Retour à l'accueil

Retour à Personnalités




Jean-Baptiste PUSSIN



Lons le Saunier, 1746 - Paris, 1811
Surveillant des aliénés.

Jean-Baptiste Pussin était tanneur. Il avait été admis à Bicêtre en 1771, comme malade dans la section des "atteint des humeurs froides, " pour une lésion tuberculeuse. Une fois guéri, il trouva un emploi à l'hôpital, d'abord comme garçon de salle, puis en 1784 comme surveillant de salle des malades mentaux incurables (loges des "aliénés agités.")

Lorsque Pinel prendra ses fonctions de médecin-chef en 1793 il y découvre un surveillant, Jean Baptiste Pussin chef de la police intérieur des loges, appelé encore gouverneur des sous employés, travaillant depuis 1794, qui se distingue à la fois par ses qualités humaines et sa compétence à gérer la folie en institution.

En fait Jean-Baptiste Pussin et sa femme ont déjà commencé les réformes humanitaires ayant pour objectif de supprimer cette "coutume barbare de l'usage des chaînes" pour les aliénés.

Il est le père symbolique de l'infirmier en psychiatrie.

C'est un homme qui a pu, grâce à des compétences relationnelles réelles obtenir une reconnaissance de son médecin Philippe Pinel (1745 - 1826). Pinel a remarqué que les " aliénés " traités avec humanité par Pussin et délivrés de leurs chaînes par celui-ci réagissent beaucoup mieux quand ils ne sont pas entravés.
Ils travaillent ensuite tous les deux à La Salpétrière car lorsque Pinel est nommé dans cet hôpital, il demande au ministre de l'Intérieur que Pussin soit muté dans son service.
Esquirol (médecin théoricien à l'origine de la loi de 1838 sur les aliénés) et Scipion Pinel attribue ce premier geste inaugural de la psychiatrie moderne à Philippe Pinel. Gladys Swain montre que c'est Jean Baptiste Pussin qui a le premier " enlevé les chaînes " des aliénés, elle a pour cela fait une lecture attentive des écrits de ce dernier qui exprime clairement sa reconnaissance à Pussin.

Pussin élabore une réflexion de soignant, relève ses observations par écrit, établissant des statistiques, expliquant et justifiant la nécessité de supprimer les chaînes, et proposant des actes à visée thérapeutique. Avec J-B. Pussin se produit alors une réflexion qui anticipe véritablement l'accès de l'infirmier moderne.

A la mort de Pussin, le Conseil Général des Hospices nomment un médecin à la place du surveillant : Jean Etienne, Dominique Esquirol (1772 - 1840). Les attributions des surveillants sont jugées trop étendue. Il va devoir alors redéfinir les attributions de chacun : " les devoirs du surveillant se sont si souvent confondus avec ceux du médecin qu'il en est résulté souvent des entraves pour le traitement médical et des difficultés sans cesse renaissantes " Il s'agit là d'un réel coup de force administratif et médical. Les surveillants sont alors exclus de la relation malades-médecins et retournent au statut de serviteurs.

Bibliographie

RAJABLAT (M) mémoire de DEA d'histoire : De la non plainte de l'insensé à la plainte de l'usager. 1998-1999, Université Paris XII Val de Marne, p.51
THUILLIER (J), La folie, Histoire et Dictionnaire, Bouquins, Laffond,1996, page 703
SWAIN (G) Le sujet de la folie, Privat, 1977
PINEL (P) Lettre au Conseil Général des Hospices, 10 avril 1811, reproduite en annexe de la réédition de la thèse d'Esquirol, p.114