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Lundi 5 novembre


Message de jive- Le 05/11/2001
Sujet : la geste des Marchant's 05/11


Nous sommes le 1er novembre 2001, il y a un mois et dix jours un silo de l'usine AZF voisine explosait mettant entre autre en ruine le centre hospitalier G Marchant et condamnant à l'exode patients et soignants. Aujourd'hui l'exil se poursuit et de nouvelles personnes en besoins de soins psychiatriques sont à leur tour exilées vers des lieux de soins toujours plus lointains. Après six semaines de luttes de la part des agents de l'hôpital quelques solutions partielles sont proposées. Les plus concrètes concernent le relogement des urgences psychiatriques et 180 lits d'hospitalisation. Et ça prendra des mois. A cela s'ajoute 55 autres lits plus controversés et des possibilités de réhabilitation rapide de bâtiments de l'ancien Marchant.

L'ensemble de ces perspectives, plus la fatigue, plus les vacances de la Toussaint peuvent faire craindre à une démobilisation des personnels et à un retour a un semblant de normale dans le fonctionnement du CHS. Pourtant à y regarder de plus prés ces perspectives ne solutionnent pas grand chose et ne reflètent que le désir de ce qui veulent bien s'y reconnaître. D'autres dynamiques sont à l'œuvre et les perspectives proposés ont quelque chose de redoutable.

Dans le schéma de certains cela pourrait s'écrire comme cela, le long séjour pour personnes âgées, l'unité pour arriérés profond et l'hôpital de semaine enfants réintègrent la partie du CHS réhabilitée avec en bonus une structure pour les patients les plus "difficiles", les équipes exilées à Lavaur, Limoux, Lannemezan et St Lizier intègrent l'hôpital Larrey et pendant ce temps ON reconstruit un hôpital tout neuf.

Lisez plutôt:
"Ainsi, contrairement au rapport Piel-Roelandt la réforme du gouvernement n'entend pas fermer les hôpitaux psychiatriques actuels, mais propose de les éclater.. …les hôpitaux verraient progressivement partir les patients et ne regrouperaient, in fine, que les services administratifs et de gestion. Cependant … un redéploiement des personnels de la psychiatrie, à hauteur de 40% dans l'hospitalisation temps plein et 60% sur les soins ambulatoires. La réforme devrait également favoriser …le rapprochement du secteur de la médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) et de la psychiatrie, avec notamment la création d'un SROS unique pour ces disciplines… Cette réforme devrait également favoriser l'articulation entre le volet psychiatrie des schémas régionaux et les schémas sociaux des départements…" Ceci est un communiqué du ministère daté du 22/10.

Il y a quelque chose qui ne cadre pas, voire…Et si l'objectif était de faire passer toute l'activité hospitalisation de celle du secteur à celle de l'hôpital général cela cadrerait beaucoup mieux. Que restera-t-il pour la psychiatrie dans les futurs schémas régionaux, que restera-t-il de la fonction extra hospitalière une fois passée à la moulinette des budgets départementaux. Que restera-t-il de cohésion à la prise en charge des problématiques de santé mentale?

Ce qui s'articule autour de la problématique de la disparition soudaine de la structure publique d'hospitalisation de la haute Garonne dépasse largement le cadre local.

Avant l'explosion, l'hôpital Marchant était l'entité administrative en charge de l'application de la politique de secteur en psychiatrie. Système garant de la cohérence des soins, une même équipe organisant l'ensemble de l'offre de soin à une population déterminée. C'est l'éclatement de cette cohérence qui est aujourd'hui mise en œuvre à travers un double clivage. Celui entre le réseau extra hospitalier et l'hospitalier, celui entre le sectoriel et l'intersectoriel.

Je voudrais que le système garde sa cohérence. Ça me plaît que quelque soit le niveau de demande le patient ait à faire a une même équipe. "Ce sont ces mêmes gens, là, accessibles au CMP de la rue Machin qui me soigneront et s'occuperont de moi si par malheur…" l'alchimie particulière de la politique de secteur érode les fantasmes sociaux qui connotent l'hospitalisation en psychiatrie. Ce n'est pas pour rien que le colloque de bordeaux à mis en évidence l'institution comme troisième instance de la situation de soin en santé mentale. C'est donc pour moi de l'institution G Marchant qu'il s'agit quand j'essaie de me projeter dans l'avenir.

On sait que l'existence d'un centre d'accueil et de thérapies brèves dans un secteur permet d'éviter des hospitalisations, l'implantation rapide de ce type d'unités réduirait d'autant la pression des hospitalisations. C'est démontrable par la file active des structures déjà existantes. Jusqu'à deux cent par an dit même un de mes très sérieux amis.

La création d'une maison d'accueil spécialisée de 60 places avait déjà franchi presque toutes les étapes administratives avant l'explosion, il suffit d'un léger coup de pouce à la procédure pour entamer la construction. Même ailleurs que sur le site Séveso/Marchant, il y a sûrement beaucoup de villes de la périphérie urbaine qui offriraient les meilleures conditions d'accueils à autant d'emplois. Le temps des travaux, peu de frais permettraient d'améliorer considérablement les conditions actuelles d'hébergement. Certains secteurs ont avancés dans la prospection d'appartements thérapeutiques, là encore en accélérant les procédures il y a moyen d'enlever une pression supplémentaire.

L'extension des heures d'ouvertures des Centres médico-psychologiques est aussi maintenant possible et répondrait à une demande déjà pointée.
Que ce soit à temps partiel ou continue, qu'il s'agisse d'hébergement, d'entretien, d'activités nous connaissons et pratiquons déjà des formes de soins dont l'hôpital n'est pas le lieu obligé.

Je postule qu'avec une montée en puissance volontariste des moyens extra hospitaliers on peut ramener le besoin de lits d'intra à une trentaine par secteurs (actu: 130 000 hts/secteurs). 210 lits de psychiatrie adulte sont nécessaires à moyen terme. (compte tenu des 800 et quelques places "offertes" par l'hospitalisation privée à but lucratif.

Il serait possible en quelques mois pour l'institution Marchant de se retrouver en fonctionnement quasi autonome pour faire face au soins d'avant l'explosion et pouvoir parachever sa mutation afin de faire face aux nouvelles demandes.

Dans tout les cas mutation il y aura, il faut s'ôter de l'esprit qu'à l'identique tout sera reconstruit. J'ai essayé d'en esquisser les bornes. Où l'on se situera dépendra de l'implication que l'on y consacrera.

Nous partons de très loin, une activité extra hospitalière peu développée dans un département où la psychiatrie publique est pauvre. L'activité extra hospitalière ne peut se mettre en place à moyens constants. Il faut investir en immobilier, à cela autant la mission Massé que la DASS se sont engagés, pour un temps. Il faut aussi accroître les moyens en personnel. Ce qui n'est pas sans problèmes autres que le coût financier. Il faut aussi mettre les projets en cohérence et coordonner l'ensemble.

Il faut surtout continuer de se faire entendre, faire entendre les besoins non satisfaits en matière de soins, faire entendre le refus d'être des victimes économiques de l'explosion d'AZF. Se faire entendre pour obtenir l'outil de travail le plus conforme à l'accomplissement de notre mission de service public.

Il y a pour l'instant et pour quelques temps encore du temps libéré. Les gens se marchent un peu sur les pieds dans les CMP et il y a aucune culpabilité à avoir de cette disponibilité. Elle n'est que temporaire et nous n'en sommes en rien la cause.
Si seulement elle pouvait être mise au service d'un projet. Avoir un projet qui prenne en compte les contraintes du moment et qui n'obère pas l'avenir. Beau challenge, et pour commencer, tout à l'heure, lundi à 8h30, le directeur reçoit l'intersyndicale pour lui faire part de ses cogitations de la semaine passée. À 10 heures en suivant assemblée générale et rapport des commissions… à suivre
JIVE

Mardi 6 novembre


Message de jive- Le 06/11/2001
Sujet : La geste des Marchant's 06/11


Il n'y a pas eu une mais deux assemblées générales aujourd'hui, prés de cent cinquante personnes à 10h, quatre vingt à quatorze heures. Juste un cafouillage dans la communication de l'heure de la réunion.

Tout à commencé à huit heure trente par une rencontre entre le directeur du CH et l'intersyndicale pour faire un point d'information. Au moment de l'explosion le 21 septembre il y avait:
-281 lits de psychiatrie adulte
- 12 lits de psychiatrie infanto-juvénile
- 8 au service d'accueil et d'urgence
- 28 pour les malades déficitaires
- 47 de long séjour pour personnes âgées.
Soit 376 lits… et 25 chambres d'isolement non comptabilisées.

Aujourd'hui on nous propose:
- 150 lits à l'hôpital Larrey.
- 171 lits de réhabilitation de l'hôpital Marchant.
Soit 321 lits de quasi surs auxquels il faut rajouter 25 lits proposés sur le secteur psy du CHR, à négocier cette semaine et des urgences psy en parallèle aux urgences médicales.
Larrey puisqu'en étage (avec ascenseur privé et entrée particulière) serait pour les patients "cools", Marchant pour les autres. Sur les 150 lits de Larrey 60 lits seraient disponibles dès le 1/01/02, les 90 autres pour le 1/02/02.

Pour les 170 de Marchant, 126 seraient disponibles fin 02/02, les 45 autres fin Avril. Certains ont fait remarquer que ces unités ne comprenaient que 6 chambres d'isolements!

Tout cela représente des moyens provisoires, Larrey est un "prêt", on l'espère, du CHR, et à Marchant il s'agira de lits restaurés, non reconstruits. Toujours dans l'attente d'une décision pour le devenir de la zone Séveso annoncée pour le 11 Décembre. Il faut rajouter à cela, réalisés ou en cours de réalisation ou en projet court terme sur l'initiative des conseils de secteurs, 5 à 6 CMP, 3 CATTP, 10 places d'appartements thérapeutiques…Toute la logistique de ces structures étant fournie par le CHS Marchant.

Dans un premier temps le directeur comptait discuter du réaménagement uniquement avec les médecins, après discussion ce sera un comité de pilotage (sans avion) composé de 6 médecins dont quatre chefs de service, quatre syndicalistes au titre des organisations représentées en CTE, quatre cadres supérieurs dont l'ingénieur, et quatre administratifs. Ça promet de belles séances de simulateur de vol, et encore il sera pas évident d'y faire entrer tout le monde.

En suivant s'est tenue la première AG. Sous forme d'information débat commentaire des nouvelles. Nous avons un échéancier moyennement fiable qui débouche sur un dispositif temporaire de psychiatrie départementale, comment il va se mettre en place et par quoi il sera remplacé sont deux thèmes d'actualité. et le travail en commission semble plus que jamais nécessaire. Là il y a eu discorde, certains pensent que les commissions sont inutiles puisqu'il y a un comité de pilotage. Retour au vieux schémas de délégation.

La commission juridique répond autant à la mission d'obtenir un fond de dommages de TOTAL pour créer une association inspirée de la psychothérapie institutionnelle, qu'à celle de répondre aux demandes individuelles d'aides aux victimes parmi le personnel La commission pédopsy a besoin de se faire entendre car dans le brouhaha de la journée ils sont très politiquement passés à la trappe. Et la commission réhabilitation retour des structures dispersées, elle a son mot à dire au comité de pilotage.

Attention au risque de perdre le contrôle démocratique des événements, le contrôle démocratique ne consiste pas à attendre dans son coin en critiquant les initiatives de ses représentants, il consiste à s'impliquer pour "inspirer" ses représentants. Il ne faudrait pas réduire ces espaces d'inspiration aux seuls représentants syndicaux et donc les commissions doivent être animées.
Comme les débats dans les CMP.

Veuillez excuser ce dérapage mais il faudra bien mettre du sens aux mots, qu'est ce qu'une structure, qu'est ce qu'un hôpital, qu'est ce qu'une institution, qu'est ce qu'un réseau, un service, un secteur… que développer l'activité du secteur en amont ne veut pas dire que l'on se désintéresse de l'hospitalisation, que d'imaginer des structures reconstruites ailleurs que sur le site ne veut pas dire ne plus appartenir à la même institution. C'est au contraire l'occasion d'améliorer les conditions de soins.

L'exemple en a été donné à l'assemblée générale de l'après-midi. Des soignants du long séjours exigeaient de réintégrer leur pavillon d'origine en argumentant sur des critères de priorités et du retour au comme avant.. De l'appartenance aux soins psychiatriques même. Pourquoi faut il en arriver là. Ne peut on pas imaginer faire mieux ailleurs et continuer de pouvoir revendiquer d'appartenir à a même institution qu'au départ. C'est justement leur fonctionnement en "annexe" de l'hôpital qui les plombent depuis le début. Mais c'est une autre histoire. Eclaircir les situations de chacun est nécessaire et les commissions doivent vivre pour cela. En prime c'est quand même heureux qu'un long séjour revendique sa parenté avec la psychiatrie à une époque où l'on est plutôt traités comme des pestiférés, ça remonte le moral.

A côté le travail syndical doit aussi se faire. L'administration a rompue son pacte en ne renouvelant pas un contrat emploi solidarité ce mois ci, l'équipe exilée à Lavaur commence à avoir des problèmes sérieux, y a prés de deux cent cinquante patients expédiés vers des hôpitaux de plus en plus lointains, pour l'instant nous sommes toujours entre les solutions temporaires et le bricolage d'urgence …il y a ne présence, une pression à maintenir.

Nous avons convenus d'une assemblée générale régulière le vendredi matin à 10 heures, la prochaine pour faire le point notamment sur la mise en place du comité de pilotage. La commission action s'est réunie pour avancer ses travaux dans le sens de la mise en place d'une initiative sous la forme d'un congrès autour de quel dispositif de psychiatrie en haute Garonne après demain. Le directeur lui même l'a dit ce matin, il faut non seulement organiser le temporaire mais aussi être en capacité de dire ce que l'on souhaite reconstruire. Il va y avoir du sport….
Bonne semaine, amicalement JIVE

Jeudi 15 novembre


Message de JIVE- Le 15/11/2001
Sujet : idiosyncrasie non Kouchnérienne post apocalyptique.


Difficile de lier les différentes morceaux d'un hôpital éclaté.. avant l'heure. Le secteur dans lequel j'exerce à eu sa réunion lundi dernier, pour dessiner les contours du dispositif que nous souhaitions mettre en place. Les projets qui s'enlisaient voici quelques mois sont redevenus d'actualité, sont devenus palpables. Même que sans les lits proposés à l'hôpital militaire il devient possible de résoudre les problèmes d'urgence, rapatriement des patients et équipes délocalisées, d'amplifier les moyens en amont de façon à réduire encore le recours à des hospitalisations.

Mais réduction ne veut pas dire suppression et nous avons décidé (les trois quart du personnel étaient présents) de faire preuve de plus d'ambition. D'envisager que l'on redéploie a moyens constants notre personnel vers le dispositif extra hospitalier selon les préconisations à 60/40 avait amené à conclure qu'une partie de l'intra hospitalier serait affaire d'intersectorialité, avec en corollaire la création d'unité de soins destinées à des groupes homogènes de patients. Ce qui ne serait pas pour déplaire à la mission Massé.

Nous avons été majoritaires parmi ceux qui se sont exprimés pour désirer rester sur une dynamique de soins couvrant toutes les réponses institutionnelles dans le cadre de la psychiatrie et à refuser le tri par pathologies. Par contre si on veut mettre en fonction 20 places de soins continus en intra et 12 places en extra, un CMP CATTP (centre médico-psychologique/centre d'accueil thérapeutique à temps partiel) rural (60000hts en zone urbaine et 80000 en zone rurale) en plus du CMP CATTP urbain qui existe déjà. Si l'on continu l'activité du SAVS (service d'accompagnement à la vie sociale) et que l'on crée un hôtel et un restaurant associatif/thérapeutique, que l'on développe notre présence auprès des centres médico-sociaux et enfin qu'un centre d'accueil permanent voit le jour ce n'est pas avec soixante soignants que l'on y parviendra. Il nous faut donc être plus ambitieux, d'autant que l'on part déficitaires. Un rapport fait par la DASS l'an dernier mettait en évidence le fait que nous avions 30% de moins de moyens qu'un autre secteur de taille équivalente. C'est sûr que forts de 90 agents nous verrions déjà l'ensemble du projet beaucoup plus réaliste dans toutes ses expressions. Il ne s'agit que d'obtenir les moyens qui nous sont dus Il va falloir être savants et politiques pour les obtenir. Je passe pour l'instant sur le développement d'une activité spécifique avec les réseaux toxicomanie dans le cadre des soins aux conduites addictives et l'ouverture en partenariat avec la pédiatrie d'une hospitalisation mère/enfant.

Quant au reste de Marchant, une partie commence à s'étriper pour savoir qui réintégrera quels locaux et quand, une autre partie s'inquiète d'être en retard sur leurs propres projets et un projet global, enfin un grand nombre s'inquiète de la place qu'il trouvera dans tous les scénario qui se proposent et qui restent très virtuels. Nous avons eu une réunion publique sur la réduction du temps de travail, nous, c'est à dire les syndicats, la DRH, la DSSI, et aussi sur la formation continue et initiale. Génial, réduction du temps de travail sur activité virtuelle, pour les soignants rien de se qui existait avant ne réexistera à l'identique, comment en chiffrer les besoins aujourd'hui....

Comme il n'y a plus qu'une seule grande salle disponible pour les réunions, toutes s'y tiennent. Elle ressemble à un grand hall et sert de trait d'union au deux ailes du seul bâtiment encore en fonction dans l'hôpital qui abrite administration, pharmacie, syndicats, PC intra des secteurs. Pendant les réunions il y a des gens qui passent, certains s'arrêtent et s'asseyent spectateurs pour un temps des organes de fonctionnements mis à nus. J'avoue que je savoure ces instants d'utopie au cours desquels les délibérations sont publiques. La qualité des discussions y gagne. Même si ses effets restent secondaires.

Il y a aussi les assemblées générales, deux décisions ont été prises à leur égard, il y en a au moins une tous les vendredi à 10 heures et le directeur y est convié Vendredi dernier il y avait encore autour de deux cent personnes présentes et malgré la tension que provoque l'annonce des lits à se partager les débats sont restés corrects. Une voix s'est enfin exprimée pour demander pourquoi on revendiquerais à l'identique un dispositif de soin que nous étions les premiers à critiquer..

Lundi 19 novembre


Message de JIVE- Le 19/11/2001
Sujet : Marchant encore et à cris.


Deux mois, c'est le retard à l'allumage annoncé pour la remise en route du dispositif hospitalier du CH Marchant par un relogement provisoire. Rien ne sera prêt avant fin Mars pour redémarrer quoi que soit par la filière administrative. En deux mois la fonction publique hospitalière aura été incapable de proposer autre chose que d'attendre une solution dont la réalisation s'éloigne de plus en plus. Nous sommes pourtant confrontés à un problème grave de santé publique.

Des propositions remontent aussi des CMP. Solutions plus rapides, s'intégrant dans un schéma de redisposition des moyens de soins, mais là l'obstruction vient de cette même administration qui s'est montré particulièrement stérile en projets depuis le début.

Par exemple l'équipe d'un secteur trouve une villa, convenant à la création d'une dizaine de places permettant dans un premier temps de rapatrier les patients et les soignants délocalisés, et dans un second temps de s'intégrer dans le dispositif de soin pensé par l'équipe pour réaliser sur le fond les préconisations du rapport P&R. Et pourtant ça bloque.

Il ne faut surtout pas croire que la demande de soin qui saturait l'hôpital avant le 21 septembre se soit mystérieusement évaporé avec les fumées d'AZF.

Avant-hier j'ai accompagné une personne en hospitalisation d'office vers Mont de Marsan. Il s'agissait d'un patient qui avait été hospitalisé à plusieurs reprises de courte durée dans mon ancienne unité de soins. J'ai pu avoir deux heures et demi d'entretien avec lui pendant le trajet en ambulance. J'ai eu deux heures et demi au retour pour ruminer ce gâchis.

Comprendre quand le CMP aurait du être alerté, bien plus tôt. Tous les acteurs impliqués dans l'arrêté d'hospitalisation, mairie, gendarmerie, neuropsychiatre, médecin auraient eu deux jours pour nous permettre d'intervenir. Savoir que la "crise" de ce patient n'est que conjoncturelle et que notre équipe est largement compétente pour accompagner et soigner un processus morbide de ce genre. Savoir que ce patient va avoir à souffrir de cette situation, c'est démontrable.

Il y a plus d'une dizaine de passages au service d'urgence par jour et au train ou vont les choses c'est plus d'un demi millier de personnes qui devront subir le même type de situations d'ici à ce que les premières promesses soient réalisées. Au ton de la dernière assemblée générale je crois que nous allons bientôt devoir redescendre dans la rue affronter les frimas cet hiver.

Car ne croyez pas que si tout va mal pour toutes les personnes hospitalisées depuis le 21 septembre, tout aille bien pour les personnels.

-Les agents travaillant dans les poches (unités de soins sises dans les départements limitrophes fournies aux patients et équipes le 22 septembre au soir) sont maintenant confrontées à la neige et à la poigne administrative. Intempéries et annualisation du temps de travail vont finir par avoir raison du moral qui leur reste.

-Ceux ayant suivis les patients de l'ancienne unité d'arriérés profonds ont en partie jeté l'éponge après avoir vainement tenté d'alerter sur les conditions de vie dans les deux structures d'accueil.

-La situation n'est pas meilleure pour la pédopsychiatrie et le long séjour.


Pourtant il paraît que dans les CMP les gens se bousculent. Comment se fait il alors que vendredi j'ai quitté mon service à minuit pour reprendre le lendemain à sept heures, laissant ma collègue toute la soirée seule soignante présente sur l'unité où je travaille. Comment se fait il que ce jour là il ait même du être fait recours à l'intérim pour assurer la continuité des soins si partout "on se marche sur les pieds".

Ce que l'auto-organisation avait mis en place la reprise en main administrative est en passe de le défaire. Continuer de faire comme si l'hôpital existait toujours en l'état, ça ne va pas nous mener bien loin. Sauf a se remettre en mobilisation, à commencer par le pavé de Toulouse peut être trouvera t'on d'autres chemins. Décision à été prise vendredi dernier en AG de bosser toute la semaine à faire un descriptif de la réalité des soins, à charge à l'intersyndicale de proposer une date pour aller porter ce travail tous ensemble à l'Agence Régionale de l'Hospitalisation.
JIVE

Message de Marie Rajablat- Le 19/11/2001
Sujet : Re : Marchant encore et à cris.


Bonjour à tous,
Voici bien longtemps que je ne suis pas venue agiter le drapeau noir sur le site. Souvent je me retiens d'écrire pour ne pas mobiliser l'espace par les toulousains mais là, trop c'est trop !

Ce matin comme d'habitude j'ai pris ma voiture pour aller travailler. Les 40 premiers kilomètres parcourus, alors que je devais m'engouffrer sur la rocade pour avaler les dix derniers kilomètres qui me séparaient du centre médico-psychologique où je travaille, impossible d'aller plus loin. Je suis restée bloquée là au carrefour, incapable d'avancer. J'ai eu le temps de faire demi tour juste avant de me faire lyncher par les travailleurs ponctuels et consciencieux et suis repartie chez moi.

Oui, ce matin il m'a été impossible de faire le chemin jusqu'au bout, parce qu'au bout, il y a ce que Jean vient de décrire un message plus haut. En fait pendant les trajets qui nous mènent de chez nous au boulot, il n'est pas rare que les uns ou les autres, nous rêvions d'être "arrêté" par une voiture en face qui nous pousserait doucement dans le bas côté, histoire d'avoir la paix et de pouvoir décrocher un peu, sans à avoir à en prendre l'initiative (cela dit, j'ai pris l'initiative avant d'y laisser la peau).

Tout cela pour vous dire combien ici c'est tuant. Jean l'a expliqué, deux mois de retard sont annoncés maintenant pour l'obtention des lits à Marchant comme à Larrey. On continue à se payer la fiole des patients et la nôtre par la même occasion. Le Ministère, le CHU et l'institution Marchant elle-même freinent des quatre fers comme pour enliser encore plus chaque jour toute initiative

La commission action, issue d'une assemblée générale, tente d'organiser des Assises en décembre ou janvier pour esquisser le paysage de la psychiatrie haut-garonnaise de demain. C'est Monsieur Bonnafé qui devrait en faire l'ouverture, lui qui exhorte toujours à la résistance. Beaucoup d'entre nous sont entrés tous petits en résistance. Par sûr que cela ait été un choix. Peut-être est-ce dvenu un sort. A Toulouse organiser de telles assises aujourd'hui est un acte de résistance. Même les plus dynamiques de nos collègues nous regardent en biais, soupçonnant un quelconque syndicat, voire un sombre parti, embusqué derrière nos propos. Comme s'il était tout simplement inconcevable de se rebeller. Il me semble pourtant que nous n'avons pas le choix. Nous aurons la politique de santé que nous méritons si nous ne réagissons pas, si nous ne nous prenons pas par la main pour écrire nous aussi d'une certaine manière notre Livre blanc.

Comme Bonnafé, Ajzemberg, Guyader et les autres nous appellent à la résistance pour que l'histoire des fous d'entre deux guerres soit réécrite correctement, comme ils nous incitent à lutter contre les distorsions de l'histoire et contre la désinformation, j'en appelle à vous tous pour nous aider à résister sur la question du présent et du devenir de nos concitoyens qui " souffrent de troubles de la relation humaine".

- Quand on sait le silence qui a plané le 21 septembre 2001 sur l'existence de l'hôpital Marchant en face d'AZF (alors que toutes les entreprises ont été recensées et citées) et sur l'importance du sinistre que malades et personnels ont subi ;

- Quand on sait que notre ministre BK s'est déplacé sur le lieu de l'explosion, a été interviewé devant l'enceinte de l'hôpital et qu'il ne s'est pas même retourné, encore moins déplacé ;

- Quand on écoute le silence de notre maire, médecin lui-même et ancien ministre de la santé ;

- Quand on sait la lenteur du ministère et la mauvaise volonté du CHU toulousain à s'organiser pour nous prêter des locaux vides ;

- Quand on sait comment les ISP se sont fait jeter du CHU ;

- Quand on sait que les malades de Marchant transférés au CHU le jour de l'explosion sont restés étiquetés durant toute leur hospitalisation comme "vos" malades ;

- Quand on sait maintenant que Larrey est officiellement " mis à notre disposition " qu'il importe avant tout aux autorités du CHU que l'entrée de la psychiatrie soit complètement indépendante du reste de l'hôpital et qu'aucun service ne communique directement avec le nôtre ;

Ne s'agit-il pas encore et toujours de ségrégation ?! L'histoire n'est-elle toujours pas la même ? ! Ne s'agit-il pas là encore de désinformation ?! Ne s'agit-il pas d'outrage à une partie de l'humanité ? !

Ce qui se passe à Toulouse est un emblème de ce qui se passe chaque jour, à plus ou moins grande échelle, de manière plus ou moins voyante pour chaque personne qui souffre (ou a souffert à un moment ou un autre) de troubles mentaux. C'est également l'annonce de ce qui se passera partout en France. Il faudra bien un jour s'attaquer aux représentations sociales de la folie qui n'ont pas bougé d'un iota. L'histoire nous le montre bien : en 1943 la menace de bombardements ennemis sur la poudrerie était grande or il a fallu attendre un an l'autorisation d'évacuer les malades de Marchant ! Les fous ont toujours été une quantité négligeable.

En attendant, nous manœuvrons en terrain hautement bourbeux lorsque nous essayons d'exiger des soins et des réseaux de soin dignes de ce nom. Non comptant que nous avons le sentiment de stagner, nous risquons de couler. Nous faisons ce que nous pouvons de l'intérieur mais il semble que ça ne soit pas suffisant.

Je ne sais pas comment mais il faut vous emparer du débat, le porter sur la place publique partout où ça vous semble possible, il faut ameuter l'ensemble de la communauté pour que nous fassions reculer la politique sanitaire honteuse qui se profile et que nous imposions les valeurs humanistes et la réflexion clinique qui seules fondent les soins.
Maraja-colère

Mardi 20 novembre


Message de Quidom- Le 20/11/2001
Sujet : Re : Re : Marchant encore et à cris.


A votre bon coeur monsieur dame !
A Toulouse, Psychiatrie Sans Feu ni Lieu cherche maire compétent qui oublie qu'il se verrait bien premier ministre. A Toulouse, Psychiatrie Epuisée d'Etre Déniée, Ecrasée cherche politique qui pense à autre chose qu'aux prochaines présidentielles et aux peaux de banane qu'il pourrait mettre sous les godasses du premier ministre. A Toulouse, Toulousains en Péril Psychique apprécieraient de pouvoir être soignés en Hospitalisation Libre près de chez eux, même si chez eux y'a plus de fenêtres. A Toulouse, Toulousains abandonnés de tous, considérés comme de la merde parce qu'ils sont fous apprécieraient d'être accueillis simplement dans un lieu agréable, en passant par la porte de tout le monde. A Toulouse, Toulousains en Souffrance aimeraient ne plus être sacrifiés sur les intérêts économiques des clinicards.

A votre bon coeur Monsieur Dame !
Pendant que vous jouez à ne pas prendre vos responsabilités, pendant que vous vous refilez les patients comme autant de patates chaudes, ce sont les mêmes qui sont neuroleptisés, enfermés, attachés. Il faut destigmatiser la folie ricane Kouchner. Des faits, Nom de Dieu, Des Actes !
C'est à votre façon de traiter la crise toulousaine que l'on mesure le sérieux de votre politique. Pas au verbiage ! Bientôt, dans les ruines de Marchant nous organiserons le Schizoton.
Ainsi, les mêmes qui nous claquent les portes à la gueule iront de leur petit chèque, de leur petite obole. La bonne conscience, ça n'a pas de prix. Notre Comte de Toulouse pourra darder son doux regard sur la bonne caméra.
To loose Oh To loose !

Message de marie Rajablat- Le 20/11/2001
Sujet : Re : Re : Re : Marchant encore et à cris.


Ben c'est l'hiver ! Les frimas ne nous guettent plus, ils nous ont littéralement gelé si j'en juge par l'absence de réaction à nos appels au secours. Quand je pense que j'engueule régulièrement Fridom pour qu'il laisse un peu d'espace aux gens pour réagir !

Je reprends donc la suggestion que monsieur Piel fait dans un message du 10 novembre et j'appelle mon camarade breton pour hisser la grand' voile. Ho hisse, les gars ! Le vent faiblit, il faut donc sortir toutes les toiles. Vas-y François envoie nos messages à :
ARH, DRASS, DASS, aux élus locaux, à la direction des hôpitaux de Toulouse, aux associations d'usagers, de familles, de professionnels, aux syndicats y compris médicaux, aux journalistes (AFP, APM, médias nationaux), à la présidence de l'AAHP ...
Ne nous lâchez pas s'il vous plaît.
Cordialement. Maraja

Message de Marieley- Le 20/11/2001
Sujet : TOUS à TOULOUSE


Je crois qu'il faut désormais et en urgence se retrousser les manches !
Pour Toulouse bien sûr
Pour la Psychiatrie évidemment
Pour la santé mentale dans ce qu'elle a de grand, de fort !
IL NOUS FAUT NOUS MOBILISER
SERPSY serait un fédérateur d'énergie
Alors prouvons le !!
Je lance un appel solennel à tous ceux qui nous lisent !

Il faut organiser à TOULOUSE des assises de la psychiatrie Des assises où doivent se retrouver les piliers de la psychiatrie, les psychiatres, psychologues, infirmiers, assistantes sociales, aides soignants, éducateurs, etc...
Où doivent se retrouver les arpenteurs de la psy : les PIEL et ROELANDT
Où doivent se retrouver les mémoires de la psy : Les BONNAFE, les AJZENBERG, Les LANTERI LAURA, les CEMEAS
Où doivent se retrouver les écrivains de la psy : ceux qui écrivent, ceux qui éditent
Où doivent se retrouver les militants de la psy : ceux qui rêvent, ceux qui bougent, ceux qui défendent leurs idées...
Il FAUT
c'est nécessaire, c'est vital !!!
Laissez un message soit sur le forum soit à mon adresse e mail

Les assises auront lieu à TOULOUSE et il faudrait dès le mois de JANVIER
Alors bougez vous !!!!!!!!!!!!!

Message de Jean pierre- Le 20/11/2001
Sujet : Re : TOUS à TOULOUSE


wouï !
MARIELEY a mangé du lion ?
L'idée est cependant très intéressante... SERPSY sera t'il assez fédérant pour une démarche de ce type ? Comment faire de ces assises une avancée pour la psychiatrie. Toulouse est un tournant pour cette spécialité. Il y a tout à inventer, il y a tout pour aller de l'avant Mais semble-t-il les toulousains sont épuisés. Comment pouvoir être novateurs ?
Comment faire bouger ?
Comment aller encore plus loin que PIEL et ROELANDT ?
L'explosion de Toulouse servirait d'électrochoc nécessaire pour que chacun puisse avoir de l'espoir dans un avenir plus "rose" (et putaing cong, c'est de Toulouse qu'on parle quand même !)
L'humeur des psy est morose (euphémisme) ce serait vraiment ce qu'on pourrait faire de mieux pour raviver le dynamisme.
Un lieu où serait rassemblé le passé, le présent et le demain...
Un lieu où se re-ferait le soin hors les murs
Un lieu pensé par les acteurs (patients et soignants)
J'adhère à l'idée
Donnez nous des nouvelles
Il ne faut pas laisser passer cette chance.
Jean Pierre

Message de Jean- Le 20/11/2001
Sujet : Re : Re : TOUS à TOULOUSE


Il faudrait comprendre ce qui se passe. Moi, j'ai du mal à comprendre, peut-être parce que j'étais à l'IFSI de Rangueil, sur la colline au dessus d'AZF quand ça a pété, j'ai ai pris plein les oreilles et j'ai eu tellement peur. Je n'étais pas à Marchant avec mes camarades, au côté des patients, avec mes collègues du "terrain" dans la merde et le sang jusqu'au cou et aujourd'hui j'ai comme l'impression d'être à côté de mes pompes. J'ai comme l'impression que les choses se font sans moi, se disent sans moi, mais se fait-il et se dit-il quelque chose à part se traîner d'un point à un autre avec des heures de bagnoles dans la tête et cet amas de ruine devant les yeux, en point de mire.

A Toulouse je ne crois pas que nous sommes au pied du mur, nous sommes devant une ruine vis à vis de laquelle certains pratiquent le déni, d'autre le désespoir et certains la fuite et d'entre tous aucun ne sont à blâmer. Il y avait quelque chose, une chose que j'ai maudite, qui m'a fait souffrir et dont j'ai souhaité quelle disparaisse... elle a disparu !

Il y a du vide et des lamentations. Il y a comme une parole qui n'arrive pas a se dire. Elle tourne en rond, elle s'encolérise et se désespère mais elle n'arrive pas à se rassembler, c'est vrai, c'est mon sentiment. Pourquoi pas alors, pourquoi pas faire de se vide non pas l'absence de quelque chose, un lieu marqué par le regret, la peine et la culpabilité, mais en faire un lieu où tout est possible, un lieu à occuper, une place à prendre. Un psy de chez nous l'a dit, pas en ces termes tout à fait mais en gros, il y a maintenant la place pour le rêve. Pourquoi pas un lieu qui serait, par sa vacuité même, cette vacance de la ressource pour nous tous, pour refonder peut-être, il faut rêver. Depuis quelques temps j'avais arrêté de rêver, merci.

Mercredi 21 novembre


Message de Elodie D.- Le 21/11/2001
Sujet : PARADOXE !


Puisque non professionnelle, je peux me permettre de sourire en apprenant que certains souhaitent des ASSISES, tout en exhortant à BOUGER !

Et puis, toujours parce que je suis de l'extérieur, un point m'inquiète dans cet immense projet de grand rassemblement de tous les gourous et pros de la psychiatrie. Dans votre liste, où se trouvent les premiers concernés ? Pourquoi bigre ce devrait toujours être ceux-là même qui ont un savoir et un bagage professionnel qui devraient PARLER A LA PLACE DES AUTRES ? Pourquoi les familles des malades ne seraient pas invitées ? Pourquoi ces petites "merdes" de blessés de l'existence seraient-elles exclues ? OK ! Je sais un fou, un dépressif, un skizo, un autiste ou un débile profond ne pourra jamais parler. Quoique ! En écoutant Marc Menant, dimanche matin, j'ai été stupéfaite d'entendre qu'on sortait de leur prison intérieure des individus coupés de notre monde grâce à la "communication facilitée". Seulement voilà ! ll nous faut changer notre grille d'évaluation des malades, notre regard sur ce que beaucoup pensent connaître. Mais n'y a-t-il pas une différence entre connaître - qui pour moi correspond plus à une approche liée au relationnel - et savoir ?

Bon, je m'en sauve. En plus je me mêle de ce qui ne me concerne pas directement. Mais je reste convaincue que le jour où le monde des exclus fera moins peur à l'opinion publique, notre société cicatrisera plus rapidement les plaies liées à d'écologiques explosions.
Elodie.

Message de Emmanuel Digonnet- Le 21/11/2001
Sujet : Re : PARADOXE !


C'est marrant, dans le sursaut d'Elodie, je crois retrouver celui de nos amis d'ESQUI (première association d'usagers et d'ex usagers de la psychiatrie) qui dénonçaient récemment sans les citer les âmes charitables qui leur prennent la parole (entre autre les associations comme advocacy ou d'autres, qui partant d'une bonne intention se permettent de parler (voir d'écrire des livres) à la place de "pour les défendre" mais qui restent à leur place dans le quotidien qui est "en face de" à une ou deux caution près)
Oui Elodie, les patients, usagers, consommateurs, et que sais-je ?, doivent prendre la parole et non pas attendre que l'on condescende à la leur donner.

A bientôt à Toulouse
Emmanuel

Message de marieley- Le 21/11/2001
Sujet : Re : PARADOXE !


Assises parce que "bases" ce qui permet de tenir debout !
Pour votre interrogation, si vous venez sur ce site depuis quelque temps vous devez avoir lu beaucoup de choses qui vont dans le sens que vous souhaitez. Il sera hors de question que ces "bases" se fassent sans les premiers concernés. Cela allait de soi, mais il est vraiment toujours bon de le rappeler !

Message de Marie Rajablat- Le 21/11/2001
Sujet : Re : Re : PARADOXE !


Chère Elodie,
Nous sommes un certains nombre à ne pas avoir attendu qu'il soit à la mode de donner la parole aux usagers pour le faire. D'abord parce que la parole ça ne se donne pas mais ça se prend Mais aussi parce qu'il ne suffit pas de décréter une loi qui donne la parole pour que l'espace pour le faire existe. J'ai assisté à trop de congrès, de journées, de séminaires et j'en passe, sur les fameux droits des usagers pour savoir qu'on leur laisse toujours pour s'exprimer les dernières parties de journée vers les 18h, là où les congressistes repartent bedonnants du plein de victuailles que les grands pontes leur ont distribuées. Pour ces Assises (expression dont Anne-Marie vous a donné l'explication)ce sont les usagers qui feront l'ouverture et il ne s'agit pas que des gourous viennent distribuer la bonne parole à une bande d'ignares. Il s'agit de discuter en ateliers de ce que nous avons envie de peindre comme paysage aux soins de demain et de l'écrire ensemble à partir des idées des uns et de l'expérience des autres.

Je comprends votre méfiance devant un tel rassemblement, pourtant la manière dont vous l'évoquez, moi me fait rêver. Ca me rappelle ma jeunesse et les grands rassemblements de Woodstock ou plus près pour nous petits français, ceux de l'île de Wight. Vous imaginez tous les grands de la psy réunis sur le "pré du bout du monde" pour un grand concert. Du délire ! Bref, j'arrête sinon personne de sérieux ne voudra plus venir à Toulouse. Sans compter qu'on va me prendre pour une mémé.

Je ne crois pas, chère Elodie que vous vous mêliez de ce qui ne vous regarde pas. Au contraire ces questions sont bien trop sérieuses pour être laissées uniquement dans les mains des professionnels. Nous tous sommes des usagers en puissance, que nous soyons dépressifs, schizos, autistes, débiles profonds, un peu fatigués, un peu stressés, en analyse ou pas, debouts, couchés ou assis ...
Cordialement.
Marie-la-mémé (mais attention, à Toulouse vous savez ce qu'elles aiment les mémés!)

Message de jive- Le 21/11/2001
Sujet : Brèves


J'ai le plaisir de constater que les derniers messages que nous avons postés sur le forum avec Marie ont provoqués quelques secousses. C'est avec plaisir Jean que l'on te verrait à une AG causer de la place de la formation initiale dans le dispositif.
C'est pas toujours facile dans le débat actuel de faire entendre que cela reste une question centrale.

En parlant de secousse vous voulez quelques brèves:

- Larrey ce serait pour Avril maintenant, un mois de plus, encore un tout petit effort et ce sera pour après les élections. Attention il y a des raisons à cela: "en psychiatrie les portes ouvrent vers l'extérieur et les portes des chambres de l'hôpital Larrey ouvrent vers l'intérieur, donc pour éviter que quelqu'un puisse se barricader dans sa chambre en fait de travaux ils scellent le mobilier au sol". Ils vont nous faire un QHSP. À ce train là ils vont finir par ficher la nostalgie de l'ancien hôpital à ceux qui ne l'avaient pas.

- L'autre bouffonnerie du moment c'est la réduction du temps de travail. Tout l'été dernier la direction des ressources humaines complaisamment secondée par certaines organisations à évaluée la "quantité réelle de temps travaillé". Ce critère rentre en ligne de compte pour l'attribution de postes liés à la réduction du temps de travail. Chez nous il n'existe plus, boum, on ne sait ni quand, ni qui, ni où, et on voudrait nous faire dire combien?

- Encore une autre pour le plaisir, le service de psychiatrie du CHU est enfin prêt à nous mettre à disposition quelques moyens, 20 lits. Ils ont quatre unités de soins, ils nous proposent 5 lits dans chaque unités si nous fournissons le personnel qui va avec.

Vont il exiger des DE?

Au fait le 21 septembre il y avait 376 lits de soins à Marchant, si on en rouvre 150 à Larrey et 170 à Marchant plus vingt au CHU, ça fait déjà 340 lits temporaires, si comme cela s'annonce une ancienne clinique est louée pour héberger le long séjour, 47 lits, on arrive à 387 lits dans le dispositif temporaire, plus le service d'accueil, plus un CMP qui a ouvert et deux autres en gestation, plus.. et tout ça à moyens constants?

Heureusement que tout cela reste pour l'instant virtuel. Sinon où se situerait le rêve si le pire n'était pas derrière nous mais encore à venir?
JIVE

Message de Emmanuel Digonnet- Le 21/11/2001
Sujet : Lobbying et guerres de religion


Bonsoir les Toulousains,
Je devais passer ce week end à Toulouse pour vous rencontrer au sujet d'un travail sur " les portes ouvertes - portes fermées " Etant donné qu'il n'y a même plus de fenêtres, nous trouvions déplacé de vous importuner avec Anne Marie sur nos petits sujets de recherche, au moins dans l'immédiat (mais vous n'y couperez pas, et non seulement cette fois vous devrez nous parler de l'ouverture des portes, mais aussi de ce que vous aurez fait de l'absence de portes). Mais mon sujet n'est pas là ce soir.
Des assises à Toulouse !
Et voilà que je me fais interpeller parce que je n'ai pas encore réagit !
Oui, des assises à Toulouse, mais pas sur une chaise chacun son tour ! Il faut prévoir un banc où le plus possible de culs se posent. Des culs serrés (que l'on se chargera de dérider), des culs-culs (hé oui, il faut de la place pour nos hommes politiques en campagne), des culs terreux (pour nous rappeler d'où nous venons), des culs de jatte (ça c'est pour l'image des handicapés, c'est beaucoup plus télégénique en fauteuil roulant qu'avec des yeux roulants), des culs de poule (qui ont sans doute aussi leur mot à dire), des culs bénis (pourquoi pas), bref, j'arrête cette histoire de cul pour vous dire que des assises à Toulouse oui, mais au-delà des guerres de religion.

Je fréquente des psy qui fréquentent des congrès où ils rencontrent toujours les mêmes, et leurs idées ne s'en trouvent pas élargies.

Des assises doivent dépasser les guerres de religion (les chapelles comme on dit en psy), surtout à Toulouse qui en connaît un rayon sur le sujet. Les noms que j'ai vu circuler sont tous de la même chapelle (à la limite de la sacristie d'à côté). Invitez Baillon et Brocca, Piel et Bonnafé, Vidon et Minard, Esqui et Advocacy... Ne faisons pas (vous avez noté le passage du vous à nous ?) dans le consensuel, mais pas non plus dans le crypto-psy. Des assises à Toulouse oui, mais ce n'est pas que de Toulouse qu'il s'agira, alors s'il n'y a pas mille personnes à Toulouse pour le concert, ... heu, je m'égare, (je ne voudrai pas être trop fou !) mille personnes pour une véritable refondation de la psychiatrie, y compris à Toulouse, et outre les décrets et autre discours politico-médiatiques, je rentrerais déçu.
Emmanuel
PS, pour le lobbying, je posterai autre chose

Message de Emmanuel Digonnet- Le 21/11/2001
Sujet : Lobbying


Lobbying : pratique de ceux qui, se réclamant d'un lobby (groupe de pression sur les pouvoirs publics) Le stade Toulousain réclame 10 MF de francs à AZF suite à l'explosion ! Et l'info est relayée le jour même. Vous avez lu les propositions de Kouchner sur la psy ? C'est du Piel Roeland zippé ! (le zip pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un format qui permet de réduire la taille d'un fichier, du coup si vous téléchargez Kouchner vous gagnez en temps de connections par rapport à Piel Roeland mais vous perdez beaucoup de données au téléchargement).

Il est beaucoup question d'échéances ... mais la plupart au premier semestre 2002 ! C'est à dire juste après les élections ... quand il sera Premier ministre ou parachuté en Afghanistan. Et dans ces propositions, là où il a tout faux, BK, c'est sur la manière de changer l'image de la psy. A force de travailler leur image pour passer à la télé, les politiques croient que c'est comme ça la vraie vie. Une campagne de pub et hop, Kouchner n'est plus un ancien gauchiste aux idées géniales (qu'il a mit en œuvre à une époque lointaine), c'est un vrai politicien qui sait parler de tout avec fougue et passion. (les ménagères de plus de cinquante an adorent). Et pour la psy, il a fait appel aux même conseillés, une campagne de pub auprès des professionnels (y a du boulot au CHU de Toulouse apparemment), puis une campagne de pub grand public et hop, tout le monde est prêt à embaucher un psychotique ou à travailler avec un schizophrène !

Moi je propose autre chose, le lobbying. Les motards l'on mis en œuvre en se regroupant. Taxés et montrés du doigt tous azimuts, ils se sont regroupés d'un côté pour faire pression contre des mesures injustes, mais aussi pour créer des choses (assurance mutuelle). Aujourd'hui, ils démarchent (voir harcèlent) les politiques pour faire avancer leurs dossiers. C'est du lobbying Faisons pareil, ce n'est pas seulement les ARH et le ministère qu'il faut informer, eux sont très au courant, ils ont juste la tête sous le sable. Ce sont les maires, les députés, les médias nationaux, régionaux, parlés, écrits, ...Constituons une liste (ils ont tous Internet) que nous mettrons à disposition dans un coin du site. Et chaque fois qu'une initiative est prise, qu'un problème se pose avec les tutelles, mais aussi qu'un CMP s'ouvre, qu'une structure se crée, que le soin progresse, etc., ... chaque fois, envoyons la nouvelle à toute la liste. Peut être qu'à force, Libé et autre verront que la psy ce ne sont pas que des fous qui mitraillent en pleine rue, ... des soignants qui maltraitent des patients, ou des molécules qui procurent un bonheur artificiel.

Quand je reçois tous les jours les dépêches de l'APM je les parcours et une fois de temps en temps en lis un article. Quand je reçois un message isolé, je prends le temps de le lire. Alors pratiquons le lobbying, en commençant par dire ce que les Toulousains nous préparent.
Emmanuel

Message de maraja- Le 21/11/2001
Sujet : Re : Lobbying et guerres de religion


Z'êtes vraiment dingues les parisiens ! Et on dit des gens du sud qu'ils exagèrent toujours ... 1000 personnes à Toulouse ! D'un côté ça serait génial parce que ça signifierait que cette question de la psy de demain nous concerne et nous fait phosphorer. Mais d'un autre, je ne vois pas comment nous pourrions travailler sérieusement aussi nombreux. Les objectifs d'un congrès sont différents de ceux d'Assises. L'un n'exclut pas les autres. Notre idée était de faire événement dans l'institution en provoquant le débat en interne avec la participation de gens venus d'ailleurs, apportant d'autres regards, d'autres pratiques, d'autres théories. Je me demande si ce n'est pas la première étape, le passage obligé pour nous réorganiser. Cela dit, ton idée de débats contradictoires est intéressante mais peut-être dans un second temps. Pour pouvoir participer aux échanges il faut que les uns et les autres aient à apporter leur contribution.

Nous avions pensé ces Assises en deux temps. Un premier où les professionnels en ateliers feraient l'état des lieux, le recensement des besoins et des moyens nécessaires pour la politique de soin qu'ils définiraient. Un second temps, deux mois après où nous discuterions les amendements apportés pendant ces deux mois et où nous présenterions la synthèse de ces différents travaux que nous présenterions à nos tutelles.

Au fond, tout est ouvert, tu l'as dit, Manu. Rien n'est arrêté. L'ouverture du congrès pourrait se faire autour de ce document élaboré pendant les Assises.

Le débat est loin d'être clos. Toutes vos réflexions nous intéressent.
Cordialement.
maraja

ps : Puis qu'est-ce que c'est que cette brochette que tu nous proposes ? Oh, Manu, tu déconnes ! Y'a'k des docteurs ... Heureusement y'a un peu d'usagers mais les autres, y savent pas penser ? Moi, je serais kiné, ergo, inf, psycho, AS, pharmacien,
éduc ... je serais pas contente après toi ...

Message de Jean pierre- Le 21/11/2001
Sujet : Re : Lobbying et guerres de religion


J'avais compris dans l'appel de Marieley la même chose. Enfin réunir toutes les factions de la psy, tous les rebelles et les timides, ceux qui se détestent royalement ceux qui n'y croient plus, ceux qui y croirons toujours, ceux qui en souffrent.
Eh ben, je voyais un hiver morne à ma porte, j'ai l'impression que le printemps sera en avance !!!! Allez serpsy !!!!

Jeudi 22 novembre


Message de fridom- Le 22/11/2001
Sujet : Re : Lobbying


Si le lobbying est un groupe de pression, nous sommes, nous, patients, soignants de psychiatrie un groupe de dépression. Le jeu de mots est facile, mais il renvoie à quelque chose de juste. Je crois que nous pouvons bien faire tout ce que nous voulons, nous n'intéressons pas les médias. Quand on pense qu'il suffit qu'un scanner ne fonctionne pas à Georges Pompidou pour que toute la presse s'en émeuve. Un hôpital est détruit. Des patients sont hospitalisés contre leur gré à 250 km de chez eux, oui vous lisez bien. Tout le monde s'en balance. Tout cela me fait penser à quelque chose qui n'a certainement rien à voir. En tout cas en partie. Lors de la deuxième guerre mondiale, les informations relatives aux camps de concentration étaient disponibles, mais personne ne voulait les voir. C'était trop gênant, trop terrible. Il y avait comme une cécité sociale, une sorte de "je ne veux rien en savoir". La situation actuelle des hôpitaux psychiatriques n'a rien à voir avec celle des camps de concentrations même si, ici ou là, la différence avec la prison ne saute pas aux yeux. Mais la prison ce n'est pas un camp de concentration. Je me demande quand même si nous ne sommes pas face à la même cécité sociale. De ce qui se passe en psychiatrie, de la possibilité de soigner les fous, pour peu que l'on s'en donne les moyens, nul n'en veut rien savoir. D'avoir multiplié les envois à la presse sans réponse, sans réactions ne peut que nous interroger.
On peut certes se dire que Libération est devenu un journal réactionnaire, ce qui est possible, sinon probable. Mais alors, toute la presse serait réactionnaire ?
Je crains que cela ne soit un peu court.
Le Canard Enchaîné se tait, Le Figaro aussi qui aurait eu pourtant autour de Toulouse l'occasion de montrer que le gouvernement n'assume pas les problèmes et délaisse les plus défavorisés des citoyens. Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce refus d'informer, de s'interroger, d'inquiéter ? En quoi des informations relatives à la psychiatrie seraient-elles gênantes ? A qui cela ferait-il peur ? Quel est l'enjeu de ce silence ? C'est bien autour de la folie que Foucault s'est proposé d'écrire l'archéologie d'un silence. Il semble que ce silence soit toujours aussi éclatant aujourd'hui. Il semble que nous-mêmes ayons beaucoup de mal à commenter l'enquête de la DREES.

Plutôt que se fracasser contre des citadelles, plutôt que de perdre une énergie considérable à tenter le passage, ne conviendrait-il pas de nous interroger sur cette question ? Cette question me semble tellement préoccupante qu'elle pourrait occuper une partie d'assises sur la psychiatrie. Il me semble que le RPR, que la loi usager au centre d'un système en mutation ne seront que des mots jolis si nous ne nous y frottons pas de plus près. Faut-il se dire que la promesse de campagnes de communication sur la folie est une telle promesse de picaillons pour la presse écrite et audiovisuelle qu'ils ne veulent pas se risquer de déplaire ? Cela ne tient pas vraiment la route, les médias auraient au contraire tout intérêt à montrer qu'ils sont les bons canaux et qu'ils ont une ancienneté sur la question. On arrive toujours à la même question, le silence, enfin une certaine forme de silence. Regardez par exemple le film de Tavernier qui ne trouve pas de salles. Il semble qu'il y ait des sujets tabous, des choses qu'il soit impossible de communiquer. Il semble que la psychiatrie fasse partie de ces sujets tabous. Montrer un tueur psychopathe dix fois par jour dans des séries récurrentes qui finissent par se ressembler toutes, c'est possible. Décrire la folie autrement, montrer qu'un soin est possible serait tabou ? Etre un groupe de pression suppose que l'on ait les moyens de faire pression. Comment faire pression ? Quel levier utiliser pour la pression ? Cela fait des dizaines et des dizaines d'années que nous posons cette question.

Vendredi 23 novembre


Message de JIVE- Le 23/11/2001
Sujet : Re : Re : Lobbying


Fridom l'a lâché dans son intervention précédente, en psychiatrie on soigne, on peut soigner et on peut ne pas soigner. Le centre du scandale est là , on soigne plus mal qu'on ne le pourrait, beaucoup plus. Pire que plus mal, comme à Toulouse on peut arrêter de soigner. Le grand public est peu ou pas informé. Quant une percée est effectuée en médecine sur le cholestérol, les greffes, que sais je d'autre, ça devient rapidement un fait de société l'information est matraquée, les gens en situation de bénéficier du progrès réclament, et peu à peu l'accès se démocratise.

En psychiatrie ça ne peut pas fonctionner comme cela, il n'y a quasiment jamais une étiologie isolable, il y a de la psychologie, de l'endocrinologie, de la phénoménologie, de la neurophysiologie, de la sociologie, de la toxicologie, de la génétique, de l'anthropologie, il y a la plupart du temps une addition de facteurs qui peuvent concourir autant à l'expression de la pathologie qu'au soin. Faire tourner dans le creuset psychiatrique cet ensemble de concepts et les prééminences données à tels ou tels font que il y a toujours une chapelle pour dire l'inverse de l'autre ou pour en démolir la découverte sinon le progrès. Chaque chapelle fait du lobbying, stérilisant tout débat avant qu'il n'émerge. Le lobbying est une faillite démocratique, faut il y avoir recours parce qu'une institution républicaine fait mal son boulot, je n'y tiens pas, le lobbying et affaire de couloir, d'entre deux portes, ce qui nous préoccupe est affaire de culture, d'agora, de partage.

Ca n'invalide en rien la stratégie avancée par Manu, c'est juste qu'il ne faudrait pas oublier trop hâtivement la question politique Atteindre l'opinion publique est affaire de dialectique, à commencer par les débats internes et pour finir par la représentation qui en est faite.

Je m'en voudrait d'oublier la question initiale, pourquoi ne soigne-t-on pas comme on le pourrait, comme on le devrait? Ecrit comme cela il y a encore un élément de réponse. Le devoir, celui même de la fonction publique, sans avoir besoin d'évoquer quelque morale humaniste, le devoir d'employer pour chaque malade le meilleur des ressources théoriques et pratiques du moment. Celui là n'est jamais accompli, on fait toujours avec ce qu'on nous donne jamais avec ce que l'on a besoin. Même quand on a plus rien on continue de faire avec la seule chose qui ne nous soit pas donnée, la pensée. Et pour peu qu'elle soit critique, la pensée du soignant est consciente du devoir mal accompli au quotidien, avoir fait pour le mieux au pire. Ça annonce le refoulé proche tout ça.

Pourtant le désir n'a jamais été aussi fort de faire autrement, de bousculer le destin. Il y a trois instances dans une situation de soin, l'institution, le soignant et le soigné. Dans la polémique qui oppose les deux premières c'est de façon évidente la troisième qui doit l'emporter. L'introduction dans le débat de l'usager peut fournir la densité qui manque à la représentation du soin psychiatrique. Ça devrait même en faire un enseignement.
À choisir plutôt le débat public que le lobbying, nous impose de nous pencher sur sa nature. L'ambition n'est pas que de dessiner un schéma d'organisation idéal pour la haute Garonne, ça on peut le faire d'ici aussi mal qu'ailleurs. L'ambition est de définir un cadre d'organisation pour le dispositif de soins en psychiatrie et de santé mentale. Pour survivre ce cadre doit être transposable, une initiative localisée serait condamnée à terme. Le cadre et la forme du débat doivent être transposable, il ne saurait y avoir un seul débat qui résoudrait tout.

Il ne peut y avoir qu'une dynamique. C'est en marchant...., c'est de Marchant... Chic "DES ASSISES EN MARCHANT", personne ne l'avait encore faite, et vu l'heure et ce qui précède accordez moi cet impromptu ludique.
Amicalement, Jean.

Message de fridom- Le 23/11/2001
Sujet : Re : Re : Lobbying et guerres de religion


Bien que cela ne me regarde pas directement, je sens que je vais encore me faire allumer par maraja, bien que cela ne me regarde pas vraiment, il me semble qu'il manque des gens dans les intervenants proposés, des gens auxquels on pense rarement. Quand on fait un congrès on invite des psys, des sociologues, des architectes parfois, des associations d'usagers, une association de familles, des politiques mais pas de géographe. Je m'explique, nous faisons bien de la psychiatrie de secteur, non ? Les géographes n'auraient-ils pas quelque chose à dire là-dessus. Je ne parle pas du prof de géo du lycée mais des chercheurs en géographie, des pointures, de ceux qui réfléchissent sur des trucs genre bassin de vie. Les SROSS sont faits à partir de statistiques. Quelle est la valeur de ces statistiques ? Qu'en pensent les géographes ? La prospective telle que la pratique le ministère est-elle fiable ? Que peut-on repérer en terme de besoin de santé mentale dans les différentes populations ? Je cite une critique de livre lue dans Sciences Humaines (numéro de décembre 2001): " La santé ne concerne pas seulement les médecins. Elle intéresse aussi les géographes . C'est ce que propose de démontrer s'il en était besoin "Distance et santé" d'Emmanuel Vigneron. Le véritable mérite de l'ouvrage est ailleurs : dans les développements destinés à dissiper les malentendus entre les notions d'accessibilité et de proximité. On peut explique Vigneron, être proche d'un cabinet médical ou d'un centre hospitalier et ne pas bénéficier d'un suivi médical régulier. C'est qu'en matière de santé la distance n'est pas seulement physique, elle est aussi "psychologique, sociale, économique, culturelle ...". Davantage que dans la technologie, c'est dans une régionalisation des politiques publiques que réside la solution. Toute la question est de savoir jusqu'à quelle échelle il convient de mener cette régionalisation. C'est en réponse à cette question qu'a été forgé le concept de "bassin de santé", qui suggère de partir des comportements et des besoins des usagers d'un territoire plutôt que de la répartition actuelle de l'offre. Parce qu'elle "conforte le passage d'une logique d'institution à une logique de services de santé", cette approche a manifestement les faveurs de l'auteur qui y consacre un long chapitre." Je n'ai pas lu le livre mais je m'y emploie dès que j'ai cinq minutes. N'empêche que je me demande ce qu'un géographe pourrait nous dire sur les besoins de la population de la Haute Garonne et sur son adéquation avec l'offre de soin telle qu'elle était proposée avant l'explosion et telle qu'elle est proposée maintenant. La rencontre avec Piel pourrait être passionnante. Mais je me mêle de chose qui ne me regardent pas.

Message de fridom- Le 23/11/2001
Sujet : Re : Re : Re : Lobbying


Je poursuis mon idée, excuse-moi cher Jean, mais elle va son chemin parallèle au tien. Elle marche cette idée. Savez-vous que seuls deux psychiatres eurent le prix Nobel de médecine ? Lesquels ? Freud ? Non. Bleuler ? Non. Delay ou Deniker ? Non. Ces deux psychiatres furent l'inventeur de la malariathérapie, Jauregg et celui de la lobotomie dont je ne me souviens plus du nom. C'est-à-dire deux psychiatres qui montrèrent que l'on pouvait traiter la maladie mentale comme s'il s'agissait d'une maladie somatique. Les deux "découvertes" suscitèrent les mêmes espoirs, entraînèrent les mêmes abus, connurent le même échec. C'est égal, cette psychiatrie là, somatique, organique, étiologique, médicale peut être reconnue. Que demain on invente un vaccin contre les schizophrénie et on parlera de la psychiatrie. Même si au fond, elle cesse d'exister pour entrer dans le moule de la médecine. Ce qui gène au fond, c'est la psychiatrie, la folie. Il n'est pas interdit de penser que cette volonté de nombreux psychiatres d'entrer à l'hôpital général par la petite, la moyenne ou la grande porte n'ait comme motivation d'être reconnu comme de vrais médecins. On trouve la même motivation chez certains infirmiers. Le DE c'est la reconnaissance d'être un infirmier comme les autres. Mais le fait psychique est là, et le social se moque bien de nos souhaits de reconnaissance. fridom


Message de Jean A.- Le 23/11/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Lobbying


Je veux essayer de me joindre à ce débat malgré que je ne sois pas sur de pouvoir y apporter autre chose que de nouvelles questions (peut-être déjà posées en d'autres temps pas si lointains), autre chose que des doutes déjà manifestés par ailleurs, aussi, et en d'autres temps pas si lointains également. La nouveauté explosive s'est bien que peut-être pour la première fois dans l'histoire de la psychiatrie un événement donne l'occasion de révéler la nature de certaines choses. Cette nature jusqu'alors enclose, cernée, bien circonscrite, se trouve dans un secteur géographique donné tout à coup soumise à un régime chaotique ô combien. N'avons-nous pas ici et maintenant exactement l'inverse des camps de concentration, soit des itinéraires relativement aléatoires de déconcentration. Déconcentration des soignants, tout à coup privé de la structure rigide et contenante qui leur donnait sens (unique), déconcentration des soignés, tout à coup déportés au long d'itinéraires aberrants et multiples, reconcentrés eux dans des conditions extrêmes (folles pour certaines), déconcentration du nom (Marchant), déconcentration du sens, déconcentration des fonctions devenant folles (non, pas folles, libérées au sens que Freud donnait à ce mot concernant les pulsions). Pourquoi, je me suis posé cette question, pourquoi ce qui m'est le plus difficile à penser ce n'est pas une idée vérifiable sur le terrain mais quelque chose qui est faux :" l'Hôpital Marchant a disparu !" Je suis sur de n'être pas le seul à me frictionner avec ce truc abyssal. Le rapport avec ce débat autour de cette proposition de lowbig (bang)(bof), il est dans l'idée que ce qui constitue cet événement est en grande partie, pour ne pas dire totalement incompréhensible, insaisissable, inqualifiable. Ne sommes nous pas en train de nous efforcer nous même de le qualifier ? N'est-ce pas cet effort qui transparait dans les messages ? Ca veut dire quoi, qu'est-ce qui nous arrive, quel est le sens ? Nous cherchons un sens mais il n'est pas évident qu'il y ait un sens. Pour faire pression il faut un sens, un sens qui puisse être ressenti par les parois que l'on pousse, hors ce qui est jusqu'à maintenant ressenti c'est une absence de sens, l'impression que le vêtement a lâché sous toutes ses coutures, que rien qui avait sens auparavant n'a persisté. Que pourrait bien faire la presse d'une telle chose? Que pouvons-nous en faire ? A part coudre un nouveau vêtement dont nous choisirions la coupe ? A part laisser le vêtement ancien reprendre ses coutures (ce qu'il fera peut-être très vite), à part essayer de penser à ne recoudre rien du tout puisqu'après tout cette activité de couture est encore un faire à la place de... ? Tout ça tel que, brut de décoffrage. Amicalement
J.A.

Message de fridom- Le 23/11/2001 Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Lobbying


Cher Jean,
Je continue à rebondir.
Sur le pré, le jour de l'explosion quelque chose m'a frappé qui me fait dire que l'institution Marchant n'est pas détruite. L'hôpital est peut-être détruit, mais au fond même de cela je ne suis pas sûr. Ce qui m'a frappé le jour de l'explosion, c'est que malgré le chaos, l'institution avait perduré. Je ne l'ai pas raconté dans un premier temps parce que je n'étais pas sûr que cela soit racontable à chaud. Sur le pré donc, les patients étaient bien rangés, par secteur et à l'intérieur des territoires occupés par chaque secteur, il y avait des divisions plus fines par unités. Ainsi il y avait le coin 3ème secteur, et dans le coin 3ème secteur, on retrouvait un coin Charcot et un coin Dupré. Autrement dit, dans la panique on avait maintenu la séparation en secteurs, et en unités. Si cela n'est pas de l'institutionnel, je m'interroge. Cette organisation n'était pas forcément la plus efficace. Elle avait un aspect rationnel, rassurant. Dans les conditions d'une catastrophe on fait comme on peut. On gère par petites unités. Cela paraît le plus simple. Le plus rationnel, voire. C'est un mode d'organisation qui coûte cher en personnel. Regrouper tout le monde et gérer le collectif peut être plus simple, être moins mobilisant en personnel qui se trouve ainsi libéré pour d'autres taches. L'avantage du grand mélange, c'est aussi que les patients peuvent être amenés à utiliser leurs ressources personnelles, peuvent s'adapter, ce qu'à de rares exceptions près ils n'ont pu faire.
Regardons maintenant les réactions institutionnelles. Elles ont respecté quasiment à la lettre les dysfonctionnements qui existaient à Marchant avant l'explosion. Nous sommes toujours face à une armée mexicaine qui se tire dans les pattes et essaie de contrôler le plus possible de choses pour agrandir son pouvoir, ce qui a pour effet, comme avant de paralyser le fonctionnement institutionnel, les prises de décisions, et surtout leur lisibilité. Ce n'est évidemment que le point de vue d'un touriste. On peut porter un regard certainement plus pertinent quand on est à l'intérieur. Ce que j'écris n'a pas valeur de vérité, c'est juste une réflexion. Si l'hypothèse est juste néanmoins, force est de constater que l'institution n'a pas été détruite par l'explosion, qu'elle perdure, pérenne, quasi inchangée. Et que les difficultés à penser le soin avant risquent de se retrouver aujourd'hui.
Ce n'est qu'un élément de réflexion, évidemment.
fridom

Samedi 24 novembre


Message de jean argenty- Le 24/11/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Lobbying


Cher Dominique,
D'abord je te remercie de m'avoir réintroduit dans les affaires publiques en m'envoyant les messages de marie et de jean, j'étais un peu dans les choux. Il ne me semble pas avoir dit que l'Institution Hôpital Marchant avait disparu mais que j'avais à lutter contre l'idée envahissante et dépressiogène de cette disparition. Comme tu le dis fort justement (pour un touriste)l'Institution est pérenne et c'est bien là dessus que porte ma réflexion. C'est la raison qui me pousse à penser que très vite les choses risquent de reprendre leur place d'antan autant sur le plan institutionnel que sur le plan du soin, des us et des coutumes. Cependant, il me semble aussi que quelque chose à réellement disparu (mais pour un temps seulement) qui révèle précisément des dysfonctionnements, des usages et des méthodes qui jusqu'alors pouvaient être en quelque sorte justifiés du simple fait de l'existence de l'Hôpital intra-muros, de cette enceinte contenante, de cet "asile". Je vais essayer d'être plus clair. Je vois l'Hôpital, c'est à dire cette enceinte aujourd'hui quasiment déserte comme une sorte de trou noir qui draine vers lui les aspirations (on ne peut mieux dire)de tout un peuple de professionnels en mal être (quoique j'ai entendu dire que certains trouvaient des bénéfices secondaire dans cette situation dramatique)tendu vers l'unique espoir de réintégrer rapidement une structure (rigide par définition) stable et rassurante, une structure ressemblant le plus possible à quelque chose de déjà connu (réflexe névrotique classique). Je crains que même les personnes les plus disposées à penser dans la nouveauté ne résistent qu'avec difficulté à cette propension à réintégrer le déjà connu. Il est humain de chercher une réassurance Il est humain aussi de chercher à panser les plaies le plus vite possible mais est-ce toujours la bonne thérapeutique ? Nous sommes bien placés pour savoir que parfois il faut résister à de telles tendances, qu'il faut parfois du temps et prendre des chemins indirects, tordus voire même inconnus, pour soulager la souffrance de façon efficace. Ce que soulève cette idée de lobbying c'est bien que pour faire pression il faut des forces unies en fonction d'un même but, faire céder les obstacles. Or, il me semble que les professionnels de la santé mentale sont loin d'être unis, qu'ils sont loin de tous vouloir la même chose, que les intérêts sont parfois antagonistes comme tu le soulignes Dominique. A la circonstance je pense que les événements de Toulouse vont confirmer de plus en plus cet état de chose. Je vais peut-être paraître ici iconoclaste et me faire engueuler mais il me semble bien qu'en l'occurrence, dans cette situation sans précédent, l'urgence est de repousser les solutions susceptibles de reproduire le déjà connu, le déjà dénoncé, le déjà pathologique. Ceci veut dire que les solutions qui risquent de se pérenniser ne doivent pas être acceptées dans l'urgence, aussi séduisante soient-elles (je pense à Larrey bien sur). Peut-être que la logique ici n'est pas de dire, il y a souffrance donc il faut vite soulager la souffrance au risque de voir les solutions provisoires devenir définitives comme certains ponts métalliques bien connus et engendrer de nouvelles souffrances. A la limite, la solution d'urgence des préfabriqués, par son caractère "concentrationnaire" et intenable à long terme me paraît plus propice, mais j'arrive sans doute après la bataille.
Amitiés
Jean Argenty

Dimanche 25 novembre


Message de fridom- Le 25/11/2001
Sujet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Lobbying


Cher Jean,
Continuons à tenter de penser autour des notions que tu introduis. On peut dire que ce qui a disparu avec l'explosion, ce n'est pas l'institution, ensemble de règles que prend une organisation pour durer mais l'hôpital. On peut dire qu'en survivant avec son fonctionnement administratif, l'institution a été efficace. Elle a accompli ce pour quoi elle est conçue : résister à sa propre mort. Elle demeure. L'hôpital, lui, a été détruit.

Nous pourrions déjà en tirer une première leçon qui concerne le secteur, et le développement de soins vers la ville L'institution psychiatrique résiste à la destruction de l'hôpital. Elle résiste même suffisamment bien pour que les mêmes fonctionnements et dysfonctionnements perdurent au delà de la destruction. Un premier obstacle dans nos têtes devrait donc "sauter". Or, il ne "saute" pas. Tout se passe en première analyse, comme si l'on confondait l'hôpital en tant que cadre et l'institution. Il est vrai que les uns et les autres, nous avons été nourris, élevés, éduqués sur une notion hospitalo-centrique des soins. Si je raisonne en cégétiste, je dirai que ce qui a été détruit, c'est l'outil de travail. Tout se passe comme si nous n'arrivions pas à faire le deuil de cet outil de travail. Cette déconcentration des soins et des soignants a des conséquences en terme de lutte et d'efficacité de la lutte. Déconcentrés, les travailleurs sont moins efficaces, ils ne peuvent arriver à paralyser un lieu unique. Il est vrai que les travailleurs ont un respect pour l'outil de travail que n'ont souvent pas les dirigeants qui, ailleurs (dans l'industrie) n'hésitent pas à délocaliser. Dans ce qu'on peut lire des écrits des collègues de Marchant, il y a comme une volonté de retrouver un lieu unique d'accueil, presque inchangé. Un lieu qui pourrait accueillir le même nombre de patients (voir les comptabilités de Jivé) et le même nombre de soignants et de personnels techniques. Larrey ou pas Larrey ? 1, 3 ou 5 étages ? On peut dire que le CHU fait du racisme antipsy, mais d'une certaine façon n'est-ce pas aussi le cas des collègues de Marchant ? Comme s'ils voulaient se retrouver entre eux, avec leurs malades dans un même endroit hospitalo-centré ? Le sous-développement du secteur tient-il à la présence des cliniques et à leurs liens avec certains "soignants" de Marchant ou également à une attitude mentale qui privilégie l'hôpital comme lieu de soins ou d'accueil ? La déconcentration actuelle fait surtout disparaître les patients. Répartis dans près d'une centaine de lieux, les patients cessent d'être un problème montrable. Ils sont rangés, il n'y a pas de désordre. Avec ce rangement, les soignants ont perdu leur principal moyen de pression. S'il y a désordre, il y a perturbation de la société. Là, il n'y en a pas. Donc pas de moyen de pression. L'évacuation des patients, pour efficace qu'elle ait été, a été rétrospectivement, me semble-t-il une erreur. Pas de désordre, pas de problème. Sur un plan moral, ne pas évacuer mais ester est discutable. Cela rejoint la proposition de Jean d'intégrer des préfabriqués. Dans une solution provisoire où les patients sont rassemblés, il y la possibilité de favoriser l'éclosion d'un collectif de patients, qui prend la parole, qui se fait entendre, qui milite pour son propre compte. Répartis comme ils le sont actuellement, les patients n'ont pas la possibilité de se saisir de ce qui ne va pas et de se faire entendre sinon par le biais d'associations qui ne sont pas directement au premier plan. Il est actuellement inimaginable de penser un fonctionnement proche de la psychothérapie institutionnelle. L'institution a tout prévu et gère. Donc pas d'espace de révolte possible pour les patients. On entend les soignants. On n'entend pas les patients. Qu'inventer pour leur permettre de se faire entendre ? J'ai la sensation qu'aussi longtemps qu'ils ne pourront le faire, c'est l'institution en ce qu'elle a d'étouffant qui gouverne. Pourquoi ne pas créer un journal internet où les patients pourront faire entendre leur vérité, leur perception de ce qu'ils vivent ainsi dispersés ? Qu'est-ce qui interdit lorsque les soignants vont voir les patients de leur faire cette proposition ? Les soignants se feraient ainsi les secrétaires des patients. L'idéal serait un format papier doublé d'une parution virtuelle. Un tel journal ferait un lien entre tous, permettrait la constitution d'un collectif patient, certes dispersé, mais collectif quand même. Des extraits de ce journal virtuel et/ou papier pourraient même être lu en Assemblée Générale.

Dans une telle histoire, mon tempérament personnel me pousserait à refuser tout local, tout lieu de soin concentré. Du secteur, rien que du secteur. Pas d'unité pour malade difficile, pas de Mas, pas de solution hospitalière mais profiter que tous les patients sont hospitalisés ailleurs pour construire le secteur. La comptabilité en nombre de lits ne tient pas. Créer des structures de secteur, redéployer permet toujours de diminuer le nombre de lits. Anticipons les 60 % de ressources consacrés au secteur. Créons des solutions alternatives. Mettons en demeure le maire de créer ces structures : hôtels conviviaux, centres d'accueil et de crise, hôpitaux de jour, lieux d'hospitalisation en ville, psychiatrie de liaison. C'est ce que mon tempérament me conduirait à faire. Rappelons que la création d'un Centre d'Accueil et de Crise en ville avec cinq lits permet de fermer une unité de soins et de redéployer une équipe vers le secteur. Rappelons qu'un centre d'accueil et de crise, ainsi conçu, permet d'hospitaliser une semaine plus de 300 personnes par an. De nombreuses situations de crise peuvent être ainsi dénoués, des hospitalisations évitées. De nombreux patients en insécurité peuvent téléphoner la nuit, peuvent passer pour se rassurer et rentrer chez eux. Ceux que cette étonnante comptabilité intéresse peuvent contacter les collègues d'Esquirol (Manu et Marieley). Il est ainsi possible d'hospitaliser trois heures pendant dix jours, une femme dépressive qui passe se faire poser sa perfusion à 9 heures après avoir emmené ses enfants à l'école, elle repart perf posée vers midi, mange avec ses enfants et revient le lendemain. Est-ce la crainte de priver les cliniques de revenus qui empêche la mise en place d'une telle structure ?

Un tel fonctionnement peut ne pas être évident pour des soignants habitués à un fonctionnement plus institutionnel. Il convient alors de mettre en place des formations continues. De nombreuses officines proposent des formations à la crise, à l'accueil, au travail avec les familles. Mais la formation continue ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Rappelons que l'Institut de la Famille à Toulouse est un des plus fameux, des plus connus de France. L'intérêt de développer une formation continue adaptée aux besoins est également de permettre au personnel de prendre de la distance avec un quotidien épuisant. Faire le secteur ne se décrète pas seul. Il importe que les médecins en soient parties prenantes également. Or, si le secteur les mobilisait autant que cela, ils n'auraient pas attendu l'explosion pour le faire. Il est probable que les soignants auront à faire pression sur leurs médecins. Voilà Jean, quelques réflexions suscitées par ton message. Elles émanent d'un touriste peu au fait de ce qui se passe sur le terrain.
fridom

Message de maraja- Le 25/11/2001
Sujet : Que d'introductions !


J'avais pourtant promis aux webmasters de rester calme sur le site mais trop c'est trop. Quand j'entends certains se congratuler " je te remercie de m'avoir réintroduit dans les affaires publiques ... " et pérorer dans le genre " continuons à tenter de penser autours de notions que tu introduis ", la moutarde me monte au nez, la colère me gagne. Et je vais commencer par vos conclusions à chacun. Oui, Jean A. tu arrives après la bataille. Oui, Fridom, ton docte discours émane effectivement d'un touriste peu au fait de ce qui se passe sur le terrain.

Jean, tu arrives après la bataille non pas pour l'avenir mais pour l'analyse du passé. Nous nous sommes posées toutes ces questions à un moment et nous les avons mise en discussion, en assemblées générales, en petits comités, dans les couloirs, dans des réunions de service ...des affaires publiques, quoi. Où étais-tu ? Notre choix à nous, vois-tu, c'est de partir de là où en sont nos collègues dans leur cheminement intellectuel.. Car nous considérons que ceux qui pensent qu'ils ont perdu leur outil de travail, qu'ils soient cégétistes ou pas, sont respectables. Nous considérons que ce n'est pas en prenant de haut les uns ou les autres que nous avancerons. Il ne s'agit pas seulement d'opérer des changements de pratiques, il s'agit littéralement d'une révolution culturelle.. S'il s'agit de faire valoir une suprématie intellectuelle vous aurez l'un et l'autre l'avantage sans aucun conteste. Mais s'il s'agit de changer en profondeur et durablement des conceptions de soin, le temps que nous aurons pris à échanger, à ne pas bousculer les choses, à respecter les idées des uns et des autres, à prendre des chemins plus longs, plus tortueux nous donnera des assises plus stables. Quand Fridom tu écris : " Dans ce qu'on peut lire des collègues de Marchant, il y a comme une volonté de retrouver un lieu unique d'accueil presque inchangé ". Oui, nous l'avons écrit maintes fois, c'était la seule stratégie acceptable par le plus grand nombre, alors pourquoi nous priver de nous rassembler pour penser. Dans notre secteur par exemple, cette stratégie a payé. Avant l'explosion, notre chef de service présentait ses deux hôpitaux de jour comme " le fleuron de son secteur ". Je vous vois vous gausser tous les deux. N'empêche que depuis l'explosion il a fait sien le projet de CATTP qui jusqu'alors était porté uniquement par quelques infirmiers, il a accepté d'organiser une structure d'HAD, suit les assistantes sociales dans leur projet d'accueil familial et a appelé à une réunion extraordinaire autour de l'ouverture d'un CAC. Il a porté tous ces projets d'alternative à l'hospitalisation en CME. Certes il a fallu deux mois de discussions, d'argumentation, de palabres d'abord avec les collègues, dont encore une fois des cégétistes pas si bornés que vous voulez bien le dire. Ces collègues gonflés à bloc dans l'espoir de voir redémarrer une activité soignante digne de ce nom et l'engouement de la nouveauté ont porté eux-mêmes ces projets et c'est parce qu'il étaient tous partis prenants que tout le monde a suivi. Ce que je raconte du secteur 3 est généralisable à l'ensemble des secteurs de Marchant. Toutes les équipes se sont réunies pour évaluer l'état des lieux, les besoins, les ressources..

Vous, votre tempérament vous conduirait à partir bannière en avant avec comme seul mot d'ordre : "du secteur, rien que du secteur !". Je ne suis pas certaine que vous n'alliez pas dans le mur si l'ensemble de vos collègues n'en est pas convaincu. Il s'agit juste de respect du temps de réflexion de l'autre. Oui, du respect de l'autre. Pour terminer, sachez tous les deux, que nous ne vous avons pas attendu pour faire en sorte que les patients aient la parole. Ici et là il y a des initiatives autour d'ateliers écriture, groupe de travail (dont celui qui prépare les Assises) ... Le Craesi (centre de recherche, d'animation et d'étude en soins infirmiers) récolte actuellement l'ensemble des écrits, qu'ils émanent des patients, des ex-patients ou des personnels pour en faire dans un premier temps une diffusion interne. Nous envisagerons plus si affinités.

Désolée, Messieurs, d'avoir interrompu de manière aussi abrupte votre échange hautement intellectuel. C'est sans doute parce que j'appartiens à la plèbe et que je suis femelle de surcroît, que je n'apprécie pas à sa juste valeur votre brillant enseignement.
Maraja

Lundi 26 novembre


Message de Elody- Le 26/11/2001
Sujet : Re : Que d'introductions !


Il était temps que quelqu'un donne un peu d'air à ce forum. C'est vrai que le papoti-papota des intellos qui refont le monde de leur balcon a un côté un peu suranné. Mais il y en aura toujours pour partir au quart de tour sans vérifier à l'avance si ce qu'il énonce est compréhensible par ceux qui sont les mains dans le cambouis. Il faut en donnant du temps au temps, accompagner les soignants sur le long chemin du changement sans leur imposer, mais en les guidant !
Prendre le temps, cela sonne bien, cela sonne juste
prendre le temps du soin
prendre le temps de l'explication
de la concertation et même si cela ne correspond pas toujours à nos attentes ! Parfois on est un peu en avance dans nos réflexions. C'est pas parce que les autres sont cons, c'est parce qu'ils n'ont pas eu le temps de se poser pour réfléchir. Et acceptons de ne pas tout savoir. Même si on crois sincèrement que ce que l'on pense est juste.
Il faut laisser le temps..................................

Mercredi 28 novembre


Message de fridom- Le 28/11/2001
Sujet : Re : Pas d'introduction !


Et Maraja en chienne de garde ! Avec la moutarde qui lui monte au nez ! Et Maraja jouant les femelles outragées, de la plèbe de surcroît ! C'est marrant comme les intellectuels aiment faire croire qu'ils sont de la plèbe ! C'est toujours plus facile d'être de la plèbe et de le revendiquer lorsque l'on a une maîtrise et un DEA dans la poche, lorsque l'on publie régulièrement, articles et livres. L'intellectuel, c'est l'autre, forcément. Et on sent bien qu'être un intellectuel, c'est pas bien. Il y a celui qui est sur le terrain dans la boue, dans la merde, dans la fange et puis il y a l'autre, dans les hautes sphères, dans l'irréel, dans l'intellect, forcément. Cet argument là, Maraja, ce n'en est pas un. Je vais écrire quelque chose qui va te faire hurler et c'est fait exprès. Cet argument là, Maraja, c'est du fascisme. Dans les colonnes de Minute, dans les discours du front national on n'arrête pas de tirer sur les intellectuels, précisément dans ces termes là. Que tu écrives que je déconne, que mes arguments ne tiennent pas la route, que tu le démontres, qu'ils ne tiennent pas compte de telle ou telle réalité de terrain, je l'entends. Que tu discrédites ce que j'essaie d'avancer en énonçant que c'est un discours de mec et d'intellectuel, ce n'est pas de l'argument, c'est du fascisme !
De telles inepties sont d'autant plus surprenantes de ta part, que tu as du, toi-même, y faire face. A Marchant même. L'aurais-tu oublié ? Donc, nous seulement, je suis un intellectuel mais je le revendique. Le mot avait disparu du vocabulaire lorsqu'il revint au 19ème siècle avec un sens péjoratif signifiant " penseur prétentieux ". Il fut utilisé pendant un quart de siècle dans la même veine que " scribouillard " pour " écrivain ". Ce fut par défi qu'au début du 20ème siècle, en pleine affaire Dreyfuss, des journalistes (généralement de gauche) que le mot prenait pour cibles décidèrent de s'en affubler volontairement et ne ratèrent plus une occasion de se traiter eux-mêmes d'intellectuels. En inversant son sens, ils lui redonnaient sans le savoir sa signification d'origine " en rapport avec l'intelligence ".. Dans certains discours être nègre, intellectuel ou femelle c'est pareil. Faut-il y rajouter le mot " mec " ? Eh oui, autre tare je suis un " mec " ou " un homme " Et que cela te plaise ou non, je suis " infirmière ". Un mec infirmière intellectuel. Cela fait beaucoup. Et puis c'est quoi ces conneries ? Une infirmière, ce serait une sorte d'attardée mentale incapable d'aligner deux concepts. Nous ne devons pas exercer la même profession ! Tu as du oublier ta façon de travailler ! Tu as du oublier ta façon de te positionner en réunion ou auprès des étudiants ! Tu vois une volonté de suprématie intellectuelle, là, où il y a tentative pour penser un événement qui nous concerne tous, de façon différente, certes. Je reprends ce que tu écris : " Alors pourquoi nous priver de nous rassembler pour penser ? " Pourquoi nous priver de nous rassembler pour penser ? Il y aurait des pensées " légitimes " à l'intérieur et d'autres " illégitimes " à l'extérieur ? Il est à craindre que des messages tels que le tien contribuent à séparer pour ne pas penser. J'y lis surtout des invectives. Ce qui se passe à Marchant concerne chaque ISP qui peut y percevoir l'avenir de sa pratique, le degré de cohérence entre ce qui s'écrit dans les textes officiels et son application sur le terrain. A ce titre, chacun de nous peut y réagir. Marchant ne t'appartient pas. Et ce n'est pas en agressant ceux qui essaient de penser la destruction de Marchant et ses conséquences que tu contribueras à faire entendre la situation que vous vivez Oui, je suis un touriste et je le revendique. Un touriste qui était sur place le 21 septembre, un touriste qui apportait à manger à l'étudiante assise, seule, sur un fauteuil roulant, un touriste à l'écoute de ce jeune homme maniaque qui rassemblait tous les détritus sur le fameux pré, un touriste qui a accompagné une vingtaine de patients qu'il ne connaissait pas à Saint Lizier, un touriste présent sur la place du Capitole sous la tente, présent lors de l'assemblée générale du 21 octobre, un touriste témoin du CTE extraordinaire qui la suivit, un touriste qui est passé de groupes en groupes, à l'écoute des différentes options syndicales, un touriste qui pas plus tard qu'hier était à Toulouse, un touriste présent dans le secteur à l'écoute des soignants d'un hôpital général qui se désespèrent que le mot psychiatrie de liaison soit un gros mot à Toulouse, un touriste qui la veille était à l'ANAES et faisait entendre les conséquences de la destruction de Marchant, un touriste qui ne perd pas une occasion de marteler qu'à Toulouse des soignants et des soignés sont en souffrance et que cette souffrance concerne chacun de nous. Il est vrai que l'on parle tellement de Marchant dans la presse que l'on peut se passer de soutien. Marchant n'existe pas seul, il existe au sein d'un contexte social (politique, culturel et psychiatrique). Quand on est isolé, on crève. Quand on est isolé on tend à se penser en rond Quand on est isolé on isole. Pourquoi ne pourrait-il y avoir plusieurs cheminements ? Un cheminement autour du terrain, un cheminement de proximité avec chacun et une tentative pour penser plus à côté, plus à distance. En quoi ces deux démarches sont-elles contradictoires ? Pourquoi est-il impossible de critiquer ce que nous amenons autrement que comme un discours nul et non avenu ? Je ne comprends pas vraiment cette attitude. Les mêmes qui demandent sur le terrain la possibilité de faire des sauts de côté, le recours à des tiers pour prendre de la distance avec le quotidien la rejettent lorsqu'il est question de penser les réactions et l'adaptation à la destruction de l'outil de travail. Est-ce en restant entre soi que l'on modifie les conceptions de soin ? Est-ce en refusant tout discours qui ne va pas dans le sens du consensus que l'on avance ? Je ne crois pas. Une fois encore, les deux démarches ne m'apparaissent pas contradictoires.
Reprenons ce que j'ai écrit : " Il est vrai que les uns et les autres, nous avons été nourris, élevés, éduqués sur une notion hospitalo-centrique des soins. Si je raisonne en cégétiste, je dirai que ce qui a été détruit, c'est l'outil de travail. Tout se passe comme si nous n'arrivions pas à faire le deuil de cet outil de travail. Cette déconcentration des soins et des soignants a des conséquences en terme de lutte et d'efficacité de la lutte. Déconcentrés, les travailleurs sont moins efficaces, ils ne peuvent arriver à paralyser un lieu unique. Il est vrai que les travailleurs ont un respect pour l'outil de travail que n'ont souvent pas les dirigeants qui, ailleurs (dans l'industrie) n'hésitent pas à délocaliser. "
En quoi, est-ce dévalorisant pour qui que ce soit ? En quoi le fait d'écrire que nous avons été nourri, tous collectivement, sur une vision hospitalo-centrique des soins, ou qu'il est difficile de faire le deuil de l'outil de travail est docte ou accusateur vis-à-vis de quelqu'un ? Il me semble au contraire que c'est une base à partir de laquelle penser. Il suffit de lire ton mémoire de DEA pour en être convaincu. Je ne vois pas pourquoi je me gausserai du travail accompli au sein d'un secteur dont je connais beaucoup de soignants et quelques patients. Mais on ne peut pas communiquer quasi-exclusivement sur " retrouver un lieu d'hospitalisation " pour tous et s'étonner que vos lecteurs trouvent la notion de secteur singulièrement absente des débats. Quant aux patients, qu'ai-je écrit ? J'ai énoncé une difficulté de fait : " Dans une solution provisoire où les patients sont rassemblés, il y a la possibilité de favoriser l'éclosion d'un collectif de patients, qui prend la parole, qui se fait entendre, qui milite pour son propre compte. Répartis comme ils le sont actuellement, les patients n'ont pas la possibilité de se saisir de ce qui ne va pas et de se faire entendre sinon par le biais d'associations qui ne sont pas directement au premier plan. Il est actuellement inimaginable de penser un fonctionnement proche de la psychothérapie institutionnelle. L'institution a tout prévu et gère. Donc pas d'espace de révolte possible pour les patients. "
Tu ne reprends pas ce morceau de ce que j'ai écrit. Est-ce vrai ou non ? Est-ce une difficulté de fait ou non ? La question ne se résume pas à ce que les patients aient la parole, elle prend aussi en compte la possibilité qu'ils aient du pouvoir.
Quant à mon tempérament, c'est mon tempérament. Tu as peut-être raison. Peut-être que j'irais dans le mur. Mais tu peux difficilement me reprocher d'être docte et dans le même temps me reprocher de me laisser aller à un tempérament fougueux. A moins qu'il ne s'agisse du signifiant " tempérament " qui ne passe pas. Mais ça c'est une autre affaire qui ne concerne pas Marchant, ni même les idées que je peux avancer.
Je continuerai donc à avancer des idées à ma façon, en fonction des informations qui filtrent, c'est mon boulot d'intellectuel, d'infirmière et d'homme. Au moins, cet " enseignement " aura-t-il eu le mérite de montrer qu'à Marchant on ne se soucie pas uniquement d'UMD, de Mas, et de regroupement de tous dans un nouvel outil de travail. Que cela te mette en colère, tant mieux ou tant pis, mais après tout, la nature a horreur du vide On ne peut pas se plaindre que les touristes soient mal informés, réagir quand ils avancent quelques idées mal bâties (ce qui reste à démontrer) et ne pas faire en sorte d'informer ces mêmes touristes.
fridom

Message de JIVE- Le 28/11/2001
Sujet : infos Marchant fin novembre.


Y'a des jours comme cela où les groupes fonctionnent. Un morceau de l'intersyndicale, CGT, FO, SUD a rencontré le directeur du CHS.
Premier point abordé, une note de service de la DRH limitant strictement la date de report des congés annuel. Nous n'aimions ni le fond, ni la forme. Ça c'est nouveau, maintenant on critique la forme des notes de services. Trop incisive à notre goût Nous plus vouloir être traité comme des pions, et je suis gentil en disant pions. Conclusion l'affaire sera traité au cas par cas et à l'avenir nous souhaiterions que l'on s'adresse à nous, pas avec gentillesse, on n'en demande pas tant, mais avec respect.
Venait ensuite les problèmes des agents dont les contrats arrivent à terme. Là encore il a fallu rappeler au directeur que c'était l'intersyndicale qui avait obtenu d'emblée des tutelles le maintien du budget consolidé afin de préserver les emplois, et que donc tous les emplois devaient être préservés. À notre connaissance ce sont trois CES et une CDD que l'administration tente de faire passer à la trappe. Pour l'instant un statu quo fragile c'est installé dans l'attente du règlement des problèmes avec la DRH. Pour gagner il nous faudra deux choses, invoquer les tutelles et être en capacité de mobiliser les personnels sur ce cas précis. Dans tous les cas on n'aura jamais été aussi prêts que maintenant d'enrayer pour un temps les effets pervers du travail précaire.

La situation des patients et des personnels de l'unité dite d'arriérés profonds venait ensuite. Après l'explosion la majorité, 20 ont été regroupés sur deux sites, l'un avec cinq patients dans une MAS, l'autre, une MAS aussi, a pris les quinze autres.
Dans les deux cas aussi ce sont des équipes de Marchant qui continuent a en assurer les soins. Dans la première MAS les conditions de soins sont semble-t-il bonnes, par contre au niveau des personnels c'est l'enfer.

Dans l'autre MAS c'est l'hébergement qui est déficient. Quinze personnes hospitalisées et les soignants qui vont avec dans un espace prévu pour neuf. Cela faisait un mois que les personnels tiraient la sonnette d'alarme. Six algécos, trois à l'initiative du directeur de la MAS pour faire vestiaire, bureau infirmier et salle d'activité, trois accordé par les tutelles pour créer les six places manquantes, le tout bouclé dans les quinze jours, trois semaines maximum La convention passé avec la MAS terminant fin Mars et l'institution Marchant n'ayant pas de solutions suffisamment rapide de remplacement la balle est dans le camp de la DASS pour la suite des événements. Le jeu de piste est loin d'être terminé. Mais le constat ne s'arrête pas là, après confrontation avec l'univers du médico-social même le directeur est obligé de reconnaître que seulement un tiers des patients anciennement hospitalisés dans les pavillons Lévy étaient potentiellement un public de MAS. Les deux tiers restant relevant de soins de même niveau que ceux affectés normalement à une unité de psychiatrie. Il est donc nécessaire de renforcer les moyens de ces équipes.

Le devenir du long séjour pour personnes âgées était aussi au menu. Là une solution de relogement. Une partie d'une clinique partiellement inoccupée pourrait être louée. Ça coûtera tout de même plus de deux cent millions de francs. Réimplanter rapidement les quarante sept lits du long séjour dans un bâtiment hospitalier en bon état prévu pour soixante, ça peut vouloir dire six mois. Deux conditions pour y être favorable à titre de relogement provisoire, que ce soit la logistique de Marchant qui en assure le fonctionnement, et que là aussi les effectifs soient renforcés. Tant que le long séjour était adossé au CHS il pouvait bénéficier des renforts en personnel des pavillons. Pendant la période de relogement il est impératif que l'effectif soit autosuffisant y compris sur le plan médical. En outre le coût de location et d'exploitation devraient faire que le temporaire ne s'éternise pas.

Du côté de ce que l'on appelle les poches (unités de soins gérées par Marchant hébergées dans les hôpitaux des départements voisins) tout ne va pas pour le mieux. Déjà deux mois et au mieux encore quatre à devoir aller travailler douze heures par jour à plus de cent kilomètres avec la neige qui s'est déjà pointée. Encore quatre mois à imaginer comment continuer a assurer des soins dans les conditions de vie infligées aux patients. Ça demande un minimum de compensation ne serait ce que pour préserver la santé et la disponibilité des personnels. Nous demandons trois jours de récupération par mois.

À noter aussi que certains ASH qui étaient exclus du bénéfice des navettes organisées vers les poches, mises en place par l'hôpital bénéficieront maintenant d'une voiture avec chauffeur.

Enfin en vrac nous avons parlé du SIAP, service d'accueil psy, de Larrey et de Casselardit. Problème d'architecture pour le premier, problème de dates pour le second, problème d'hypocrisie pour le troisième. Il ne faut pas perdre de vue que Casselardit est le service de psychiatrie du CHU, et qu'il "tourne" à moins de 75% pour cent de ses capacités. Nous espérions récupérer une unité de vingt lits pour les utiliser en aval du SIAP et éviter au maximum les déportations de patients dans des hôpitaux de plus en plus lointains, 700 km maintenant. Le CHU nous propose cinq lits dans chacune de ses unités avec le personnel correspondant. Même si on calcule au minimum, un le matin, l'après-midi et la nuit, soit trois agents, multiplié par les quatre unités, ça fait 12. Multiplié par deux pour trouver le nombre d'agents nécessaires et ça vous fait vingt quatre soignants pour vingt lits. C'est fou le bien qu'ils nous veulent à Casselardit. Il nous faut continuer de réclamer une unité autonome et pourquoi pas avec un effectif au moins équivalent à ce que nous aurait coûté l'offre de nos confrères.

Après un bref repas nous avons relaté tout cela à la réunion d'information des personnels qui s'est tenue en début d'après midi. Une quarantaine de personnes étaient présentes, décision a été prise de convoquer une AG pour lundi prochain a 10h et de proposer une action à la gare de Toulouse avec conférence de presse pour le 11 Décembre à 16h.

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