Retour à l'accueil


Retour Piel Roelandt


Aux Docteurs PIEL et ROELANDT

Chargés de la rédaction du rapport « La psychiatrie vers le champ de la santé mentale »


Au nom du Groupe d’Etudes et de Recherches sur le Service Social en Psychiatrie, je viens vous communiquer quelques éléments complémentaires aux points évoqués lors de notre rencontre au Ministère le 6 juin 2001 et au dossier documentaire sur le service social en psychiatrie que je vous ai remis le 16 juin.

Les membres du GERSSP souhaitent insister sur l’importance que nous attachons au maintien du rattachement des assistants sociaux de psychiatrie à l’équipe pluridisciplinaire de secteur psychiatrique. Cette position n’a aucun caractère corporatiste, mais s’appuie sur une analyse des fonctions et des missions du service social hospitalier dont le service social en psychiatrie fait partie.

Les missions du service social en psychiatrie comportent plusieurs facettes :

- des missions de conseil, d’orientation, et de soutien des personnes accueillies et leurs familles

- des missions d’aide de ces personnes dans leurs démarches et d’information des services dont ils relèvent pour une mesure d’action sociale

- des missions de contribution à toute action susceptible de prévenir les difficultés sociales ou médico-sociales rencontrées par la population ou de mise en œuvre d’actions pour y remédier

- des missions de coordination avec d’autres institutions ou services sociaux ou médico-sociaux dans l’intérêt de ces personnes.

Cette appartenance de l’assistant social à l’équipe de psychiatrie infanto-juvénile, générale ou pénitentiaire permet d’apporter des réponses pertinentes au problèmes rencontrés par les patients les plus en difficulté ainsi qu’à leurs familles

Une grande partie de la file active de la psychiatrie confrontée à des difficultés sociales relève bien entendu d’un appui des services sociaux départementaux, municipaux, des caisses d’assurance maladie, de la justice, de l’éducation nationale et de différents autres domaines. Il est cependant illusoire de penser que tous ces dispositifs soient en mesure de répondre aux besoins d’intervention que requiert la part de la file active des patients présentant des troubles aigus ou des troubles sévères et persistants de longue évolution.

La fonction du service social en psychiatrie est bien de jouer un rôle d’interface entre le patient, son entourage, l’équipe pluridisciplinaire de psychiatrie et d’autres composantes de l’organisation hospitalière, ainsi que tous les acteurs institutionnels publics ou privés du champ sanitaire, social et médico-social susceptibles d’apporter leur concours à leur réadaptation, et au maintien de leur insertion au sein de la communauté.

Cette action du service social, est à développer en direction des individus et des groupes confrontés à des difficultés sociales spécifiques en relation avec leur état de santé ou le handicap généré par leur pathologie.

Il s’agit également pour les assistants sociaux d’identifier les facteurs sociaux susceptibles d’avoir un impact négatif sur les personnes souffrant de troubles mentaux, sur une déstabilisation ou une amélioration de leur état de santé, sur les causes consistant un frein ou un appui à leur insertion, afin de participer à la conception, la mise en œuvre, voire dans certains cas, la gestion d’actions transversales de prévention, de réadaptation, d’accompagnement, d’insertion, de développement.

Il ne s’agit pas de se substituer aux missions et fonctions des travailleurs sociaux des différents dispositifs publics ou privés du champ social ou médico-social.

Il s’agit, bien au contraire, de développer une action complémentaire à la leur, visant à faciliter l’évaluation des besoins des personnes souffrant de troubles mentaux, contribuant ainsi à l’élaboration d’un projet thérapeutique pertinent, à la définition de stratégies et d’actions adaptées en matière de prévention, de réadaptation et d’insertion.

L’assistant social de psychiatrie est un acteur :
- qui appuie l’équipe de psychiatrie en apportant ses compétences, son expertise en matière sociale pour définir et développer un projet de prise en charge cohérent répondant aux besoins des patients

- qui facilite pour les patients l’accès aux différentes mesures contribuant au respect de leurs droits et l’accès à la citoyenneté

- qui facilite leur accès aux différents dispositifs d’insertion et la résolution de difficultés sociales parfois majeures

- qui peut jouer un rôle précieux au sein des CMP dans l’accueil des personnes et l’évaluation de leurs difficultés ( il s’agit là aussi bien de l’accueil des malades et/ou des personnes de leur entourage que de différents professionnels en difficulté du secteur social )

- qui contribue de manière efficace à la limitation des prises en charge temps plein en tant que de besoin

- qui a des compétences pour développer la coordination des actions en lien avec le champ social et médico-social dans le cadre d’un travail en réseau

- qui par ses connaissances des problématiques peut contribuer utilement aux travaux des instances de réflexion et de concertation internes au dispositif hospitalier ou sanitaire ( SROS, projet d’établissement, démarche qualité et accréditation, conseil départemental ou régional de santé mentale, conseil de santé mentale de secteur ), ou départementales animés par les services déconcentrés de l’Etat et le Conseil Général ( schéma départemental des handicapés, plan départemental des travailleurs handicapés, plan départemental du logement des personnes les plus démunies, schéma départemental des CHRS, schéma départemental de gérontologie, schéma départemental de la protection de l’enfance et de l’adolescence, schéma départemental des résidences sociales, programme régional d’accès à la prévention et aux soins, comité départemental de coordination des politiques de prévention et de lutte contre l’exclusion, etc…)

- qui peut contribuer à la recherche clinique, épidémiologique, et sur les systèmes de soins, et développer des actions de recherche en travail social

- qui peut assurer des fonctions d’enseignement aussi bien au sein des dispositifs de formations initiales (assistants sociaux, éducateurs, infirmiers, etc) que des dispositifs de formation continue.

Pour terminer, il nous paraît important de souligner un point capital.

Ce n’est un secret pour personne que la majorité des dispositifs d’action sociale, ont vu leur action recentrée sur des politiques ciblées depuis la mise en œuvre de la décentralisation. Cette évolution est parfois loin d’avoir produit un effet positif sur la prise en charge des problèmes rencontrés par les personnes souffrant de troubles mentaux. Une grande partie des dispositifs d’action sociale sont saturés à l’heure actuelle. La majorité des assistants sociaux de ces dispositifs sont débordés par la demande d’interventions et l’ampleur de la tâche. Dans beaucoup de départements l’articulation de l’action des divers services sociaux spécialisés avec celle des services sociaux des Conseils Généraux est devenue plus difficile, aussi bien pour des raisons techniques, que des raisons politiques.

La réduction du temps de travail n’est pas faite pour faciliter les choses. Dans ce contexte tous les professionnels passés aux 35 heures, qui ont dans leurs missions des tâches d’articulation et de coordination, sont confrontés à des difficultés supplémentaires à l’heure actuelle. La réduction du temps de travail au sein de la Fonction Publique Hospitalière va encore venir compliquer la situation dans ce domaine.

La psychiatrie doit continuer sans conteste à développer des efforts pour s’articuler et apporter un appui à ces dispositifs sociaux et médico-sociaux en vue d’améliorer les réponses à apporter aux difficultés rencontrées par les populations confrontées à des problèmes de santé mentale.

Le service social en psychiatrie demeure un acteur essentiel dans la réalisation de cet objectif.

Dans son rapport de juillet 1997, le Conseil Economique et Social soulignait que « le rôle du personnel socio-éducatif de psychiatrie va croissant avec la précarisation toujours plus grande des malades, dans un environnement qui n’est pas favorable à leur insertion ni à leur réinsertion. En effet, la réinsertion sociale et professionnelle impose, dans le contexte économique et social actuel, leur association au suivi des patients. Ce personnel à la charnière entre le sanitaire et le social, joue et jouera plus encore à l’avenir un rôle essentiel. »

Cet avis est toujours d’actualité. Nous le partageons et souhaitons expressément qu’il soit pris en compte.

Jacques HOUVER cadre socio-éducatif
Président du GERSSP
GROUPE D' ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LE SERVICE SOCIAL EN PSYCHIATRIE

Centre hospitalier ESQUIROL
57 rue du Maréchal Leclerc 94413 SAINT-MAURICE Cedex
tel 01.43.96.65.73 fax 01.43.96.60.40

J.HOUVER
Cadre Socio-Educatif
Centre Hospitalier LE VINATIER
95 Bd. Pinel
69677 BRON Cedex
tel : 04.37.91.52.70
fax : 04.37.91.52.67 BRON,le 29 juin 2001
email : jacques.houver@ch-le-vinatier.fr



nous contacter:serpsy@serpsy.org