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PARENTS REELS, PARENTS IMAGINAIRES


INTRODUCTION

On a coutume de parler de l'enfant réel et de l'enfant imaginaire. Cette notion se limite au lien projectif fantastique des parents sur l'enfant, tel il est perçu et imaginé, voire idéalisé et tel qu'il est et se transforme en réalité dans un contexte interactif.

Qu'entendons-nous par parents réels et par parents imaginaires. Notre démarche tente à mettre d'une part en évidence le décalage, le degré de distanciation entre deux pôles, deux types de représentations, d'approches différentes et distinctes, d'autre part, de les saisir au travers d' une lecture systémique.

Définitions : La notion de " réel " peut être ambiguë. Il s'agira là de distinguer la réalité externe de la réalité interne. S. Freud évoque par exemple la réalité psychique qui peut être rapprochée en systémie de la " réalité interne familiale ". Elle représente une base essentielle dans les thérapies familiales.

Pour Jacques Miremont, (Dictionnaire des thérapies familiales. Ed. Payot 2001), la réalité se fonde sur un accord arbitraire linguistique, un signifiant en lien avec un signifié non arbitraire admis collectivement, (" un chat est un chat) ".

Le réel, selon Clément Rosset, est le fait singulier sans image et sans double, (il est) à la fois fortuie et déterminé, imparable et comme allant de soi, banal et surprenant ; il est ce qui advient dans l'ici et le maintenant. En ce sens, le réel est la singularité de la réalité.

Le réel est à la fois un appel à l'aide et un rappel à l'ordre auquel nous confrontent les personnes, les institutions, les familles : il y a obligation à faire quelque chose (qui peut être de différer l' action, de baliser les métaphores, de circonscrire délires et fantasmes). En cela la thérapie familiale est, pour M. ELKAIM, une " construction mutuelle du réel ".

Envers du miroir et réalité familiale : l'appareil cognitif est, en soi, un élément de la réalité qui n'a accédé à sa forme actuelle, qu'à force de confrontations et d'adaptation à des éléments tout aussi réel. Il est donc un miroir dont l'envers ne reflète rien, mais dont la structure est au même niveau de réalité que tous les être réels qu'il reflète (K. LORENZ).

En ce sens , la thérapie familiale participe d'une éco-ethno-anthropologie ; elle accomplit un pas de plus par rapport à l'éthnologie objectiviste, par la construction métaphorique de cet " envers du miroir ", qui permet d'éviter les pièges de l'idéalisme ; ces instruments (miroir sans tain, vidéo, co-thérapie, supervision) permettent d'actualiser la simulation des interactions familiales, comme reflet d'une réalité à déterminer. Le réel se construit ainsi à chaque instant part le fait même des interactions telles qu'elles adviennent et sont perçues.

La thérapie familiale participe en ce sens à la reconstruction de cette " chose familiale ", qui n'est pas advenue. C'est ainsi que le processus d'interaction fait appel à l'interprétation de la réalité qui intervient sur des niveaux variés. Bien plus, la nature des interactions entre thérapeutes et intervenants divers modifient le réel auquel patients et familles sont confrontés. Restructurer ces interactions entre familles et thérapeutes c'est déjà réélaboré une partie de la réalité qui surgit à partir du réel, tel qu'il advient spontanément.

Parents réels et parents imaginaires

Nous pensons que l'idée du parent idéal se développe dès la première enfance jusqu'à l'âge adulte, laissant des traces mêlant les représentations des parents imaginaires et réels, par le jeu des identifications et entretenue par l'idéal familial et par les parents eux-mêmes quand par exemple ils exigent que leur enfant soit valorisant et conforme à leurs désirs donc inducteurs d'autres représentations. Ainsi, les expériences sont inextricablement tissées. Il s'agira d'appréhender cette famille, ces parents et ces enfants qui vivent en chacun de nous, empreintes mnésiques identitaires pouvant être réactivées à tout moment et portant en germe la promesse potentielle de vie et de parentalité. Autrement dit, la réalisation de soi, du désir d'enfant dans une lignée. L'Histoire familiale est transportée de génération en génération de façon consciente et inconsciente, elle subit des transformations et transmet ses croyances, ses valeurs, ses mythes, ses rituels, ses symptômes, ses expériences réussies ou non, face aux crises identitaires, ses systèmes d'appartenance et ses règles. Les fantômes du passé. Tout cela détermine ce que nous entendons par " parent imaginaire ", impliquant toute cette dimension fantasmatique, métaphorique et mythique. Chaque famille possède sa propre mythologie. Le " parent réel " serait la partie visible immergée de l'iceberg, visible par sa présence physique, par ses engagements et ses actes…Les constructions fantasmatiques puisent dans le passé infantile des parents.
Les représentations imaginaires réactivées évoluent depuis la conception et tout au long de la grossesse. Elles peuvent être accueillies comme une véritable crise identitaire ou paradoxalement une future mère, heureuse, pourra se déprimer.

L'enfant est précédé par tout un héritage familial. Dans leur récent article " Les bébés des parents " Gisèle DANON et Annick LE NESTOUR, écrivent : " Toutes les pensées, les rêveries, les sentiments concernant ce bébé à venir, souvent si ardemment attendu, ont tissé " une layette " qui va envelopper sa naissance corporelle et psychique ". (Enfance et Psy n° 1 - Questions d'origines). Les nouveaux parents sont confrontés à cette nouvelle expérience puisant dans leurs repères identitaires, dans ce qu'ils connaissent le mieux et qui les a forgés : leur histoire. Même sur le plan collectif par exemple les expressions " petit père ou petite mère " sont utilisées quelques fois pour qualifier un bébé. Ce qui laisse entendre un appel à la projection d'une image parentale. Ou encore, sur le plan de la polysémie de la langue, quand le terme "enfant" désigne également l'adulte dans le sens d'une filiation, de la progéniture. Il restera toujours l'enfant de ses parents.

Les projections parentales font apparaître l'enfant sous un jour bien particulier. L'expression "épinglage identitaire" de B. CRAMER, est très approprié. "Les parents ont, dès l'aube de la vie de leur bébé, à composer, à négocier inlassablement avec leurs propres investissements internes parentaux, les insatisfactions, les manques des bébés qu'ils ont été." (Id. G. Danon, A. Le Nestour).

L'enfant se trouve dans une dépendance affective et de soins et les mères éprouvent aussi bien des sentiments d'amour que des sentiments de rejet et de haine.

Dans le service de pédiatrie, où nous intervenons régulièrement, cette expression ambivalente des sentiments est fréquemment perçue, notamment face à un enfant prématuré ou porteur d'un handicap.

L'enfant prématuré prive en quelque sorte sa mère de la fin de la grossesse. La vie fantasmatique est particulièrement active à ce moment. La mère est frustrée et sort du service de maternité " les mains vides ". (M. SOULE). Elle reviendra rendre visite à son bébé et participera aux soins. Mais elle est renvoyée à son incapacité d'avoir fourni tout le dont de son corps qui aurait permis la croissance du fœtus jusqu'à son terme sans aucune incomplétude, ni souffrance.
Une mère en pleurs nous explique combien elle souffre de ne rien pouvoir faire pour protéger et soulager son enfant ventilé et perfusé. Elle nous dit accorder sa confiance à l'équipe soignante et accepter la nécessité des soins. Mais elle se sent lâche d'avoir accouché sous péridurale alors que son bébé souffre plus qu'elle.

Les mères réagissent différemment en fonction de leur personnalité et de leurs difficultés. L'enfant prématuré peut devenir persécuteur pour certaines d'entre-elles. Ici, les représentations imaginaires des parents sont malmenées. Elles concernent leurs fonctions, leur rôle, leur idéale du moi parental. Elles passent trop vite sans transition, du fait de la prématurité, à des fantasmes qui ne peuvent se déployer normalement. Ils sont confrontés de façon prématurée à la réalité de la naissance avec tout ce qui lui est inhérent : à des mouvements agressifs et dépressifs, à la blessure narcissique et, concernant l'enfant, à la crainte de séquelles irréversibles et à la mort.

La séparation de la mère et de l'enfant prématuré représente aussi une rupture dans le processus normal rêvé. De ce fait, elle entraîne des difficultés qui inscrivent l'enfant dans une histoire. Mme L, 23 ans, a peu vu son bébé depuis la naissance. Elle a pu, quand cela fut possible, s'occuper de son enfant en pédiatrie sans affecte, ni souffrance apparente liés à la séparation. Au moment du retour au foyer après trois semaines d'hospitalisation, la mère s'est sentie brusquement seule et désemparée, persécutée par un enfant qui ne cessait de pleurer, qu'elle ne comprenait pas. Elle s'est crue abandonnée brutalement pas l'équipe soignante du service de pédiatrie qui a su les étayer jusque là, elle et son bébé. Elle reproche de ne pas avoir été suffisamment informée sur les soins et l'éducation des enfants, qu'elle ne s'imaginait pas que cela allait être aussi difficile. Elle en était restée à ses représentations anciennes sans pouvoir élaborer la transition à l'enfant réel. Malgré l'existence d'un père, dans les moments de solitude, elle devient violente avec son enfant qui a fini par être réhospitalisé pour un " syndrome de l'enfant secoué " et la contusion d'un poignet. Un hématome sous dural entraîna un retard psychomoteur et de nouvelles ruptures. Transfert sur un hôpital parisien, puis retour au Centre Hospitalier d'Amilly. Au cours de la thérapie, plus tard, la mère a pu exprimer le sentiment de son propre abandon et sa culpabilité face à son enfant âgé alors de 12 mois. Elle interprète son regard et se sent jugée. Elle nous demande inquiète, s'il oubliera un jour ce qu'ils ont vécu, s'il continuera à lui en vouloir. Elle évoque sa propre éducation sans violence physique, mais sa famille l'a toujours considérée comme une enfant brusque, un garçon manqué. Madame L. tente ainsi de comprendre et de rationaliser l'innélaborable en se raccrochant à un aspect identitaire qui a eu sans doute depuis toujours sa fonction et sa place dans la mythologie et l'économie familiale. Elle dira plus tard, dans une réminiscence de son enfance, que ses parents avaient peut-être raison quand il lui disaient ne pas l'imaginer être mère un jour et s'occuper correctement d'un enfant. Ceci, elle l'avait oublié jusqu'à ce jour. Il lui faudra maintenant faire avec ce qu'elle est et avec tout ce que sa famille lui a transmis. Ainsi il a fallu l'imprévisible des aléas de l'accouchement et des soins retardant l'investissement maternel pour que se produise tout cet appel d'air fantasmatique et la confirmation des prévisions familiales. Me. L. se trouve encore sous la dépendance de ses parents contre quoi elle a lutté mais en vain, en s'éloignant avec son concubin et en faisant un enfant. Elle travaille pour ses parents, patrons d'une petite entreprise. Les difficultés de l'accouchement ont finalement ramené la fille auprès de ses parents. L'éloignement n'aura duré qu'un an. Le message implicite serait sans doute: aucune fille, où aucun membre de la famille, ne pourra se réaliser en dehors d'elle. Les parents de Me. L. ne se sont pas associés à la thérapie ; ils ont préféré rester à l'écart. Le cadre médical et thérapeutique a permis une ouverture et une élaboration des conflits. Il a pu donner quelques garanties aux services sociaux, malgré les risques pour l'enfant, pour qu'il ne soit pas retiré de sa famille; ce qui aurait aggravé plus encore les difficultés d'investissement maternel liées aux séparations précoces répétées et renforcé la souffrance familiale, la culpabilité de la mère d'être mauvaise. Les parents de Me L. ont été un peu plus présents auprès de leur fille et de leur petit-fils. Un accompagnement médical, une auxiliaire de puériculture à domicile et la psychothérapie du couple avec l'enfant ont été mis en place. Le père a pu s'occuper des repas du bébé qui refusait d'être nourri par sa mère. Ce qui a permis à celle-ci le réinvestissement progressif des repas et de son enfant, période transitoire importante pour poursuivre l'élaboration de ses craintes fantasmatiques et de ses représentations imaginaires concernant ses capacités parentales aux prises avec la réalité de l'enfant et le nouveau statut social et familial. La résorption de l'hématome et les progrès psychomoteurs de l'enfant ont permis progressivement la restauration de la dyade mère-enfant, du narcissisme et de la fonction imaginaire parentale.

Cette situation évoque " la maternité blanche " décrite par M. SOULE.
La mère ne semble pas souffrir du manque et de la séparation de son enfant, rien ne transparaît, dans une absence d'affects. L'auteur écrit " mère et enfant sont pris ensemble dans une spirale d'interactions pathogènes auxquelles participe le père ". Chez les primipares, il se peut que cette maternité blanche soit surtout le fruit des conditions de séparation mère-enfant et des difficultés de communication des parents avec l'équipe soignante. Elle répond aussi à l'interruption prématurée du processus psychophysiologique de la maternité et plus précisément à l'avortement de la fantasmatique gestationnelle ".
" L'amour maternel, comme le note Paul Claude RACAMIER, n'est nullement le corps pur et idéal, le sentiment simple, sans mélange et sans conflits, que l'on se plaît à imaginer. C'est au contraire un sentiment complexe, ambivalent et ambigu, où se mêlent étroitement l'amour et l'agressivité, l'investissement d'autrui et celui de soi, la reconnaissance de cet autrui et la confusion avec lui ". ("A propos de la psychose de la maternité " Mère mortifère, mère meurtrière, mère mortifiée Ed. ESF 1978 ).

Dans le cas de la psychose, où les limites sont difficiles à établir entre imaginaire et réalité du fait de la présence massive d'angoisses archaïques, d'un fonctionnement en processus primaire et du déni de la réalité, les symptômes concernent " le meurtre du nouveau-né, le déni de l'engendrement, de la naissance et de la filiation ".

Par ailleurs, à l'instar de l'adolescence, la maternalité représente une crise d'identité et constitue une crise de la personnalité pour reprendre une expression d'ERIKSON. Donc une rupture nécessaire, pour passer d'un état de représentations, d'un vécu, d'un équilibre, à un autre. Même la maternalité la plus idyllique débouche à un moment ou à un autre sur des frustrations tel que le sevrage.

Roman et mythe familial

S. FREUD dès 1897 dans ses lettres à son ami W. Fliess s'intéressait aux " romans de famille " rapportés par ses patients. Pensant d'abord qu'ils s'agissaient de fantasmes liés à la paranoïa, il finit par admettre leur universalité.

Plus tard, M. KLEIN fait référence au roman familial de son propre fils, âgé de 5 ans. Elle écrit : " deux jours plus tard, il tenta l'expérience d'un changement de parents, annonçant qu'il prenait Madame L. pour maman et ses enfants, pour frère et sœurs. Il maintint cette décision pendant tout un après-midi. Il revint à la maison le soir, repentant " (cf. p33 - M. Klein " essais de psychanalyse " Ed. Payot).

Le roman familial est une construction imaginaire souvent consciente, pouvant ensuite être oubliée. Il s'agit de " la création d'une œuvre imaginaire, d'un récit intérieur romancé, avec de multiples épisodes dont le sujet est le héros et dans lequel les parents sont généralement reconnus simplement nourriciers ". (Thèse de Médecine 1977. Psychose et filiation V. BORDARIER p56).

Les parents réels sont des personnages illustres qui ont été obligés d'abandonner leur enfant ou bien qu'il leur a été enlevé ou substitué. L'enfant pense pouvoir reconnaître ses parents grâce à certains " signes " et qu'il pourra enfin, jouir de leur fortune et de leur puissance. A l'inverse, plus rarement, l'enfant imagine que ses parents sont issus d'un milieu très pauvre.

" Il semble qu'il existe chez l'enfant un besoin de se doter lui-même de parent qu'il choisit pour leurs qualités, après avoir été déçu par ses propres parents, soit à cause des frustrations qu'ils lui imposent, soit à cause d'une dépréciation due au déclin des idées infantiles de toute puissance qui les magnifiaient. " (Id p57).

" Ils lui imposent sa filiation, il leur retire leur paternité et maternité ". Il tente de renier ses parents comme dans une espèce de revanche…

Les retrouvailles avec les " nouveaux " parents, c'est à dire les vrais parents, est vécu fantasmatiquement comme une seconde naissance ".

Le roman familial peut apparaître également comme une stratégie pour éviter d'une part la confrontation à la sexualité des parents et à la scène primitive : comment il a été conçu et d'autre part à l'oedipe avec ses fantasmes incestueux et agressif à l'égard des parents et de la fratrie.

Mais en définitive, l'enfant après ses doutes et remaniements finit par accepter non sans une certaine certitude et satisfaction qu'il s'agit bien là, des vrais parents. Il reconnaît sa filiation réelle et admet définitivement " l'irréversible réalité ". (p59 Id).

Le roman familial, que nous appèleront également " roman des origines ", se présente comme une pure construction individuelle fantasmée, comme des projections et interprétations de l'enfant de 4-5 ans sur sa situation et celle de ses parents, sur une origine plus ou moins idéale.

De ce fait, du point de vue systémique, il est à distinguer du mythe familial où les fantasmes et les défenses individuelles de chaque membre, se structurent dans le sens du groupe familial.

Définition du mythe familial : (Dictionnaire des thérapies familiales, sous la dir. Jacques MIERMONT. Ed. Payot 2001.)

D'après FERREIRA, il rend " compte des attitudes de pensées défensives du groupe familial, qui assurent une cohésion interne et une protection externe; le mythe familial est donc un organisateur qui remplit une fonction homéostatique d'autant plus sollicitée que le groupe considéré est en souffrance, en difficulté, en crise, et qu'il menace de se transformer, de se disloquer, voire de disparaître. Un mythe familial se rapporte à une série de croyances crées et partagées par tous les membres d'un groupe familial . "

" Le mythe est un récit à propos des origines ".(C. LEVI-STRAUSS).
Il permet de donner des repères et un sens au quotidien face à la réalité.

" Il est étroitement associé à l'identité ".

" Le mythe familial est une image à usage externe pour un ou plusieurs membres du groupe. "

" Plus la pathologie sera intense, plus le mythe familial sera sollicité dans sa fonction de régulation quitte à produire des symptômes. Il possède un caractère sacré, tabou implicite ". " Il assure la stabilité et la cohésion du groupe en rationalisant le comportement des membres de la famille ".

Le mythe familial fonctionne sans être l'objet d'une méta-communication. Mais dans l'approche thérapeutique, un discours sur le mythe devient nécessaire.

Un couple qui se constitue avant même la naissance d'un enfant, donne " le point de départ " du mythe familial, lors des rituels de séduction, dans la définition de la relation amoureuse dans la recherche des activités en commun, des types de relations intra et extra familiales.

La mythologie produite alors est créée en partie par les mythologies conjointes et respectives de chaque futur parent potentiel.

Le mythe familial assigne également à chaque membre du groupe une place et une fonction, voir le choix professionnel.

Comment distinguer mythe et réalité, mythe et histoire ? M. ANDOLFI et son équipe situe le mythe dans un espace intermédiaire où la réalité et l'histoire se mêlent à l'imaginaire. ce qui permet d'élaborer une structure reliant divers éléments. " Le mythe est à l'opposé de la chronique " laquelle, se fonde sur la réalité historique. " Le mythe pousse sur les " trous ", les manques, il se fonde sur l'incomplétude des faits et de leur explication. L'imagination créatrice se glisse dans les interstices du réel, y introduit des questions sur les thèmes les plus généraux de l'existence : la vie, la mort, l'au-delà, l'amour, la peur de l'inconnu et de la solitude, etc. Le mythe tente de fournir une réponse à ces questions ". (Temps et mythes en psychothérapie familiale. M. ANDOLFI, C. ANGELO, MARCELLA DE NICHILO ANDOLFI Ed ESF 1987).

Dans le mythe co-existe donc des éléments réels et imaginaires. " Sa fonction est de donner un sens à des événements…Il est rassurant de trouver une cause, un responsable ". (ID)

Pour s'élaborer, un mythe a besoin de temps, pendant lequel s'opère un tri, une sélection des éléments à conserver ou non.

" Mythes individuels et mythes familiaux dépendent étroitement les uns des autres et ils évoluent parallèlement ". (Ibid).

CONCLUSION

Ainsi, toutes les représentations imaginaires que nous pouvons avoir, à propos de la fonction parentale et des enfants à naître, même si elles ne se confirment pas, sont nécessaires en ce qu'elles suscitent du désir et soutiennent le projet d'enfant.

Tous les bébés ne se ressemblent pas, certains seront très gratifiant avec leurs parents, d'autres plus frustrants. La nécessité éducative, l'apprentissage de la frustration, la confrontation à la famille élargie puis au monde social et à l'école entraînent des réaménagements et adaptations nécessaires. Comment réagir face aux entraves, à cet idéal rêvé, ou comment l'adulte s'affranchira de ses propres frustrations et supportera les sentiments de culpabilité, la souffrance, et les colères qui en découlent.

C'est une façon de déconstruire les images du parent imaginaire, pour en construire d'autres plus en adéquation avec la réalité physique et psychique de l'enfant, de l'histoire familiale, du contexte social et ethno-culturel.

Autrement dit, l'enfant force l'adulte à reconsiderer les choses, à recommencer sa vie.

Le mythe familial quand il n'est pas en panne, peut aider les parents dans une élaboration dans le temps à intégrer leurs nouvelles expériences car il est " idéal fonctionnel " (B. ANDREY). Il renvoie à tout ce qui a été vécu et intégré tout au long des vacances parentales.

Chaque parent se trouve à l'interface d'un monde mythique imaginaire et du monde de la réalité de l'enfant dans ce qu'il impose de contraintes, de renoncements, de crises, mais aussi dans ce qu'il engendre de nouveau dans les expériences de la maternité et de la paternité, de joies, de satisfactions, de réalisation de soi et de nouvelles identités.


BOUKHADCHA H.