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Emogramme 3

Sitôt dit, sitôt fait, je l'ai réglé le lendemain ce foutu problème de matelas. Pourquoi est ce qu'il faudrait toujours s'arrêter aux problèmes, être arrêté par les problèmes. Ces problèmes qui nous arrêtent sont pour la plupart ceux pour lesquels on ne se pose pas les bonnes questions, les pires étant ceux pour lesquels on ne se pose plus de questions. Les économies sur les budgets hospitaliers par exemple, qui se pose encore la question du pourquoi, seul le comment, la dictature du comment règne.

Aujourd'hui je suis allé en renfort XY au pavillon contiguë au notre, c'est le service d'admission. il s'agissait de la scène piqûre/chambre d'isolement/bracelets de cuir. Pourquoi? Pourquoi deux jours plus tard il a fallu une réponse contenante massive à la même personne qui deux jours avant dans une autre unité acceptait un matelas. Et d'abord pourquoi l'avoir muté.

14h 14novembre.

Il y a comme un malaise à la relève, comme des malaises, difficile pour le coup de détendre la communication. Une fois évacués les psychodrames institutionnels arrive une bulle d'air frais de la part des collègues de l'activité photo. Il ont développés des pellicules tirés lors d'une sortie l'été dernier et l'évocation des épreuves encore en train de sécher nous réunis.

Elle sera mutée en début d'après midi, elle part aux admissions et en retour nous recevons le patient de la chambre d'isolement d'à côté, en plus il est plutôt cool et de toute façon il part après demain en UMD et plein d'autres bonnes raisons d'être satisfait.

Pourtant tout ne semble pas aller pour le mieux, Mlle Bru assiège la salle de repos pendant toute la conversation, elle arbore une tenue extravagante (même en ces lieux qui en ont vue d'autre), sur son visage elle a outrée le contour de ses yeux est s'est tatouée des larmes.

Ce qui ressort en fait de la discussion c'est que cette patiente harcèle et perturbe puissamment les autres pensionnaires, harcèle et se montre agressive envers certaine têtes de turcs désignés dans le personnel et joue les amoureuses transie pour d'autres.

Il faut à ce stade en dire plus.

Au printemps dernier, mlle Bru est hospitalisé pour un état maniaque, elle avait quitté l'hôpital deux ans avant. Plutôt maniaque que dépressive dans ses manifestations mlle Bru alternera durant l'été séjours hospitaliers et vie dissolue à l'extérieur, sorties et évasions, placements avec et sans contraintes. Lors de sa dernière hospitalisation force est de constater l'état de grossesse de mlle Bru. Grossesse datant du début de son accès, plus de quatre mois avant. Sur le plan chimique pendant ces quatre mois elle avait reçu et à des doses parfois massives toutes les molécules contenantes dont la pharmacopée dispose. Que des produits interdits pour son état.

Mlle bru a subit volontairement il y a quinze jours une interruption médicale de grossesse.

Qui a t'il d'étonnant à ce que son état psychique soit extrême. On peut considérer normal quand même que quelqu'un déjà affligé d'une pathologie très invalidante pète un peu plus les plombs au cours des derniers évènements.

Qu'après une entrevue houleuse avec ses parents survienne un état de crise. Qu'après une mutation de service bancale ce soit retour à la case départ de la contention.

Pourquoi y a t'il eu encore deux blessés de trop aujourd'hui.

De toute façon elle l'a dit depuis sa précédente hospitalisation chaque fois qu'on l'isolera elle déchirera son matelas avec les dents.

Au fait notre patient de la chambre d'isolement est parti pour son UMD, en retour nous en avons récupéré un ancien et quelques caisses de pinard. Ça se passe comme ça, échange de pions et objet transitionnel.

Il est comme avant, comme si en un an rien ne s'était passé. De fait M Levert est revenu comme il était avant la crise qui l'a conduit après une tentative de suicide et une automutilation, a agresser deux infirmières et se retrouver en UMD. A l'époque suite à une inspection DASS/DRASS, la pression avait été mise pour accélérer la sortie des personnes hospitalisées depuis trop longtemps. Ainsi il avait fallu bousculer le rythme des prises en charges et denier le temps propre des patients pour leur en imposer un tolérable par nos tutelles. En plus de l'effet produit sur M Levert je vous passe les faits divers survenus aux autres en signalant toutefois qu'une personne y a laissé la vie. A ce point je ne sais si l'envie de vomir précède ou accompagne la révolte!

- Emogramme 4 : retrouver la dignité


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