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THÉRAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES
Dr Serge HEFEZ
Psychiatre. ESPAS


Qu'est-ce que c'est ?

Les thérapeutes cognitivo-comportementalistes cherchent à modifier directement les comportements, afin de permettre au patient de se libérer rapidement des symptômes qui le font souffrir.
Confrontés à une phobie (par exemple l'impossibilité de prendre un ascenseur ou le métro) ou à des rituels obsessionnels (l'obligation de ranger ses affaires en permanence, de se laver les mains vingt fois par jour, de vérifier inlassablement si on a bien coupé le gaz), les psychothérapeutes adoptent une vision plus pragmatique.

Plutôt que de rechercher le sens de ces symptômes (ce que ferait un psychanalyste), ils vont les considérer comme des réponses apprises ; ils vont donc aider le patient à " désapprendre " les comportements qui les gênent, et à en adopter d'autres qui permettent une vie plus normale.

Au delà de l'action sur les comportements, l'apport de la psychologie cognitive fait que l'on prend actuellement de plus en plus en compte les idées et les sentiments du patient, son univers intérieur.

Les thérapies comportementales n'apportent donc pas de réponse à un questionnement existentiel ou à une meilleure connaissance de soi-même ; elles vont aider ceux qui veulent soigner des symptômes qui les embarrassent et qu'ils peuvent isoler et décrire. Ce sont comme on l'a vu les phobies et les obsessions, mais également l'anxiété, les attaques de panique, la boulimie, les problèmes sexuels, voire certaines formes de dépression.
Des techniques pratiquées individuellement ou en groupe peuvent aussi aider les personnes souffrant d'une faible estime de soi ou d'une mauvaise image d'eux-mêmes.

Les comportementalistes analysent le plus précisément possible ce qui motive la demande d'aide du patient ; ils étudient la fréquence et l'intensité des symptômes, les circonstances dans lesquelles ils se produisent, les facteurs qui les modifient.
Quelles sont les réactions corporelles que provoque la situation angoissante ? Dans quelles circonstances les symptômes sont-ils apparus la première fois ? Quelles en sont les conséquences familiales, sociales, professionnelles ? Comment réagit l'entourage, la famille ?
A partir de toutes ces réponses va pouvoir s'élaborer un stratégie thérapeutique déterminée

Le principe de la méthode
-une méthode est celle de la désensibilisation systématique
le plus important est d'apprendre au patient une méthode de relaxation ; le thérapeute suggère alors au patient en état de relaxation de raconter les scènes qui lui sont pénibles et il lui apprend progressivement à réduire son anxiété.

-dans l'exposition progressive graduée, le thérapeute peut prendre son patient par la main et l'accompagner, voire le précéder dans la situation réelle.
-beaucoup plus spectaculaire, une autre technique va consister, après une phase de préparation rigoureuse, à plonger le patient dans une situation d'angoisse maximale (prendre l'ascenseur jusqu'au sommet d'un building de 60 étages par exemple) : on parle alors d'immersion, d'implosion ou d'exposition prolongée. La présence rassurante du thérapeute est ici bien sûr indispensable !
-enfin, dans le jeu de rôle, le patient joue son comportement tel qu'il serait dans la vie réelle, le thérapeute jouant le personnage opposé

La cognition signifie l'ensemble des sentiments, des émotions, des pensées, des images mentales que notre esprit fabrique lorsqu'un événement se produit ou va se produire.
A la suite d'un événement traumatisant du passé comme par exemple un deuil ou une séparation brutale, le sujet est en proie à un véritable monologue intérieur, à une rumination, à un flot continu de pensées qui donne une coloration émotionnelle à la réalité : tristesse, anxiété ou colère.
Ce monologue intérieur est devenu un véritable schéma mental, une image qui génère une émotion négative. Ces schémas sont stockés dans la mémoire. Ils sont activés automatiquement lorsqu'un événement équivalent va se présenter : par exemple lorsque le sujet doit affronter une séparation banale dans sa vie quotidienne.
Il se produit un véritable empiètement du passé dans le présent. Le sujet anticipe alors négativement ce qui va se passer, c'est-à-dire se met inconsciemment en situation d'angoisse et d'échec.
Il y a là un écart majeur entre la perception de la réalité et la réalité elle-même.
La thérapie va aider à comprendre comment ces pensées déclenchent et maintiennent les émotions et les comportements dont on souffre et comment on peut les modifier.

Quel type de praticien pour cette méthode ?

De nombreux praticiens, psychiatres et psychologues, réalisent aujourd'hui une synthèse des méthodes comportementales et des thérapies cognitives.
Ceci permet de structurer des traitements pendant une période relativement brève (généralement, six mois au cours d'une vingtaine de séances).
Ces thérapeutes exercent en cabinet ou en milieu hospitalier
Il existe ainsi des cliniques spécialisées dans la prise en charge du stress et de l'anxiété et deux sociétés nationales de thérapie comportementale qui peuvent apporter tous les renseignements nécessaires.

Les points forts et les points faibles de la méthode
Il existe de bons arguments en faveur de l'efficacité des interventions cognitivo-comportementales sur l'anxiété, sur les phobies et sur les troubles compulsifs et obsessionnels ; mais de façon générale, l'ensemble des méthodes psychothérapiques ou les médicaments peuvent apporter des améliorations similaires.
Autant dire que l'ensemble des méthodes doit à présent être perçu dans une complémentarité et non dans une opposition : le traitement ponctuel d'une phobie par un comportementaliste peut accompagner une psychothérapie analytique, un médicament anti-dépresseur peut compléter une approche cognitive L'alliance avec le thérapeute est indispensable et la confiance constitue à coup sûr un levier important de la guérison ; il s'agit d'une relation thérapeutique que l'on compare souvent à la collaboration de deux savants qui élaborent des hypothèses en commun.
Dans ce cadre, plus de deux tiers des patients souffrant d'anxiété ou de dépression ont pu voir leurs troubles s'atténuer de façon appréciable.

Document écrit tiré de l'émission de télévision PSYCHE