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LE COURRIER DE LA PÉTITION


Lettre numéro 1

Depuis le 1er mars la pétition - POUR QUE DOULEUR S'ACHEVE - a donc pris son départ. A l'origine de celle-ci : Armand Ajzenberg, Lucien Bonnafé, Pierre Durand et Patrick Tort. Quelques individus donc. Nous travaillions à la réédition du livre de Pierre Durand - "Le train des fous" - et c'est au cours de ce travail qu'est née l'idée de la pétition. Parce qu'il ne nous semblait pas certain que la sortie d'un ouvrage suffise à faire événement et à rompre le silence à propos de l'extermination douce des fous pendant la deuxième guerre mondiale. Avec une pétition, il nous semblait que ce silence serait plus difficile à maintenir. En tout cas, depuis sa publication dans "L'Humanité" et "Politis", les signatures arrivent. De tous côtés. Et d'abord des spécialistes de la maladie mentale : psychiatres, infirmiers, psychologues, éducateurs spécialisés, travailleurs sociaux, historiens, etc.

Du Dr Max Lafont, par qui le scandale est arrivé avec la publication en 1987 de "L'extermination douce" (l'ouvrage a été réédité en septembre 2000 aux éditions "Le Bord de l'Eau", 130 F).

Du Dr Patrick Lemoine, autre précurseur de la révélation, qui a publié en 1997 "Droit d'asiles (Éditions Odile Jacob, 135 F).

De Danielle Sivadon, animatrice de la revue "Chimères" où fût publié en 1997 (Nos 28 et 29) le récit d'un hôpital psychiatrique sous Vichy (Montdevergues-les-Roses). Récit réalisé à partir d'archives retrouvées par un infirmier (André Castelli, lui aussi signataire de la pétition).

D'autres psychiatres encore se sont déclarés signataires de la pétition : les Drs Serge Drylewicz et Marie-Alice Blot de Tours, le Dr Bruno Ridoux de Château-Thierry, le Dr Bernard Doray de Paris, le Dr Michael Guyader d'Etampes, le Dr Kostas Nassikas de Lyon, le Dr Franck Chaumon qui déclare à propos de la pétition : " Nombreux sont les professionnels qui vont s'y associer pourvu qu'elle circule. Je vais y contribuer à ma mesure ".

Des psychologues, des psychanalystes aussi signent : Lucette Colin, Jean Dumontier, Philippe Malrieu, Françoise Hohmann-Vitale.

Des travailleurs sociaux, des infirmiers, des éducateurs du secteur psychiatrique sont également signataires : Martine Léna, Daniel Barbier, Yves Gigou, Joëlle Charmont, Franck Fabien, Serge Chaulet, Olivier Mans, Claude Jourdain, François Royer, Gilbert Remond, Olivier Lejeune (responsable syndical CGT à l'E.P.S. Barthélémy Durand d'Etampes) qui écrit : " nous allons mettre à la disposition du personnel cet appel en le diffusant pour que le maximum de personnel puisse s'y associer. D'ores et déjà les autres syndicats de l'établissement ont été contactés , Etienne Adam (ancien secrétaire général de la CFDT Basse-Normandie : " je diffuse localement la pétition auprès de mes collègues et de mes camarades du SDS ", Jacques Thomassaint qui est aussi écrivain.

Signent encore la pétition : Jacques Demeulier, Directeur Général des CEMEA,

@Marie Leyreloup pour le SERPSY (qui met la pétition sur son site Web (http://www.serpsy.org),

André Bitton, Président du Groupe Information Asiles (G.I.A.) : " nous avons posté à tous nos adhérents et sympathisants (environ 120 personnes) copie de cet article de l'Humanité avec un appel à signer votre pétition ".

Des historiens aussi, interressés par le sujet, se déclarent signataires de la pétition : Samuel Odier et Alain Rubens.


Lettre numéro 2

TÉMOIGNAGE 1

Hier au soir je rendais visite à ma mère âgée de 72 ans comme je le fais régulièrement en revenant de mon travail. Quelle ne fut pas ma détresse en la découvrant en pleurs devant l'article paru dans la revue Politis à laquelle elle est abonnée.

Ma mère est une femme active, militante politique (les verts), humaniste (droit de l'homme, etc...) et la voir en pleurs est un fait exceptionnel et très douloureux pour moi.

Je prends donc immédiatement connaissance de cet article qui l'a bouleversée et quelle ne fut pas ma stupeur d'apprendre de sa part qu'elle a été témoin et victime innocente de ces crimes. Je ne vois pas d'autre terme que celui de crime pour désigner ces atrocités.

Ma mère alors âgée d'une douzaine d'année à l'époque a vécu ce drame. Son père d'origine italienne et communiste, venu en France en 1922, s'est trouvé hospitalisé à MONTFERMEIL souffrant d'une tumeur au cerveau due à un traumatisme crânien mal ou pas soigné, suite à une chute.

Éprouvant d'horribles douleurs à la tête et également perturbé par la guerre (il avait combattu le fascisme dans son pays et en avait certainement beaucoup souffert) cela l'avait malheureusement conduit à être hospitalisé. Pour des raisons que je pense personnellement d'ordre politique (son appartenance au parti communiste) et de santé (grand malade incurable) il a été transféré sur CLERMONT dans l'Oise (alors qu'il aurait peut-être pu rester à Montfermeil, mais je crois qu'à l'époque les Allemands occupaient l'hôpital (à vérifier)).

Ma mère se rappelle avoir été 2 fois à CLERMONT (1) avec ma grand-mère, son frère aîné a dû y aller également d'autres fois (il est à noter que ma grand-mère était sans ressource pour élever 4 enfants). Ils se privaient de pain pour en amener à mon grand-père et ma mère se rappelle qu'il se jetait dessus affamé. Elle se rappelle également l'état de maigreur de son père et ses conditions de détention. J'emploie ce terme également, me semble-t-il, a bon escient et en fait 3 jours après leur dernière visite, à laquelle les enfants n'avaient pu assister, mon grand-père est décédé le 16 juin 1942. IL ÉTAIT MORT DE FAIM

Quand je pense que ma mère garde cette douleur en elle depuis 60 ans, c'est-à-dire toute une vie, je me révolte. Quand je pense que ma mère a gardé pour elle cette douleur sans en parler et que, peut être, elle se sent coupable de n'avoir été qu'une enfant à l'époque, JE REFUSE qu'elle continue à souffrir les années qui lui restent à vivre. Ce sont des années que je VEUX pour elle sereines et heureuses.

Il faut que ce silence cesse, que les coupables soient désignés clairement, que nous sachions que dans l'histoire de notre pays il y a eu des faits que nous, Français, devons reconnaître et assumer totalement pour que cela ne se renouvelle pas, et que nous ayons tous conscience de ces atrocités si lointaines pour certains mais si cruellement ineffaçables pour d'autres. Mon nom est Monique P.
Celui de ma mère Madeleine B. née C.
Celui de mon grand-père Joseph C.

(1) Il se trouve que "Le train des fous" de Pierre Durand (présentation d'Armand Ajzenberg et préfaces de Lucien Bonnafé et Patrick Tort), raconte justement l'histoire de l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise pendant la seconde Guerre mondiale et qu'il vient d'être réédité par les Editions Syllepse (90 F.). Il est en librairie, mais on peut également le commander directement à cette maison d'édition (69, rue des Rigoles - 75020 Paris. Prix : 90F. port inclus). à voir également dans la rubrique "des livres"

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TEMOIGNAGE 2

Je m'associe à ce mouvement qui tente de sortir de l'oubli l'épisode horrible de la condition faite aux malades mentaux dans les H.P. par le régime de Vichy au nom de l'idéologie nazie. J'espère et souhaite qu'ily ait un écho important dans la population mais aussi dans les milieux professionnels. Malheureusement, si la psychanalyse est devenue une thérapie acceptée et même "dans le vent", l'institution psychiatrique retse marquée péjorativement. La folie fait peur et est toujours porteuse de honte et de culpabilité.

J'étais infirmière, et pendant 5 ans j'ai eu la responsabilité du centre de formation des élèves infirmiers. A chaque promotion, l'équipe d'enseignants et moi-même avons essayé de faire passer des informations que nous ne trouvions pas dans les manuels classiques conseillés aux élèves.

"L'Information Psychiatrique", "Vie Sociale et traitements" publié par les C.E.M.E.A. mais aussi des articles des BONNAFÉ, TOSQUELLES, DAUMEZON et quelques plaquettes éditées par la "NOUVELLE CRITIQUE" nous ont permis d'aborder des sujets comme celui qui nous péoccupe aujourd'hui.

Paulette L., 64110 Mazeres-Lezons

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TEMOIGNAGE No 3

Cette pétition permet de rappeler qu'il y a toujours une partie de la population particulièrement menacée par l'intolérance et la tendance à la "négation" : ceux que la maladie mentale désigne comme fauteurs de troubles, sources de violences, des disfonctionnements de la bonne conscience.

Ce qu'à réalisé Vichy est trop souvent ce que n'ose pas réitérer les technocrates obnibulés par les objectifs de moindres couts de la santé : ces malades couteront toujours trop cher!!!

Serge D. et marie-Alice B., psychiatres au CHU de Tours

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TEMOIGNAGE No 4

Je souhaite me joindre à la pétition sur le "traitement" que Vichy a imposé aux hôpitaux psychiatriques. Aujourd'hui nous assistons à une version plus "soft" de l'abandon de ce secteur.

Marise T., Professeur de sociologie à l'Université de Paris7

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TEMOIGNAGE No 5

Fils de Déporté juif massacré à Auschwitz, je viens de voir enfin reconnue par indemnisation de l'Etat français sa responsabilité dans le génocide.

Solidaire de toutes les victimes, je m'associe de tout coeur à votre appel lu dans "POLITIS" pour que leur mémoire s'inscrive dans l'histoire. Et donc à votre pétition.

A ce titre, je m'insurge également contre la campagne pour la libération de Papon qui n'a jamais été jugé pour ce type de crimes, pas plus que pour les noyades massives d'Algériens dans la Seine.

Maurice R., 92240 Malakoff

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TEMOIGNAGE No 6

Oui, il faut lutter contre l'oubli des ravages de la conscience morale qu'a opérés la soumission à l'idéologie nazie. Il est bon de la souligner en cette Europe trop "tranquille".

Mais en moi-même je ne puis que souhaiter que les jeunes, lorsqu'ils en prennent conscience, situent cette aliénation extrême dans la longue chaîne des méconnaissances du lien humain qui se poursuit sans désemparer. Philippe M., Professeur émérite de psychologie, Toulouse

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TEMOIGNAGE No 7

Nous venons de prendre connaissance du texte concernant l'élimination lente, par la faim, de milliers de malades mentaux, "êtres inutiles et nuisibles" selon Alexis Carrel.

Nous estimons que s'il y a quelqu'un de nuisible, c'est bien ce soi-disant médecin et ceux qui ont propagé de telles idées criminelles et les ont mises en oeuvre,

Alexis Carrel est mort, mais de telles idéologies horribles sont-elles éteintes avec lui et son fürher ? (Carrel n'était pas allemand, qu'importe!).

Avec Primo Lévi, nous disons : "Qui n'a pas de mémoire n'a pas d'avenir". Denise et Claude T., Docteurs en chirurgie dentaire, 93150 Le Blanc-Mesnil

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TEMOIGNAGE No 8

Suite à l'article paru dans la "Tribune minière", je vous informe que je suis en accord complet avec votre cause et qu'il ne faut pas que de tels drames soient oubliés.

Leurs inscriptions dans les programmes et manuels scolaires évitera l'oubli.

Maurice V., 13103 St-Etienne-du-Gres

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TEMOIGNAGE No 9

J'ai lu il y a plusieurs années le livre de M. Durand où j'ai découvert ce terrible drame. Je considère que le sujet des malades mentaux est en France un tabou qu'il faudrait faire tomber pour améliorer les conditions de soins et d'intégration de ces personnes dans la société. Je pense que cette question a aussi un lien direct avec la volonté de construire une société à visage humain.

Béatrice G.

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TEMOIGNAGE No 10

Je suis psychiatre des hôpitaux, chef de service à l'hôpital du Vinatier (Lyon-Bron) et Directeur Scientifique de l'ORSPERE (Observatoire Régional Rhône-Alpes sur la Souffrance Psychique en Rapport avec l'Exclusion).

Je suis pleinement en accord avec les objectifs que vous assignez à cette pétition.

Nous avons en cours, à l'hôpital du Vinatier une recherche d'historiens universitaires sur le thème de la "surmortalité"excessive des patients de notre établissement pendant la période qui correspond à votre texte (...) Pour mémoire, le Docteur Max Lafont a été un de mes internes.

Dr Jean F.,


Lettre numéro 3

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Les signatures continuent d'arriver.

Du philosophe Lucien Sève, qui se "félicite de la relance de la campagne pour ramener à la mémoire publique l'abominable "traitement final" de ces quarante mille "fous" durant le régime de Vichy ", de Jacques Bidet et Annie Bidet Mordrel...

D'économistes : Yves Dimicoli, Antoine Bouet, Didier Gelot.

De sociologues : Danièle Kergoat, Blaise Galland, Michel Burnier, Xavier Rolland, Fernando Matamoros Ponce, Richard, Dethyre, Francis Jauréguiberry, Stephen Bouquin, Véronique De Rudeer...

De beaucoup d'universitaires, chercheurs et artistes. Au hasard : Ahmed Silem (Université Jean-Moulin Lyon 3), Albano Cordeiro (CNRS), Elisabeth Gauthier (Espaces Marx), Dejan Dimitrijevic (Ethnologue, Université de Nice-Sophia Antipolis), Pascal Diard (membre du secrétariat national du GFEN), Anne Querrien (sociologue-urbaniste), Roland Pfefferkorn (Université Marc-Bloch de Strasbourg), Marie Cottrell (Université Paris 1), Sophie Rouchon (Historienne d'Art), Eleni Pattakou (peintre-graveur, Oullins), Jo Tachon (peintre, Villeurbanne)... De l'étranger aussi : Christophe Maris (Los Angeles), Patricia Lorcin (Texas), David McCallam (Sheffield,GB), Yvette Rocheron (Université de Leicester), Catherine Lerat (Indiana University), Philippe Marlière (Londres)...

Beaucoup de signatures arrivées après la publication de la pétition sur l'intranet du Ministère de la Culture : par exemple, Martine Willaume, archéologue, qui écrit "Jamais en effet je n'oublierai un homme qui, vingt ans après, pleurait en faisant jurer ses proches qu'on l'enterrerait nu dans la terre comme tous les malades de l'hôpital psychiatrique qu'il dirigeait pendant l'occupation pour lesquels il n'avait même pas de linceul ", d'Olivier Kayser (archéologue), de Laurent Olivier (Conservateur au Musée des Antiquités nationales de Saint-Gerain-en-Laye), de Nadine Lehni (conservateur à l'IGM/DMF), de Didier Bouillon (Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles), de personnes travaillant dans les DRAC (Jean-Philippe Sevilla - Rhône Alpes, Joelle Metzger - PACA, Christine Fosse - Picardie, Katell Briatte - Nord-Pas-de-Calais, Frédérique Cancino - Pays de la Loire), de responsables au Ministère de la Culture (Bruno Mannoni, Alain Bonhomme, Florence Geslin, Anne Brunswic, qui est aussi écrivain et journaliste)...

De journalistes justement : Bernard Ginisty (Directeur de "Témoignage" Chrétien), Jean-Claude Oliva, Simon Tripnaux, Gérard Follin, Marie-Laure Raynaud (Rédactrice en chef de "Mémoire de Trame")...

De Maurice Cling et Robert Créange (Président et Secrétaire général de la FNDIRP), qui écrivent : "Après avoir pris connaissance de votre appel demandant que "soit reconnu par les plus hautes autorités françaises l'abandon à la mort, par l'Etat français de Vichy, des êtres humains enfermés dans les hôpitaux psychiatriques pendant la seconde Guerre Mondiale en France", le Bureau exécutif de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) a décidé de s'y associer , de A.-M. Le Guével, administrateur civil et rapporteur à la Cour des Comptes.

De Pinto Victor, qui écrit : "Faire en sorte qu'ils ne meurent pas une seconde fois, cette fois ci de nos mémoires ", de Charlotte Phelizon, qui signe "afin que soit reconnu l'abandon par Vichy des malades mentaux et que leur drame soit évoqué dans les manuels scolaires", du Dr Vladan Radoman (médecin-écrivain).

De militants, syndicaux ou non : Jacques Ricouard et Jarry Frédéric (Renault-Sandouville), Patrick Vassallo (CGT), Jean-Pierre Neveux, Thierry Cadart (responsable régional du SGEN-CFDT), Louis Weber (Président de l'Institut de recherches de la FSU), Christine Birnbaum (SNES), Marie-Renée Gérard (SNU-IPP)... Mais aussi dans les professions de santé mentale : Pierre Crombez (cadre infirmier à Villejuif), Jean Vignes (membre de la Commission Exécutive fédérale du Syndicat SUD Santé Sociaux), Gilbert Priol (militant CFDT)... Mais également Annie Dufrene (cadre infirmière à Marseille), Marie Laurène Menini (cadre infirmière au Centre Hospitalier de St-Anne à Paris), Marie-Hélene Texier, Jérome Pedroletti, Laure Haudicourt (cadre infirmière), qui écrit : " Pétition signée en mémoire de ma Grand-mère décédée au CHS de Lorquin à la fin de la 2ème guerre mondiale dans des circonstances que personne n'a jamais pu déterminer".

De militants et personnalités politiques : Gilles Lemaire (militant des Verts à Paris), Gilbert Rémond (PCF) qui fait un travail de signatures important et prépare une réunion à Lyon, Bernabia Fauzi (élu municipal à Villeurbanne), Jean-Pierre Brunel et Patrice Voir (Conseillers Régionaux Rhone-Alpes), Roger Dubien (Conseiller municipal à Saint-Etienne), Danielle Sanchez (membre du Conseil National du PCF), Fabienne Pourre (Vice-présidente du Conseil national du PCF), Nicole Borvo (Sénatrice), qui écrit " On ne peut oublier cette hécatombe. L'action aujourd'hui contre l'oubli et pour les droits de l'homme est partie prenante du combat des communistes et des gens de coeur pour l'émancipation humaine. Dans cet esprit en tant que dirigeante du PCF ayant en charge la coordination des activités pour le développement des libertés et des droits de l'homme je souscris complètement à votre appel".
De Maxime Gremetz, député communiste, qui écrit : " En m'associant à votre pétition, vous trouverez ci-jointe la question écrite que je pose à Lionel Jospin ". Question écrite : " Monsieur Maxime Gremetz interroge Monsieur le Premier Ministre. Au cours de la deuxième Guerre mondiale, l'Etat français de Vichy a délibérément laissé à l'abandon des dizaines de milliers de malades mentaux, alors enfermés dans les hôpitaux psychiatriques. On estime à 40.000 le nombre de malades mentaux morts de faim ou par absence de soin. A l'heure actuelle, cet acte ignoble n'est toujours pas reconnu par les autorités françaises. Monsieur Maxime Gremetz estime que le temps est désormais venu pour la France de reconnaître les responsabilités de l'Etat français de Vichy dans cette tragédie, comme elle l'a justement fait pour d'autres désastres ayant frappé d'autres victimes. Monsieur Maxime Gremetz demande à Monsieur le Premier Ministre s'il envisage de s'orienter dans cette voie ? "

C'est là un acte important et nous attendons la réponse du Premier ministre avec impatience. Pour aider ce dernier dans sa prise de décision nous allons, pour ce qui nous concerne (Armand Ajzenberg), lui adresser et la pétition et "Le train des fous" de Pierre Durand que les Edition Syllepse (69, rue des Rigoles - 75020 Paris) viennent de rééditer (90 F., port inclus).

Signature encore de Claudine Desmaisons, qui témoigne : " Je me joins à votre pétition pour deux raisons. La première : je pense qu'il faut sans relâche dénoncer les crimes commis au nom de cette idéologie nazie fondée sur la notion de "race", impliquant forcément l'idée d'une division des êtres humains en "supérieurs" et "inférieurs" et justifiant tous les mauvais traitements. La deuxième : l'une de mes soeurs a passé plusieurs mois à Clermont de l'Oise. C'était dans les années 80. Rien à voir, donc, avec la période décrite dans la pétition. Pourtant, à l'issue de ma première visite, j'ai passé 20 minutes à pleurer dans la voiture avant de pouvoir repartir. Clermont n'a rien d'un hôpital. C'est une véritable prison. Barreaux aux fenêtres, règlement interdisant aux familles de monter dans les chambres. Et pour cause ! J'y suis montée, dans la "chambre" de ma soeur, elle m'y a emmenée en cachette, en vérifiant bien que personne ne nous voyait. 30 lits, des malades en tous genres. Ma soeur était jugée schizophrène, elle faisait des crises d'angoisse, des tentatives de suicide. Elle était dans une chambre comportant des grabataires, des malades très agités attachés dans leurs lits, faisant sous eux. Malgré le nettoyage sans doute fréquent et bien fait, une odeur persistante d'urine régnait dans cette "chambre". Une infirmière nous a surprise. Elle a été très gentille avec ma soeur, et nous a gentiment raccompagné dehors, dans le parc. Je ne veux pas mettre en cause le personnel mais un manque de moyens évident et surtout une persistance de l'idée "d'asile". J'ai connu, malheureusement car ma soeur a du être hospitalisée fréquemment pendant vingt-cinq ans, d'autres institutions psychiatriques beaucoup plus ouvertes, déconcentrées, de petites structures où les malades sont pris en charge en fonction de leur état et pour les aider à progresser, ce qui ne fut pas le cas de ma soeur à Clermont. Dans un tel environnement, ses crises d'angoisses ne risquaient pas de diminuer, au contraire... Bref, je pense qu'il serait temps de considérer les malades mentaux comme des malades, qu'il convient de soigner en s'en donnant les moyens, et pas comme des boulets que la société doit traîner, en prenant soin de les cacher et sans considérations ni pour eux, ni pour leurs familles . Beaucoup de signatures en provenance des professionnels de la santé mentale. D'Agnès Bertomeu (psychologue à l'EPS de Ville-Evrard), d'Elisabeth Ortuno (ISP, Venissieux), de Jean-Pierre Gueffe (éducateur spécialisé, Villeurbanne),
de Annie-France Le Pape (Chargée de Mission Santé Psychiatrie aux CEMEA),de Gilbert Léon (secrétaire général de la Société d'Etudes et de Recherches Historiques en Psychiatrie - SERHEP), de Bernard Granjon (Président d'honneur de Médecins du Monde), d'Evelyn Granjon (psychiatre), de Roger Ferreri (psychiatre du service public, chef de service), de Jean-Paul Godet (psychiatre, chef de service à l'hôpital de Vienne), de Boris Cyrulnik, de Philippe Fontanaud (Toulouse) qui écrit :
"L'avenir à un long passé"
Hôpital Psychiatrique MARCHANT - Asile de BRAQUEVILLE
1940 - 1943 : plus de 1500 morts
1936 _ 1939 : près de 500 morts
Une mortalité surnuméraire dans les oubliettes de l'histoire.
Sans sépulture.
La psychiatrie en crise,... d'identité ?
Et de citoyenneté.
Soutien sans réserve. "

Et encore, de Stanislaw Tomkiewicz, qui écrit : "Lecteur du "patriote Résistant" (No avril 2001), ancien déporté à Bergen-Belzen, médecin neuropsychiatre, j'apporte par la présente ma signature et mon soutien à "Pour que douleur s'achève" et en particulier au grand texte publié dans ce journal .

De Joel Martinez, Directeur de l'hôpital du Havre, qui écrit : " Hier doit servir aujourd'hui; il en a, hélas, toujours bien besoin pour mieux soutenir la cause de la santé mentale ".

De Jean-Luc Vurpas (Psychiatre des hôpitaux, Arles) qui écrit : Je m'associe à la pétition "Pour que douleur s'achève" car elle est travail de mémoire en un temps où l'oubli et les difficultés de transmission intergénérationnelle sont la règle. Je la transmettrai aux équipes soignantes de mon service ".
De T. Andrianomanana (Médecin-Chef de Secteur au Centre Hospitalier Charcot de Caudan, Morbihan), qui écrit : " J'ai pris connaissance du texte concernant le sort réservé aux Malades mentaux durant la dernière guerre. C'est ce scandale qui a fait réagir, à cette époque, quelques internes d'un grand hôpital psychiatrique de la région parisienne... Réaction aboutissant à la politique de soins institutionnels et de secteur qui nous anime toujours aujourd'hui. Je suis totalement signataire de "Pour que douleur s'achève" ".

De Marie Le Guillant (Centre Médico-Psychologique de Saint-Quentin), qui écrit : " Je me joins à votre pétition. En fait tout continue ! La psychiatrie publique est mise à mal, notamment dans mon hôpital : Premontre. Jean Oury a parlé de cette misère de la psychiatrie avec la plus grande force, mettant en évidence les nouveaux mécanismes de l'oppression et de l'exclusion de nos patients. C'était lors d'une émission sur France-Culture, dimanche 1er avril à 16 heures. Selon moi, il faudrait se procurer ce texte et obtenir de Jean Oury sa publication, tout ou partie. J'aurais tant de choses à vous dire et mon sentiment de solitude; ce sera pour plus tard ".

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Voilà donc pour ce troisième courrier. Que ceux que je n'ai pas citer (oubli ou parfois lisibilité difficile) veuillent bien me pardonner. Il n'est pas interdit, puisque cette pétition devient un peu interactive, de réagir ou de donner son point de vue. L'arrivée des signatures se ralentit. Est-ce l'effet des fêtes de Paques? Peut-être conviendrait-il, des grands journaux nationaux restant décidément silencieux, que le mouvement se démultiplie à partir de ceux qui ont déjà signés la pétition?

Armand Ajzenberg, 23 avril 2001


LETTRE No 6

QUELQUES TEMOIGNAGES REçUS :

De Frédérique Derollez, qui écrit " Je suis infirmière d'Etat. Je travaille en psychiatrie depuis 9 mois, avant à AIDES Nord/Pas-de-Calais. J'ai également une maîtrise de sociologie. Je suis particulièrement sensible à la dignité humaine, que je défends parfois à mes dépends. Je ne peux rester indifférente à l'histoire de mon pays, surtout celle que les intérêts politiques (?) ou autres, simplement l'indifférence... que la vérité soit une nouvelle valeur de notre histoire présente, passée et future. Je suis signataire de cette pétition ".

De Gaston Monot : " Je me joins à votre pétition "Pour que douleur s'achève" avec malheureusement beaucoup de retard et en espérant qu'il n'est pas trop tard. J'ai connu le Docteur Le Guillant et toute l'équipe de psy qui l'entourait. Il m'a aidé à ne pas retourné en Algérie en 1957, à mon retour, lors d'une permission. Mon père était le secrétaire de la cellule du PCF dont ils étaient presque tous membres ".

De Marc Gonzalvez, Président de LA FORTERESSE PLEINE, membre du Comité Scientifique de l'ARAPI (Association pour la Recherche sur l'Autisme et la Prévention des Inadaptations), Conseiller technique pour l'autisme à PERCE NEIGE, Chargé de Mission à Autisme France et à l'Organisation Mondiale de l'Autisme, Vice-Président du C.D.H. (Collectif des Démocrates Handicapés), chargé des relations avec le Parlement, qui écrit : " Parce que le devoir des Hommes de ne pas oublier l'ignominie est une question de survie mentale pour notre société, je signe en qualité de père d'un enfant handicapé mentale et accepte les termes de cette pétition.
Parce que je suis au Service des personnes handicapées, je me considère en résistance dès lors que l'on cherche à les atteindre avec de mauvaises intentions. La défense de leur mémoire est un combat quotidien contre l'obscurantisme et la défense de leurs droits une lutte difficile mais noble.
Au niveau politique, je n'aurais de repos - entre autres choses - tant que notre Nation n'aura rendu un hommage solennel à toutes les personnes handicapées, massacrées, assassinées par les armes ou la faim du gouvernement français de Vichy. Nous exigerons et obtiendrons que notre Pays élève un monument en mémoire de nos frères et soeurs les plus humbles."

Marc Gonzalvez, père de Laëtitia, autiste de 6 ans.

ON EN A PARLÉ DANS LA PRESSE

Il s'agit bien sûr de la pétition .

Il faut rappeler sa publication intégrale dans "Politis" et dans "L'Humanité" dès mars 2001, sans oublier les comptes-rendus réguliers que ce dernier journal a fait des "Lettres de la pétition". Il faut encore souligner le gros effort d'information réalisé par l'association SERPSY, qui depuis des mois, sur son site Web, reproduit l'intégralité de la pétition. Il faut dire l'importance donnée à celle-ci par bien d'autres publications associatiatives, notamment "Le Patriote Résistant".

En juin, la revue "Santé Mentale" a publié un article consacré à la pétition.

En juin encore la revue "L'Ecole Emancipée" a publié un large extrait de la pétition. En mai "Libération" a rendu compte de l'ouvrage de Pierre Durand : "Le train des fous".

En mai, dans le bulletin de "La Ferme du Vinatier" (hôpital psychiatrique de Lyon), une historienne, annonçant qu'une équipe d'historiens lyonnais allait entreprendre un travail sur le " sort tragique des malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques français sous l'Occupation " a, elle aussi parlé de la pétition :
" La posture de l'historien, qui ne peut en aucun cas se confondre avec celle du juge ou du "militant de la mémoire", n'est certes pas facile à tenir dans un pays où la dénonciation des crimes de Vichy est devenue un enjeu majeur comme en témoigne la pétition "Pour que souffrance s'achève" qui circule actuellement dans le milieu psychiatrique et bien au-delà ".

Ce qui est précédé ainsi : " La quête du sensationnel n'est pas ce qui guide cette recherche. Le travail historique - faut-il le rappeler? - est fondé sur une exigence de rigueur, de distance et de nuance ".

Il faut remarquer que l'appréciation portée par cette historienne sur la pétition et les pétitionnaires ne semble pas répondre à cette exigence de rigueur,de distance et de nuance.

La question n'est pas "dénonciation" ou "non-dénonciation" de Vichy, ni de prendre une position nuancée ou non en la matière, mais d'oeuvrer à ce que l'abandon à la mort des malades mentaux, par les autorités en place pendant la dernière guerre, soit connu (en particulier dans les établissements scolaires) et reconnu par les institutions actuelles.

Les points essentiels posés dans la pétition sont les suivants :
1 - Vichy a-t-il refusé très longtemps ou non d'accorder aux malades mentaux des hôpitaux psychiatriques les suppléments alimentaires et autres qu'il attribuait aux malades des hôpitaux généraux? Affirmer qu'il a bien refusé ces suppléments vitaux n'est pas "dénonciation" mais constat avéré d'un fait.

2 - Ne pas prendre en compte l'idéologie qui gouvernait les actes des autorités vichystes, idéologie où Alexis Carrel avait une part prépondérante, c'est s'interdire de comprendre pourquoi ces "suppléments" étaient refusés aux seuls malades des hôpitaux psychiatriques. Mettre en évidence cette dimension idéologique avérée de Vichy, est-ce lui faire un procès injustifié (une fausse dénonciation en quelque sorte) ou est-ce contribuer à la compréhension des causes qui ont conduit à l'abandon à la mort des malades mentaux pendant la dernière guerre?

Bref, un droit de réponse de quelques signataires de la pétition va être demandé, non dans une volonté de dispute mais afin de rétablir la vérité à propos des objectifs de la pétition. Affaire à suivre donc.

ET MAINTENANT ?

Nous avons reçu de Christiane Guenneteau le courrier suivant : " C'est comme membre du MRAP, l'un des premiers signataires en la personne de Mouloud Aounit, son Secrétaire Général, qu'il me serait agréable de savoir si, fort des signatures reçues, vous avez fait une demande de reconnaissance de pratiques d'eugénismes auprès du Gouvernement, à mon avis seul en mesure de prendre cette décision.
Je suis interpelée lorsque je constate que certains signataires des listes précédentes laissent entendre qu'aujourd'hui encore certaines pratiques sont scandaleuses
.

Bonnes questions. Effectivement, dans les semaines qui viennent, les interrogations pertinentes de Christiane Guenneteau devront trouver réponses.
Comment ? Peut-être en réunissant le maximum des signataires - notamment les représentants des associations antiracistes et de défense des droits de l'homme, ainsi que des syndicats enseignants, de toutes tendances - pour y réfléchir. Qu'en pensez-vous ?

Armand Ajzenberg