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stephanie lacruz - 2008

Qu’est-ce que la psychologie du Travail ?

 

 

La psychologie du travail est un terme générique tout comme la psychologie, qui recouvre plusieurs courants. Celle que je vais tenter de définir ici est issue des courants psychodynamique et clinique de l’activité tels qu’ils sont élaborés, exercés et retravaillés au Conservatoire Nationale des Arts et Métiers de Paris[1]

 

Je vais donc me risquer à faire une métaphore qui ne sera pas anodine pour des personnels soignants ! Imaginons un gigantesque Psychisme peuplé de différentes instances psychiques qui oeuvrent toutes vers une visée commune : la réalisation d’une « œuvre ». Disons que le gigantesque psychisme représente le collectif de travail et les instances psychiques, le personnel, ici de soin en l’occurrence.

 

Au sein du collectif sont établies des règles de métiers, des règles de l’art, des astuces que l’on se partage pour mieux réaliser la tâche. Symboliquement, les professionnels se reconnaissent entre eux, sur chaque spécificité, savoir faire. Une organisation se met en place, souvent sous forme de coopération afin d’établir un équilibre, un fonctionnement prenant en compte toutes les variables. Ce système semble avoir ce qu’il lui est nécessaire pour fonctionner mais dire cela, reviendrait à oublier le réel. Le réel impose, on le sait, des injonctions inattendues qui provoquent des conflits de travail. Face à de nouvelles directives, de nouveaux protocoles, de nouvelles organisations imposées, les acteurs se mobilisent pour trouver le meilleur fonctionnement qui soit pour maintenir l’équilibre et poursuivre la réalisation des objectifs tout en respectant les règles de métier.

 

Cette recherche d’un fonctionnement adéquat est nécessaire, non seulement pour le groupe, mais aussi pour chaque individu, qui trouve dans le travail une possibilité de réalisation de soi, de plaisir et de reconnaissance.

 

En cas de difficulté, voir d’échec à remanier une organisation, il serait trop facile de penser que le gigantesque psychisme est rigide ou encore, que l’échec proviendrait du seul fait d’un individus que l’on stigmatiserait et qui n’aurait plus sa place dans le collectif. Cela reviendrait à culpabiliser un chômeur d’être sans emploi en pleine crise de licenciement économiques !

 

La psychodynamique du travail intervient sur les collectifs de travail, afin que les difficultés, les souffrances professionnelles soient débattues ensemble, que le savoir faire se partage et trouve des consensus autour des problématiques. Ce courant de la psychologie du travail postule que le travail est central dans la santé psychique des individus. En effet, quand bien même on souhaiterait au fond de nous même passer plus de temps auprès de nos enfants, à développer des activités hors travail, on ne peut pas nier que nous passons plus de temps à travailler qu’à autre chose.

Mais il postule aussi que le travail est collectif et que les difficultés de chacun doivent être examinées au regard de l’organisation du travail du collectif et de l’organisation du travail de la structure : Rapports hiérarchiques, directions organisationnelles…

 

 

 

 

 J’entends déjà certains d’entre vous craindre que le collectif peut aussi soulever des revendications, que ça peut faire peur, créer une révolution ! Aucune intervention en psychodynamique du travail, à ce jour ne s’est soldée sur de tels résultats. Au contraire, une entreprise performante est une entreprise qui prend soin de la santé psychique de ses salariés et cela, les directions commencent à en tenir compte.

J’entends aussi d’autres objections telles que « le personnel de l’encadrement est déjà chargé de travailler les questions de régulation d’équipe !». La différence avec une intervention de psychologues du travail est cependant très différente. N’appartenant pas à l’institution, les psychologues posent des questions naïves, soulèvent des contradictions que ne relèveraient peut être pas les cadres qui sont eux même aux prises avec l’organisation du travail. Enfin, les psychologues du travail respectent l’anonymat des personnels afin de favoriser la libre circulation de la parole. Un rapport rédigé en fin d’intervention est lu aux personnels et validé par eux avant sa diffusion auprès de la direction.

 

Il nous reste à aborder la clinique de l’activité. L’intérêt de cette dernière approche est de permettre de ne pas rester dans « le tout psychologique » et de prendre en compte les difficultés techniques du travail. Comprendre qu’une lombalgie n’est pas liée à la somatisation d’un « ras le bol » mais plutôt à un besoin de formation aux techniques de soins supplémentaires permet d’éviter les dérives. Cette approche met plutôt en lumière les savoirs faire, les astuces. Les professionnels participent à l’élaboration et la réflexion sur les changements organisationnels avec l’aide des intervenants. Il s’agit de mettre en place des échanges professionnels pour comprendre et de ce fait, transformer la situation de travail qui pose problème. Les professionnels participent à la recherche de solution permettant une coopération pour transformer les contraintes inhérentes au travail.

 

Quoi qu’il en soit, les interventions des psychologues du travail se font sur le temps de travail et auprès de personnels volontaires. Se situer au cœur du travail est le seul gage pour des échanges, des réflexions et des professionnels concernés.

 

Pour toutes questions supplémentaires vous pouvez nous contacter sur paris.psy@gmail.com et vous reporter à la bibliographie jointe. Elle n’est pas exhaustive, mais c’est déjà une approche.

 

 

 

Travail et pouvoir d’agir ; Yves Clot – Paris : ed. PUF, 2008 – Coll. Le travail Humain

Le travail Humain ; Yves Clot – Paris : ed. PUF, 1999 – Coll. le travail Humain

La fonction psychologique du travail ; Yves Clot – Paris : ed. PUF, 1999 – Coll. Le travail Humain

Conjurer la violence ; Christophe Dejours – Paris : Ed Payot, 2008

Travail Usure Mentale ; Christophe Dejours – Paris : Ed Bayard, 2000

Souffrance en France ; Christophe Dejours – Paris : Ed Seuil, 1998

Cliniques du travail ; Dominique Lhuilier – Paris : ed. Erès, 2007

 

 

 



[1] Laboratoire des professeurs et chercheurs C. Dejours § Yves Clot