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Distance thérapeutique (?)


Voir aussi "A tu et à toi"


De quelle distance parlons-nous quand on parle de distance thérapeutique, Y a t'il une distance qu'on puisse appeler thérapeutique. Nous voulons lancer une réflexion sur ce sujet. A vous d'apporter des réponses, des notes, des questions aussi...



La distance d'après un livre de HALL (E), La dimension cachée, Seuil, Collection Point Essais, Paris, 1971

L’homme comme les animaux observe des distances uniformes dans les rapports qu’il entretient avec ses semblables. A quelques exceptions près, la distance de fuite et la distance critique ont été éliminées des réactions humaines. Il reste différentes distances : intime, personnelle, sociale et publique.

L’intensité de la voix donne des informations sur la distance qui sépare deux individus. (chuchotement et cri)

Les sentiments réciproques des interlocuteurs jouent un facteur décisif dans la détermination de leur distance.

L’homme est contenu dans les limites de sa peau prolongé par une série de champ à extension variable.

-La distance intime

A cette distance, la présence de l’autre s’impose et peut devenir envahissante par son impact sur le système perceptif. (vision, odeur, chaleur du corps, rythme respiratoire, odeur, souffle de son haleine, constituent les signes irréfutables d’une relation d’engagement avec un autre corps.)

Cette distance est celle de l’acte sexuel et de la lutte, celle à laquelle on réconforte et on protège. Le contact physique ou son imminence vraisemblable domine la conscience des partenaires. L’emploi des récepteurs à distance est réduit. Dans cette phase, le contact est de peau à peau.

- La distance intime de mode éloigné (distance de 15 à 40 cm) les corps sont disjoints, seules les mains peuvent se joindre. Le visage est encore déformé car proche des yeux. La voix est utilisée mais dans un registre plus étouffé (murmure). Le corps de l’autre est encore assez près pour être ressenti (chaleur, odeur,...)

L’affluence dans les transports en commun peut placer des étrangers dans des rapports de proximité qui seraient considérés comme intimes, la tactique consiste alors à ne pas bouger, à s’écarter dès que possible et à contracter les muscles tant que le contact est imposé.

- La distance personnelle

Elle désigne la distance minimum acceptable par chaque individu. On peut l’imaginer comme une petite sphère protectrice ou bulle qu’un organisme créerait autour de lui pour s’isoler des autres.

A cette distance : 45 à 75 cm, on ne constate plus de déformation des traits de l’autre. Les contacts de peau sont moindres.

- La distance personnelle mode lointain (de 75 à 125 cm), L’interlocuteur est tenu à distance . Il s’agit de la limite de l’emprise physique sur autrui. Les détails de l’autre sont visibles (grain de peau, rides, couleur des yeux…) Le ton de la voix est plus élevé. Chaleur et odeur ne sont plus perceptibles.

- La distance sociale

La frontière entre le mode lointain de la distance personnelle et le mode proche de la distance sociale marque la limite du pouvoir sur autrui. Plus aucun détail intime n’est perceptible., les contacts sont devenus impossibles. Sur un mode proche (1,20m à 2,10m) on débat de sujets impersonnels.

- La distance sociale mode lointain (2,10m à 3,60m) on prend du recul, on toise, on jauge. La dimension des mobiliers des personnalités importantes correspond à cette distance sociale. L’attention est retenue par les yeux et la bouche de l’interlocuteur. La voix est sensiblement plus haute. Cette distance peut servir à isoler ou séparer les individus.

- La distance publique

C’est la distance située hors du cercle où l’individu est directement concerné. Cette distance de 3,60m à 7,50m peut déclencher une forme de fuite. La personne compte moins que son discours. Les gestes sont amplifiés et ralentis, la parole est articulée.

- La distance publique mode lointain (7,50m ou davantage) C’est celle des personnages officiels.(politiques, acteurs, etc…)

Si l’homme est entouré de "bulles " invisibles dont les dimensions sont mesurables, l’architecture apparaît alors sous un angle radicalement différent. On peut alors concevoir que les hommes soient brimés par les espaces où ils sont contraints de vivre et de travailler. (stress, irritabilité)



Quelques commentaires à chaud et rapides sur la distance dite thérapeutique.

Dans un processus d'accompagnement d'une personne en souffrance psychique, de type aidant/aidé (volontairement je ne veux pas psychiatriser et/ou psychologiser mes propos ...), il y a échange de messages conceptuels(histoire, faits, événements, description des faits, succession des faits, domaine de l'objectivable, de la pensée, du cérébral ), et aussi échange de messages affectifs (pleurs, larmes, sanglots, cris, colère, agressivité verbale, domaine des affects, du subjectif ...).

N'oublions pas que la souffrance psychique(pas confondre avec la souffrance physique ou douleur physique)est une impression psychique très désagréable vécue / ressentie... pour être plus claire, ce qui cause cette souffrance psychique, n'est pas l'évènement, le fait ou l'histoire, ...mais le vécu de l'évènement, le vécu des faits ou le vécu de l'histoire ... le malade n'a pas mal à son histoire ... c'est le vécu ou le ressentit (l'émotionnel, les affects, le vécu, le ressentit, les messages affectifs) de son histoire qui le fait souffrir psychiquement.

La personne en souffrance psychique est souvent à la recherche d'une relation fusionnelle, recherche affective , maternage, retour au "ventre" maternelle ...

L'accompagner à "grandir" n'est pas forcément lui faire plaisir, ni répondre à sa demande affective, ni l'agresser non plus, d'ou cette difficulté à rester entre ces deux pôles, maternage (fusion et régression) ou rejet désaffectivé (trop loin solitude et angoisse).

La distance thérapeutiques n'est jamais fixe ... elle est sans arrêt auto évaluée et réajustée sans cesse en fonction de la dynamique de la relation tant au niveau des messages conceptuels qu'au niveau des messages affectifs.

Trouver et gérer la "bonne" distance thérapeutique est une sécurité psychologique pour l'aidé et l'aidant ... la bonne distance est très variable suivant chacun ... trop près je risque de tomber dans une relation de type fusionnelle, trop loin je ne vais rien entendre de la souffrance de l'aidé ...

Nous sommes chacun sur notre propre chemin ici et maintenant. Cette distance permet de prendre un recul suffisant et nécessaire pour que chacun garde son autonomie maturante vers un mieux-être ... (concept de réciprocité éducative de LABELLE)

La grande différence entre une relation amicale et une relation à visée thérapeutique est justement l'installation et la gestion de cette "bonne "distance, ... prendre du recul pour mieux écouter et mieux accompagner ... (voir la rubrique mensuelle d'octobre sur mon site).

Le problème du TU ou du VOUS est complexe, il renvoie à la cohérence (démarche de soins, projet thérapeutique individualisé) dans une équipe de soins, ... (différence d'âge, de culture, illusion de la proximité, illusion du copinage, etc .. enfant/adulte ... adolescent/adulte ).

Cohérence ne veut pas dire tous pareil et rigidité .... mais plutôt une recherche constante d'un fonctionnement harmonieux qui peut limiter les risques d'éclatement ou de fusion, des malades et/ou de l'équipe.

J e m'arrête ici car c'est un exercice périlleux que de travailler comme celà sans retour ...

Bonne lecture

Maurice LIEGEOIS



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