Carnet de mission
Naplouse, Palestine

février - août 2004

Projet de santé mentale Médecins du Monde

Le premier projet de santé mentale auquel participe MDM est l'ouverture d'un futur Centre Communautaire Medico Psychologique.
Actuellement, la psychiatrie en Palestine est sous la responsabilité du MOH Ministery of Health. Il y a très peu de psychiatres (par exemple, trois pour Naplouse soit pour plus de 300 000 habitants) donc leur travail de consultation est essentiellement consacré à la rédaction d'ordonnances.
Et je ne la jouerai pas à la BK rentrant tout excité du Kosovo nous serinant à chaque rencontres "là bas il font aussi bien (qu'en France) avec moitié moins de moyens". Ce n'est pas vrai ! En dehors des neuroleptiques le principal traitement des maladies psychiatriques est l'électroconvulsivothérapie pratiquée à tours de bras. Plus de psychiatres permettrait d'envisager autrement les prises en charge notamment en articulation avec les nombreux psychologues.

En effet, il existe une multitude d'associations qui interviennent dans le domaine des troubles psychologiques, employant des psychologues et des travailleurs sociaux. La formation des psychologues est proche de celle des travailleurs sociaux, leur domaine d'intervention aussi.
Dans les deux cas, l'enseignement de la psychologie est très théorique et académique. Il n'existe pas (sauf dans deux universités) de formation clinique et encore moins de formation aux consultations individuelles.

Ces psychologues interviennent avec les associations dans de multiples programmes que chaque association décide et mène à sa guise. D'où un manque de cohérence de l'offre de soin et de coordination.
Si la plupart des interventions sont des interventions de groupes, il existe aussi des suivis à domicile et quelques prises en charge individuelles.

Côté infirmiers, 2 ans d'études, la psychiatrie est rapidement abordée dans des cours le plus souvent en anglais à partir de polycopiés,


un français à l'IFSI
pour une intervention en français, anglais, arabe

Vers un futur Centre Communautaire Médico Psychologique

L'idée du CCMP est à la fois d'offrir un lieu repéré pour l'offre de soin psychologique et psychiatrique, de coordonner ces actions, de servir de lieu de formation et à terme de proposer des prises en charge type CATTP ou hôpital de jour.
Il n'est pas prévu de lits d'hospitalisation. A ce sujet, il en existe quatre à Naplouse à l'hôpital général, exclusivement utilisés pour des sismothérapies.

Le seul hôpital psychiatrique est situé à Bethlehem. Il a 380 lits et ce qui est décrit ressemble à ce que nous avons pu connaître dans certains coins dans les années 1950. (je ne l'ai pas encore visité). MDM donc travaille à l'ouverture du CCMP. Ce projet ayant été reprit dans un plan national de santé mentale, les partenaires étant multiples et parfois très .... institutionnels, nous avons décidé d'avancer parallèlement d'autres projets qui tendent à diversifier l'offre de soins en santé mentale.

En effet, vous l'avez compris par les deux pages précédentes, une des raisons majeure de la présence de Médecins du Monde en Palestine est la restriction dans l'accès aux soins des populations civiles. Cheval de bataille de MDM dans tous les pays du monde, l'accès aux soins est ici très aléatoire. Habitant Naplouse, en dehors des périodes d'incursion de l'armée israélienne et de couvre feu, vous avez deux hôpitaux publics (fort bien équipés avec des plateaux techniques performants, même si le plus généraliste des deux gagnerai à être rénové) et des hôpitaux privés. Si votre cas nécessite un traitement particulier qui n'est pas possible à Naplouse, ou pire, si vous habitez un village juste à côté de Naplouse mais de l'autre côté des check-point, cette offre de soin vous est parfois inaccessible, toujours difficile d'accès.
En théorie, les ambulances ne peuvent être retenues aux check-point. Elles sont prioritaires sur tous les autres véhicules. En pratique, il n'est pas rare qu'elles soient bloquées une demi heure, dans l'attente d'être contrôlées
Pour ce qui est de la psy, pas de transport en ambulance, donc peu de chance de venir régulièrement à Naplouse, que ce soit pour consulter ou encore pour aller à un hôpital de jour.
La conséquence est que les troubles psychiques restent peu pris en charge. Et s'ils s'aggravent en troubles psychiatriques, ils s'aggraveront jusqu'à l'hospitalisation à Bethlehem (s'il y a de la place... hé oui, là aussi !).

Une future consultation mobile de psychiatrie

Le premier programme doit permettre aux équipes des dispensaires, de diagnostiquer, accompagner, prendre en charge et enfin référer si nécessaire, les patients présentant des troubles psychiques importants ou des pathologies psychiatriques.
A terme, nous voulons mettre en place une consultation mobile de psychiatrie (psychiatre, psychologue, infirmier) qui pourrait se déplacer une fois par mois dans les dispensaires. Mon intervention va donc consister dans un premier temps à former les équipes de santé primaire des dispensaires des villages autour de Naplouse. Cette formation, alliant théorie et études de cas

Mais vous l'avez vu sur la carte précédente, les routes les plus sûres ne sont pas toujours les plus directes...

... il faut donc étudier la carte avant de partir.

Et cela ne suffit pas toujours, il faut appeler juste avant de partir pour connaître l'état des routes. Comprenez actions militaires en cours, route récemment bloquées par l'armée ou par la construction du mur. A Kefl Hares, lors de notre première visite nous avons quitté la route pour un chemin de terre de 100 mètres avant d'entrer dans le village. Pour cela nous avions coupé les travaux du mur de sécurité. Une heure plus tard, le chemin était définitivement coupé et nous avons dû longer les travaux pour trouver le moyen de rejoindre la route. Pour aller à Salfit, il faudrait une demi heure en partant de Naplouse (après le check-point). Mais la route étant barrée, nous retournons loin en arrière sur la route, la quittons après 10 kilomètres et faisons 10 kilomètres à travers oliviers et collines, soit une heure trente de route.


Nous ne sommes pas les seuls sur les pistes,
ici la Croix Rouge Internationale.
Salfit est trois collines derrière.

Lorsqu'il s'agit de transporter des blessés ou une femme sur le point d'accoucher, certains délais peuvent être un peu raccourcis. Il suffit de prévoir par exemple pour aller de Beddya à Naplouse, trois ambulances. La première quitte le village avec le blessé et rejoint le premier barrage (terre, rochers ou blocs de béton. Là, en transportant le brancard à pied, on rejoint une seconde ambulance qui à son tour rejoindra le barrage suivant, pour finalement transporter le blessé dans la troisième ambulance qui ira le plus vite possible à Naplouse (pourvu que ça passe vite au check-point). Hémorragiques s'abstenir !

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