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Histoire du centre hospitalier Gérard Marchant


INTRODUCTION 

Avant de vous raconter l’histoire de l’Asile de Braqueville, je ferai un bref rappel du contexte dans lequel il vit le jour. Nous sommes au XIXème siècle  on médicalise la folie, on la traite, on l'assiste, on la met sous tutelle. Défiante à l'égard des institutions privées et soucieuse de protéger la liberté morale et matérielle de l'individu, la bourgeoisie libérale, arrivée au pouvoir avec la Monarchie de Juillet, fait voter le 30 juin 1838 une loi qui apporte un cadre légal au vœu d'assistance et de protection des aliénés (inspirée par Ferrus, premier inspecteur général des asiles).
Cette loi organise deux types d’internements : le placement volontaire et le placement d’office. Elle expose donc les modalités nécessaires pour enfermer une personne potentiellement dangereuse pour elle-même ou pour autrui. Il est remarquable que si “ 
L’Instruction sur la manière de gouverner les insensés  ” de 1785 décrivait les soins à administrer aux malades, la Loi de 1838 n’en fait rien (le mot soin n’apparaît qu’une seule fois). Elle sera d’ailleurs dénoncée en son temps par l’opinion publique comme une loi de police.
Il est ainsi prévu l'édification d'un hôpital dans chaque département en application des plans d'Esquirol et de Parchappe. Mais entre la promulgation de cette Loi et son application il s’écoule presque un quart, un demi, voire parfois un siècle entier. Ce n'est en effet qu'au cours du Second Empire et sous la Troisième République que cette politique commencera à être appliquée, essentiellement en région parisienne, pour se poursuivre jusqu’après 1950, pour certains départements de province. Du coup, à l'époque où sont bâtis les asiles, l'édifice théorique sur lequel ils reposent, est fortement ébranlé.. Un corpus psychiatrique se construit (isolement du “
élire de persécution  ”, du “élire de grandeur  ”, de la “émence vésanique  ”  ; Morel et ses conceptions dégénératives …), le concept de “  maladie mentale  ” (Falret) fait son apparition, on entrevoit des perspectives diversifiées et évolutives à certaines de ces maladies …
Dernière précision avant d’entrer dans le vif du sujet, nous sommes, Jean Vignes, Philippe Fontanaud et moi, infirmiers de secteur psychiatrique et c’est de cette place là, celle d’arrière-arrière-arrière-… petits-fils de “ 
Gardiens  ”, eux-mêmes anciens “  Tranquilles  ”, que nous parlerons. Notre ancêtre à tous les trois, se nommait donc Jean-Baptiste Pussin. Il était ce surveillant dont les précieuses observations servirent à Pinel dès son arrivée à la Salpetrière (1793) pour jeter les bases pratiques du traitement moral. Vous pouvez nous faire confiance, ces exposés seront bourrés de parti pris !


A l’hôpital La Grave de Toulouse, c’est une femme qui tient le rôle de Pussin. Il s’agit de la Supérieure, Madame sœur Chagny. Elle obtient de l’administration en 1822, alors qu’il n’y a pas encore d’aliéniste dans l’établissement, les fonds nécessaires pour faire construire des bâtiments appropriés pour les aliénés. A l’instar de (Pussin)Pinel à Paris, elle incarne celle qui a libéré les aliénés de leurs chaînes et leur a accordé soins et intérêt.
il reste beaucoup à faire pour compléter les réformes entreprises dans ce quartier qu’on peut plutôt considérer comme un lieu de détention que comme un lieu de traitement.
A la fin de l’année 1826, le Docteur Jean-Baptiste Delaye, est nommé médecin du quartier des aliénés de La Grave, sur proposition d’Esquirol. Médecin organiciste, il donne à la folie des causes morales, mais c’est avant tout un apôtre de la modération. En 1835, La Grave compte 321 aliénés et le docteur Delay a semble-t-il participé à bien améliorer leur sort. Cependant, il est également responsable d’une maison privée pour “
  ”, et c’est la raison pour laquelle il ne se verra pas confier la direction du projet de l’asile public. Officiellement, l’Etat providentiel se donne pour mission de secourir et d’assister les fous. Officieusement, on peut surtout penser que l’Etat entend pouvoir contrôler l’établissement, et pour cela, seul un fonctionnaire pourra être contraint de se plier à cette exigence. C’est donc son adjoint, le Docteur Gérard Marchant, à qui on donnera la préférence, pour ouvrir Braqueville, en 1858, mettant en avant ses recherches, ses projets et ses publications (dont certaine avec Delay en 1850
)




         
. On voit bien comment déjà à cette époque, deux orientations différentes se dessinent  une classique, traditionaliste et centrée sur elle-même, à Braqueville, une autre, en apparence plus ouverte, mais lucrative, en liaison avec la Faculté de Médecine, à la Maison Delaye, surtout connue sous la IIIème République, avec son nouveau Directeur, Victor Parant (Clinique Marigny à Saint Loup Cammas). La querelle privé-public d’aujourd’hui n’est donc pas récente  (Une autre Maison pour mentaux connue sous la IIIème République : la Maison de Santé Mailhol à Labastide-Beauvoir.)
C’est en 1850 que le Conseil Général vote le principe de la construction de l’asile de Haute-Garonne, aux frais du département
   
. L’endroit est choisi : le lieu-dit “  ” du domaine Gironis. Francis Decoucut (ancien directeur de Marchant) rapporte que l’origine du nom du lieu-dit, viendrait de “  ”, patronyme d’un valeureux soldat goth, que son chef récompensa après une expédition germanique dans le midi, en lui donnant ce fief    . Françoise Jacob fait le lien avec le mot bracatus, celui qui porte des “  ”, “  larges culottes portées par les barbares (les francs)  , et qui par extension, désignent ceux qui les portent. Ainsi, Braqueville serait la ville des barbares. Si l’idée est séduisante, l’étymologie reste cependant à vérifier.
Léon Dutil
raconte par ailleurs, qu’en 1235, les Dominicains, chassés de Toulouse par les sympathisants cathares, se réfugient à cet endroit. Braqueville liée à l’Inquisition ... L’endroit devint plus tard propriété du Chapitre de Saint-Etienne, qui tira de ces terres de bons revenus jusqu’à la Révolution française. C’est ce lieu, donc, qu’on choisit pour établir le futur asile, et son nom résonne, qu’on le veuille ou non, comme le bien nommé : Braqueville, un lieu-dit lié à l’Inquisition, mais tout à fait “  ”, idéal pour recevoir des “  braques  ”, des “  cerveaux fêlés  ”    , des “  ” en puissance à remettre dans le droit chemin.
Chaque jour, pendant environ six ans, une cohorte de malades, d’ouvriers, de servants et d’infirmiers quitte La Grave pour se rendre sur le chantier de l’asile en construction et c’est le 1er juillet 1858, alors que les travaux ne sont pas terminés (chantier terminé en 1864), que les portes de Braqueville s’ouvrent pour recevoir Gérard Marchant, nommé Médecin Directeur, et ses 260 aliénés, transférés de La Grave (laissant sur place 123 épileptiques, catégorie de malades “  ”. L’asile étant créé dans un but thérapeutique, il ne doit recevoir que des malades susceptibles de guérir). Sur demande du Ministre de l’Intérieur, une section séparée est prévue pour accueillir les aliénés pensionnaires “  de manière à n’être pas confondus ni pour le local, ni pour le régime avec les aliénés indigents  ”.. En effet, ce nouvel établissement doit convenir aux riches comme aux pauvres, tout en recréant à l’intérieur de l’asile, les quartiers riches et les quartiers pauvres de la ville. Les aliénés riches bénéficieront d’autant plus d’égards que, pendant de longues années, leurs pensions permettront d’entretenir les aliénés indigents et d’équilibrer ainsi le budget de l’asile. On compte donc à l’ouverture, quatre classes différentes de pensionnaires payants et deux classes d’indigents (ceux à la charge de la Haute-Garonne et ceux à la charge des autres départements).
Une Commission de Surveillance est chargée par le Ministre de l’Intérieur, de lui rendre compte de la gestion et de l’organisation du nouvel asile
. Marchant a pour mission que les aliénés travaillent et produisent au moins les matières premières dont ils ont usage et besoin, de manière à n’être pas une charge supplémentaire pour le département (définition du “moral  ”, version ministère) . La situation des malades mentaux de Braqueville est à peu près équivalente à celles de tous les hôpitaux psychiatriques de France. Le nombre d’indigents reste important (346 pour un total de 794 aliénés en 1875, 386 sur 958, en 1878). Quelques uns sont capables de travailler et représentent une main d’œuvre bon marché. Les hommes sont employés au travail de la terre et dans les différents ateliers. Les femmes, elles, sont employées aux cuisines, à la couture et au lavage. Exploitation agricole et élevage sont des activités importantes de l’asile. L’hôpital produit des légumes pour la consommation interne. On apprend par exemple que l’année 1874 est une année à pommes de terre ! Il possède également un cheptel, qui compte en 1879, 14 vaches, 3 génisses et 7 chevaux et produit son fourrage. S’ajoutent au fil des années, quelques cochons, peu de moutons, des lapins. Une boucherie est installée. Pour éviter l’achat de pain, aliment essentiel, une boulangerie ouvre à son tour en 1873, un moulin construit l’année suivante, pour moudre le blé semé puis récolté. Personnels et malades, tous se retrouvent dans les champs, avec le double objectif de canaliser les “  ” en allégeant les charges de l’institution.
Autre activité importante : la couture. Des achats importants de toile sont plusieurs fois mentionnés dans différents “  état de consommation  ”. Les femmes cousent des housses de matelas, d’oreillers, de traversins, des draps, des chemises, des blouses, des tabliers, des nappes, des serviettes, des pantalons, des pyjamas et même les camisoles de force, etc... (C’était, ne l’oublions pas, la principale activité de l’hôpital La Grave). L’entretien de tout ce linge, du personnel et des malades, représente un travail considérable
Les différents ateliers font donc de Braqueville une véritable manufacture. Infirmiers et ouvriers sont confondus dans la même catégorie de personnel de surveillance
(avec également les sœurs, le surveillant-chef, le chef-menuisier, le chef-jardinier, et les portiers), comme sont également confondus personnels et malades. Le registre de comptes de 1880, nous renseigne sur les équivalences qui existent entre personnel et aliénés : “  Les sœurs, les secrétaires de la direction, les élèves internes sont assimilé aux pensionnaires de 1ère classe. Les douze maîtres ouvriers (boulanger, cocher, cordonnier, garçon boulanger, maçon, mécanicien, meunier, peintre, serrurier, tailleur, tisserand, -, -) sont assimilés aux pensionnaires de 3ème classe. Les infirmiers et les infirmières sont assimilés aux pensionnaires du régime commun  ”.
Les malades qui ne travaillent pas (les pensionnaires) représentent une source non négligeable de revenus pour l’hôpital, compensant les dépenses des indigents. Les autres participent à produire ce qu’ils consomment, et permettent ainsi à Braqueville de vivre en autarcie. Marchant n’hésite pas d’ailleurs à faire venir des indigents valides de départements très encombrés, comme celui de la Seine, pour récupérer de la main d’œuvre et des pensions des établissements “
éditeurs  ” (en 1880, par exemple, le prix de journée des aliénés de la 1ère classe est 4 fois supérieur à celui de l’indigent du département ).
Il est clair que (déjà à cette époque) c’est un souci économique (certes pas le même qu’aujourd’hui) qui anime l’organisation de l’hôpital plus qu’un souci clinique ou thérapeutique, les nombreux rapports et prix agricoles (comme celui du meilleur taureau reproducteur de Midi-Pyrénées) et l’absence d’observation clinique sont là pour le prouver 

Marchant, à l’image de ses pères, Esquirol et Pinel, règne sur l’asile en chef absolu. Pendant les dix premières années, il n’a pas plus de médecin-adjoint, qu’il n’a eu de véritable directeur administratif. Il tente de persuader l’administration de l’inutilité d’un collaborateur. Un conflit d’autorité s’engage avec la tutelle, entretenu à l’intérieur de l’asile par les multiples conflits entre le pouvoir administratif et le pouvoir médical, conflits qui dépassent bien Braqueville, et donnent l’orientation de la médecine de cette époque là et de la relation médecin/malade. Il ne s’agit pas pour Marchant de cacher des malversations, mais bien de revendiquer de n’avoir pas à rendre de compte. Autant dire qu’il est de plus en plus dans le collimateur, d’autant qu’il s’affiche comme royaliste et catholique, alors que Toulouse, à partir de 1870 devient progressivement radicale. Mal vu de l’ancien comme du nouveau régime, Marchant donne l’impression de se saborder lui-même. On lui reproche de nouveau ses rapports mal tenus, le nombre trop important d’évasions et un trop grand laxisme. Il est agressé par un malade et meurt le 22 juin 1881 à Braqueville, où il est enterré en grande pompe.

Le Docteur Adrien Bouteille lui succède le 31 Juillet 1881. Bouteille n’a pas la notoriété de Marchant. Certes, il a des titres (surtout de droit), mais moins de publications à son actif. Cependant, il rédige beaucoup de comptes rendus médicaux, à l’inverse de son prédécesseur
 
   
 
.
Les conceptions de la folie de Bouteille sont essentiellement sociale et morale. Selon lui, il y a deux grandes causes à la maladie mentale  - la famille (inspiré en cela par les thèses de Morel sur la dégénérescence)
-        le surmenage génital ou l’onanisme.
Comme ses confrères de l’époque, il souligne l’importance du Traitement moral pour distraire les malades, les occuper et les éduquer. Mais, c’est également un organiciste et il donne une large part aux traitements chimiothérapiques (essentiellement l’Opium et le Bromure de Potassium) et aux traitements physiques comme les bains et les douches.
Disciple d’Esquirol, Bouteille voudrait régner également en maître sur l’asile. Il s’attirera beaucoup d’ennuis en voulant tout contrôler, là où Marchant avait laissé faire. Exigeant, peut-être même intransigeant, il est connu de tous, et particulièrement du Préfet, pour ses démêlés avec le personnel dans son ensemble. Or, si jusqu’en 1881, la gestion des finances de l’Asile relevait encore du stricte ressort du Médecin-Directeur, le Ministère exige, dorénavant, de plus en plus de droit de regard, et va donc créer de nouveaux postes, afin de décentraliser l’administration de l’établissement. Un Médecin-Adjoint est nommé mais Bouteille lui mènera un tel train d’enfer, (à lui comme à ses successeurs) que ce poste ne sera jamais pourvu. En 1892, les choses se compliquent. L’Administration profite de la santé chancelante du Directeur pour lui reprocher sa gestion oligarchique et commander une enquête à la Commission de surveillance qui décide d’un changement de direction en 1893.
En toile de fond à ces éternelles querelles de pouvoir administratif et médical, la société bouge, notamment le monde ouvrier. Le contexte politique français et européen y contribue sans doute. Si en 1858, à Braqueville, aucune fonction des employés de l’asile n’est distinguée, en dehors de celle des personnels administratifs, en 1894, des frontières se dessinent. Les infirmiers (même s’ils sont encore assimilés aux pensionnaires du régime commun) acquièrent petit à petit un statut, différencié de celui des malades. Leur parole prend corps, un corps de métier va se former et il est probable que c’est à cette condition que les malades sortiront du silence. C’est en effet au moment où les textes de loi, concernant le statut du personnel se multiplient que les observations cliniques, les rapports médicaux et les monographies commencent à fleurir à l’hôpital psychiatrique. Les thèses de Freud, en cette fin de siècle, vont, bien entendu, aussi participer à faire entendre la voix des malades et donner corps à leur plainte.

C’est le Docteur Dubuisson qui prend la suite du Docteur Bouteille. Il s’agit d’un personnage parfois difficile à cerner. Sur un plan théorique, il est assez traditionaliste. Comme ses prédécesseurs, il est opposé au partage du pouvoir avec ses médecins-adjoints et se ferme également aux nouvelles classifications nosographiques. Il ne reconnaît que la
folie simple (incluant hystérie, manie et mélancolie, ces deux dernières étant, d’après les classements de Dubuisson, les principales causes d’admission à Braqueville), la folie alcoolique, la folie paralytique, la démence sénile, l’idiotie et le crétinisme, mais refuse d’entendre parler de paranoïa et de schizophrénie, nouvelles entités nosographiques, décrites, il faut le préciser, par les aliénistes allemands (il est impossible d’isoler la construction d’une clinique de son contexte historique). Par contre, il reste ouvert à d’éventuelles découvertes neurologiques et biologiques, ouvrant la voie à une origine organiciste de la folie.
Sur un plan clinique, il déclare dès sa nomination que beaucoup d’internés n’ont pas leur place à l’asile, et qu’ils pourraient rester dans leurs familles. S’agit-il de cynisme ou de provocation, face à une administration, dont le seul souci est la rentabilité économique d’un établissement comme celui ci ? Dans un rapport de 1896 , il écrit : “ 
La loi de 1838, si prévoyante pour l’assistance des aliénés, dans les asiles spéciaux, n’a pas prévu et ne pouvait pas prévoir cette assistance, hors de l’asile ... Il faudrait des sociétés de secours aux aliénés guéris et convalescents à Toulouse  ” , prônant avant l’heure, les thèses très actuelles de réhabilitation et de réinsertion. Un an plus tard, il renchérit : “  On ne saurait trop répéter que les asiles d’aliénés ne doivent pas être de grandes “  ” de malade pour lesquels, on croit avoir assez fait, quand on a assuré leur alimentation et leur couchage. Les aliénés plus encore que les autres malades, demandent à être visités et traités individuellement  ” . C’est ainsi qu’il augmente, certes de manière encore trop dérisoire, le pécule des malades qui travaillent et encourage les familles à verser de l’argent afin de pourvoir aux menues dépenses de leurs malades. Il va même jusqu’à préconiser de “  donner une pension aux familles pour garder leur parent  et demander la création d’une société de patronage pour aider les malades à leur sortie de l’asile.
Son attitude par rapport au personnel va dans le même sens. Comment exiger du personnel qu’il entende un discours sur les méfaits des “ 
renfermeries  ”, si celui-ci est lui-même voué à une existence aussi servile que celle des aliénés. Dubuisson commence à préconiser des chambres séparées pour les gardiens, des logements décents pour les médecins, un système de pension pour les “éposés de l’asile  ” malades et un système de retraite pour les plus anciens (acquis en 1908, pour les personnels de surveillance). Ainsi des augmentations de salaires sont instituées et beaucoup d’employés commencent à demeurer dorénavant à l’extérieur de l’établissement.
Il engage de grandes transformations à Braqueville pour satisfaire à l’hygiène, grand souci de l’époque (hygiène et moralité étaient intimement liés). Le téléphone, puis l’électricité, font également leur apparition dans l’établissement. Même si les dépenses sont élevées, la situation budgétaire reste plutôt prospère, l’asile produisant beaucoup de matières premières (le domaine agricole de Braqueville est devenu très important) ainsi qu’une main-d’œuvre considérable et très peu coûteuse.
Cependant, les nouvelles orientations de la IIIème République, relativisent rapidement la situation financière de l’établissement. En effet, plusieurs lois organisent l’assistance médicale aux indigents
, vieillards infirmes et aux incurables sans ressource. De ce fait, les prix de journée sont baissés. Parallèlement, les personnels avaient obtenu des augmentations de salaire, des indemnités d’avantages en nature et un système de retraite
    . Autant de décisions qui freinent les économies possibles par ailleurs. Commence alors un rationnement général, tant sur la quantité que sur la qualité. Les problèmes de gestion deviennent prépondérants, au moment où le Docteur Dubuisson prend sa retraite, en 1909.

C’est en juin 1909 que le Docteur Maurice Dide prend ses fonctions de Médecin-Directeur de l’Asile de Braqueville. A cette époque, Dide est assisté de deux médecins-adjoints, puis d’un troisième en 1912, pour diriger un établissement d’environ 1000 malades. Il installe dès son arrivée, un laboratoire d’anatomopathologie, dans lequel il collectionne coupes histologiques et cerveaux. Dide est un chercheur enthousiaste et fécond en publications. C’est également, un médecin, dont la réputation s’est assise sur d’éminentes expertises dans des affaires de régicides. L’importance de son rôle à la Cour d’Appel de Toulouse entre les deux guerres est manifeste. Il est réputé et très souvent désigné par les magistrats pour son expérience, et de fait, cette activité lui ouvre les portes du monde politique.
Tout éloigné de la capitale, il prend largement sa place dans l’école française de psychiatrie et participe aux grands débats concernant la démence précoce, les tableaux délirants et la psychose, telle qu’elle est décrite par l’école allemande. Il aime lire et monte une vaste bibliothèque médicale, qu’il n’hésite pas à enrichir avec beaucoup d’ouvrages de sa bibliothèque personnelle. Il publie énormément et encourage ses adjoints et internes à faire de même. Il enseigne aux étudiants avec passion, provoque les débats, les incite à l’innovation. Il deviendra rapidement chargé de cours à la faculté de lettres puis membre de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, ce qui à Braqueville n’est pas banal. Rappelons que depuis Marchant, l’asile est plutôt classique et traditionaliste, laissant aux maisons privées les liens avec la Faculté de Médecine.
Une publication de 1913, à propos d’un “
éaliste passionné  ”, fera trace dans l’histoire de la psychiatrie française. Son originalité repose sur le fond théorique mais aussi sur sa forme. Dide a fait le commentaire d’un texte écrit par un patient, qu’il a étayé par des notes de quatorze mois d’écoute et d’observation. Les méthodes de soin qu’il avance dans cet ouvrage, laissent entrevoir une toute nouvelle prise en compte de l’individu malade, un prise en compte du sujet dirions nous aujourd’hui : “  Un traitement approprié provoqua une amélioration, si bien qu’on put faire travailler un peu G., qui, excellent musicien, fut autorisé et invité chez l’un de nous à faire de la musique d’ensemble. Mais il fallait vraiment lutter avec lui pour le contraindre à jouer, et parfois, il s’arrêtait pour se dire indigne d’accompagner des violonistes tels que nous (l’idée manifeste d’humilité, car G, véritable professionnel du piano, est un véritable artiste  ”    .
Homme public, il ne s’intéresse pas moins à Braqueville. Comme ses prédécesseurs, il tient à déposer la marque de son passage. Il n’a pas, lui non plus, l’intention d’être un simple exécutant de directives préfectorales ou ministérielles. Il entame des réformes dans l’hôpital. Son premier objectif pour les malades est la rééducation par le travail. Il fait donc construire des ateliers spécialisés, avec l’intention d’industrialiser Braqueville. Il ne s’agit pas pour lui d’occuper les malades : “  En vue d’atteindre le but poursuivi, j’ai d’abord voulu doter l’établissement que je dirige d’un équipement matériel étendu et moderne. C’est ainsi que l’outillage mécanique de nos ateliers ... peut supporter la comparaison avec les entreprises privées de petite et moyenne industrie ; ... Les événements nous favorisèrent en ce sens que des artisans distingués virent occuper les cadres de ces services techniques. Ils apportèrent à la conception, au tracé des plans, à la distribution et au contrôle du travail, une compétence et un sentiment d’esthétique auquel je suis très fière d’ajouter une modeste contribution  ”    . Dide cherche à mobiliser les ressources affectives et créatrices des malades, tout en leur permettant d’acquérir (ou de réactualiser) un savoir-faire, indispensable à une éventuelle réinsertion professionnelle.

Dide est mobilisé (à sa demande) en octobre 1914 et quitte Braqueville (pour rejoindre un bataillon de chasseurs alpins dans les Vosges. Il sert dans l’armée pendant quatre ans, comme médecin-chef, continue pendant cette période ses travaux de recherche, sur le terrain de la guerre et participera aux grandes discussions à propos des névroses de guerre) C’est Dubuisson qui assure l’intérim jusqu’au retour de Dide en 1919. Pendant cette période houleuse, Braqueville est devenu hôpital militaire (1917) et voit affluer des flots de malades, parfois par centaine dans une seule journée, des militaires blessés mais aussi des malades des asiles de la Seine ou proches des zones de front. Beaucoup d’infirmiers sont mobilisés, d’autres quittent l’hôpital pour aller travailler à la Poudrerie, où les salaires sont plus élevés. Le ministère de la guerre a mis à disposition des asiles, du personnel infirmier militaire, mais en nombre bien insuffisant (en 1917 il ne reste plus que 18 infirmiers sur l’établissement).
Le déséquilibre financier est naturellement énorme. Les prix de journée sont en hausse, mais le coût de la vie aussi. Les infirmiers titulaires mobilisés reçoivent leur salaire intégral, mais les auxiliaires ne sont payés que pendant trois mois (par contre, ils ont la certitude de leur embauche à la fin de la guerre !). Les infirmiers militaires, eux, ne reçoivent plus leur solde depuis 1918. Les contestations du personnel sont nombreuses et les syndicats de plus en plus virulents. Les infirmières ne sont pas en reste et revendiquent les mêmes droits que leurs collègues masculins, puisqu’elles font “
  ” l’hôpital.
Les problèmes de violence à l’égard des malades éclatent au grand jour. Ils ne sont sans doute pas nouveau, mais la tension des services doit les exacerber et le climat de revendication pousse peut-être les moins chronicisés à se révolter. Dide s’en inquiète auprès du Préfet. En juin 1920, le Conseil Général décide que la Commission de Surveillance doit se réunir tous les deux mois, en alternance à Braqueville et à la Préfecture
. Il est également décidé que le Conseil Général recevra les revendications des malades .
C’est également dans cette période mouvementée, qu’entrent à l’hôpital pour la première fois, des inculpés par la justice, ayant bénéficié d’un “
lieu  ”, pour cause de maladie mentale (Art. 64 de l’ancien Code Pénal). En 1928, 16 patients sont admis suite à des crimes ou délits.
Dide doit faire face à tous ces problèmes internes liés à un établissement en plein chaos, mais également aux tentatives régulières des pouvoirs publics de scinder la direction de l’asile entre administratifs et médicaux (comme ses prédécesseurs, il y est farouchement opposé). Pour quelques années encore, la tutelle préfectorale et la mairie de Toulouse semblent soutenir encore le républicain laïc qu’il est. Cependant, la circulaire du 22 janvier 1922, supprime la fonction de Médecin en Chef au profit de celle de Médecin-Chef de Service, obtenue sur concours. Braqueville se voit divisé en trois services, avec un Médecin-Chef à la tête de chacun. Dide garde la direction administrative de l’établissement, et prend la tête du “
Hommes  ”. Un autre Médecin-Chef prend la tête du “Femmes  ” et un troisième est responsable du “  Pensionnat  ”, ouvert depuis peu. Il va sans dire que les dissensions sont nombreuses.

En juin 1936, Dide vient d’avoir soixante-trois ans. La Guerre d’Espagne est aux portes de Toulouse, l’Italie entre les mains de Mussolini et l’Allemagne dans celles d’Hitler. L’aliéniste ne cache pas ses positions contre les thèses nationalistes. En plein Front Populaire, un décret est promulgué, le 6 octobre 1936, qui abaisse l’âge de la retraite des médecins des asiles publics d’aliénés à soixante-deux ans. On n’accorde aucun délai à Dide pour ni s’organiser matériellement et moralement sur un plan personnel, ni pour préparer sa succession (alors que des aménagements ont été accordés à certains de ses collègues dans d’autres asiles). Il est prié de cesser ses activités dans le mois qui suit et de faire valoir ses droits à la retraite. Il est clair qu’il s’agit d’une exécution sommaire et de règlements de comptes personnels et politiques, dans un établissement asilaire très classique et dans une ville bien peu contestataire. Dide quitte donc Braqueville en novembre 1936.
Malgré son amertume, il continue à dispenser ses cours à la faculté de lettres, avec passion, introduisant dans son enseignement de la psychopathologie, une réflexion philosophique, politique et psychanalytique. Il puise dans ces cours, l’élan et la verve des grands articles qu’il va rédiger durant ces années-là, et l’énergie de la résistance. Il reçoit les intellectuels réfugiés qui affluent à Toulouse, en provenance de toute l’Europe, organise des comités d’accueil pour les italiens antifascistes, dès les années 1920 ainsi que pour les juifs allemands, dès les années 1933. C’est tout naturellement, qu’il organise pendant l’Occupation de nombreux passages en Espagne. Il est découvert, arrêté et déporté à Buchenwald où il meurt en 1944, à l’âge de 72 ans.
En 1939, Braqueville, devenu l’Hôpital Psychiatrique Gérard Marchant est au bord de la faillite. De nouveau les infirmiers sont mobilisés (130 départs), de nouveau les malades affluent des zones de combats (194 patients évacués du Bas-Rhin en 1940). Pour autant, le nombre d’internés diminue massivement au fil des mois. Pour l’année 1943, par exemple, on compte 5 fois plus de décès qu’en période normale, la plupart dus au froid et à l’inanition. (Curieusement, c’est cette même année, que sont mentionnés pour la première fois, des assistantes sociales, au nombre de 3 et des médecins spécialistes, dentiste et ophtalmologiste !).
Les arrivées de malades d’autres départements ne suffisent pas à équilibrer le budget, et pour cause, les morts sont trop nombreux. Par ailleurs, l’hôpital est situé sur une zone dangereuse. En effet, juste en face de l’hôpital sont situées une usine de produits chimiques (ONIA) et une poudrerie. Le 1er juillet 1943, la Commission de Surveillance décide que l’endroit, susceptible d’être bombardé est devenu trop dangereux.. Les 4OO malades survivants sont donc transférés pour la plupart sur Lannemezan (143 hommes et 213 femmes), puis sur trois autres établissements de la région (Auch, Saint Lizier et Agen), sans que rien ne soit préparé pour les accueillir. Marchant est bombardé le 1er mai 1944. Les patients ne reviendront à Toulouse que 6 ans plus tard.


Philippe : D'une évacuation... l'autre.

Jean : Cinquante sept ans de la libération à nos jours



Textes d’archives consultés
aux Archives Départementales de la Haute-Garonne
à Toulouse


X71, Lettre du Ministre de l’Intérieur au Préfet, 28 août 1857.
X71, Conseil général, extrait des procès verbaux de le session de 1858
X71, Lettre du Ministre au Préfet du 21 avril 1858.
X71, Lettre du Minisdtre de l’Intérieur au Préfet de Haute-Garonne, 20 juillet 1872
X103, Compte moral de 1873
X236, Circulaire ministérielle de 10 mai 1876.
X103, Cahiers des observations détailées1875 et 1878
X59, Compte moral et administratif de 1877
X103, Etat des consommations présumées pour la gestion, matières de l’ économie, 1880
X59 , Tableau deu personnel, Comptes de 1880.
X59, Comptes de 1880, 4ème et 5ème paragraphes (consommation de bois et de bougies pour les personnels), 20 avril 1880.
X103, Comptes de 1880, tarif des pensions
X161, compte rendu sur le service médical de l’asile, pendant l’année 1882, par le Docteur Bouteille d’Aix
X161, compte rendu médical de 1882
X59, Compte administratif de 1889, et séance du 5 juin 1890 de la commission de surveillance.
X59, Compte moral et administratif de 1893.
X59, budget des recettes et des dépenses pour l’année 1894
X161, rapport médical de 1894.
X59, compte moral et administratif de 1895.
X59, compte moral et administratif de 1895.
X161, rapport médical, 1896.
X161, rapport médical de 1897.
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X320, Lettre du Préfet de Haute-Garonne au Ministre de l’Intérieur du 17 juin 1920
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Marie Rajablat, ISP, Co-animatrice du Centre de Recherche et d’Animation en Soins Infirmiers (Crasi)
Présenté aux
Fous de rage, le 20 septembre 2002 à Toulouse.