Retour à thérapies  
  Retour à l'accueil

HYPNOSE
Dr Serge HEFEZ
Psychiatre. ESPAS

Qu'est-ce que c'est ?
Vous êtes dans le métro ou l'autobus, votre esprit se concentre sur un souvenir passé, vous y pensez intensément ; deux, trois stations passent, des gens montent et descendent mais vous n'y portez aucune attention, vous êtes à l'intérieur de vous-même.
Et bien cet état particulier de concentration illustre au mieux ce qu'est l'état d'hypnose !
Bien que ce mot, " Hypnose ", vienne du grec " hypnos " qui signifie sommeil, l'état d'hypnose ne consiste absolument pas à être endormi mais au contraire à modifier notre conscience pour porter notre attention sur certains aspects de notre fonctionnement psychique.
L'état d'hypnose peut se produire spontanément, par exemple face à des situations de danger extrême ou en réaction à un traumatisme violent ; il diffère à la fois du sommeil et de la veille.
Dans le cadre d'une psychothérapie, l'état d'hypnose peut être induit pour provoquer une dissociation entre différentes parties du corps et le psychisme.

En France, la pratique de l'hypnose a connu un âge d'or à la fin du XIX° siècle ; elle bénéficiait d'une reconnaissance officielle de la Faculté et bon nombre de grands médecins de l'époque comme Charcot s'y intéressent. ; Freud élève de Charcot pense que l'hypnose va l'aider à guérir les hystériques en leur permettant de retrouver le souvenir d'anciens traumatismes refoulés ; mais il abandonne rapidement cette méthode car il se méfie de la trop grande suggestion du thérapeute envers son patient : il est tout à fait possible de suggérer donc d'induire des souvenirs qui n'ont en fait jamais existé. La pratique de l'hypnose se perd peu à peu et il faudra attendre les années 1980 pour assister à son renouveau grâce à l'influence d'un thérapeute américain hors du commun, Milton Erickson
L'hypnose, à elle seule, n'est pas une psychothérapie ; elle est un outil que le thérapeute utilise dans le but de provoquer un changement ou pour apprendre au patient à se passer d'un symptôme.
Elle permet donc d'accompagner la psychothérapie pour soigner la plupart des troubles psychiques qu'un individu peut être amené à rencontrer.
En outre, elle a largement fait ses preuves dans un certain nombre de conduites addictives comme le tabagisme ou pour soigner des troubles sexuels.
Elle rend également de grands services pour contrôler la douleur voire pour remplacer une anesthésie lors d'interventions chirurgicales, dentaires ou lors des accouchements.

Le principe de la méthode

Deux éléments sont à prendre en considération : sur le plan technique, comment amener le patient à cet état de veille très particulier qu'est l'état d'hypnose ; puis, une fois la transe obtenue, quelles sont les méthodes que le thérapeute va employer pour aider le patient à modifier ce qui le gêne ou qui le fait souffrir.

Une des originalités de l'hypnose conçue par Erickson est de considérer que le sujet possède en lui-même les solutions appropriées à ses problèmes mais qu'il est incapable de les mobiliser en raison de ses limitations conscientes.

L'individu possède en effet de multiples ressources inexploitées acquises lors de nombreux apprentissages, notamment ceux de l'enfance.
Ces possibilités inactivées ne peuvent se remettre en mouvement que par l'intervention du thérapeute : l'hypnose permet au patient de se mettre en connexion avec ces ressources inconnues de sa vie consciente ; il s'agit d'une dynamique que le thérapeute provoque et dans laquelle le patient reste maître de ses choix de vie.
La transe hypnotique s'obtient à partir de techniques très classiques qui n'ont guère varié depuis des siècles.
L'induction hypnotique peut s'obtenir par la fixation visuelle d'un objet lumineux ou non placé à 25 cm, par l'utilisation d'un métronome ou le plus souvent par de simples suggestions verbales qui proposent au patient de se détendre, de se relaxer en fixant son attention sur différentes parties de son corps. Le but est d'obtenir une dissociation entre l'esprit et le corps ; le ton de la voix accompagne la détente et la décontraction, ce qui permet d'approfondir la transe : le sujet entre de plus en plus en lui-même, se déconnecte de son mode de pensée habituel et de certains mécanismes de défense. Mais attention, il n'est pas inconscient, au contraire, la vigilance qu'il éprouve pour l'environnement est augmentée et il n'acceptera de faire ou de dire que ce qu'il souhaite vraiment.
Dans cet état, il est possible de suggérer des modifications corporelles : sensation de chaud ou de froid, mouvement automatique de la main ou du bras, ce qui a pour intérêt d'augmenter la dissociation corps/esprit et de ratifier la transe.

Il ne s'agit alors pas de donner des ordres ou de prescrire directement le changement mais d'accompagner le patient là où il a envie d'aller, de suggérer des images ou des métaphores congruentes avec l'univers mental du patient, de laisser le sujet se connecter avec ses sensations et ses émotions, de suggérer des associations nouvelles, parfois d'induire une confusion transitoire qui permet de se déconnecter de la logique consciente.

Dans ce contexte, suggérer à un patient alcoolique de se promener mentalement dans un champ de cactus prendra un sens particulier et amènera à des associations sur la soif, la rétention, l'abstinence, la longévité…

Quel type de praticien pour cette méthode ?
L'hypnose ayant de multiples indications, dont certaines en psychosomatique ou en anesthésie, la question de la formation du praticien est fondamentale.
On dit couramment que nul ne devrait traiter un patient avec l'hypnose s'il n'a pas la compétence de soigner la même maladie avec des méthodes non hypnotiques.
L'hypnose est un outil, une technique et non un métier ; elle doit donc être appliquée par des psychothérapeutes qualifiés, ayant accompli un cursus de psychologie ou de psychiatrie.
Des consultations ont lieu en privé ou dans certaines institutions publiques : il existe en France plusieurs sociétés d'hypnose qui peuvent vous renseigner.
Ils peuvent également vous documenter sur les dentistes, chirurgiens, obstétriciens ou sophrologues utilisent l'hypnose à des fins d'anesthésie ou d'analgésie : ces méthodes douces, qui évitent l'escalade des médicaments et des calmants rencontrent un succès grandissant.


Les points forts et les points faibles de la méthode
La notion d'influence d'un individu sur un autre est ce qui a longtemps troublé et inquiété dans le processus hypnotique. La porte est grande ouverte à deux types de fantasmes : celui de la toute puissance des hypnotiseurs qui pourraient faire tout ce qu'ils veulent des personnes se plaçant sous leur influence et à l'opposé, l'idée qu'ont les patients d'être guéri malgré eux, comme si une intervention chirurgicale allait leur retirer du cerveau les symptômes qui les font souffrir. L'hypnose provoque tout au contraire un état de vigilance intense durant lequel le patient, rendu plus actif, n'opère que les changements qu'il souhaite profondément, au moyen des ressources qui sont les siennes. Erickson a fait de l'hypnose un instrument d'intervention dont la technicité, sans pour autant nier l'art de chaque thérapeute, la définitivement éloignée de la magie.


Document écrit tiré de l'émission de télévision PSYCHE