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On a gagné, je parle pas du rugby bien sûr, il s'agit de la stagiaire persécutée par notre hiérarchie. L'ensemble des collègues des deux unités où elle a été contractuelle a signé la pétition de soutien et la direction des ressources humaines a donné raison aux agents contre la directrice des soins infirmiers.
C'est le premier coup porté a sa dictature. Il sera à l'avenir plus difficile de faire faire tout et n'importe quoi aux contractuels. La preuve est faite que l'on peut refuser l'esclavage sans se faire jeter.
Je suis conscient qu'à la première occasion on cherchera à le faire payer au agents qui se sont engagés, mais tous l'on fait en connaissance de cause.
En recouvrant une dignité, la prestation de l'équipe s'en trouve amélioré. C'est quand même plus facile de soigner quand on existe autrement que dans le mépris des autres, non.
Notre dernière jeune contractuelle s'est étonné ce soir quand en rentrant d'un renfort XY je racontais qu'on avait pris notre temps (c'est samedi) que tout s'était passé calmement.. Ha bon je croyais que c'était le contraire, en face ils râlaient quand ça prenait trop de temps, il disaient, assez de parlottes, on attache, on …. Elle se rassure un peu, attirée par la psychiatrie, elle avait senti son enthousiasme douché par ses contrats précédents.
Ben non la psychiatrie ce n'est pas on fait vite et on attache et on attend que ça se calme et si ça se calme pas…ad infinitum, ad nauseam.
En psy ça souffre et ça cause, et comme je n'ai jamais été vaillant ni courageux quant il s'est agit de faire violence a mon ou ma prochaine j'ai toujours préféré causer, causer et entendre. Alors depuis vingt ans que je dépêtre des situations je m'autorise à penser, à clamer quand je suis en colère comme maintenant que la violence est le dernier refuge de l'incompétence. (i. asimov)
Tout le monde semble avoir oublié que le temps n'est pas une donnée objective. Le temps d'une stratégie de soin à un psychotique ne s'écoule pas pareil que celui des inspecteurs DASS, DRASS, le temps passé au quotidien par les équipes au contact des sujets souffrants n'est pas le même que la vision kaleïdoscopique qu'en ont la plupart des médecins. Là ou la superstructure exige des résultats rapides générateurs d'économies, l'infrastructure réclame le pouvoir de mitonner ses prises en charges.
Drôle d'univers quand même que celui de la psychiatrie intra-hopitalière où non seulement les temps ne sont pas identiques, mais ou se côtoie l'hétérogénéité la plus absolue des personnalités. Dans notre pavillon aboutissent et coexistent tant des victimes d'incestes que ceux qui les commettent, des gens qui ont tués et d'autres qui souffrent de deuils jamais accomplis. Intro et extraversions les plus extrêmes, agitation et clinophilie, très jeunes et très vieux. Comment sans une solide éthique peut on encore y rester soignant.