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PSY DU BOUT DU MONDE

Humanitaire en santé mentale


Mille et une années de bonheur à Hazem et Chourouk !

Faudrait pourtant pas croire que la vie n'est que terrible. Jérusalem, shabbat, 17 heures (16 h en France) au Papa Andreas, lieu mythique dont la terrasse surplombe la vieille ville. Le soleil couchant caresse le Dôme du Rocher, voisin de la mosquée Al Aqsa. Le muezzin appelle à la prière, le prêtre syriaque sonne les cloches de son église. Au loin, des juifs orthodoxes pressent le pas dans le dédale des ruelles désertes pour se rendre à la synagogue. Audrey et moi sirotons un thé brûlant à la sauge dans ce décor grandiose de carte postale. Autre jour. Autre balade un autre soir sur le Mont des Oliviers cette fois-ci. Autre sereine vision vespérale du Dôme rougeoyant. Oui, étrange ambiance tranquille en Terre soit disant Sainte ...

On sait vivre ici comme ailleurs. Pour m'en convaincre, Anne et Audrey, mes deux commères de terrain m'embarquent régulièrement dans des virées " shopping " à Ramallah. Certes, la route qui descend au cœur de la cité est entièrement défoncée, bordée de maisons éventrées et de voitures écrasées. Ok, le summum est atteint à la Moqata d'Arafat. N'empêche que la vieille ville fourmille de vie, de couleurs, d'odeurs, que les camelots débordent de marchandises sur les trottoirs, que les filles font leurs emplettes de filles, qu'elles se retrouvent entre copines au bistrot estudiantin du coin et qu'elles papotent chiffons, chansons et bien sur … garçons. La vie quoi !

A Naplouse aussi la vie continue. Mardi soir. Dehors, on entend les jeeps qui sillonnent la ville et des tirs d'artillerie sporadiques. Hazem (1) a enfin obtenu la main de Chourouk. Alors, c'est la fête. Les garçons préparent la tambouille et nous invitent (nous, les expats de l'étage en dessous) pour partager ce moment de grand bonheur. Tard dans la soirée Adli improvise à capela un chant magnifique pour célébrer l'histoire de Hazem et de Chourouk. Mabrouk (2) ! Et nous levons nos verres de thé, de café ou d'arak. Puis, le vieux lecteur de cassettes s'y met à son tour, crachant la voix un peu éraillée - c'est sans doute l'émotion ! - d'Oum Kalsoum ou de Feruz. Hazem, monumental, se lève lentement et commence à danser. Adli et Mohamed le suivent. C'est un spectable d'une grâce infinie. Mabrouk ! Et nous levons à nouveau nos verres. Anne et Audrey s'essayent à la danse pendant que Fathi prend le téléphone et annonce partout et à tous la grande nouvelle. Bavardages et rires couvrent ses conversations. Moi, la dernière arrivée, encore un peu timide, je les regarde émue au plus profond de mon cœur et lève mon verre à notre joie à tous. Dès le lendemain Hazem et Chourouk recevrons mille messages et un peu partout les verres de thé et de café tinteront à leur intention. Le téléphone arabe a bien fonctionné ! A l'heure où vous lisez ces lignes, ils sont fiançés. Mabrouk ! Nous leur souhaitons mille et une années de bonheur.

De la Palestine, on ne raconte que la guerre et pourtant, vous voyez, il y a tant d'autres choses à raconter. Un jour je vous parlerai des broderies, des poteries, des bijoux, de la musique, des hommes aux yeux superbes, des épices, du café et des gâteaux de Mohamed …


Marie Rajablat

Notes

1 Hazem, Adli, Mohamed et Fathi sont les psychologues de PYU (Palestinian Youth Union) partenaire de l’équipe locale MDM.

2 Bravo !

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