« … Tu m’appartiens … »
Sur
une plaque de marbre, à l’entrée de l’hôpital de Reims, est gravée une phrase
de Pasteur : « Je ne te demande
pas ton pays, ta religion. Tu souffres, cela suffit. Tu m’appartiens, je te
soulagerai. » Il existe plusieurs versions de cette phrase, dont celle
proposée dans l’argumentaire de cette journée, trouvée sur un site camerounais
dédié à la lutte contre le sida. Au malheureux, sauf dans la France
contemporaine, on ne demande ni sa religion, ni son pays. Il nous suffit qu’il
souffre pour avoir le devoir de le soulager, qu’il ait ou non ses papiers,
qu’il soit ou non un malade mental soigné à l’hôpital général pour des raisons
somatiques.
Le
Comité International de
La
transformation du « Tu m’appartiens » en « Il m’appartient
de », à laquelle il est procédé, est tout à fait passionnante, comme si
aujourd’hui la médecine ne pouvait plus assumer la phrase de Pasteur sur
laquelle elle s’est pourtant édifiée.
Il
est vrai que les critiques pleuvent et toutes n’émanent pas du seul Michel Foucault.
Les altermondialistes, notent que la
phrase de Pasteur renvoie à une philosophie assez peu compatible avec celle
d’Hippocrate. « Traditionnellement,
écrivent-ils, le but de toute médecine
est d’aider les hommes à trouver leur autonomie afin de ne pas tomber malades
et de les soigner dans le respect de leur propre culture et croyances. »
Les membres du collectif « Malgré nous » sont encore plus
féroces : « au nom d’un supposé
savoir sur l’avenir, une élite justifie et légitime le pouvoir qu’elle exerce
sur le peuple. Ce dernier encore ignorant, doit obéir et se soumettre. »
Cette
phrase de Pasteur illustre ainsi le discours de la médecine face au patient. Il
souffre (jusque dans l’étymologie), donc il appartient au médecin et à
Dans
mon musée imaginaire, la phrase de Pasteur trône à côté de la statue d’Esquirol
qui magnifie la cour d’honneur de Charenton. On y voit le grand savant écrire
on ne sait quoi à la plume, une observation, un diagnostic sûrement. A ses
pieds un enfant libéré de ses chaînes. Pinel et Esquirol précèdent Pasteur.
D’une certaine façon l’aliéné appartient au médecin aliéniste qui va lui faire
recouvrer la raison grâce au traitement moral et au gouvernement de l’asile. Un
despote bienveillant pour ramener ces malheureux à
Une relation d’appartenance ?
J’en
étais là de mes réflexions lorsque ce mercredi après-midi, les patients qui
participent au Laboratoire de recherche et d’échange sur les maladies des
boyaux de la tête m’offrirent un bien étrange et bienvenu saut de côté. Ce
groupe a l’allure d’un groupe psycho-éducatif mais la grille de lecture des
soignants est empreinte de psychanalyse. Dans ce cadre, nous travaillons sur un
module qui traite de la théorie de la communication, Shannon est notre guide.
L’idée directrice est de déplier le schéma de Shannon afin que les patients
aient des outils nouveaux pour penser
-
Pas
du tout, répond Raymond, un référent ce n’est pas ça.
-
C’est
quoi un référent Raymond ? »
Je
m’attends à ce que Raymond revienne à la théorie de la communication et
explique à Pierre les notions de référent textuels et situationnels. Pas du tout.
Raymond suit l’idée de Pierre et parle de son ancienne infirmière référente.
-
Avec
l’infirmier référent, c’est une relation d’appartenance.
-
Vous
voulez dire que l’infirmier référent vous appartient ou que vous appartenez à
votre infirmier référent.
-
D’une
certaine façon oui. C’est ça. Il m’appartient. »
Jean-François,
dont je suis également référent n’est pas d’accord. Un infirmier référent pour
lui c’est un lien. Jacqueline trouve qu’un lien c’est trop fort. Ca attache.
Pierre dit qu’il est attaché à son infirmier référent mais qu’à l’hôpital
psychiatrique il se sent enchaîné. Jacqueline précise sa pensée, un infirmier
référent, c’est un lien psychologique. Raymond concède que c’est au sens figuré
que l’infirmier référent lui appartient.
Revenons
à Pasteur et à sa fameuse phrase. Elle nous parle bien de la relation
soignant-soigné, y compris en psychiatrie. Si je considère que le patient
m’appartient, je décide pour lui. Je le mets en chambre d’isolement, je
l’attache aussi longtemps qu’il a des troubles du comportement. Je n’ai aucune
raison de négocier quoi que ce soit avec lui. C’est à prendre ou t’es
piqué.
Médecin ou savant ?
Pasteur
n’était pas médecin. Il est plus que discutable d’en faire le parangon d’une
médecine de despote plus ou moins éclairé. Cette phrase arrangée, modifiée
n’est jamais contextualisée. Les références précises n’en sont jamais données.
Il est permis de faire l’hypothèse qu’elle fonctionne comme un mythe. Nous nous
proposons de la recontextualiser afin de voir ce qu’elle peut nous apprendre
sur la relation soignant-soigné. Elle est extraite d’un discours prononcé le 8
juin 1886 à l’inauguration de l’asile maternel de la société philanthropique,
quasiment un an après la première vaccination antirabique.
Lorsque
Pasteur s’intéresse à la rage, il n’a aucune expérience, et pour cause, de la
relation soignant-soigné. Si l’on en croit Janine Trotereau, auteur d’une
biographie de Pasteur à laquelle je me réfèrerai tout au long de cette
présentation, Pasteur s’intéresse à la rage, parce « ne s’étant jusque-là penché que sur des infections touchant l’animal,
la rage lui donne l’occasion de passer de l’animal à l’homme sans être obligé
de s’en référer au corps médical jaloux de ses prérogatives en matière de
biologie humaine. Ici, il s’agit d’une maladie qui se transmet de l’un à
l’autre. La recherche est donc d’abord vétérinaire. » (1)
Le
corps médical a longtemps refusé de croire à un facteur infectieux dans le
développement de
Nous
n’allons pas retracer les différentes étapes qui jalonnent les travaux de
Pasteur et de son équipe, nous nous intéresserons uniquement aux deux premières
séries de vaccinations et à leurs conséquences relationnelles avec l’idée de montrer
que Pasteur ne s’est pas limité à de simples injections pratiquées par le
médecin de son équipe, qu’il s’est passé quelque chose de relationnel entre
Pasteur et Joseph Meister d’un côté et Pasteur et Jean-Baptiste Jupille de
l’autre.
L’histoire
de la première vaccination antirabique est l’histoire d’un passage à l’acte.
Pasteur n’a aucune légitimité pour passer de l’expérimentation animale à
l’expérimentation humaine. La plupart des médecins de son époque y sont
opposés, à commencer par son collaborateur, Emile Roux, qui est directement à
l’origine de la vaccination pasteurienne. Pasteur ainsi que l’écrit bien plus
tard, en 1934, Charles Nicolle, lui-même médecin, spécialiste de maladies
infectieuses et chercheur, Pasteur donc « a injecté sa préparation de virus rabique vivant à des personnes qui
avaient été mordues par des chiens, et dont il ignorait si elles avaient été
contaminées ; si j’avais été à sa place, je ne l’aurais pas fait ; j’aurais été
arrêté par « l’effroyable pensée d’une rage d’origine expérimentale » (1).
La différence entre la conduite du chercheur pur et celle du chercheur médecin
est très petite. Ils veulent tous les deux trouver un remède à une maladie. Le
chercheur absorbé par son hypothèse de recherche fonce et ne voit rien d’autre
; il ne perçoit plus le contexte. Le médecin contextualise son geste et juge
que, tout intéressante que soit l’expérience, il doit suspendre. Charles
Nicolle ne dit pas qu’il faut faire ainsi. Il suggère que, chez les médecins,
le savant risque moins de l’emporter sur l’humain. « Aux expérimentateurs, je
demande d’être humains », conclut-il.
Lorsque
Pasteur énonce la petite phrase qui nous occupe, ce n’est pas un médecin qui
parle mais le chercheur, celui chez qui Nicolle dit que « la conscience du
savant étouffait la conscience de l’homme. » Pasteur écrit ainsi à
l’empereur du Brésil Dom Pedro II pour lui proposer de tester le vaccin sur des
condamnés à mort graciés pour l’occasion.
Pasteur n’en refuse pas moins une première fois d’administrer le vaccin à
deux habitants du village de Levier : « Mes recherches, au point où
elles sont ne me permettent pas encore
d’agir sur l’homme ». Il s’en faut d’un mois. (1)
Un grand savant bien angoissé
Le
petit Joseph Meister, un alsacien âgé de dix ans, est donc le premier vacciné.
Il est intéressant de noter que l’Alsace est alors allemande, ce qui doit poser
quelques problèmes au Pasteur patriote. L’ampleur des morsures est telle et le
diagnostic si funeste que la vaccination est son seul espoir de survie. Il subira
treize inoculations en dix jours. On sait par les courriers de Mme Pasteur, que
son mari était littéralement dévoré d’angoisse. A la veille de la dernière
injection, Pasteur se réfugie à Arbois. Il abandonne son jeune malade,
incapable de faire face à une issue fatale, ce qui ne lui ressemble guère
Pasteur ayant besoin de tout contrôler dans son laboratoire. C’est le petit
Joseph lui-même qui lui annonce par lettre sa guérison : « Cher
monsieur Pasteur, je me porte bien et jé aussi bonne apétie. Je me suis bien
amuzé à
Si
le malheureux, parce qu’il souffre appartient au savant sinon au médecin, le
savant d’une certaine façon appartient au malheureux. Pasteur ne s’est pas
endurci, il est en relation avec les patients qu’il soigne. On pourrait nommer
cela aujourd’hui le contre-transfert. Le protocole prévoit que le jeune doit
rester auprès de Pasteur pendant 10 à 12 jours, 15 au maximum. Il dort dans une
chambre du laboratoire. Il est surveillé, peut aller et venir, sans jamais être
alité. Ainsi le petit Jupille âgé de quinze ans, est logé dans une dépendance chez
un des garçons du laboratoire, veuf, père d’un petit garçon qui est en pension.
Ils partagent leurs repas. Qu’on imagine l’effet produit chez ces enfants
pauvres mais également chez ces savants habitués à d’autres travaux, qui n’ont
jamais eu à faire face à la pétulance, aux bêtises de leur objet d’étude. Ils
n’arrivent pas à les objectiver.
Ces
deux premiers patients sont demeurés emblématiques. S’ils ont contribué à la
gloire de Pasteur, ils en ont récolté quelques fruits. Contrairement au médecin
qui ne se soucie plus de ces patients une fois qu’ils sont guéris, Pasteur est
toujours resté en relation étroite avec eux. Il répond personnellement à leurs
lettres. Ces lettres sont décrites comme gentilles et attentionnées. Pasteur
envoie des timbres afin que ces lettres ne soient pas une trop grande charge
financière pour eux. « Si tu as besoin de quelque argent pour te donner
quelques loisirs et payer un instituteur, fais-le-moi savoir. » Pasteur
suit leurs progrès en écriture et en orthographe, n’hésitant pas à faire jouer
entre eux une certaine émulation afin d’aiguillonner Jupille, le berger, plus
âgé. Pasteur se positionne comme un père. Ils lui resteront attachés toute leur
vie. Joseph Meister sera accueilli dans son laboratoire. Il sera encore
concierge à l’Institut Pasteur à l’arrivée des Allemands à Paris. Le 16 juin
1940, des soldats de la Wehrmacht demandent à entrer dans la crypte de
l’Institut, là où Pasteur est enterré, ce qu’il leur refuse, sans succès.
Rentré chez lui, il se suicide avec l’arme qu’il avait conservée de la première
guerre mondiale. Jeanine Troterau écrit que le patriotisme intransigeant de
Pasteur était passé dans ses veines. Le jeune Jupille suivra un parcours
parallèle. Il sera d’abord garçon de course, puis garçon de laboratoire à
l’Institut Pasteur, avant d’y être nommé concierge et gardien-chef. Sa famille
et ses enfants y prospèreront.
La contamination … microbienne des idées
En
traitant la rage par la vaccination qui était a priori jusque-là considérée
comme une mesure prophylactique, Pasteur convainc la communauté scientifique de
l’existence des microbes et des maladies contagieuses. La curiosité scientifique
et l’usage répandu du microscope multiplient alors les découvreurs de microbe
sur toute
Si
Pasteur met en évidence les microbes, il propose via sa vaccination une méthode
pour traiter et guérir
Le
malheureux n’appartient au médecin ou au savant que parce qu’effectivement, on
a, pour la première fois les moyens de le soulager. Plus besoin de l’écouter,
il suffit d’identifier les signes, de les raccorder à une pathologie dûment
répertoriée, d’établir un traitement et en avant la thérapeutique.
Cette
avancée décisive est due à un chimiste, à un même pas médecin. La controverse
va faire … rage. Le point d’orgue en est la grande séance publique de
l’Académie de médecine du 6 juillet 1887. Tous les journalistes de l’époque
sont présents. Pasteur y est l’accusé. Les victimes sont les vaccinés de
On
comprend qu’en juin 1886, Pasteur avance masqué. Il ne parle ni de malade, ni
de guérison. A un malheureux on ne demande pas son pays, ni sa religion. On lui
dit, tu souffres, il suffit, tu m’appartiens, je te soulagerai. A ce moment-là,
quand Pasteur prononce ces mots, le malheureux n’appartient pas à la médecine,
incapable de le soulager et encore moins de guérir mais au savant, à Pasteur
qui, lui, le peut. Ce n’est qu’après le triomphe de Pasteur que la médecine
reprendra la phrase à son compte.
Pouvoir et/ou sollicitude
Quel
rapport avec la relation soignant-soigné en psychiatrie ?
Il
tourne autour de ce « Tu m’appartiens » que l’on peut considérer
comme un signifiant maître. L’étymologie nous apprend qu’appartenir renvoie à
« faire partie de », « être attenant à », « se
rattacher à ».
Le
soin mobilise une forme de relation à l’autre qui se caractérise par son
extrême dissymétrie, « c’est la relation de soin, dans l’inégalité des
positions qu’elle assume, qui engendre les postures de soignants et de soignés »
(3) D’une certaine façon, nous ne pouvons être soignant qu’en acceptant à la
fois d’appartenir au patient et qu’il nous appartienne. Les patients du groupe
des Boyaux de la tête ne me disent pas autre chose. Deux thématiques majeures
émergent de l’univers du soin, celle du pouvoir –qui guérit, soulage et,
parfois, violente- et, celle de la sollicitude –maternelle ou maternante. Ce
pouvoir n’est pas ainsi nécessairement lié à la domination et à la mort de
l’interaction. La sollicitude ne peut plus être considérée comme une sorte de
« caractère sexuel secondaire féminin ». Le Pasteur qu’on découvre,
celui qui est décrit comme ronchon, grognon, arriviste, celui qui met le feu à
l’Ecole Normale par son intransigeance apparaît comme attentif à ces deux
enfants, rempli de sollicitude non seulement vis-à-vis de leur présent d’enragé
mais également vis-à-vis de leur avenir qu’il cherche à assurer. Il sort de son
rôle mais c’est parce qu’il est attentif au moindre de la chose que Pasteur est
un immense savant. Quand il s’intéresse au ver à soie, il n’y connaît
absolument rien. Il rencontre l’entomologiste Jean Henri Fabre qui lui montre
ses premiers cocons, il circule partout, visite les magnaneries, constate les
dégâts, découvre les remèdes plus ou moins empiriques utilisés contre ce que
l’on nomme la peste du ver à soie. Il fait installer un laboratoire à deux
kilomètres d’Alès, il y crée une magnanerie et se lance dans l’élevage du ver.
Il cueille lui-même le mûrier qui nourrit ses vers à soie. Il a l’œil à tout.
Il procède pour la rage comme pour le ver à soie. Il prend autant soin des
enfants que des vers à soie. Avec le même systématisme, ce faisant il rencontre
la relation et le transfert. Les enfants ne sont ni des tartrates, ni des
poules, ni des vers à soie. La médecine l’a parfois oublié. L’économie ne l’a
jamais su.
V.
Pirard, dans un dossier de
Conclusion
Qui
appartient à qui ? Dans quelle mesure les patients, et je suis référent de
trois d’entre eux sur cinq, ne me disent-ils pas : « Je souffre donc
tu m’appartiens. A toi de me soulager. » Evidemment, pour complexifier, ce
dont ils souffrent est une psychose soit une maladie de la relation qui les
oblige à constamment se protéger de l’autre. Ils déploient pour cela des
stratégies d’évitement actives. Pour les soulager, au fond, il faudrait être
là, sans l’être, ne surtout pas chercher à les soigner. Etablir une relation
qui n’en serait pas une. Tout en l’étant.
Raymond
ne se trompe guère, son infirmière référente lui appartient comme un pseudopode
appartient à l’organisme dont il émane. Elle fait partie de lui. Et de fait,
nous sommes souvent une partie du corps de ceux que nous soignons. Jacqueline
peut avoir raison, l’infirmier référent peut aussi être une sorte de double, un
lien, plus tout à fait une partie du corps et pas tout à fait un objet externe.
Pierre n’a pas tort, un infirmier référent c’est un objet proposé à un
investissement, une sorte de tiers potentiel. (4)
La
relation soignant-soigné en psychiatrie suppose la même exigence, le même systématisme
que celui de Pasteur. L’infirmier doit aussi à sa façon écouter, apprendre des
patients qu’il soigne, il doit circuler partout, visiter les domiciles,
découvrir les remèdes plus ou moins empiriques utilisés par le patient. Il doit
éviter à la façon de Pasteur toute idée préconçue pour s’ouvrir à ce qui
advient. (4) Il doit faire preuve de cette hospitalité qui réclame l’ouverture d’un espace d’accueil au
sein duquel les attentes ne sont pas fixées à priori, où la bienveillance et la
fiabilité, deux valeurs qui sous-tendent la figure parentale, peuvent s’ouvrir
à l’inconnu et tendre vers la reconnaissance réciproque d’une égale dignité.
Dominique Friard.
Texte d’une conférence donnée le 18 octobre 2008 à
l’Institut Pasteur.
Notes :
1-
TROTEREAU
J., Pasteur, Folio, Biographies,
Gallimard, Paris, 2008.
2-
SOURNIA
J.C., Histoire de la médecine, La
Découverte, Paris, 1992.
3-
PIRARD
V., Qu’est-ce qu’un soin ? Pour une
pragmatique non vertueuse des relations de soin, in Revue Esprit, n° 1, Les
nouvelles figures du soin, Janvier 2006, pp. 80-94.
4-
DAGOGNET
F., Savoir et pouvoir en médecine,
Collection Les empêcheurs de penser en rond, Institut Synthélabo, Paris, 1998,
pp. 83-89.