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Messages du Forum serpsy de Patrick Guiraudon de la CUMP de TOULOUSE
Sujet : Toulouse, au jour le jour


Samedi 22 septembre

s
alut SERPSY, bonjour de Toulouse, comme vous savez notre hôpital est détruit entièrement, nos patients on été diriges dans tous les hôpitaux de la région, nous ne savons pas en ce moment encore ce que nous allons devenir, je viens de passe la nuit avec les secours, et une surveillante qui m'a demande de revenir sur le site, un peu de réassurance, pour tous les secouristes seul infirmier cette nuit à l'hosto ou enfin ce qu'il en reste, ce matin je vais essayer de relever des gens dans les CUMP.

Pour le moment les ordres sont de rester chez nous et d'attendre les appels de nos autorités pour nous diriger dans les secours assistance et autre auprès de la population ou sur les sites de secours; je vais dormir un peu je vous donne des nouvelles régulièrement si vous souhaitez inscrire un domaine ou un emplacement sur le sujet. je vous envoie des nouvelles régulièrement
amitiés

Samedi suite

Après le premier message, voilà le compte rendu de la seconde journée depuis ce matin ,avec la collaboration du médecin du travail nous avons mis en place un infirmerie de campagne, qui va rester la pendant huit jours, a l'intérieur d'un local dans le CHS.il a pour but de prendre en charge les petits bobos, du au démontage et nettoyage des locaux, par une entreprise et les personnels techniques du CHS le médecin du travail intervient dans la prise en charge des arrêts de travail, des soins qui lui incombent, (sutures par exemple), prescription et ordonnances. elle a souhaite avoir des infirmiers de la CUMP avec elle car tout ces personnels sont aussi en besoin de parler , donc c'est aussi un point d'écoute, dont ce rôle nous revient. Pas mal de gens ont été écoutés et soignes ce jour, la nécessité de cela n'avait pas été pris en compte au départ, c'est une réalité qu'il a fallut accepter ce qui a été fait.

Nous sommes dans un lieu de catastrophe sans précédent, où tout l'hôpital est détruit! les ouvriers se blessent parfois, et nous sommes là pour aussi qu'ils viennent prendre un peu de recul de repos et autre. Etonnamment ils voient que nous avons fait cela, ils regardent de loin nous approchent, nous en avons même vus prendre des photos des locaux ou ils travaillaient, et finalement se laissent aller; beaucoup de gens choqués mais je crois que le plus dur va être lundi au retour de tout les services, administratifs et autres, qui n'ont pas encore pris conscience de la grandeur de la catastrophe. Des demain des équipes extérieures, venant de Limoges sous la responsabilité du dr. ORIO vont commencer les debriefing au personnel! quoi qu'il en soit, nous avons tous fait pour que le personnel ne soit pas mis a l'écart, qu'il soit pris en charge , même si des cadres nous sont tombes dessus en disant que nous prenions des initiatives qui étaient lourdes, ils ne réalisent pas qu'ils n'ont plus de centre hospitalier!, que les murs ont disparus. Je croient qu'il va falloir les prendre en charge sérieusement eux aussi!

Une autre cellule est mise en place dans un autre hôpital, dans la ville aussi, pour les personnes privées, blessées psychologiquement !Nous avons êtes un petit groupe de quatre personnes infirmières CUMP ou non a mettre cela en place avec le médecin du travail la DRH a délégué ses pouvoirs au médecin du travail, ne pouvant tout faire! bon on va prendre du repos demain on repart, et on sais que cela va être de plus en plus dur, demain j'y serais jusqu'à minuit! aller amitiés et au prochain coup!

Dimanche 23 Septembre

Dernière nouvelles du 23 09 toujours une situation de crise ! nous avons été amenés ce jour a prendre en charge de plus en plus de personnels, une équipe de Nantes sous la direction du Dr ORIO est venue en tant que personne extérieure prendre en charge les personnels traumatises, choqués , et dans l'après-midi une psy extérieure est venue aussi consulter des personnels choqués et traumatisés .Nous commençons infirmiers sur place a recevoir en premier lieu et avant le psy des gens qui s'adressent a nous pour des petits bobos, pansements et autres, comme hier, mais maintenant les demandes de consultation de psy sont de plus en plus importantes!

Il y a plusieurs raisons, les suites du au choc (explosion )c'est à dire beaucoup de problèmes de surdité, mal aux oreilles. ensuite le trauma psy bien sûr et les employés réagissent maintenant de plus en plus, ne se sentant pas bien, ils ne veulent pas rester chez eux, ils se posent des questions sur leur outil de travail, ce qu'ils vont devenir, ou ils vont travailler, en plus il y a beaucoup de personnel qui sont a la limite de l'épuisement depuis plusieurs jours ils ont tout donné, ils sont épuisés; la médecin du travail a donne l'ordre aux cadres administratifs de renvoyer chez eux tous les personnels techniques chauffeurs, qui n'en peuvent plus, certains ont un peu compris la démarche, d'autres se sentaient encore utile malgré l'épuisement, certains pensent que demain ils faut absolument qu'ils soient là, bref un manque de recul important, ne leur permettant pas pour le moment de réaliser l'ampleur du désastre je pense; de plus tous personnels confondus, nous pouvons entendre des tas des version, toutes diverses, on a vu, on entendu, cela va de l'accident dont parlent les médias, a un avion qui aurait lâché une bombe en passant, des histoires de satellites, et bien sur des vagues suppositions, d'autres raisons dont je ne m'étendrais pas dessus ne voulant pas envenimer la psychose qui gagne du terrain tous les jours ...Je crois que l'administration gère comme elle le peu cette grave crise, ses responsables aussi, mais nous constatons que l'organisation en général est bien faite ce qui rassure tout le monde. Le seul problème, ce qui est sur c'est que dans ces cas la, l'information passe mais avec des manques que les personnels serait en droit d'attendre, pour au moins les rassurer sur leur avenir, mais encore une fois c'est une situation de crise grave, et il faut que les personnels se rendent compte de cette gravité, et des solutions qui peuvent y être apportées. Cela semble bien sur se mettre en place, mais avec du retard et c'est la que le bât blesse, car une situation telle que celle que nous vivons tous, personnels, patients réorientés, sera longue a remettre en marche; il y beaucoup de dégâts aussi chez les personnels dans leurs familles dans leurs maisons, Pour les infirmiers beaucoup de prises en charges, souvent loin... On a diriges les patients, dans d'autres départements, et semblent t ils eux mêmes (les patients ) se posent la question de savoir quand ils vont revenir a l'hôpital près de chez eux, près de leurs familles questions auxquelles les personnels ne peuvent répondre bien sur! Chaque secteur va organiser des lieux d'accueil quand ils vont le pouvoir, sur leur secteur, nous avons appris que même des mini cellules vont se mettre en place dans certains endroits, les urgences psy sont en train de s'installer dans un C H général déjà surchargé avec les personnels de l'ancien hôpital psy; enfin ce que nous semblent comprendre, c'est qu'une nouvelle prise en charge psychiatrique d'une nouvelle forme va se mettre en place avec des nouveaux lieux de proximité, davantage de prises en charge plus près de la population, mais cela n'est que les suppositions que nous pouvons entrevoir dans un horizon peut être plus proche que nous le pensons. (car pour le moment on ne sait rien) De plus les personnels sont bien sur prêts a beaucoup de chose a partir du moment où cela ne va pas perdurer, c'est a dire dans un laps de temps court. Alors demain je vais prendre un peu de recul un peu de repos, sur mon initiative, j'essaierai néanmoins de vous faire passer de la documentation sur ce que je saurais, et je vous dis a bientôt avec toutes mes amitiés .
amitiés

mardi 25 septembre

voila la dernière journée, excusez moi s'il y a des fautes j'écris très vite histoire de gagner du temps sur la nuit pour le mettre dans le crédit "sommeil !
Bon aujourd'hui, on continue, beaucoup de gens les administratifs sont rentrés, et puis au bout d'un moment je ne les vois plus!, où sont ils je demande, ils sont partis a un enterrement, donc des proches, nous craignons le retour ! on nous rajoute des infirmières, sur la cellule, et puis ca y est les premiers arrivent, désemparés, et toujours presque un mot d'excuse pour venir nous voir, "on nous a dit que vous étiez la, on vient juste pour un arrêt de travail une déclaration", et puis c'est franchement l'effondrement, la crise de larme, on est bloqué, on ne peut pas parler, c'est le début.

Nous recevons nous infirmiers de la cellule, tout le monde sans exception, a l'accueil et après un accueil chaleureux, une proposition de s'asseoir, un café, une boisson, un gâteau, ca commence a débloquer on nous parle on nous raconte, les craintes, les peurs, au bout d'un moment, nous dirigeons quand nous le sentons nécessaire, vers la personne qui prends la déclaration d'arrêt ou d'accident, puis le médecin du travail puis la psychologue, puis la psychiatre, et suivant le cas tout peut être chamboulé l'ordre inverse, mais nous faisons toujours l'accueil nous infirmiers de la cellule. Ce jour nous sommes cinq. les problèmes décrits sont les maux de tête, maintenant, toujours les oreilles, bien sur, les premiers cauchemars qui pointent ainsi que les troubles de sommeil, mais la question au bout de tout cela est toujours la même, et notre travail, que va t on devenir? il faut bien dire qu'ils sont tous fonctionnaires, qu'ils ne seront pas au chômage mais la peur d'aller travailler ailleurs autrement se fait sentir sérieusement. en effet cela impliquerait de faire suivre toute la famille, et comme je disais hier une impression de tout recommencer a zéro.

Et chacun de nous dans cellule nous nous trouvons maintenant des problèmes, le médecin est fatiguée, demain elle se repose, nous avons des maux de tête, de la fatigue, le problème est de savoir assumer son avenir, sa nouvelle vie dit on même !
Alors moi le médecin du travail me dit vous vous conformez bien Patrick a la résilience puisque c'est le mot a la mode et vous vous allez rebondir, mais ce n'est pas le cas de tous.
Hier j'ai laisse ma collègue Brigitte seule depuis que nous avons ouvert, elle semble fatiguée, demain elle ne travaille plus de la semaine et va s'éloigner de Toulouse quelques jours m'a t elle dit, c'est bien. Et nous avons pu constater que c'était vrai qu'elle elle était fatiguée, épuisée car des la venue du cadre responsable pour faire le point, elle vidée son sac comme l'on dit Il a pas l'air d'aller mieux le cadre! revenons a nos collègues pris en charge toute la journée, cela va d'une crise en plein milieu de la pelouse d'un jeune femme, jusqu'à ceux qui passent notre porte, et s'effondrent littéralement sur les fauteuils relax prévus a cet effet. Une personne est venue dormir carrément, pendant un long moment, trois directrices sont venus prendre le café et discuter avec nous, nous sentons de la fatigue partout! Les ouvriers qui avaient été renvoyés chez eux dimanche semblent être un peu reposés, et demain nous savons qu'une longue journée va continuer!

Le responsables de la CUMP est passé nous voir et ils semble que peut être celle ci va être prolongée la semaine prochaine . Voila pour aujourd'hui, demain d'autres nouvelles, A très bientôt et bises à Anne marie.

mercredi 26 septembre

J'ai vu les messages, merci a tous pour le soutien !dernière journée, le 25 septembre 2001 Très dur au départ ce matin beaucoup de monde a la limite du débordement, Il faut que vous vous parle de mes collègues, avec qui nous avons senti la nécessité de monter cette cellule, il y a Brigitte, déjà citée Christine, Jacqueline et puis deux autres encore qui sont venus nous rejoindre plus tard. Il y a la médecin du travail et depuis quelques jours Pascale la secrétaire qui nous est bien utile et l'infirmière de la médecine du travail.

Ensuite les psychologues et les psychiatres qui se succèdent a un rythme infernal. Elles changent très souvent ayant obligation d'intervenir dans d'autres endroits parfois en urgence comme ce matin, sur un autre site. la médecin du travail commence a être un peu fatiguée, depuis samedi donc
Cet après midi elle est allée se reposer la secrétaire aussi, l'infirmière de la médecine du travail n'est pas venue, et une nouvelle infirmière ajoutée a notre groupe commence a être fatiguée cela se comprends. nous autres avec celles qui avons démarre, on s'organise des replis des temps de repos pour évacuer cela a l'air de marcher, et quand je vois un ou une qui va craquer je la fait mettre au repos! il faut se préserver. moi ca va je tiens le coup encore plus d'une semaine a tenir il faut aller jusqu'au bout sans craquer, sans être fatigué, et tenir pour tous ceux qui comptent sur nous. On reconduit donc pour une semaine cette cellule, et on va prolonger les prise en charge pour le personnel pendant au moins trois mois, a raison d'une demi journée par semaine, avec un psy ou psychologue sur RDV organisé !

Nous avons accueilli depuis samedi nous infirmiers a l'accueil des Personnels avec un premier contact, plus de deux cent cinquante personnes, certaines revenant plusieurs fois le lendemain ou se sentant bien avec nous . Les psy et psychologues ont vues ces mêmes personnes, pour debriefing; elles ont plusieurs interventions par jour. Il a été délivré cent cinquante arrêt de travail depuis samedi ou accident par l'équipe de la médecine du travail. on s'attend au pire dans les jours qui viennent, on regrette que les cadres Ne soient pas encore venus, certains médecins ont déjà pris contact avec nous (oreilles et autres) un chirurgien plasticien viendra dès cette semaine, renforcer l'équipe de la cellule a la disposition des personnels.

Une antenne d'avance d'argent est installée depuis ce matin par le CGOS la journée. Beaucoup de monde ce qui fait plaisir, c'est que nous avons pris en charge des gens hier, avant hier et ceux ci reviennent nous remercier. Par contre ceux qui n'étaient encore pas venus commencent a venir. Ils en ressentent le besoin, et sont automatiquement pris en charge. On voit des personnes qui viennent, n'osent pas demander, nous le sentons, et les mettons immédiatement en contact avec les psy, et la cela s'enclenche, ils se livrent totalement, soulagent leur esprit de tous les mots des idées du stress des angoisses. Cela va très vite, nous les voyons devant la porte, demandant ce que nous faisons, demandant un renseignement, ou faire les papiers et crac ils sont pris en charge sans s'en apercevoir!

On vient nous dire après que nous sommes formidables, on y est pour rien On fait notre travail! Les plaintes sont différentes, à ce jour c'est le travail qui les travaillent si je puis m'exprimer ainsi, (risque de chômage que va t'on faire, où on va nous mettre, où allons nous aller travailler) un tas de questions qui les empêchent de dormir, de vivre normalement. Beaucoup envisagent de s'arrêter de travailler, dans les jours qui suivent et d'attendre des jours meilleurs. L'organisation des services se reconstruit petit a petit, et ce n'est pas encore fini loin de là! Le médecin du travail commence aussi a délivrer beaucoup de médicaments pour le sommeil perturbé. Nous recevons aussi des gens qui sont effondrés, quand ils voient leurs bureaux, leur lieu de travail, ils n'étaient pas revenus depuis l'accident! Bon vous voyez beaucoup de travail on se protège comme l'on peut, le plus dur reste a faire dans les jours qui viennent, nous le savons. Demain je vous offre une petit cours sur les traumatismes psychiques. Merci a tous de votre soutien Marie contacte moi quand tu veux!!! pour dire bonjour!
Anne Marie merci a toi depuis Paris pour tout ce que tu fais, et a toute l'équipe de SERPSY
à plus
amitiés à tous

jeudi 27 septembre

Comme promis un peu de clinique par rapport a ce que nous vivons a la cellule. Merci a tous ceux qui nous soutiennent, leurs messages seront affichés dès demain dans les locaux de notre mini cellule, je vais m'occuper de tout cela, et merci aussi au nom de tous ceux qui sont ici. Aujourd'hui beaucoup de travail encore a la cellule, mauvaise nouvelle, pour ceux qui ne le savent pas encore ou qui regardent nos infos de notre équipe, Jackie vient de craquer elle devait être là demain, avec moi. Elle va nous manquer, arrêt de travail jusqu'en novembre!

On pense à toi, Jackie on t'embrasse, et a très bientôt. Chose promise avant de passer à la journée, petite point sur le trauma engendré par une catastrophe collective telle que nous venons de la vivre, et qui déclenche pas mal de problèmes. Tout d'abord quand cela arrive, que se passe t'il, a quoi pensons-nous, Et quels sont les troubles qui apparaissent?

De suite bien que l'on soit dans l'urgence, on pense aux enfants, c'est la première priorité, ou sont ils, l'école ?, vont t 'ils bien, ensuite c'est le conjoint, peut-on le joindre? Les réseaux sont soit saturés, soit endommagés, ensuite vient l'inquiétude pour sa maison : comment est elle ? Dans quel état ? ou va-t-on coucher ce soir, ce sont les premières inquiétudes à l'état brut. Cela n'empêche pas du tout, en même temps de parer a l'urgence de mettre Les patients a l'abri, d'essayer de prévenir les siens, tout cela simultanément. Des que l'on va quitter les lieux de la catastrophe, le soir même, le Lendemain, on va s'occuper du lieu d'habitation, réparer si nécessaire, se mettre à l'abri. Le lendemain dans le cas de Toulouse, c'est un dimanche et là apparaissent des signes plus importants, on réagit en pensant a soi, les premiers troubles sont la pour nous le rappeler, le mal aux oreilles du au souffle de l'explosion, tympans fragilisés, puis les maux de tête, qui en découlent souvent, puis survient les difficultés a trouver le sommeil, ou mal dormir. Cela s'enchaîne sur les cauchemars qui apparaissent. Ensuite viennent d'autres trouble divers : mal au dos, angoisse liées au lieu de travail qui a disparu, que va-t-on devenir, ou va-t-on aller travailler ?

Nous en sommes là en ce moment, je n'oublie pas bien sur les blessures physiques qui elles ont étés soignées rapidement. voilà tous les troubles qui nous sont décrits en permanence, depuis le début et en suivant cette chronologie

La journée du 27
Beaucoup de monde encore a notre cellule, mais maintenant nous voyons Arriver des gens qui ont beaucoup travaillé a remettre en ordre, a organiser, et qui sont choques maintenant, quand ils arrivent a une certaine limite. Leur limite, c'est la fatigue de ces derniers jours. Le personnel qui était resté chez lui qui sort maintenant, Il nous téléphone. Nous les invitons a venir nous voir. Certains cadres ont vu la nécessite et l'urgence de nous envoyer des Personnels mais pas tous encore, cela est dommage! On s'attend encore a recevoir beaucoup de monde. Une petite compensation nous est offerte par tous les gens, par les personnes qui reviennent ; qui se sentent mieux d'une part et lui se sentent bien en notre compagnie, et viennent nous le prouver on n'en demandait pas tant, je pense que chacun fait son métier, et c'était normal que les personnels soient pris en charge rapidement.
Bonne journée a tous et a demain !

journée du vendredi 28

bonsoir a tous les messages de soutien ont étés affiches comme promis, continuez a nous en envoyer c'est apprécié! encore pendant une semaine, nous allons tenir cette cellule, cela va encore être très très long! beaucoup de monde comme a l'habitude des l'ouverture et aussi par téléphone pour ceux qui ne se sont encore déplaces. les services techniques sont d'un dévouement exemplaire a notre égard, toujours serviables et dévoues et encore plus qu'a leur habitude. des soins de blessures physiques a signaler plus important car il a fallu coudre des personnes des entreprises blessées très tôt ce matin ,chose que nous avions très peu fait jusqu'à ce jour, tout du moins de cette importance; est ce du a la fatigue, peut être nous ne savons pas ; prise en charge médico-psychologique toujours aussi importantes par nos fantastiques psy et psychologue, qui sont vraiment a la hauteur, nous le constatons auprès des gens qui sortent des entretiens.

nous remarquons aussi que de plus en plus des gens qui sont déjà venus reviennent, se trouvent a notre contact et surtout trouvent un lieu sécurisant disent ils, ou ils se sentent un peu dans leur environnement professionnel aussi peu être.

nous voyons aussi que le moindre prétexte, est de rester manger avec nous autour d'un modeste en cas vite fabriqué dans un coin de bureau, sur une table a l'écart, ou bien debout simplement, et c'est aussi le moyen de rompre "la glace et de s'exprimer par rapport a ce qu'ils ont vécu.
ce qui fait que nous avons peu de repos c'est vraiment une journée continue!
Jackie est venue nous saluer, cela nous a fait plaisir, l'infirmière de la médecine du travail a disparue, donc on note encore une défection dans nos rangs mais qui est vite comblée par des remplaçantes ; nous savons aussi qu'une de ces remplaçantes ne reviendra pas elle me l'a confie hier, mais il faut dire qu'elle avait été 'maltraitée "par un cadre soignant lors des événements ce qu'elle m'a confiée hier avant de nous quitter. il faut dire aussi que d'autre infirmières se sont plaintes de ce fait toujours au cours de cet événement, ce qui les a choqué encore plus que ce qu'elles avaient déjà subies! beaucoup se sont déjà organise de petites rencontres a l'extérieur, ce que nous leurs avions conseillées, afin de ne pas dessouder les liens des équipes, d'autres les envisagent rapidement, car dans les services, c'est un peu l'éclatement! nous avons aussi remarque lors des entretiens d'écoute, que certains subissait un traumatisme du fait d'avoir rompu les relations privilégiées avec leurs patients, et cela leur manquait et leur faisait un perdre leurs repères ,ce qui est important! nous faisons systématiquement remonter tous ces petits maux divers, en laissant le soin a des gens plus qualifies que nous régler ce problème ou ces problèmes; encore beaucoup d'arrêt maladie ce jour, pas beaucoup pour le moment de situation d'évitement, certains revenant malgré une oppression importante sur les lieux ou tout du moins de ce que nous avons constate, car bien sur il en manque a l'appel! et puis ceux qui ne veulent pas parler, voir personne ici, repartent en pleurant ou bien tout simplement, sont arrêtes ,chez eux et refusent toute prise en charge! quelques cadres commencent a venir se faire prendre en charge ,c'est normal aussi, ils ont donnes eux aussi ! et puis il y a ceux qui ont des rancœurs, qui en veulent a tout le monde, pas a nous bien sur, mais a tout le reste de la planète entière, ce qui fait que parfois nous ressentons a travers ceux ci de grandes colères contrôlées. bon il parait qu'il y a un ministre qui a envahi nos locaux exigus de cette mini cellule certains ont fait comme moi, ils sont partis avant, après une semaine très très très dure !,on verra lundi dans quel état il a laisse les lieux j'espère qu'ils seront propres tels que nous les avons laisses en partant! il manquerait plus qu'il faille nettoyer en arrivant lundi, car c'est aussi nous qui le faisons, et oui, pas de personnel!

bon week-end a tous on va se reposer, se ressourcer, et a lundi amitiés a tous et merci encore au non de tous pour vos messages de soutien chaleureux

Message de FRIDOM- Le 29/09/2001
Sujet : Merci Patrick !

Merci de te faire le reporter de ces journées et de ces nuits d'exception. Merci de nous retracer jour après jour les efforts de nos collègues pour s'adapter à une situation terrible. Merci de nous montrer comment ces instants d'effroi viennent percuter les mieux organisés d'entre nous. Merci de prendre sur ton repos, sur un repos bien mérité pour laisser quelques traces pour nous. Chacun de nous peut se saisir de l'expérience pour l'adapter à sa pratique, aux situations qu'il rencontre sur le terrain. Qu'il travaille dans une CUMP ou soit "simplement" confronté à des situations de violence extrême. Merci Patrick !
fridom

Message de Patrick de Toulouse
Sujet : Réponse

merci pour les remerciements, merci a tous aussi merci pour ceux qui se sont engagés aussi des le premier jour dans ma démarche, celle non seulement de faire que son travail mais en plus ce qui m'avait semble important c'était aussi a travers notre profession , d'avoir su être a la hauteur auprès de nos collègues qui étaient eux aussi dans la détresse, et qui continue de l'être. merci aussi a la médecins du travail, de nous avoir permis avec elle d'être la quand il fallait, auprès des autres ,et merci aussi pour son dévouement, car il faut savoir que je ne suis pas le seul embarque dans ce chantier, même si je fait un peu plus que les autres;

merci encore car nous n'attendions pas de merci, juste un peu de reconnaissance, et les témoignages de soutien et de remerciement que vous nous apportez tous sont d'un grand réconfort. la direction a été mise au courant il y a deux jours de ce point de ralliement Internet, ce qu'ils n'avaient pas eux su faire et que nous avons fait!

je continuerai dans la semaine bien sur le compte rendu permanent et journalier pour qu'aussi un trace reste de cet événement.
a bientôt et amitiés a tous

journée du premier octobre

journée du premier octobre ,CUMP de l'infirmerie de campagne Patrick de Toulouse
Bonsoir, Retour de week-end, et reprise de notre activité, des ce matin huit heures trente. enfin on peut dire week end, mais le sujet reste toujours le même, même a deux cent kilomètres de Toulouse, alors comment ca c'est passe? comment ca va ,et toujours le même sujet et encore et encore.

Heureusement on prends le temps de se ressourcer quand même. Je suis le premier a l'ouverture, et le téléphone commence a sonner très rapidement, demande de renseignements, demande de la médecin du travail, demande de démarches pour arrêt de travail, etc. cela commence dur!

Ensuite viennent les premiers membres du personnel, on remarque de suite que les douleurs aux oreilles sont de plus en plus importantes, gênantes handicapantes .

Puis les entretiens commencent nombreux, nous n'avons pas de psy ce matin, un peu gênant, car il commence a y avoir du monde. on nous promet une équipe qui revient de Nantes alors on commence a préparer pour du debriefing collectif, car nous voyons les demandes augmenter sérieusement. Ils doivent arriver a onze heure les copains de Nantes, ce sera prêt c'est sur une salle des chaises un bataillon d'A S H, ce sera prêt les ouvriers bougent des bureaux les chaises sont là c'est prêt!

Pendant ce temps nous avons une note d'information sur les problèmes de douleurs migraines, et surtout problèmes auditifs, qui va être démultipliée, diffusée, tiens la médecin du travail a bossé ce dimanche! On diffuse tout cela, on organise les premiers RDV pour le collectif les premières équipes a partir de quatorze heure ,ca a l'air de marcher.

Patatras, l'équipe de Nantes que nous attendions, a été envoyée ailleurs, sur une autre cellule, bon on se réorganise! deux psychos, sont la elles ne me semblent pas être en mesure de faire de la prise en charge globale, donc vite un café a chacune, la file d'attente commence a grandir, quelques explications sur les traumatismes adaptés a cette catastrophe, et on y va on leur fait commencer les prises en charge individuelles, dommage certaines personnes n'ont pas la patience elles s'en vont on ira voir le psy chez nous, tiens mon œil! et la file d'attente qui grandi enfin au bout d'un moment on commence a bien réguler, ca marche dommage pour le collectif donc on verra demain .et puis s'est toujours pareil, on fait évacuer ensuite on oriente pour continuer on offre le café, les gâteaux les boissons, on se sent bien chez nous nous dit on et puis cela fait patienter aussi.

L'administration se remet en marche semble t il aussi, on ne peut répondre a certaines inquiétudes, mais on constate toujours un fonctionnement peu adapté. dorénavant il faudra aller au fond de l'hôpital pour effectuer certaines démarches alors que toute la semaine dernière tout se faisait en même temps, au même endroit! les prises en charge de personnes traumatisées, semble bien augmenter, mais les infirmières tiennent, malgré Christine qui se promène un bon rhume Brigitte est un peu fatiguée, mais c'est surtout qu'elle reçoit des ordres pour aller a un poste et aussitôt après elle doit rester avec nous, c'est surtout cela qui la fatigue. bon il va être temps que je finisse la journée, depuis ce matin sept heures, car comme je vous l'avais dit le ministres est bien passé par là il y en avait encore des traces ce matin! on se dit à demain, merci à tous ceux qui nous soutiennent encore et a très bientôt, un peu de repos ne fera pas de mal.

journée du 2 octobre 2001

Bonjour à toutes et à tous,
Nouvelle journée bien remplie dans notre cellule, nous avons pu commencer du debriefing collectif, cela nous semblait important vu la demande de certains services très traumatisés.

Nous avons vu aussi ce jour des personnes qui commencent a sortir de chez eux soit poussés par les membres de leur famille, soit sur leur initiative, accompagnés parfois des membres de leur famille, et c'était le moment qu'ils viennent consulter, nous rencontrer, nous parler. Certains dans une situation de traumatisme grave, et chez qui la vie de famille commençait à être perturbée sérieusement. Parfois il se dévoile des choses qui jusque là étaient ignorées, par leur proches, mais qui ont ceci de bien de permettre de resserrer des liens familiaux .

Nous conseillons toujours de faire des rencontres à l'extérieur afin de resserrer des liens professionnels cassés, avec leurs collègues de travail, avec leurs équipes, ce qui est difficilement possible au sein de la structure hospitalière. Toujours une grande incertitude sur un avenir difficilement prévisible, du centre hospitalier, aucune information ,il y bien certains services qui fonctionnent par nécessité, administration, informatique, pharmacie, certains services techniques. Ce qui entraîne beaucoup de questions, pour les personnels, qui viennent nous rencontrer, surtout sur leur avenir professionnel en plus des problèmes familiaux, des problèmes de logement pour certains, et d'insécurité d'emploi dont nous avons entendu parler pour la première fois de la part de certaines catégories d'agents.

Tout cela rajoute une certaine angoisse en plus du choc psycho traumatique, qui au départ génère beaucoup d'angoisses .Les consultations individuelles sont aussi bien remplies, nous avions trois psy et psycho cet après midi prêts a recevoir tous ces agents.

Le programme du debriefing collectif se met en place progressivement, et pour certains les intervenants vont se déplacer sur le lieu même des structures a l'extérieur pour plus de facilité. Comme vous pouvez le voir nous sommes confrontés maintenant à des problèmes de plus en plus importants et graves, au niveau du traumatisme, ce qui risque d'entraîner une longue prise en charge de tous ces agents hospitaliers.

Nous avons appris que nous allons déménager dans d'autres locaux, en prévision d'une structure qui sera plus confortable au niveau du chauffage, dés la semaine prochaine. C'est une structure de soins, qui est en train d' être notablement mise en état pour nous accueillir.

Pour la petite histoire, au moment ou nous essayons de se poser entre midi et deux, pour nous alimenter !,moment ou certains agents qui sont la sont invités à se joindre à nous, nous avons eu une grande peur ! en effet une personne nous téléphone à ce moment là, pour nous informer que ce qui reste de l'usine d'en face va procéder à des essais de sirènes, et de ne pas nous inquiéter de ce fait!, grande peur, nous avons pensé aussitôt qu'un affolement général aller se produire, soit chez nous, mais aussi peut être dans la population, il aurait toujours quelqu'un qui n'aurait pas été informé c'est sur, quant à la population, tout restait à imaginer! nous n'avons pas entendu cette sirène, même en tendant bien les oreilles, heureusement, et tant mieux!

Encore la petite histoire :Brigitte nous quitte, et est mutée aux urgences psy qui sont dorénavant au C H régional. Un peu de tristesse, beaucoup de regrets, et merci à toi et à très bientôt, grosse bises et bon courage!, tu vas nous manquer .

Voilà pour cette dernière journée, encore merci pour les messages qui nous arrivent, qui sont affichés dés le lendemain dans notre cellule, et visibles par tous.

journée du 3 octobre 2001

Bonsoir à toutes et à tous,
Très dure journée encore ce jour, pas de médecin du travail pas de secrétaire, c'est mercredi jour consacré aux enfants. Donc de ce fait nous ne sommes que deux infirmier et infirmière à l'accueil et à l'écoute beaucoup de téléphone, comme la médecin n'est pas là, cela nous supprime des déplacements d'agents, mais ils reviendront demain. Et puis organisation des debriefing collectifs, mise en place de ceux-ci sur place ou sur site de proximité des équipes qui en fonction de la demande. Bien sur encore des agents qui se présentent en parallèle pour des entretiens individuels. Nous commençons à être rodés!

Mais plus ca va, plus les signes traumatiques se dévoilent plus importants, des décollements de tympan, des problèmes gastro-intestinaux importants, les douleurs aux oreilles accentuées, les angoissent qui montent de plus en plus, et toujours l'incertitude de savoir quel sort est réservé a l'hôpital aux agents, à l'avenir en général et en particulier pour certains. De nouveaux signes qui apparaissent beaucoup de consultations mais parfois il y a des réticences à voir un psy ou un psychologue, et là c'est à nous de jouer au plus fin afin de les orienter discrètement prenant des prétextes divers, souvent les problèmes somatiques nous aident beaucoup !

Parfois nous remarquons des agents qui sont à leurs postes, mais qui sont stressés angoissés, donc nous faisons le tour dans divers services techniques et autres afin de les repérer, et de les amener à consulter ,encore à nous de jouer finement aussi! Le téléphone sert aussi de lien de conseil et d'écoute, parfois certains font la démarche de se déplacer après nous avoir contactés, et surtout avouent que c'est difficile de revenir sur le site, mais ils s'y engagent sachant qu'ils ne vont pas être seuls à leur arrivée. Certains nous faisant confiance car ils nous connaissent ne voulant pas affronter une épreuve difficile, celle de revoir les lieux dans cet état parfois où ils sont intervenus auprès des blessés sur le poste médical avancé par exemple ou bien la vision de leurs collègues blessés.

Donc le traumatisme évolue avec des problèmes somatiques plus importants et un stress augmenté. Et puis on s'y attendait beaucoup commencent à se poser le problème de la réduction de salaire plus de primes de nuit, de dimanche, des frais supplémentaires pour se rendre sur les nouveaux lieux de soins(frais de transport, de parking, et autres),car ils sont disséminés dans la région. Certains se voient dans des situations difficiles, dans un avenir proche et commencent à s'inquiéter sérieusement. Pas de petite histoire ce jour, mais peut être demain!
Merci à tous pour le soutien!

journée du 4 octobre 2001

De pire en pire, cet ainsi que je pourrais commencer cette journée, de plus en plus d'angoisses, de questions sur l'avenir et le devenir, toujours sans réponses et toujours des agents qui viennent dans la détresse déposer leurs arrêts de travail, ainsi que leurs angoisses auprès de nos psy, psychologue, et médecin du travail. Nous avons toujours les problèmes somatiques qui subsistent, surtout au niveau des oreilles et semble-t-il qui s'aggravent maintenant pour certains.

Le téléphone fonctionne à fond aussi, depuis le domicile souvent, avec des difficultés à venir nous rencontrer, toutes les excuses étant utilisées. A notre niveau, la médecin du travail nous demande régulièrement si nous allons bien, si nous ne sommes fatigués,. Réponse positive de notre part, sachant que nous nous sommes engagés, nous espérons aller jusqu'au bout, sans être obligé de capituler à cause de la fatigue par exemple ou d'une surcharge d'entretiens et d'écoute!

Nous avions repéré hier un peu dans la nature quelques agents perdus ou oubliés et ils ont étés pris en main rapidement. On nous a offert une cafetière, le bruit ayant couru dans l'hôpital que le service à qui elle appartenait et que nous utilisions allait être rendue à ses propriétaires. Spontanément une cafetière moderne ajustable à toute sorte de cafés (légers ou expresso) nous a été offerte merci pour le cadeau! Et en même temps la psy d'avant hier nous avait demander de bien vouloir offrir du café décaféiné dans l' après midi, cela est bien tombé.

Ce qui ressort grandement c'est la détresse des agents qui se sentent abandonnés qui travaillent dans des conditions inacceptables loin beaucoup d'heures de trajet, beaucoup de fatigue et ceux qui se retrouvent dans des endroits confinés style CMP ou autre nombreux un peu désœuvrés nous disent' ils aussi et toujours sous des ordres et contre ordres permanent ! Devant cette grande détresse ces angoisses, ces incertitudes, ces attentes d'informations sur leur avenir, leur devenir les conditions de travail, une psychologue a violemment réagi cet après-midi et est aller informer sur le champ le directeur de l'état de son personnel actuellement, tous services confondus! Beaucoup de debriefing collectifs mis en place ce jour, beaucoup d'autres demandes confirme cette situation anormale !

Je ne peux dire actuellement combien d'agents sont arrêtes en maladie ou en accident de travail, cela ne relève pas de ma compétence, mais je peux dire que c'est un nombre qui grandi tous les jours!

La petite histoire du jour, nous sommes reconnus par tous les personnels quand nous nous déplaçons dans cet hôpital et nous constatons que cette communication qui manquait tant jusque là entre divers services s'est faite naturellement spontanément à cause de cet accident. Nous sommes aussi choyés par tous les services ,toujours prêts à rendre service ,a accéder a nos demandes ce doit être une sorte de reconnaissance par rapport a notre travail, c'est ce que nous pensons en tout cas. On nous confirme que dans des services même certains se sont regroupés plus que d'habitude et mieux qu'avant,(autour des repas pris ensemble par exemple) alors qu'avant ce n'était pas le cas et les gens se sentent solidaires les uns des autres encore plus;
Encore une journée de passée. Demain on recommence !
Merci à l'équipe de Laragne. Une personne m'a fait passer l'information de votre proposition cet après-midi, que j'ai bien entendue !
Merci à tous les autres aussi !

journée du 5 octobre 2001

Très rude journée, entre les debriefing collectifs et individuels, on est surboocké en permanence, notre mini cellule se porte comme un charme, elle s'active de très bonne heure le matin dès 8h 30,et souvent ne s'arrête qu'à 18h le soir! Donc cela permet de faire un accueil très nombreux de médecins, directeurs, agents divers. Les motifs sont variés, le mal aux oreilles s'aggravent pour certains, les angoisses augmentent pour les autres, même pour beaucoup je dirais ! Nous avons toujours connaissance de gens qui sont enfermés chez eux et qui ne veulent pas venir sur le site ni dans les réunions de debriefing collectifs. On ne sait ce qu'ils vont devenir !

Nous savons que les personnels se mobilisent suite à une réunion du directeur, et entre en action dés lundi pour défendre leur outil de travail mais au delà de cela, je ne suis pas en mesure d'en dire plus. Je laisse le soin à chacun de tenir son rôle. Le mien est à la CUMP. Nous devons ici remercier les équipes nombreuses qui viennent en permanence nous aider. Ce jour ils venaient de Thuir dans les Pyrénées-Orientales. Hier, ils venait de Lyon. D'autre viennent des départements proches. Une grande mobilisation est mise en marche du côté des psychiatres, psychologues et infirmiers d'autres CUMP. Nous les en remercions humblement pour leur dévouement et leur aide. La semaine est finie. On prends un repos mérité et nécessaire afin de pouvoir continuer notre tache, nous vous souhaitons un bon week-end et à lundi

semaine 8 au 13 octobre 2001 CUMP Marchant

Bonjour à toutes et à tous,
Comment pourrait on commencer cette semaine, sachant que deux manifestations sont prévues durant celle-ci, sans en parler Effectivement le premier jour a été d'un grand calme dans notre cellule par rapport aux grandes journées passées. Mais par contre obligation de rester sur place car il y a toujours une activité importante mais nous avons un contact permanent depuis le centre de la manifestation qui nous informe de ce qui se passe. Je tairais ici qui sont nos correspondants mais il est nécessaire de savoir pour diverses raisons utiles ce qui se passe là-bas. Ainsi nous pouvons comme ce dernier jour qu'il faut augmenter le nombre de nos consultants pour le début de la semaine prochaine et la stop, on verra pourquoi plus tard !

Notre organisation à la cellule est bien faite et pour la troisième semaine, je commence à être rodé ! Puis les agents bien sur toujours nombreux à venir consulter ceux qui étaient fermés chez eux ceux qui ont entendu dire qu'il fallait venir enfin bref tous ceux qui en ont besoin. Nous avons vu aussi en debriefing collectif de nombreux intervenants extérieurs qui sont venus soulager les équipes des CUMP et qui nous ont rendu bien des services, qu'ils en soient remerciés. Notre activité se réduit un peu à l'individuel, car depuis cette semaine on a beaucoup organisé de collectifs sur place ou bien sur les lieux de travail des agents soignants. Cette activité est re-programmée pour la semaine prochaine encore beaucoup n'y étant pas encore passé. Donc on prolonge une semaine de plus, déjà nous prenons sur RDV pour les individuels qui vont durer pendant trois mois. Quant aux signes du stress dépassé il reste pour certains des aggravations au niveau physique concernant les oreilles quand au autres c'est bien sur les angoisses qui gagnent dues aux conditions de travail et surtout pour l'avenir et le devenir. De plus nouvelle manifestation aujourd'hui assez importante participation très forte de tous les personnels qui sont très déterminés à voir une réponse quelle qu'elle soit pour l'avenir de la psychiatrie pour de meilleures conditions de travail, pour réduire les angoisses. La semaine qui s'annonce semble pouvoir nous permettre de constater maintenant un signe d'épuisement des personnels du au fait des conditions de travail, de l'éloignement, à l'éclatement des familles, etc.. Nous avons étés averti par certains agents que dans les lieux d'accueils, en certains endroits en tout cas, les relations commençaient à très tendues pour diverses raisons matérielles, conditions d'accueil, conditions de travail des personnels soignants et de ce fait certains agents commencent à se sentir peu à l'aise et viennent consulter. N'oublions pas les autres services dont les agents sont aussi fatigués, épuisés et qui viennent consulter à la cellule. pour ces raisons qui augmentent les angoisses. Pour ceux qui me posait la question de savoir si j'avais pris du repos et bien c'est non !,il y a toujours une grande activité et en plus depuis cette semaine nous avons perdu Christine pour raisons personnelles et familiales, donc Patrick est le dernier rescapé et je dois tenir encore une semaine !

La petite histoire du jour : C'est quand même la meilleure, pendant que je faisais ce rapport, le standard me demande de venir, le général Croq est là ! Visite surprise, étonnement de notre travail, de notre initiative, remerciements et congratulations, enfin la totale !
Ouf la semaine se termine bien! merci et à bientôt.
Patrick de Toulouse

Semaine du 15 au 19 octobre 2001

Une semaine très chargée encore et surtout la dernière puisque la CUMP s'arrête donc ce vendredi soir. La continuité se fera a travers des rdv que nous avons enregistré pendant cette semaine. Certains agents sentent le besoin encore de venir consulter, à titre individuel pour des troubles divers aussi bien somatiques que liés aux conditions de travail. La base des troubles est différente en ce sens que les agents sont maintenant épuisés, fatigués et ne tiennent plus debout pour certains qu'il a fallu ramener chez eux. Néanmoins, des angoisses subsistent, elles sont liés à des conditions de travail difficile pour la plupart et aussi un avenir qui semble mal défini. Beaucoup d'activité pour ma part au téléphone à l'accueil : renseignements divers, orientation vers les psychologues, démarches diverses(médecine du travail, démarches administratives). Une prise en charge difficile pour certains qui ont peur de se retrouver avec un psychologue ou un psychiatre. D'autres, par contre, le demandent. Rendez-vous est pris pour ceux là. Impossible de mettre en place du collectif, car depuis une semaine, c'est une manifestions permanente des personnels jour et nuit parfois. A signaler que depuis cette semaine je suis seul pour ces orientations et prises en charge, mais cela était suffisant, même si c était fatiguant aussi.

L'histoire ne va pas s'arrêter là. " J'ai pris un mois de CUMP ", beaucoup de pratique, de travail de terrain, peut être que je vais continuer dans le cadre de la médecine du travail, peut être que non. Cela ne dépend pas de moi. On verra la semaine prochaine. Je dois remercier l'équipe de serpsy pour leur accueil tous ceux qui nous ont envoyé des messages de soutien, une publication est en cours ,il était prévu auparavant que je fasse de la formation, c'est confirmé,(pour les stagiaires des ifsi) sur le rôle infirmier dans les CUMP. Donc beaucoup de travail encore et puis comme tout le monde assurer l'avenir de la prise en charge des patients psy en Haute-Garonne va être un long parcours !

Merci encore à tous et à très bientôt. Un projet préparé depuis longtemps va voir le jour rapidement, juste le temps de le peaufiner et vous serez à serpsy les premiers au courant C'est promis ! Patrick de Toulouse


Message de christine- Le 20/10/2001
Sujet : derniere semaine de CUMP marchant

Que veut dire CUMP ?
Merci

Message de Patrick de Toulouse - Le 21/10/2001
Sujet : Renseignement

Les CUMP sont les cellules d'urgences médico-psychologiques mises en place lors du plan rouge dans le cas de catastrophes collectives ou accident collectifs, donc cela a été le cas à Toulouse. Elles sont mises en place sur demande du préfet ou du régulateur des SAMU, qui le demande au préfet. Elles ont pour but de faire la prise en charge médico-psychologique des victimes, des impliqués, et aussi des sauveteurs. Il en existe aussi pour les personnes qui travaillent en humanitaire, dans le mode entier qui nous contactent par internet pour la prise en charge, et j'ai posé ma candidature dans ce cadre depuis quelques temps sur un site suisse qui gère tout cela. Dans le cadre de Toulouse, sur mon initiative, j'en ai mis un en place pour la prise en charge des personnels de mon établissement. Les conditions sont de ne pas être impliqué soit même, première des choses, si on a été choqué et traumatisé comme les autres, on ne pourrait pas le faire et être formé au débriefing.

Il en existe dans tous les départements français. Renseignements auprès des régulateurs des SAMU. La base d'un équipe est un psychiatre, un psychologue, un infirmier ou infirmière psy, et ensuite cela évolue suivant le besoin des uns ou des autres, suivant l'importance de l'incident. A Toulouse plus de trente cellules ont été installées pendant deux à trois semaines, un peu partout en ville, dans les camionnettes du SAM ou dans les lieux publics (mairies, hôpitaux etc.)

Message de patrick de toulouse
Sujet : informations complémentaires

Petite mise au point suivant les questions qui me sont posées, suite à la mise place de la CUMP du personnel au ch marchant.
les CUMP
: 1- Déclenchées par le maire de Toulouse. Encore une chance que ce soit un médecin ! autrement qui aurait pu le faire. Peut être un maire non médecin?

2 - Ou étaient les membres de la CUMP 31? Comme beaucoup de gens, victimes de la catastrophe, puisque l'hôpital est en face de l'usine qui a explosé, donc inaptes pour la plupart !

3 - Le responsable des CUMP inter régions n'était pas là. Deux médecins membres de la CUMP étaient absents eux aussi !

4 - Le lendemain matin, le médecin responsable inter régions a participé en permanence à la mise en place de plus de trente CUMP et à leur coordinations pendant trois semaines.

5 - Il y avait bien une équipe complète qui était gérée depuis la régulation (SAMU et CUMP) au C H R

6 - Pour nous comme pour les autres nous faisions notre gestion et nos demandes d'intervenants tous les jours par fax auprès de ce point de régulation

7 - La collaboration avec la médecin du travail est exemplaire et à signaler que cette personne faisait déjà partie de mon groupe de recherche sur les CUMP auparavant (option mise en place de protocoles),mais n'était pas formée au fonctionnement de CUMP ni au debriefing.

8 - Une publication ou communiqué commun est en cours déjà nos deux rapports d'activité sont reliés et joints à la direction de notre C H.

9 - Il reste trois points d'accueil sur Toulouse officiels pour la population, et bien sur toutes les unités psy intégrées sur le terrain (cmp ,cattp ,h de jours centre divers ). Il est vrai que toutes ces questions sont passées après nos préoccupations premières de l'urgence et je n'ai que peu détaillé ces fonctionnements, mais là aussi grand terrain d'expérience et de mise en pratique unique du fait que les membres de la CUMP habituels était pris dans la catastrophe, ce qui est exceptionnel !

Donc mes excuses pour ces petits oublis importants pour ceux qui cherchent à comprendre, mais il est sur que tout a bien fonctionné très rapidement sans défaillance vu le nombre de volontaires pro qui sont venus rejoindre la CUMP depuis le départ.


Patrick De TOULOUSE



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