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Emogramme neuf.

Noël aussi est passé. Aux dernières nouvelles Mlle Bru est toujours en chambre d'isolement au pavillon d'a côté, en attente d'une place en UMD. Par contre M. Levert est sorti de la notre et s'est montré actif lors du réveillon. Disc jockey appliqué il m'a appris par là même que nous partagions une partie de notre culture musicale.

Les tensions accumulées par l'approche d'un événement festif, familial mettant encore plus en relief leur isolement et ravivent des monceaux de souffrances qui ont pur être pour cette fois agréablement évacués. Mme Lavoix, fréquemment signalée pour isolement/mutisme/clinophilie s'est avérée une convive passionnante, Marine et Lola, les deux divas coléreuses du pavillon en ont oubliées de se chamailler assises côte à côte s'imaginant écumant le littoral, sac à dos l'été prochain. …..

Un bon passage pour une nuit singulière, presque à croire au père Noël.

L'équipe d'après midi avait bien préparé le terrain, d'ailleurs depuis plusieurs semaines l'équipe est une équipe. On pense à la continuité avant de se chamailler. On ne se chamaille plus d'ailleurs et dès que quelqu'un se permet un écart le collectif réagit. On se sent mieux.

Peu se rendent compte de la mue réalisée, tous le ressentent.

L'assemblée des agents du pavillon la semaine passée à provoquée la tenue d'une réunion entre l'équipe, les médecins et les cadres. Pour ceux qui objecteraient que cadres et toubibs font partie de l'équipe je répondrais qu'en ce cas précis la ligne de partage des discours se situait entre ces protagonistes.

Comment faire s'entendre deux discours l'un passionnel et l'autre rationaliste. Pourtant le discours passionnel des soignants s'est exprimé raisonnablement, sans s'énerver, a tour de rôle pour expliquer.

Expliquer qu'il était de notre devoir de protéger notre aînée qui partira trois mois à la retraite plus tard que la date à laquelle nos autorités l'incitaient à déguerpir. Qu'il était de notre volonté que telle infirmière stagiarisée devienne titulaire, parce que ce qui lui etait demandé et, ou, reproché etait hors sujet. Qu'à notre avis elle a toutes les capacités a devenir une collègue et que l'on se la "coltinera" avec plaisir. Que notre avis devait aussi être entendu.

On nous a appris que harcèlement avait perdu sons sens commun. Depuis que le harcèlement moral a envahi les prétoires, une attitude de harcèlement ne pouvait plus être discutée, soit elle était prouvée et avérée soit elle ne peut plus être évoquée.

Comment parler alors de trouver les moyens d'exprimer le besoin de faire respecter la dignité face à cela. Pourtant notre collègue aînée subit une pression constante qui ne peut que la fragiliser. Entamer un débat pour savoir si la pression subie par elle et notre collègue stagiaire est techniquement du harcèlement moral ou pas n'est pas l'objet de ce genre de réunion.

Nous avons bien compris qu'il faudra toute notre carrière rester a un niveau de performance optimal sur des normes fixés par des exigences extérieures et surtout ne pas imaginer que nous soyons en droit de jouir de la même compassion que celle dont nous faisons preuve au quotidien.

La mémoire courte est une pathologie moderne par trop répandue. Pourquoi les fidèles et musclés serviteurs de l'aliènisme auraient ils fini leur temps sans que leur passé n'entrave leurs brillantes carrières et que les quelques survivants de ceux qui ne militaient pas mais sur qui on pouvait s'appuyer pour changer les choses soient aujourd'hui persécutés. Leur temps au contraire devrait être aménagé, et pourquoi pas leur fonction. Sans procès, sans crise, sans risques naturellement.

Pourquoi on ne se rappelle pas le nombre d'années et de circonstances limites qu'ils nous a fallu traverser pour devenir les soignants que nous sommes. A quel moment précis le sommes nous devenus. N'est il pas absurde d'imaginer qu'en un an et demi toutes les dimensions du soin soit maîtrisées par un soignant au statut précaire, si tant est qu'elles le soient un jour.

Bien sur en trois heures on n'a pas parlé que de çà. On voulait obtenir de pallier à l'habitude prise par certains médecins de refuser de signer des permissions ou des congés d'essai en l'absence des médecins référents. Impossible d'obtenir une piste quelconque de solution.

Pourtant la possibilité ou non de congé d'essai est évoquée en synthèse, est donc connu des autres médecins, consigné sur les observations et témoignée par les référents infirmiers.

Pour les permissions c'est encore pire, la règle pour une personne hospitalisée librement doit être d'aller et venir tout aussi librement. Ce n'est pas de signer une permission qui doit poser problème, c'est de refuser de la signer qui en soulève un.. Ce n'est rien en fonction des tensions que cela engendrera. Croyez vous que vous seriez dans les meilleures dispositions pour un week end radieux à la place de la personne privée de liberté. Il y a peu de compliance sans confiance.

Que retirer alors de ces trois heures. Comme espéré les agents du pavillon (2/3) ont agit en équipe, sans dissonances, ce qui était avancé était partagé. Rien de magique comme effet sur les positions défendues par les autres. Tous pensaient que nous serions agressifs, ils en sont au moins sortis rassurés nous ne sommes pas gratuitement menaçants.

Que nous demandions régulation, supervision et réunions à thème devra être validé au prochain conseil de service.

En contre partie la chef de service désire que nous nous impliquions plus dans une dynamique de mise en place de référents.

Si référent d'une personne soignée cela veut dire pouvoir obtenir du médecin présent la permission ou le congé d'essai réclamé pourquoi pas, si d'être référent d'un soignant récemment recruté et en cours d'évaluation ça veut dire assister aux entretiens d'évaluation et en être responsable devant l'agent et l'équipe, pourquoi pas.

Le nouveau millénaire doit être spirituel, y a du pain sur la planche de la façon dont on traite parfois l'esprit en psychiatrie.


Emogramme 10 : Un millénaire plus tard