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PSYCHIATRIE...LEVONS LE VOILE




VIII. LE RESEAU PSYCHIATRIE-PRECARITE

 

 

Ce réseau, non formalisé sur le plan juridique, a été créé au sein même du grand réseau informel du pôle dacquois de professionnels du sanitaire et du social ayant, depuis longtemps, l’habitude de travailler ensemble.

Michel Minard avait été nommé dans un groupe de travail ministériel, par Xavier Emmanuelli, alors secrétaire d’Etat à l’action humanitaire d’urgence, en 1995. Ce groupe avait un an pour déposer un rapport sur les problèmes que rencontraient les SDF pour accéder aux soins psychiatriques et sur les préconisations possibles en la matière. Il comprenait sept psychiatres (29), des représentants du bureau SP3 à la Direction générale de la Santé, des représentants de la Direction de l’Action Sociale et de la Direction des Hôpitaux, et le conseiller du ministre, le Docteur Catherine Patris.

Minard souhaitait pouvoir faire remonter au niveau du groupe national les besoins, les analyses et les desirata de la base professionnelle. Pour cela, il eut l’idée de réunir à Dax un groupe de travail des professionnels les plus intéressés par les problèmes d’accès aux droits et l’accès aux soins des plus défavorisés d’entre nos patients.

 

Très vite ce groupe décidé de continuer de se réunir quel que soit le devenir du groupe national pour mieux harmoniser le travail sur le site dacquois et ceci dans la durée.

 

Le rapport « Psychiatrie et grande exclusion » fut publié en juin 1996 et Michel Minard fut avec Eric Piel, chargé de mission par Xavier Emmanuelli, et par Hervé Gaymard alors secrétaire d’Etat à la Santé, pour tenter de faire appliquer les recommandations du rapport sur cinq sites : Paris, Lille, Lyon, Bordeaux et Marseille. Cette mission pris fin en octobre 1997.

Puis Minard fut nommé par le Directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation d’Aquitaine, Dominique Deroubaix, comme pilote d’un des neuf groupes de travail qui préparèrent le Schéma régional d’Organisation Sanitaire (SROS) de 2° génération, le groupe de travail intitulé « Comment lever les obstacles économiques empêchant l’accès aux soins » en 1998 et 1999.

Il y eut donc un aller-retour permanent d’informations entre notre réseau dacquois, le groupe de travail ministériel « Psychiatrie et Grande exclusion » la mission Piel-Minard et le groupe de travail aquitain de l’ARH.

 

 

VIII.2 CONSTITUTION ET ROLES

 

Ce groupe comporte, comme on peut le voir sur le tableau X, des partenaires habituels de notre équipe : l’association la « Source » (qui en assure le secrétariat), la Mission locale, la Maison du logement, les travailleurs sociaux des CCAS et du département, le CCAA. Une place importante est celle du pôle de santé publique du CH de Dax : un médecin de santé publique et un cadre infirmier de santé publique, qui assurent, au niveau du service d’Accueil et d’Urgence (SAU), l’accès aux droits et l’accès aux soins, et des permanences au niveau du dispositif RMI.

On note l’apparition, bien naturelle, d’associations caritatives : le Secours catholique, le Secours populaire, le Pain Partagé.

On notera aussi la présence de la CPAM, à travers son propre réseau landais de prévention en direction de la jeunesse, dispositif très original en Aquitaine.

 

Le réseau Psychiatrique et précarité se réunit une fois tous les quarante jours à peu près, de manière tournante dans chacun des services ou institutions qui le constituent.

L’ordre du jour comporte en général quatre parties :

-          les informations,

-          les discussions sur l’état du travail des groupes nationaux et régionaux,

 

-        les discussions sur le dispositif dacquois,

-        des études de cas cliniques.

Ce réseau, on le comprend, a fait sans peine siennes les recommandations du rapport Psychiatrie et grande exclusion.

Sur le plan local, il a participé à l’élaboration du projet de création de CHRS éclaté par l’association intercommunale « La maison du logement » (qui gérait déjà tout un parc immobilier – appartements et maison – destiné aux personnes en difficultés socio-économiques).

Il facilite le passage d’une structure à une autre : d’un lieu d’hébergement d’urgences vers un lieu de soin, d’un lieu de soin vers un lieu d’hébergement, d’un accueil de jour vers un CCAS, du SAU vers un lieu où un patient peut obtenir des vêtements, ou vers le CCAA ou du CCAA vers le secteur psychiatrique, etc.

Il se préoccupe des cas les plus difficiles, souvent catalogués « personnalités limites », qui vont du CHRS au service d’hospitalisation psychiatrique, du service d’hospitalisation psychiatrique en prison, et de prison au CHRS.

Il s’est approprié les recommandations du SROS de 2 ° génération, on le comprend sans peine : il s’en sent pour partie sinon directement l’auteur, du moins un des inspirateurs. C’est pourquoi nous terminerons ce chapitre par les recommandations du SROS d’aquitaine 1999-2004.

 

VIII.3 LES RECOMMANDATIONS DU SROS D’AQUITAINE

 

Elles sont contenues dans le 4° chapitre du schéma L’organisation de la prise en charge adaptée à des besoins spécifiques ». Elles se trouvent dans la 3° section intitulée « l’accès aux soins des personnes en situation de précarité »

« Les préconisations du Schéma régional d’Organisation Sanitaire sont essentiellement destinées aux difficultés d’accès aux soins pour des raisons de précarité, sachant que des obstacles culturels peuvent également participer à celle-ci.

 

VIII.3.a. Les principes

 

-        la prise en charge des personnes en situation de précarité nécessite une articulation étroite entre le sanitaire, le médico-social et le social.

-        Par définition, le Schéma Régional d’Organisation Sanitaire détermine les principes et recommandations applicables du champ sanitaire. Toutefois, des articulations devront être trouvées avec l’ensemble des autorités et intervenants identifiés dans la lutte contre la précarité, notamment ceux définis pour la mise en place du programme régional pour l’accès à la prévention et aux soins des personnes les plus démunies.

-        Toute personne en situation de précarité qui s’adresse à un professionnel de santé ou à un professionnel du champ social doit pouvoir bénéficier d’une prise en charge globale à la fois sanitaire et sociale (ouverture de droits incluse) lui permettant d’accéder aux soins que nécessite son état.

 

VIII.3.b. Les recommandations

 

VIII.3.b.1. Favoriser la coordination des différents intervenants

 

-          d’assurer que le dispositif permettant aux services hospitaliers de faire des signalements aux services sociaux est opérationnel.

-          Inciter les services hospitaliers à établir des liens avec les intervenants libéraux dans les situations de précarité.

 

 

VIII.3.b.2. favoriser l’ouverture des droits

 

-          développer les actions de formation et d’information sur la réglementation, à destination de tous les acteurs du champ sanitaire susceptibles d’examiner l’ouverture des droits, avec l’aide des organismes de Sécurité Sociale et les services de l’Etat concernés.

-          Faire en sorte qu’en milieu pénitentiaire, les unités de consultations et de soins ambulatoires s’assurent que les détenus en voie de libération aient une parfaite information sur leurs droits en matière de Sécurité Sociales et détiennent les documents afférents.

-          Identifier, pour chaque établissement hospitalier, un correspondant d’un organisme de Sécurité Sociale chargé de guider l’établissement en cas de difficulté.

 

 

VIII.3.b.3. Favoriser la globalité de prise en charge et la continuité des soins par le système hospitalier

 

-          s’assurer que le dispositif permettant aux services hospitaliers de faire des signalements aux services sociaux est opérationnel,

-          établir des liens entre les structures hospitalières et les lieux où sont traités les problèmes de précarité, mettre en place des relais de soins,

-          mettre en place des Permanences d’Accès aux Soins de Santé (PASS) en privilégiant dans un premier temps les zones de précarité,

-          pour toutes les recommandations sus-cités, mettre l’accent sur les interventions du secteur psychiatriques et sur leurs articulations indispensables avec le champ social, médico-social et sanitaire non psychiatrique. »

 




CONCLUSION


nous contacter:serpsy@serpsy.org