soignés. Le calme de tous contraste avec les dégâts, avec l'atmosphère qui règne en ville. Les patients partent par petits groupes vers d'autres hôpitaux.
Accueil chaleureux des collègues. On nous attend. On nous sert une soupe chaude, des endives. C'est l'abondance qui succède aux repas froids de la journée. On prend le temps de faire connaissance des patients. Ce n'est pas toujours facile. Vingt patients nouveaux en même temps Vingt visages, vingt noms, vingt histoires. Les collègues de Saint Lizier sont d'une patience d'ange. Merci les gars !
Nos collègues de Marchant ont besoin de nous, de notre solidarité.
On peut leur envoyer un petit mot au CMP, rue Salambo, 31 000 Toulouse.
Fridom
Dimanche 23 septembre
Message de maraja 23/09/2001
Sujet : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Pour le moment nous n'avons pas grand-chose à dire, pas grand-chose à écrire. Nous reprenons chacun le cours de notre vie mais sans doute pas là où nous l'avions laissée. Peur au ventre pour les uns, sensation de décalage pour d'autres, nuits blanches pour beaucoup ... Le film se déroule en boucle dans nos têtes ...
toujours les mêmes images... Ca c'est pour le quotidien et le pas très rigolo.
Mais nous avons du ressort et voyez comme nous revenons déjà sur le devant de la scène : eh oui, nous sommes les premiers à avoir mis en pratique le rapport des bons docteurs Piel et Roelandt ! Même eux sont pris de court. Merci Total !
Merci pour vos coups de fil, vos mails et vos pensées Nous vous raconterons lorsque nous serons en capacité de le faire comment nous nous organisons.
Marie Rajablat, ISP à l'hôpital Marchant
Message de Jive 23/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Gérard Massé et sa célèbre mission d'appui sont passé sur notre hôpital Jeudi 20 septembre, le 21 septembre de la même année l'hôpital était déjà démoli. Ça pourrait être une blague sur l'efficacité des techniciens de la haute administration mais ne nous leurrons pas, ce qui va se jouer sur et autour du devenir de l'activité de l'ex Centre Hospitalier Spécialisé G Marchant concerne tout les acteurs de la santé mentale.
La bombe désherbante a rasé toute l'infrastructure intra hospitalière de la psychiatrie publique haute Garonnaise. Ne subsiste que l'extra hospitalier très faiblement développé.
Soit la réponse à la demande de soin se reconstruira à partir des centres médico-psychologiques (CMP), soit les solutions palliatives de déplacement de populations soignées seront maintenues dans l'attente de la reconstruction de l'hôpital. (un an et demi, deux ans).
Je ne peux écrire pour l'instant qu'en connaissance des données de mon secteur.
14 patients sont dans le CHS d'un département voisin, à 100 km, et des équipes de deux infirmier(e)s se relaient toutes les douze heures pour assurer la continuité des soins, six sont en cliniques et suivis en visites à domicile, et à part deux autres sur des maisons de retraites, tous ont regagnées qui son appartement qui sa famille et sont suivis par l'équipe de secteur (l'ensemble des soignants maintenant). Le CMP est ouvert 24h/24 avec trois lits et sert de centre d'accueil et de crise. Dimanche matin ça n'a pas chômé. L'après-midi a été plus calme, juste quelques appels téléphoniques de personnes désorientées.
C'est à partir de tout à l'heure que tout va se décider, les conseils de services vont ils prendre les choses en main …
Et dire que dans un récent Emogramme je concluais en écrivant que ça aller péter quelque part. Tous les soignants présent au CMP aujourd'hui ont reconnus qu'ils avaient un jour fantasmé l'écroulement de l'hôpital ou tout au moins que leur pavillon avait sauté. Vous verriez la gueule du fantasme aujourd'hui. Il nous a bien fallu en parler entre nous aussi de tout ça.
Vont ils comprendre qu'à Marchant ce n'était pas les murs qui soignaient mais les humains, et que si les murs sont tombés les humains sont toujours debout, pas très frais, je l'avoue, mais toujours debout. Que le potentiel soignant est toujours là!
Amitiés à tous. Jean.
Lundi 24 septembre
Message de Chantal Bernard 24/09/2001
Sujet : Re : TOULOUSE, on vous AIME
On pense fort à vous, qui défendez en ces difficiles moments l'honneur de votre profession, qui montrez, sans nul doute mieux que jamais, ce que veut dire être là, simplement, mais chaleureusement là, attentif, à l'écoute des autres, même lorsque vous-même êtes en souffrance !!!
TENEZ BON, NOUS SOMMES AVEC VOUS.
Message de Pascale Dubreu 24/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Marie, Jean et tous les autres les collègues de SUD Nogent-le-Rotrou nous pensons à vous .
Aujourd'hui c'est l'urgence, vous êtes tous sur le pont et vous vous débattez pour accompagner au mieux les patients qui se sont confiés à vous.
J'espère que vous aurez assez de force pour exiger que des psychologues spécialisés dans les interventions "post catastrophes" soient rapidement auprès de vous, pour vous aider pour vous écouter. C'est le minimum auquel vous avez le droit.
J'espère que votre direction n'oublie pas que pour soigner il faut aussi prendre soin du personnel.
Pour le conseil de service!!!!! surprise, étonnement.... Mais surtout il faut souhaiter qu'aucune décisions définitives seront prises aussi rapidement après ce que vous venez tous de vivre.
Que j'aimerais venir pour vous épauler, pour être avec vous!
Je sais bien que la bagarre pour les 35 heures ce n'est plus l'actualité à TOULOUSE. Mais j'espère bien que dans quelque temps tous les soignants de France se seront suffisamment battus pour que vous puissiez vous reposer 2 jours de + par mois ..........
A très bientôt, Pascale.
Mardi 25 septembre
Message de Fabienne 25/09/2001
Sujet : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Merci à toutes et tous pour votre soutien....Des collègues sont en train de craquer, et la nuit au CM, on a plus d'appels du personnel de Marchant que de personnes extérieures à l'établissement...La cellule de crise porte bien son nom en ce moment.....
Message de piel 25/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
La lecture des messages des collègues m'a effectivement "pris de court" et je ne sais que vous transmettre mon admiration et mon soutien.
Peut-être une chose en plus cependant : je suis à votre disposition pour, si vous le souhaitez, venir échanger avec vous modestement et simplement.
Eric Piel
Message de Soiszick 25/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
on n'existe plus ....ignorés des médias, gazés comme lors de la dernière guerre et pire certainement maintenant car aucune reconnaissance des gens en souffrance...Allez, ouste !...On veut des discours crédibles et non pas des pantins faisant les beaux au Capitole...Vendredi, enfin, la maladie mentale a été éradiquée et notre profession avec...!!!
Merci à la commission Massé, tout a pété et on pète les plombs.
Un grand merci aux messages de soutien que je viens de découvrir....
Mercredi 26 septembre
Message de JP Kluth 26/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Le syndicat SUD des Alpes-Maritimes apporte son soutien au personnel de G. Marchant à Toulouse ainsi qu'aux patients et usagers de cet hôpital durement touché par l'explosion.
Nous avons décidé de diffuser à Nice le fax reçu le 25 septembre :"Un centre hospitalier, des usagers, des personnels fantômes".
Bon courage à Tous.
P/Le bureau SUD Santé Sociaux 06
JP KLUTHTop of Form 48
Message de Renée 26/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Voilà les beaux discours de nos chers réhabilitateurs enfoncés, défoncés
Il est bien beau de vouloir mettre dans la cité les "fous", les "estrangers" à eux-mêmes. Encore faudrait il que la société soit mature !
Et n'oublie pas ses "fous" dans la merde quand il y a un événement aussi terrible. La place du Capitole passe bien à la télé, les fous pas si bien !!! Les vitres à 20 kilomètres ! Quel ennui ! L'hôpital la rue en face ! oui bon !! on s'en fou !!! Et la révolte, il va bien falloir qu'elle s'exprime !!! Alors exprimez là bon dieu ! Donnez la parole au patient, au citoyen différent qui souffre, et qui souffre encore plus d'être délaissé quand il est au cœur de l'actualité ! La tribune est ouverte, ne laissez pas passer ça !!
on ne peut pas
on ne doit pas
Message de Pierrette 26/09/2001
Sujet : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Une grande discussion va commencer à marchant : reconstruire ou innover ?
C'est là que vont se jouer des tas de choses intéressantes que nous allons devoir suivre d'un œil acéré.
En attendant, si vous avez besoin de quoi que ce soit !
nous sommes là.
Message de cfou 26/09/2001
Sujet : Solidarité avec le réseau de soin Toulousain
Réunion Institutionnelle ce matin à Laragne (dans les Hautes-Alpes), au "cattp-cmp le Club"
Mon cher Patrick , nous sommes avec toi comme avec tout ceux soignants/soignés durement frappés par cette tragédie. C'est de la part de mes collègues, de chaque équipe et chacun sans distinction que nous avons décidé ce matin à l'occasion de notre réunion hebdomadaire et par l'intermédiaire de ce forum ouvert sur le site de serpsy, de vous adresser notre témoignage du soutien Haut-Alpin ainsi qu'à tout les membres des équipes soignantes Toulousaines engagées dans cette épreuve traversée, on le voit, au plus près de la population.
Reconnaissant les difficultés auxquelles vous vous confrontez sans enclencher d'autre élan que la solidarité, nous espérons pouvoir nous joindre à votre courage autant qu'à votre dévouement face à ce pénible événement.
Il est dommage que l'énergie et le professionnalisme dont vous faites preuve n'aient d'égal que le silence des médias (pour une fois) concernant la destruction d'infrastructures psychiatriques. Il faudra pourtant bien que l'on s'imagine en cette période traumatique que les soignants avec les soignés travaillent à d'autres méthodes...
C'est pour cela que l'ensemble de mes collègues, ce matin, se sont joint à moi pour vous réaffirmer l'assurance de notre soutien autant que notre affection dans ces moments particulièrement difficile Amicalement
Michel
Message de JIVE 26/09/2001
Sujet : Re : lundi
Ils sont sympa les ariégeois, tout le monde a été bien accueilli. Quelques coupures, blessures superficielles mais les patients que je retrouve enfin sont indemnes physiquement. Il y a une sorte de tension euphorisante dans leur salut. Effet conjugué des événements, du plaisir de se retrouver et des molécules rajoutés aux différents traitements.
C'est aussi l'occasion de retrouver ou de faire connaissance de collègues d'autres services, plus les soignants de la structure d'accueil., nous serons en tout huit soignants à travailler ensemble.
Ca fait du bien, quelques bouffées d'angoisses m'avaient assailli durant le long parcours solitaire m'obligeant à lever le pied de l'accélérateur.
Ils sont contents de nous accueillir les collègues, pris dans les mâchoires de la restructuration eux aussi, ils voient leurs moyens s'effriter inexorablement, ils constatent les même dérapages idéologiques dans l'approche et la gestion des soins.
L'explosion des moyens de soins de l'hôpital vers les autres hôpitaux et les autres départements est en train de susciter des rencontres et faciliter la compréhension du fait que l'on se ressemble et que l'on partage les mêmes problèmes et les mêmes préoccupations. On échanges aussi beaucoup, autant sur l'organisation des soins que sur les alternatives proposées.
Tous les témoignages que j'ai recueilli font état de cette chaleur de la relation retrouvée.
Les signes de la décompensation sont là aussi. L'adrénaline et l'activisme de réparation finissent à ne plus pouvoir endiguer le choc en retour. Les insomnies finissent d'achever les défenses.
Qui prendra soin des soignants et de la communauté hospitalière.
Pour l'instant ça se fait "en famille" Des victimes prennent soin d'autres victimes mais ça ne marche pas forcément.
Comment expliquer à un cadre qui veut sur le champ des plannings pour la semaine prochaine et les suivantes que l'on ne sait pas où l'on sera la semaine prochaine s'il n'arrive pas à le comprendre tout seul.
Que l'on doit se poser.
Evaluer la demande de soin aujourd'hui et de façon prospective, lister les ressources.
Avoir une image de ce que l'on veut construire. De voir comment on peut faire évoluer nos ressources en fonction de cette image. De voir à ce moment là de quelle façon on peut répondre à la demande urgente et structurer la mise en dynamique.
Qu'enfin on peut se répartir des tâches.
Mais qu'il y a un moment où on commence au jour le jour pour construire de la durée et se projeter.
Le conseil de service de vendredi n'est pas absurde en ce moment s'il permet de mettre en route ce qui précède.
Pour l'instant on prospecte les grands appartements du quartier pour installer des lieux de soins dans le secteur. Avec le CMP qui est devenu centre d'écoute et de crise permanent et qui doit arriver à une capacité de cinq places, le centre d'accueil à temps partiel et les moyens du service d'accompagnement à la vie sociale, avec le renfort en personnel et la montée en charge des soins à domicile on peut commencer a affronter l'avenir avec plus d'espoir.
En attendant la phase politique. Un hôpital quand et où? Quel genre d'hôpital? le même? Quel personnel?
Qu'est ce que l'on espère, que peut on espérer quand notre ministre de tutelle parade devant les caméras aux abords de la zone dévastée avec en fond le mur de l'hôpital psychiatrique sans jamais en citer l'existence ni même venir s'enquérir des ses administrés. Quand tout les médias nous omettent et finissent par parler de nous après une avalanche de protestation. Quand les responsables persévèrent en racontant que l'entreprise à l'époque s'était installée dans une zone déserte. Sauf les quelques milliers de gens de l'hôpital psychiatrique étaient déjà là depuis prés de soixante dix ans.
Çà, ça fait aussi râler beaucoup de monde en ce moment.
Avec toute ma gratitude (vos messages sont affichés) et mes meilleurs vœux à Patrick (Guiraudon qui fait la chronique de la CUMP).
Amitiés, Jean.
Message de Soizick et Faby 26/09/2001
Sujet : Re : Re : lundi
Eh, on t'aime Jean, te laisses pas descendre. On a besoin de toi....
Message de Thierry Lescant 26/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Avec vous contre les aberrations du fric, de la rentabilité à tout prix
Avec vous pour l'humain, le contact, la tendresse, l'écoute....
Milles bises à tous, la main dans la main
thierry Lescant ISP Val de Marne
Message de géraldine leullier 26/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : TOULOUSE, on vous AIME
Je suis triste et affligée de savoir que l'hôpital où j'ai récemment fait un stage qui m'a beaucoup apporté est aujourd'hui sinistré. Je pense à tous les personnels et les patients qui ont vécu ce drame, tout particulièrement aux soignants du CMP et du CRAESI qui m'ont si bien accueilli.
Une grosse bise à tous et une encore plus grosse pour Annie.
Géraldine
Message de Serpsy
Sujet : mercredi
Pour nous parisiens
Les nouvelles de Marchant, nous ne les avons que peu trouvé dans nos journaux télévisés ni nos différents journaux papiers. Aujourd'hui, à lire la dernière page de libération qui présente le portrait d'un interne de Marchant intitulé FOU DE RAGE.
Fou de rage que personne au vue de l'énormité de l'explosion ne se soit inquiété de l'hôpital psychiatrique
Fou de rage que le ministre de la santé BK soit venu en face de l'HP sans avoir le courage de traverser la rue pour soutenir ses personnels
Fou de rage !!!
Message de maraja 26/09/2001
Sujet : Re : mercredi
Ce soir, moi aussi j'ai la rage. Comme chaque après midi je suis partie du CMP pour aller rencontrer chacun des patients que nous avons hospitalisés en catastrophe vendredi dernier dans un service de psychiatrie et un service de gériatrie du CHU toulousain.
Nos collègues de Marchant s'y relaient quotidiennement auprès de nos collègues du CHU. Nous prenons donc le temps chaque jour de papoter d'abord de choses insignifiantes, de la pluie du beau temps. Puis viennent les questions sur Marchant et tout ce qu'on y a laissé, puis tous ceux qu'on aimait bien ... silences
.... On règle les histoires de sous ou de cigarettes, de planning ou de salaire ... silences ... Alors on peut en venir aux choses sérieuses : soi. Comment ca va dans la tête et dans le coeur ? Qu'ils soient soignés ou soignants c'est à peu près chaque jour le même scénario. Ils se sentent tous tristes et douloureux, désemparés et isolés pour la plupart, déchirés et explosés pour certains, littéralement paumés pour ceux qui ont aussi perdu leur appartement. Mais les uns comme les autres s'organisent et se mobilisent. Tous proposent des idées. Chacun fait son chemin.
Cet après midi donc, Jean-Louis est en service avec Katia. Jean-Louis est un vieux machin comme moi, de cette race d'ISP en voie d'extinction. Katia, elle, est IDE. C'est du moins ainsi que l'infirmière générale du CHU les a distingués. Pour autant, tous les deux, au milieu des collègues de là-bas, ils font une chouette paire. Ils s'entendent bien, se complètent, ils sont appréciés et intégrés par l'ensemble de l'équipe.
Cet après-midi, pourtant, Jean-Louis a été remercié par l'infirmière générale car il était ISP.
Pas de chance pour la dame c'est à moi qu'elle a voulu faire croire que la loi nous empêche d'exercer dans son service de gériatrie. A peine si nous aurions été tolérés dans son service de psychiatrie. Vraiment pas de chance pour la dame parce que justement la loi ...
La direction de notre établissement riposte à cette attaque par le retrait dès demain de tous les infirmiers de ce site. Je continuerai cependant à passer chaque jour pour rencontrer chacun des patients que nous y avons hospitalisé et pour assurer le lien avec les patients et nos collègues sur place, qui heureusement sont loin d'être aussi stupides et nous ont accueilli avec beaucoup de chaleur.
Il n'empêche : par respect pour les patients que nous soignons, par respect pour leurs familles, par respect pour notre profession, par respect pour notre collègue, nous ne pouvons pas admettre une telle discrimination. Accepter un tel discours, accepter de tels agissements alors que nous avons tout à reconstruire aujourd'hui c'est assigner une place bien particulière à la psychiatrie. Nous ne pouvons pas laisser dire et faire n'importe quoi Nous devons porter plainte.
Jeudi 27 septembre
Message de Gérard Crespo 27/09/2001
Sujet : Re : Re : Non l'hôpital Marchant n'est pas rasé
Je suis infirmier à l'hôpital Marchant, des incertitudes pèsent sur le site, à ce jour on ne sait pas si une activité va reprendre après l'explosion. Alors que doivent ressentir les employés d'AZF qui entendent à longueur de journée que leur usine doit déménager? Quelle souffrance pour eux en ses jours d'incertitude! J'espère vivement que l'activité de leur usine pourra reprendre dans une sécurité améliorée. Sans oublier tous les employés du pole chimique sud. Que ceux qui crient haro sur le baudet renoncent à mettre de l'engrais pour faire pousser les fleurs ou les légumes.
Gérard Crespo.
Message de Serpsy
Sujet : Re : Non l'hôpital Marchant n'est pas rasé
Vous avez raison d'apporter votre contribution pour modérer les messages des uns ou des autres. Ils représentent néanmoins le vécu de ceux qui sont sur place. Si l'hôpital n'est pas détruit entièrement dans les faits, comme vous faite bien de le préciser, il l'a été par le silence des médias nationaux et par le PDG de Total Fina qui affirmait que lors de l'implantation de l'usine AZF, il y a 75 ans, le site était vide de toutes constructions ( Marchant date de 1858 ! et il est situé à moins de 300 mètres).
Faut-il parler aujourd'hui de reconstruction, de construction. Nous sommes de plein pied à l'heure des bilans avant les projets. Les personnels doivent y prendre une place active.
Serpsy
Vendredi 28 septembre
Message de Pierrette 28/09/2001
Sujet : Re : Re : mercredi
Je pense que Marie a raison, pour tout ce qu'elle dit précédemment, il faut pour le respect et du patient et de la profession porter plainte.
Nous en avons marre de ces non-dits, ou de ces trop-dits qui minent notre profession, et qui minent les prises en charge des patients pas parfaitement adaptés à l'hôpital.
Je ne sais pas comment agir au mieux, mais j'imagine que c'est tout le corps infirmier psy qui est touché par ce rejet. Peut on porter plainte ensemble ???
Samedi 29 Septembre
Message de FRIDOM- Le 29/09/2001
Sujet : Merci Patrick !
Merci de te faire le reporter de ces journées et de ces nuits d'exception. Merci de nous retracer jour après jour les efforts de nos collègues pour s'adapter à une situation terrible. Merci de nous montrer comment ces instants d'effroi viennent percuter les mieux organisés d'entre nous. Merci de prendre sur ton repos, sur un repos bien mérité pour laisser quelques traces pour nous. Chacun de nous peut se saisir de l'expérience pour l'adapter à sa pratique, aux situations qu'il rencontre sur le terrain. Qu'il travaille dans une CUMP ou soit "simplement" confronté à des situations de violence extrême. Merci Patrick !
fridom
Message de fridom- Le 29/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Non l'hôpital Marchant n'est pas rasé
Chacun réagit à l'effondrement de son univers comme il peut. Je sais une psychologue affolée par la disparition de son bureau Elle n'imaginait plus pouvoir poursuivre son activité sans cet espace. C'était quelques heures après l'explosion. Cela se respecte.
Dans La métamorphose, alors qu'il est devenu un cloporte, Grégor veut se lever pour aller au travail. Je respecte ce que vous écrivez même s'il y aurait beaucoup de choses à dire autour de l'ancien Marchant. D'une certaine façon, il y a quelque chose de Marchant qui survit et qui survivra quoi qu'il arrive. Ce sont les soins qui ont été dispensés aux patients, les rencontres qui se sont produites, ceux qui ont retrouvé là de quoi continuer leur chemin. Les textes écrits et publiés par soignants et soignés survivront également. Cela pourrait d'ailleurs être une idée d'en faire une collecte pour les éditer et les vendre pour soutenir les soignants, les soignés.
Quel que soit le devenir de la psychiatrie en Haute Garonne que cela nous plaise ou non, elle s'est pendant plus d'un siècle identifiée à Marchant et à ses pratiques. Que l'on invente de nouvelles façons de soigner, plus proches de la population, moins marquées par l'enfermement, ou non il n'empêche que cela se fera toujours en référence à l'ancien Marchant. Même reconstruit, il y aura un avant et un après.
Cordialement,
fridom
Message de Gérard Crespo- Le 29/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Non l'hôpital Marchant n'est pas rasé
Salut "fridom". On se connaît peut être? De ton côté tu as mon identité ainsi que mon lieux de travail. Pourquoi y aurait-il des choses à dire qu'on ne pourrait pas dire?
@+ Gérard
Message de fridom- Le 29/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Ce qui survit
Bonjour Gérard,
Je ne crois pas que nous nous connaissions. Nous nous sommes peut-être aperçus à Marchant où je vais régulièrement dans le cadre du travail ANAES sur l'écriture. J'y ai également fait des formations auprès des ASH.De nombreuses choses relatives aux soins et à la relation soignant/soigné m'ont marqué le 21 septembre. Il y eut d'abord le constat que les patients isolés, présumés donc agités étaient parmi les autres patients, qu'il n'y eut pas de violence le vendredi après-midi devant le Long Séjour. Il y eut ces mille petits gestes des soignants vers les patients qui ont permis aux uns et aux autres de tenir, alors qu'autour d'eux il n'y avait plus de murs, que plus rien ne tenait que ces soignants choqués comme eux. Il y eut ces entretiens improvisés. Je me souviens d'un psychiatre accroupi dans l'herbe discutant avec une patiente couchée. Il y avait pour une fois quelque chose qui se partageait entre soignants et soignés aux antipodes du fonctionnement habituel. Je suis revenu à Toulouse le dimanche soir. Je faisais une formation dans un autre établissement. La sorte de panique des soignants à l'idée qu'il devrait s'occuper des fous vu que Marchant était fermé m'a aussi beaucoup impressionné.
Il me semble que tout cela mérite d'être digéré et repensé, plus tard probablement, une fois l'urgence dépassée, une fois la distance prise, une fois que l'on aura mis quelques mots sur l'indescriptible. Si tu veux m'écrire en direct, il suffit de cliquer sur mon login.
Cordialement,
Fridom
Message de Pascale Dubreu- Le 29/09/2001
Sujet : éviction des infirmiers du CHS par l'IG du CHU
Marie écrit "Ce soir, moi aussi j'ai la rage (...)Cet après midi donc, Jean-Louis est en service avec Katia. Jean-Louis est un vieux machin comme moi, de cette race d'ISP en voie d'extinction. Katia, elle, est IDE. C'est du moins ainsi que l'infirmière générale du CHU les a distingués. Pour autant, tous les deux, au milieu des collègues de là-bas, ils font une chouette paire. Ils s'entendent bien, se complètent, ils sont appréciés et intégrés par l'ensemble de l'équipe.
Cet après-midi, pourtant, Jean-Louis a été remercié par l'infirmière générale car il était ISP.(...)La direction de notre établissement riposte à cette attaque par le retrait dès demain de tous les infirmiers de ce site. Je continuerai cependant à passer chaque jour pour rencontrer chacun des patients que nous y avons hospitalisé et pour assurer le lien avec les patients et nos collègues sur place, qui heureusement sont loin d'être aussi stupides et nous ont accueilli avec beaucoup de chaleur.
Il n'empêche : par respect pour les patients que nous soignons, par respect pour leurs familles, par respect pour notre profession, par respect pour notre collègue, nous ne pouvons pas admettre une telle discrimination. Accepter un tel discours, accepter de tels agissements alors que nous avons tout à reconstruire aujourd'hui c'est assigner une place bien particulière à la psychiatrie. Nous ne pouvons pas laisser dire et faire n'importe quoi Nous devons porter plainte. "
OUI MARIE il fait porter plainte, cette attitude de l'IG est inacceptable, et hors la loi.
QUE FAIT LE DIRECTEUR DU CHU?
Je trouve un peu rapide la décision du directeur de MARCHANT de rappeler ses troupes.
ET LES MALADES ONT-ILS LE CHOIX? LEUR AVIS QUEL EST-IL?
ET LE MEDECIN CHEF DE VOTRE SERVICE, QU'EN PENSE T-IL ?
Pour la plainte il n'y a pas d'urgence, mais à mon sens il faut la déposer. A ce poste de responsabilité une infirmière n'est pas sensée ignorer la loi.
Je suis ulcérée.
Cordialement
Pascale
Message de claudes- Le 29/09/2001
Sujet : Re : éviction des infirmiers du CHS par l'IG du CHU
Je te prie de m'excuser mais ce message tombe comme un cheveu sur la soupe et j'ai du mal à suivre . J'avais cru comprendre que les patients du CHS et leurs infirmiers étaient éparpillés dans plusieurs établissements d'autres départements .
Merci de m'éclairer
PS aux webmasters : Si cela est possible ce serait bien de pouvoir classer les thèmes du forum parce qu'à la longue les "débats" se perdent ou se répètent servis autrement
Message de fridom- Le 29/09/2001
Sujet : Re : Re : éviction des infirmiers du CHS par l'IG du CHU
En clair, les patients de Marchant ont été répartis sur plusieurs établissements. Pas un ou deux par établissements, mais plusieurs, il y en avait trois cents à accueillir. Les infirmiers de Marchant se déplacent quotidiennement pour servir de relais, pour aider les équipes, pour accompagner les patients.
Il faut se souvenir également que toute la population toulousaine, soignants compris a été touchée par l'explosion, que tous ont été confrontés d'une façon ou d'une autre au réel de leur propre mort. Pour faire simple, c'est essentiellement cette confrontation là qui provoque le traumatisme psychique. Les soignants de Marchant, eux-mêmes blessés, traumatisés rencontrent leur collègues des soins généraux, eux-mêmes traumatisés, blessés. Leur action ne se borne pas à des visites à domicile hospitalière, ils font aussi tout un travail de déchoquage apprécié par tous. Ils se déplaçaient donc au CHU de Toulouse.
Tous en étaient satisfaits jusqu'à ce mercredi où du fin fond d'un obscur ou grandiose bureau la Grande Infirmière Générale a décidé que les psys n'avaient pas le droit de travailler à l'hôpital général. En clair en gériatrie et en psychiatrie, elle a donc entrepris de demander à ses sous-infirmières générales et à ses sous-cadres de virer l'engeance du CHU. Pas de pot, elle est tombée sur Marie Rajablat. Je pense que tout cela a dû être très houleux. Toujours est-il que par mesure de rétorsion le directeur de Marchant, en accord avec les infirmiers, avec les médecins, tous solidaires, ont décidé de retirer tous les infirmiers de Marchant du CHU, Marie Rajablat restant seule à coordonner les soins.
Les textes professionnels sont clairs. La limitation d'exercice professionnel ne joue pas pour les longs séjours gériatriques. Et même s'ils avaient joué l'urgence de la situation, et la nécessaire adaptation aux circonstances auraient justifié de passer outre à des textes limitatifs. La Grande Infirmière Générale s'est rendue coupable de ségrégation. Elle a montré son incapacité à assumer une situation exceptionnelle en agressant gravement des professionnels qui faisaient leur travail. Elle est d'autant plus en tort que la psychiatrie de liaison existe dans de nombreux établissements, que des ISP interviennent es qualité aux Urgences à la satisfaction générale. Il n'est pas besoin de chercher bien loin pour comprendre le sous-développement de cette forme de psychiatrie à Toulouse. Nous savons tous combien elle peut être importante pour éviter les Hospitalisations sous contrainte et soulager les collègues IDE. Probablement que dans son bureau calfeutré de telles informations n'arrivent pas.
Je ne sais quelle suite sera donnée à tout cela, mais nous sommes dans le registre de la faute. Aujourd'hui, elle a cédé. Les ISP peuvent continuer leur travail. Mais ainsi que l'ont montré de nombreux messages reçus sur ce site à propos d'autres ségrégations il est essentiel d'aller plus loin. C'est aux ISP de Marchant de voir ce qu'ils veulent faire, mais nous serons en tout cas à leurs côtés.
J'espère que vous y voyez plus clair.
Les messages arrivent comme ils arrivent La densité de ce qui se passe à Toulouse est telle que les uns et les autres réagissent sur un point ou sur un autre. Nous ne pouvons que tenter de nous adapter à l'événement et aux échanges qu'il suscite.
Cordialement,
Fridom
Dimanche 30 septembre
Message de Gérard Crespo- Le 30/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Ce qui survit
"fridom" je suis complètement paumé: le vendredi 21 sep était-tu à Marchant?
@+ Gérard.
Message de fridom- Le 30/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Ce qui survit
Cher Gérard,
J'étais à Marchant le 21 septembre. Je devais participer à une réunion ANAES. J'y suis arrivé après l'explosion l'après-midi vers 14 heures. J'étais donc devant le Long Séjour toute cette après-midi où nous attendions/préparions le départ des patients. J'étais plutôt avec les soignants du secteur III mais j'ai tourné un peu partout.
J'y suis resté jusqu'à 20 h 30. Je suis parti avec dix collègues pour Saint Lizier accompagner une vingtaine de patients. Le nombre d'HDT et D'HO a rendu les départs plus complexes, il y avait un quota d'infirmiers hommes à respecter pour accompagner les patients. C'est pour cette raison que j'ai été "réquisitionné". Retour vers une heure du matin. C'est là à ce moment que j'ai rencontré Patrick de la CUMP. J'ai quitté Toulouse le lendemain matin car je travaillais à Laragne.
Je suis revenu à Toulouse dans la nuit du dimanche au lundi. J'ai dormi dans ma voiture. Le lundi, j'étais en formation avec des collègues de Joseph Ducuing qui, bien qu'en général moins touchées que ceux de Marchant, en avait gros sur la patate. Soins Intensifs détruits, déplacés en catastrophe vers le service de chirurgie et puis toujours ce moment d'effroi pour ceux que le réel de la mort traverse. J'y suis resté jusqu'à mercredi matin avant de partir pour deux autres groupes de formation à Vichy.
En tout cas, j'ai vu ce que je décris. Mais pourquoi est-ce important de savoir où j'étais ?
A plus,
Fridom
Message de Gérard Crespo- Le 30/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Ce qui survit
Salut "fridom" !
Dans ton courrier du 22 09 2001, tu dis :" Tout Toulouse d'ailleurs ressemble à Beyrouth". Cette seule description ma fait penser que tu n'était pas là. A Toulouse seul le secteur sud et plus particulièrement la route d'Espagne, l'avenue de Muret relèvent de l'appellation "Beyrouth" J'habite le quartier des Pradettes en bordure de rocade près de FR3. Je peux te garantir que ça n'a jamais été dévasté.
Tu y étais tu peux donc en parler, c'est certainement l'émotion qui ta fait voir toute la ville dévastée. La vie reprend son cours, après l'émotion et les manifestations place à la raison.
@+ Gérard.
Message de fridom- Le 30/09/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Ce qui survit
Cher Gérard,
Tu as parfaitement raison. J'aurais dû écrire que tout ce que j'ai vu de Toulouse était dévasté. J'ai entendu à la radio assez rapidement qu'il y avait un nuage toxique sur Toulouse, qu'il fallait que la population reste calfeutrée chez elle. Je pense que je devais être à Carcassonne. J'étais très inquiet pour les gens que j'aime qui résident à Toulouse ou dans les environs. Je me
suis dit que s'il y avait un nuage toxique, ils auraient besoin de soignants. J'ai mis le turbo. Arrivé à Toulouse Sud, tout était fermé. J'ai fait un étonnant périple, au hasard des bouchons et des forces de police qui me laissaient passer. Ici ou là, j'ai aperçu des immeubles dont les vitres étaient détruites. La rocade déserte donnait une curieuse impression de fin du monde. Je suis arrivé par le centre commercial, j'ai vu les magasins détruits. Marie RAJABLAT m'a rapidement fait visiter Marchant. J'ai vu l'IFSI qui de toute façon tenait à peine debout avant, les salles de formation continue itou, la pharmacie, le CREASI, la cafétéria. C'était des endroits que je connaissais. Cela m'a davantage marqué. Tout cela a forgé une image. Mais tous les Toulousains ont fait pareil. Certains pensaient que toute la ville était détruite, d'autres pensaient que seul leur quartier était touché. Je n'étais pas présent au moment de l'explosion mais j'ai été touché par ce que les uns et les autres m'ont décrit, renvoyé. Des événements personnels concomitants douloureux ont également puissamment contribué à me déstabiliser.
Le 22, je n'avais aucun recul. J'étais dedans. J'ai posé quelques mots, des flashs pour appeler à la solidarité de tous.
Voilà.
A bientôt,
Fridom
Message de JIVE- Le 30/09/2001
Sujet : Toulouse: Beyrouth, Guigou, traumatismes, restructuration.
C'est bien joli votre polémique Toulouse/Beyrouth, mais qui a vu Beyrouth?
J'ai visité Beyrouth il y a deux paires d'années et pour vous mettre d'accord je dirais qu'il y a des similitudes et des différences. D'abord tout Beyrouth n'était pas en ruine ce qui est le cas de Marchant et de Toulouse, mais les parties touchées par la guerre peuvent faire penser aux endroits de Toulouse qui ont subies l'impact de la déflagration. Ensuite dans un lieu comme dans l'autre ce qui fait ou fera sens, sera la forme que prendra la restructuration. Dans un cas ce sont les mêmes capitaux qui ont financé les milices et qui ont pris possession du territoire à travers la reconstruction. Dans l'autre cas le productivisme capitaliste peut être incriminé et reste à savoir si la restructuration se fera sur les bases du renforcement de l'économie libérale ou de l'économie solidaire. Anecdotiquement les Beyrouthis que j'ai rencontré à l'époque considéraient que la guerre était finie car au même moment le premier Mc Do de la ville était inauguré, ils avaient raison. Mais revenons à Marchant, vendredi soir notre ministre d'état Mme Guigou était sur site. Comme dans un film américain, arrivée en trombe, déploiement de gardes du corps, une réunion ultra rapide avec les représentants syndicaux, vzoum, deux trois prises de paroles devant les personnels assemblés et départ en trombe du cortège de voiture sombres. Certes j'étais éveillé, c'est un bien grand mot, depuis trois jours mais j'ai eu l'impression de rêver. Enfin résultat des courses elle sort 30 briques de sa poche en supplément du budget du centre hospitalier, plus dix pour cent, elle nous annonce un relogement sur trois sites d'ici la fin de la semaine prochaine et elle nous envoie le virtuose du ballet virtuel de sac de riz, le grand médiatiseur de décombres, le grand fossoyeur des infirmiers psy et du secteur réuni, à savoir le bacille Kouchner avec une réponse pour dans deux ou trois jours sur le devenir du centre hospitalier.
Sur le plan psychique il y a plusieurs sortes de traumatismes suite à l'événement:
· ceux qui étaient là et qui ont sentis l'haleine de la faucheuse en pleine gueule.
· ceux qui n'étaient pas là et qui pendant de longues heures sont restés noués dans l'incapacité de savoir ce qu'était devenu ceux qui étaient là.
· ceux qui avaient un jour souhaité de voir sauter cet hosto et en tirent un culpabilité toute Freudienne.
· Ceux qui ont vécus des années à côté d'un risque statistique sans que rien ne se passe et qui avaient fini par le refouler et sont envahis de bouffés d'angoisses à la perception de tout nouveau risque.
· ceux qui ont eu à se coltiner les premiers secours et leurs cortèges sanglants dans un décor d'apocalypse. et d'autres encore sûrement.
A noter aussi la réaction de Fridom et de nombres de soignants, à l'annonce de la catastrophe ils se sont précipités vers le lieu que le reste de la population fuyait. À part ça et autour des soins qui continuent, nombres d'employés de Marchant se sont retroussés les manches pour remettre en activité une partie de la logistique, cuisine, laboratoire, trésorerie etc... pour eux et nous c'était vital il s'agit en ce sens d'outils de travail. Mais que l'on parle d'outil de travail en assimilant les murs de Marchant à la seule production de soins en psychiatrie, là il pourrait y avoir un grave dérapage.
Hospitalo-centrisme ou réseau de soins il va falloir réfléchir, et réseau de soins ne veut pas dire que l'on pourra se passer d'une infrastructure hospitalière ni qu'il n'y aura pas de lieux de soins continus. Dans les deux cas la somme d'activité et les emplois sont de même nature et doivent être conservés seule change la façon de les organiser et de les exercer.
À plus tard, amicalement, Jean.