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Donald W. WINNICOTT*

DWW, comme on l'appelle familièrement, est l'une des célébrités incontestables de la psychanalyse de l'enfant Né à Plymouth, dans le Devon, au Royaume Uni, en 1897, il est issu d'une famille typique de la petite aristocratie britannique. Dès l'âge de treize ans, pensionnaire à Cambridge, Winnicott se distingue de ses camarades par son irrésistible propension à être heureux où qu'il se trouve et quoi qu'il arrive. Mais des accidents et des maladies, ainsi que la mort de nombre de ses amis au cours de la Première Guerre Mondiale, le marque profondément. C'est alors qu'il découvre la psychanalyse et entreprend avec Strachey (traducteur officiel de Freud) un travail analytique personnel.

En 1923, il est nommé dans deux hôpitaux pour enfants. Il y exercera pedant quarante ans jusqu'à sa mort, en 1971, développant parallèlement une clientèle privée dans son cabinet de Harley Street.

L'approche thérapeutique et les travaux théoriques de Winnicot ne peuvent être dissociés de sa personnalité singulière. Il est essentiellement connu pour ses contributions sur deux thèmes : l'objet transitionnel et la notion de self.

Par ce mot Winnicot désigne une fonction originale, ni tout à fait le moi, ni le sujet, ni la personnalité. On la saisit plutôt par contraste avec le faux self qui correspond à out ce qui, chez l'individu, est "en toc", en faux-semblant, fonctionnant comme protection contre l'angoisse et les agressions mais aussi révélateur d'un déséquilibre profond. Le vrai self représente, lui, la part vivante, spontanée, inventive du sujet.

Winnicot s'est également beaucoup intéressé aux soins prodigués aux nourrissons. Ce qu'il a appelé le holding, autre mot du répertoire winnicottien, sans équivalent en français.

Le Holding est l'ensemble des attitudes adoptées inconsciemment par "la mère suffisamment bonne" (good-enough mother) qui offre à son nourrisson une sorte de nidation extra-corporelle après la vie utérine. C'est un moyen de le préserver contre l'angoisse, la rupture, la perte. Winnicott insiste sur le fait qu'aucun traumatisme n'est irrémédiable, qu'il existe toujours une possibilité de réparation. C'est pourquoi on oppose fréquemment les conceptions "optimistes" de Winnicott à la vision tourmentée de Mélanie Klein, autre grande vedette de la psychanalyse d'enfants.

Winnicot a surtout pratiqué ce qu'il a appelé la "consultation thérapeutique" à l'aide de laquelle il aurait traité 60 000 enfants ! L'histoire a surtout retenu sa technique du squiggle game, imparfaitement traduit par "griffonnage" : l'adulte et l'enfant proposent et interprètent tour à tour des "gribouillis" librement tracés sur une feuille de papier.

Un livre : "La petite Piggle" : traitement psychanalytique d'une petite fille, Payot, 1987

* D'après Anne Débarède et Evelyne Laurent : Le livre des parents, quels choix pour vos enfants, Flammarion, 1992