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21 SEPTEMBRE 2001 / 21 FEVRIER 2002

Depuis 5 mois ,suite à l’explosion d’AZF le 21 Septembre,l’hopital Marchant est deserté par les patients et par le personnel soignant . L’hôpital comptait 370 lits. Seuls, les services administratifs et le personnel technique, demeurent sur le site dans des conditions d’existence très précaires .

Les patients en crise sont déportés dans les hôpitaux des départements voisins : Lannemezan, Bézier, Montpellier, Bordeaux . Leurs possibilités d’acceuil se réduisent, et .leur bonne volonté à prendre en charge des patients Toulousains et à se substituer à Marchant : s’emousse.

Le SIAP installé au CHU Purpan depuis l’explosion d’AZF dans du «provisoire durable»ne permet plus d’absorber la demande de l’usager toulousain . L’urgence psychiatrique n’est plus assurée à Toulouse. Le SIAP possède 4 lits. La vétusté des locaux , son inadaptation à l’activité du soin psychiatrique d’urgence, induisent des conditions de travail inacceptables pour le personnel qui y travaille et « l’usager » qu’il reçoit. Les dysfonctionnements sont nombreux et graves pour tout le service public de la santé du département.

Le ministére, l’ ARH, les directions respectives de nos hôpitaux (CHS, CHU) s’en soucient-ils ? Ils sont la « grande muette » de cette histoire. Liés à notre impossiblité à absorber la demande d’urgence psy, le SAM du CHU Purpan est submergé par des lits psychiatriques et ne peuvent plus répondre à leurs propres urgences médicales.

L’existence des poches sont maintenues en Haute Pyrénées, en Ariége, dans l’Aude, dans le Tarn, ainsi que l’hébergement MAS à Saint-Lys dans une poche pseudo Algeco.
Jusqu’a quand?


Nos conditions de travail sont difficiles car précaires. Notre statut dans les poches reste inchangé. Nous sommes des collaborateurs occasionels prêtés à titre gratuit…
L’on nous demande de nous adapter ici. L’on nous déporte là, à l’endroit où l’on déporte des patients !

En l’absence d’hôpital le quotidien et la vie des soignants dépendent intimement du lot de misére que l’on fait subir aux patients actuellement.
Voici des infirmiers en voie de paupérisation, là où les patients qu’ils prennent en charge le sont déjà depuis bien longtemps. Infirmiers, patients représentent les deux faces d’une seule et même piéce. Pas assez « rentables » pour le privé, pas assez « potables » pour la psychiatrie rattachée à l’hôpital universitaire. Un bémol toutefois, le CHU ne serait pas mécontent de récupérer le personnel infirmier de Marchant.

Sans la moindre résistance, nous acceptons. Sans le moindre débat, nous subissons. Sans les moindres ébats de colére, nous nous écrasons. .

Est-ce la bombe que nous avons reçu sur la tête, qui a ainsi figer nos idées ?
Sommes nous encore en état de sidération ? Ou bien ,devrions nous en conclure que même sous l’effet d’une énorme bombe (qui a litteralement explosé notre outil de travail) l’immobilisme persévère.

Sur l’hôpital depuis peu on réhabilite quelques pavillons. Cela permettra de rapatrier les poches. Celà ne signifie en rien que l’hôpital Marchant pourra réinstaller des lits sur le site ; car voudrais-je rappeler à mes chers collegues infirmiers, techniques, aux administratifs, aux médecins et à l’intersyndicale, que l’existence même de Marchant est intimement liée à la fermeture ou non du pôle chimique (par simple redéfinition des périmétres SEVESO aprés l’explosion d’AZF).
Comment continuer à défendre l’existence de lits sur l’hôpital Marchant sans jamais remettre en question l’existence du pôle chimique Toulousain (notre premier voisin) ? Seule une route nous sépare,et les tuyauteries de gaz toxiques nous relient . On parle d’expropriation, de délocalisation, pour de nombreuses entreprises. Seul l’hôpital Marchant ne se sent pas concerné alors que nous sommes à côté des stocks de phosgéne, d’ammoniac, de chlore ….
450 entreprises sont menacées celà représente 10 000 emplois environ.
Aurions-nous oublié que la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons est intimement liée au drame survenu le 21 Septembre 2001 à 10h17. Il faisait beau…
Le reste est pour certains d’entre nous, enfoui à jamais dans nos mémoires. Notre enfer, on le porte en nous : dans nos têtes, dans nos tripes. Il accompagne nos jours et hante encore nos nuits. Je fais partie de ces sinistrés là. L’imminence de la réouverture partielle de la SNPE, fait resurgir dans nos têtes et dans nos foyers nos angoisses de mort. LE combat pour la fermeture du site chimique s’impose de fait, comme il s’impose d’ailleurs pour le collectif Plus Jamais Ca, et pour les 30 000 sinistrés rive gauche regroupés en association.
Pour l’hôpital je me pose bien des questions sur nos agissements ou plutôt nos « non agissements ». L’ostracisme dans lequel la société nous à relégué depuis toujours, ne nous a-t-il pas enfermé dans une vision du monde un peu étriquée.
«Un monde replié sur lui même ».
Un monde qui commence ou qui s’arrête à la porte de l’asile.
Est-ce à l’asile à dessiner les contours de la psychiatrie, ou bien à la psychiatrie de définir les limites de l’asile ?
Notre désespoir à Marchant, vient du fait que cet hôpital n’avait pas de projet institutionnel avant l’explosion. Le département de la Haute-Garonne est singulier par rapport aux autres départements Français.
70% de la psychiatrie est détenue par le privé, 30% par le secteur public. Le retentissement sur la politique en santé mentale dans le département est désastreux.
A défaut d’un projet d’hôpital
A défaut d’une politique intersectorielle bien définie avant l’explosion du 21 ; il est bien difficile aujourd’hui pour les médecins du CHS de se soumettre à la concertation et de parvenir à s’entendre sur la question : de l’hôpital qu’ils souhaitent. Dans beaucoup de services la concertation avec le personnel est inexistant. Les clivages entre CHU et CHS sont désespérants. Les enjeux se limitent à des enjeux de petits pouvoirs interpersonnels.

Certains voudraient voir se reconstruire un hôpital à l’identique, là où il a été détruit de manière fortuite (par des évenements exterieurs à l’hôpital).
La guerre entre les « hospitalo-centristes » et les « pas d’hôpital du tout » ne laisse que peu de place au débat.

Le bilan est morose et l’avenir noir !

Si l’on ne se resaisit pas vite et très vite !
Le pôle chimique decidera du sort de l’institution Marchant.
L’ARH et le ministère decideront du sort du personnel. Quant à la politique de santé mentale sur la Haute-Garonne qui doit se mettre en place : qui celà interesse-t-il ?
Question à la Hercule Poirot : à qui profitera le crime ?

Bien cordialement

Martine Abadie
Infirmiére CMP
Rue Lejeune secteur 5
CHS Gérard Marchant Toulouse


Pour qui veut se brancher sur le site de « plus jamais çà »
www.truc.abri.org/forum pjc/index- htm
Grande Manif le 23 Mars pour la fermeture du pôle chimique 14h30 Place du Capitole.