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Daquin Joseph

Il a fait ses études à Turin, capitale politique et universitaire du Piémont. A 25 ans, il est reçu Docteur en Médecine, et va aller compléter sa formation à MONTPELLIER puis à PARIS.

En 1762, alors âgé de 30 ans, il regagne sa ville natale CHAMBERY, où il va exercer la médecine au quotidien à l'Hôtel-Dieu qu'il ne quittera qu'à sa mort.

La question des fous retient déjà l'attention de DAQUIN un an avant qu'il soit nommé aux Incurables. Il décrit les six loges destinées aux fous : humides, froides, malsaines, et où "on ne peut pas y vivre longtemps "donc encore moins y soigner ces malades. On aggrave leurs maux "en les logeant dans des réduits insalubres et qui paraîtraient tout au plus, faits pour contenir des bêtes féroces (…) contraires à l'humanité", HUMANITE à laquelle il va dédier sa première édition de la PHILOSAPHIE DE LA FOLIE.
Il précise : "la Médecine ne s'est occupée jusqu'ici que de la manière de traiter les fous quant aux moyens physiques, elle a négligé dans ce traitement, ceux qu'on pourrait tirer de la philosophie". Nous sommes alors en 1787.
Et à partir de 1788, il exerce donc en plus "aux Incurables" où sont réunis les infirmes et les insensés. Treize ans plus tard, en 1801, naîtra sa première édition de la PHILOSOPHIE DE LA FOLIE qui entreprend de résumer les principes de la réforme sur la situation des malades mentaux de l'asile de Chambéry. DAQUIN n'est pas un brillant théoricien, mais un excellent praticien de terrain : il a rédigé son traité en s'appuyant sur son expérience clinique… et, précise-t-il, sans avoir eu la chance d'avoir un PUSSIN à ses côtés…

Il suit les idées du CULLEN, et est influencé par les doctrines de BAGLIVI sur la médecine d'observation et de "la nature éducative" .

Il participe activement à la vie politique et sociale de sa commune dont il devient l'un des notables, estimés de tous. Cependant il choisit délibérément de sacrifier carrière politique, fortune et même famille, pour sa passion : la Médecine.
En 1807, l'hospice des incurables compte 23 fous, 7 épileptiques et 12 imbéciles . Puis, progressivement, DAQUIN va s'occuper de tous les aliénés de Chambéry dont le nombre va croissant :
- 26 aux incurables
- 8 à la Charité
- 4 dans les prisons
et - 64 au dépôt de mendicité
Ces 102 aliénés ne représentent que le 15ème des aliénés recensés dans le département !

DAQUIN pratiquera quotidiennement et modestement jusqu'à sa mort le 11 juillet 1815.

"Le DAQUIN des champs, écrasé par le PINEL des villes" (6) allait cependant connaître une célébrité posthume, dans la violence polémique (cependant très vite occultée) qui agita le monde médical du milieu du XIXème siècle, suite à une communication du Dr GUILLAND fils, le 6 février 1851, devant l'Académie Royale de Savoie, accusant PINEL d'avoir pillé DAQUIN.

DAQUIN a couché par écrit son expérience dans une douzaine d'ouvrages où émerge la réflexion qu'il a consacrée à la folie.

Dans le premier de ses ouvrages L'ANALYSE DES EAUX THERMALES D'AIX EN SAVOIE en 1773, il se penche déjà sur "les affections de l'âme" et "l'effet des passions sur le corps" :
"la tristesse, la haine, l'envie, la jalousie resserrent les fibres, ralentissent la circulation, troublent particulièrement la digestion et occasionnent des spasmes et des obstructions dans les viscères". On sent déjà là poindre son intérêt.

Puis, il écrira un mémoire sur la prophylaxie des accouchements et une recherche sur "les causes qui entretiennent les fièvres putrides à Chambéry", et enfin il va dresser une "topographie médicale de la ville de Chambéry et de ses environs (1787), faisant le point sur l'état sanitaire de la population, incluant la maladie mentale et la façon désastreuse dont on la traite ou plutôt dont on l'aggrave.

DAQUIN a aussi fait d'importantes recherches sur les répercussions de l'influence lunaire sur les malades mentaux, thème qu'il développera considérablement dans sa deuxième édition de LA PHILOSOPHIE DE LA FOLIE.




Pour en savoir un peu plus, lire la suite de ce travail : Chantal Bernard : Polémique autour de La philosophie de la folie.