IV.1. LES URGENCES PSYCHIATRIQUES
Le contexte local détermine
la question de l’organisation de la réponse aux urgences psychiatriques, dans
le cadre de la circulaire du 30.07.1992. (35).
A Dax, comme nous avons créé
ensemble et que nous gérons ensemble, équipes somaticiennes et équipes
psychiatriques (secteur et inter-secteur), un certain nombre de dispositifs
permettant de traiter divers problèmes pathologiques, nous avons pu organiser
progressivement le traitement des urgences psychiatriques de manière
convenable.
C’est aussi, du fait de nos
multiples actions communes, une grande familiarité des somaticiens avec la
psychiatrie et les malades mentaux, et une grande familiarité des psychiatres
avec la médecine, la chirurgie, l’obstétrique et les patients somatiques. Plus
de vingt ans de côtoiement quotidien et de travail commun nous ont changés les
uns et les autres.
IV.1.a. La réception
des appels et la régulation
Comme la circulaire du 30
juillet 1992 (35) relative à la prise en charge des urgences psychiatriques
nous le recommande, nous avons mis en place un dispositif permettant la
réception et la régulation des appels urgents par :
-
Le SAMU Centre
15 en relation avec le secteur de psychiatrie
-
Le standard de
l’hôpital en relation avec le SMUR et le secteur de psychiatrie
-
Le CMP
-
L’unité
d’hospitalisation de psychiatrie générale.
IV.1.b. Les moyens
d’intervention
Les moyens dont nous
disposons à Dax peuvent être rangés en trois catégories :
IV.1.b.1 Les moyens de
déplacements :
Les véhicules du SMUR et les
huit véhicules du secteur de psychiatrie générale
IV.1.b.2. Les moyens
d’hospitalisation :
Le service d’urgence de
l’hôpital avec ses 5 lits-porte d’abord, l’Unité d’hospitalisation de
psychiatrie générale et ses 15 lits, l’UMCCD (Unité Médico-chirurgicale
d’hospitalisation de courte durée), sorte de sas entre urgences et court séjour
pour des hospitalisation de 3 jours maximum (voir plus haut), mais aussi la
clinique privée Maylis, les secteurs psychiatriques de Landes (CHS de Mont de
Marsan) et le Centre Hospitalier de Bayonne qui gère plusieurs secteurs de
psychiatrie.
IV.1.b.3. Les moyens
en personnel :
Les personnels du SMUR et
les urgentistes, les personnels du CMP, et les personnels de l’Unité
d’hospitalisation psychiatrique.
Nous avons donc mis en place
ce dispositif dans l’esprit de la circulaire du 30 juillet 1992 (35) et dans
celui de la circulaire du 14 mars 90 (36) qui prévoit l’accueil des urgences
psychiatriques dans les centres hospitaliers : « L’organisation de
ces pôles d’accueil doit permettre une réponse spécialisée permanente ».
Notre dispositif le permet à tout moment :
1)
du lundi au
vendredi, de 9 heures à 17 heures, c’est le personnel du CMP qui intervient. Un
soignant (psychiatre, infirmier, psychologue) assure ce travail à tour de rôle,
c'est-à-dire que le jour ou il est d’astreinte pour répondre aux urgences, il
allège la planification de sa journée et reste au CMP de Dax ;
2)
de 17 heures à
9 heures, ainsi que les week-ends 24 heures sur 24, c’est le personnel soignant
de l’Unité qui a cette charge ;
3)
de 18 heures 30
à 8 heures un psychiatre de garde répond à la demande, la règle étant qu’il ne
soit appelé que par un urgentiste senior ou un infirmier de l’unité
d’hospitalisation psychiatrique après qu’il ait vu le patient ;
4)
la possibilité,
si les effectifs de personnel en service le permettent, de se rendre sur les
lieux de l’urgence avec le SMUR.
A partir du moment où le patient a été vu par un
soignant du secteur, une décision est prise entre urgentiste et secteur
psychiatrique, et une orientation décidé (voire tableau II).
En 1999, nous avons vu 510 patients au SAU de notre
hôpital.
IV.2. LA
PSYCHIATRIE DE LIAISON
John A. Talbott (38) donne une trame qui nous montre
la naissance et l’évolution de la psychiatrie de liaison aux USA. Il décrit les
différents rôles des psychiatres..
La consultation : Le rôle de psychiatre consultant (à l’opposé
d’un superviseur ou d’un soignant) est strictement de consulter, de conseiller
et de fournir une assistance.
Les consultations concernent
des patients qui étaient malades physiquement pour 70 à 80 % d’entre eux, ou
bien des patients qui présentaient un trouble de somatisation (37). Lipowski et
Wolson notent que 30 % des deux groupes étaient des personnes âgées (37).
La liaison : Le travail de liaison a évolué : au début il
s’adressait au médecin responsable du malade, maintenant il concerne le service
dans son entier. La psychiatrie de liaison a été décrite par Lipowski (37)
comme « un contact régulier et soutenu entre le psychiatre et une ou
plusieurs sections de l’hôpital général en vue de l’enseignement, de la
recherche de cas de crise et pour exercer une activité de consultation et de
conseil » et il ajoute que le psychiatre de liaison est « libre
d’avoir un entretien avec tout patient sans en référer formellement à
tiers » étant donné son statut de « membre de l’équipe
médicale ».
Comme pour les urgences,
pour des raisons historiques et locales, nous n’avons pas une équipe spécifique
pour assurer la psychiatrie de liaison, mais l’équipe ambulatoire s’occupe des
urgences et de la psychiatrie de
liaison, et l’équipe d’hospitalisation est aussi amenée à travailler sur ce
terrain lorsque le CMP est fermé.
Le fait d’avoir hospitaliser
beaucoup de malades psychiatrique présentant toutes sortes de pathologies, dans
les lits de médecine surtout, mais aussi dans des lits de chirurgie et
d’obstétrique pendant de nombreuses années, nous a beaucoup facilité la tâche
en ce domaine, comme on l’aura compris.
Aujourd’hui, la conception
que nous avons d’une psychiatrie dite de « liaison », se trouve à
mi-chemin entre la consultation et la consultation/liaison.
D’abord parce que nous ne
faisons pas partie des effectifs de chacun des services MCO, mais nous sommes
bien dans le dispositif soignant de l’hôpital, au même titre qu’un service de
gastro-entérologie, de cardiologie ou de chirurgie.
C’est de manière empirique
que nous avons mis en place cette pratique de psychiatrie de liaison, avant
même que les premiers textes officiels sur le sujet n’apparaissent.
Il semblait naturel aux
équipes somaticiennes et à l’équipe de psychiatrie de s’interpeller à propos de
problèmes spécifiques posés par des patients, dans le domaine où chacun pensait
que l’autre avait naturellement des compétences.
Aujourd’hui, aucun patient
hospitalisé en MCO ayant présenté un problème psychiatrique ou un problème
psychologique lié à une affection somatique grave ou pas, ne quitte l’hôpital
sans avoir été vu par un professionnel de l’équipe de psychiatrie de secteur ou
par plusieurs.
Les choses se déroulent
ainsi :
-
un soignant
d’un service MCO appelle le CMP et demande une consultation.
-
Un soignant du
secteur de psychiatrie générale, en principe celui qui assure le passage aux
urgences, fera la première évaluation et décidera de la suite avec l’équipe
MCO.
-
Si l’état du
patient nécessite une prise en charge commune, le soignant s’engagera à assurer
son suivi le temps de l’hospitalisation, à se rendre suffisamment disponible
pour les équipes, et à rencontrer la famille si nécessaire.
Il peut s’agir d’un simple
avis psychiatrique, diagnostique ou thérapeutique. Il peut aussi s’agir d’un
appui ponctuel dans un moment difficile auprès d’une famille, ou simplement
d’un conseil à une équipe.
Pour les week-ends et les nuits, on peut considérer
les interventions comme des interventions d’urgence dans les services MCO et le
dispositif est le même que celui des urgences.
En sens inverse, il est
important de signaler que tous les spécialistes somaticiens se déplacent dans
l’unité d’hospitalisation psychiatrique ou reçoivent nos patients en
consultations externes de notre hôpital, ce qui est toujours extrêmement
appréciable pour notre équipe et pour les patients.
En 1999, nous avons vu 534
patients dans le cadre de la psychiatrie de liaison.