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La paranoïa et le délire de relation des sensitifs de Kretschmer




            La contribution la plus célèbre de Freud à la paranoïa se trouve dans son opus de 1910 intitulé le cas du Président Schreber sous la forme de remarques psychanalytiques sur l'autobiographie d'un cas de paranoïa ( dementia paranoides ) [1]. Il s'agit du célèbre président de chambre de la cour d'appel de Dresde, Daniel-Paul Schreber, dont le père fut le fondateur de la Gymnastique médicale de chambre employant des méthodes éducatives sévères. C'est Jung qui repérera le premier ce cas clinique auquel il fait référence dans son article sur la dementia praecox

[ schizophrénie ] et c'est de là que Freud prendra connaissance de la bibliographie de Schreber et de son ouvrage de 1903 : Mémoires d'un névropathe ( titre de la traduction française de 1932 par Marie Bonaparte et René Loewenstein ). Le texte de Freud sera le départ des définitions des concepts tels que la psychonévrose de défense en lien avec les conflits infantiles, le narcissisme avec la libido narcissique qui s'oppose à la libido d'objet.

           

            Dans le domaine de la psychiatrie, la contribution la plus importante à la définition de la paranoïa est donnée par le maître de Munich : Emil Kraepelin. Cet historique est largement relaté dans la première partie de la thèse de doctorat en médecine de Jacques Lacan. En voici quelques extraits [2] :

«  C'est dans l'édition de 1899 qu'apparaît la définition qui limite la paranoïa «  au développement insidieux, sous la dépendance de causes internes et selon une évolution continue, d'un système délirant durable et impossible à ébranler, et qui s'instaure avec une conservation complète de la clarté et de l'ordre de la pensée, le vouloir et l'action ». L'entité de l'affection, selon la méthode kraepelinienne, se dégage avant tout de l'étude de son évolution. Rien dans celle-ci ne doit révéler ultérieurement quelque cause organique sous-jacente, ce qui exclut l'évolution démentielle.

Kraepelin décrit deux ordres de phénomènes dans la psychose :

- les troubles élémentaires et

- le délire.

Parmi les premiers, il est d'accord avec Sérieux pour noter l'absence ou le caractère tout à fait épisodique des hallucinations, mais il insiste sur la fréquence des expériences visionnaires sous la forme onirique ou vigile, et les décrit en des termes qui les font répondre aux sentiments d'influence, aux autoreprésentations aperceptives, aux inspirations, aux intuitions délirantes que nous avons appris à isoler. Il y ajoute le symptôme interprétation et les illusions de la mémoire dont il souligne le rôle dans la construction du délire.

Le délire est, dans la règle, systématisé. Il est «  élaboré intellectuellement, cohérent en une unité, sans grossières contradictions intérieures ». C'est, dit Kraepelin, «  une véritable caricature égocentrique de sa situation dans les rouages de la vie » que le malade se compose en une manière de « vision du monde ».

Enfin, le délire est assimilé à  la personnalité intellectuelle, dont il devient une des constantes. Deux autres caractères de l'évolution sont mis en relief :

- l'apparition progressive du délire au cours d'une période de préparation où sa lente invasion se traduit en manifestations de doute et en oscillation de la croyance ;

- sa permanence, à tout le moins, pour un certain noyau délirant.

C'est pourquoi Kraepelin transforme l'étude des délires, en portant son attention, non plus comme ses prédécesseurs sur leurs contenus ni sur leurs structures, mais sur leur évolution.

            Lacan écrit tout un chapitre qu'il nomme : Dans la psychogénie des psychoses paranoïaques, où il décrit alors comment l'école française s'attacha à la détermination des facteurs constitutionnels.

C'est là qu'il cite le texte majeur de 1906 écrit par  Sérieux et Capgras qui s'intitule : Les folies raisonnantes - le délire d'interprétation . 

« Le délire d'interprétation est en résumé une psychose constitutionnelle ( fonctionnelle ajoutent Sérieux et Capgras ), qui se développe grâce à une anomalie de la personnalité caractérisée par l'hypertrophie ou l'hyperesthésie du moi et par la défaillance circonscrite de l'autocritique. Sous l'influence des conflits sociaux déterminés par l'inadaptabilité au milieu, cette constitution psychique anormale provoque la prédominance d'un complexus idéo-affectif, sa persistance et son rayonnement.  »

Nous pouvons prolonger cet extrait par un complément qui montre la verve et la finesse des descriptions cliniques de l'époque : «  Les interprétateurs ne mérite pas l'épithète d'aliénés dans le sens étymologique du terme ( alienus, étranger ) : ils restent en relation avec le milieu, leur aspect se maintient normal ; quelques-uns réussissent à vivre en liberté jusqu'à la fin sans attirer l'attention autrement que par certaines bizarreries ; la plupart sont internés, non pas en raison de leurs idées délirantes, mais à cause de leur caractère violent et impulsif qui les rend dangereux. S'entretient-on avec eux, lit-on leur correspondance ou leurs mémoires, non seulement il arrive qu'on ne relève aucun propos déraisonnable, mais on constate une façon de s'exprimer correcte, des associations d'idées normales,, des souvenirs très fidèles, une curiosité éveillée, une intelligence intacte, parfois fine et pénétrante. On ne peut mettre en évidence ni hallucinations actives, ni excitation, ni dépression ; pas de confusion, pas de perte des sentiments affectifs. Des entretiens prolongés ou répétés sont souvent nécessaires pour découvrir certaines particularités. (...) Les interprétateurs n'inventent pas de toutes pièces des faits imaginaires ; il ne s'agit pas de fictions sans fondement ou de rêveries d'une fantaisie maladive. Ils se contentent de dénaturer, de travestir, d'amplifier des faits réels : leur délire s'appuie à peu près exclusivement sur les données exactes des sens et de la sensibilité interne. Un regard, un sourire, un geste, les cris et les chansons des enfants, la toux ou les sputations d'un voisin, les chuchotements des passants, les morceaux de papier trouvé dans la rue, une porte ouverte ou fermée, un rien sert de prétexte aux interprétations. (..) La lecture des journaux fournit des données innombrables. Les malades découvrent dans les articles des allusions sur leur compte ; les faits-divers, les feuilletons narrent leur propre histoire ; quelques-uns croient entretenir une correspondance par les annonces. Les illustrés publient sous de faux noms les portraits de leurs ennemis : un de nos pensionnaires prend les portraits du roi et de la reine d'Italie pour ceux de sa femme et d'un prétendu amant. [3] »

 

            Après cette présentation magistrale de Lacan, il convient d'étendre cette vision historique  aux données apportées par  Bleuler qui met sur un même plan dans les psychoses chroniques dissociatives la schizophrénie et la paranoïa ( structure unique des psychoses ). Cette conception sera démentie par la suite par H. Claude et H. Hey. Même si cet apport de Bleuler a pu être critiqué, il sera quand même à la base de nombreux travaux de recherche, en particulier ceux de Kretschmer. Ces interrogations théoriques seront connues en langue française par les écrits de Minkowski :

«  Kretschmer essaie sur la base d'une différence de tempérament de séparer la paranoïa        revendicative et la paranoïa sensitive. A la schizophrénie latente de Bleuler succédera la schizoïdie de Kretschmer et les tempéraments dans la vie.

C'est le comportement à l'égard de l'ambiance et la notion de contact vital avec la réalité qui permet après Bleuler de différencier la clinique de la schizophrénie et de la PMD. [4]  »

«  Bleuler, en reprenant les recherches de Kretschmer, aboutissait aux notions de schizoïdie et de syntonie. En dépassant le domaine propre de la caractérologie, il y voyait l'expression de deux principes fondamentaux de la vie. La syntonie vise le principe qui nous permet de vibrer à l'unisson avec l'ambiance, tandis que la schizoïdie, au contraire, désigne la faculté de nous détacher de cette même ambiance. (...) C'est dire que loin de se comporter comme des forces contraires, ils visent deux côtés différents de notre être, aussi essentiels l'un que l'autre d'ailleurs. [5]  »

 

 

            Revenons à Kretschmer pour parler de son ouvrage principal, Paranoïa et sensibilité [6], écrit en 1950. Il expose ses recherches sur le caractère réactionnel du délire paranoïaque avec en particulier la paranoïa des sensitifs et le délire de relation qui comporte trois niveaux.

 

a) Le premier niveau :

            Le caractère sensitif qui se définit comme :

- une succession de traumas affectifs déterminants qui représentent des événements à portée éthique de la vie sexuelle ou professionnelle et

- une éthique scrupuleuse avec une délicatesse excessive et asthénie.

 

            Voici des exemples cliniques tirés de son ouvrage :

            «  Le cas Hélène R. . Caractère sensitif : La malade était dès sa prime enfance très délicate de santé, très sensible, mais intelligente et ambitieuse. Elle était première en classe, excessivement ambitieuse, inconsolable si elle ne pouvait, par hasard, garder sa première place, avide d'apprendre et s'intéressant à tout. Elle était très sensible aux blâmes, s'emportait facilement, gardait rancune longtemps. En général, elle ne pouvait se débarrasser pendant longtemps des impressions pénibles, et même enfant, pensait que tout le monde la regardait, lorsqu'il y avait un petit désordre dans ses vêtements.

            La subtilité et la précision avec lesquelles notre malade nous racontait, après des années, sa vie intérieure, montrent parfaitement combien elle l'avait observée consciemment et intensivement, combien elle l'avait analysée et combien elle la surveillait et la soumettait sans cesse au contrôle scrupuleux de ses principes moraux. Cette vie intérieure subtile et imprégnée d'éthique est essentiellement un symptôme asthénique ( le sthénique vit sa vie, il ne se regarde pas vivre ).

            Le cas Grete H. . Caractère sensitif : âgée de 40 ans, femme d'un sous-chef de gare, elle était une femme menue, tendre, subtile, rougissant facilement. Enfant, on l'appelait déjà la timide Grete. Elle a toujours été très consciencieuse et se confessait avec une scrupulosité extrême. En outre, elle avait des tendances idéalistes, avec des aspirations vers le mieux, le large, l'élevé, vers les milieux sociaux supérieurs. Cette observation fait ressortir de façon très caractéristique le contraste typique entre la subtilité psychasthénique et le dynamisme des aspirations élevées avec une tendance à une surestimation de l'élément moral. [6] »

 

b) Le second niveau :

            Il s'agit d' un événement traumatique qui révèle au sujet sa propre insuffisance et qui l'humilie sur le plan éthique.

 

c) Le troisième niveau :

            Il s'en suit alors le délire de relation en lui-même comportant :

- des remords dépressifs avec des craintes hypocondriaques et

- des idées de persécution sur des conversations d'une grande banalité de la vie quotidienne.

           

            le délire de relation : Revenons au cas d'Hélène R : « Le sens critique disparaît, la malade est sûre qu'on l'observe avec insistance ; elle croit entendre dans chaque mot une allusion à sa prétendue perversité. »

 

Le cas clinique le plus important traité par Kretschmer dans son ouvrage, est l'histoire du Docteur Karl K. . En voici les principaux extraits cliniques :

« Le Dr Karl K. : C'est un important magistrat. Le Dr K. a eu ces dernières années une liaison avec une femme mariée Mme N... ; pour diverses raisons, cette liaison est passée par une période difficile ( 1910 ). Dernièrement, le comportement de K. à l'égard de cette femme a été inégal ; il avait l'intention de rompre avec elle, mais n'est pas parvenu à réaliser cette rupture. Lorsque la femme a voulu, un beau jour, prendre une décision ferme, il l'a menacée ( il avait pris rendez-vous avec elle, lui a fait une scène atroce, menaçant de la trouver même s'il devait la chercher pendant dix ans ; il aurait toujours porté du poison sur lui ). Les choses en arrivèrent au point que la femme, par crainte de représailles, alerta la police. Le Dr K. fut alors assigné au tribunal et il dû alors y exposer son cas. Il en avait été complètement anéanti et parce que la femme avait fait des confidences à des tierces personnes et parce qu'il craignait que tout ne soit découvert et qu'il ne perde sa situation. Plus tard, une lettre nous a appris que les démêlés avec la femme mariée s'étaient extérieurement bien arrangés pour K. et qu'il n'avait plus maintenant aucune raison de s'inquiéter. Les personnes intéressées ne lui gardaient plus rancune. Malgré ces bonnes nouvelles, l'état de K. ne s'est pas amélioré. Il a toujours peur, car il croit que la femme veut le rendre fou, il croit avoir un début de ramollissement cérébral, il nous demande de lui faire des injections de Ehrlich-Hata. Les malaises physiques qu'il ressentait éveillaient en lui le soupçon d'être soigné par des médicaments mystérieux et par l'hypnose ; probablement que tout cela était fait à l'instigation de Mme N... ; elle exerçait toujours une influence néfaste sur lui ; il ne pouvait en détacher ses pensées ; qui sait si elle ne lui avait pas fait prendre une boisson érotique qui, maintenant encore, n'avait cessé d'agir.

Le médecin fut appelé à l'examiner tard dans la soirée, car il croyait avoir une tumeur syphilitique à l'anus ; il se croyait contaminé par Mme N...

Le délire de relation s'accentua continuellement. Il eut l'impression que les autres étaient chargés d'introduire dans la conversation des mots se rapportant à son cas ; on voulait ainsi l'exciter et le mettre à l'épreuve, se rendre compte s'il s'en apercevait et s'il était encore capable d'avoir des sensations et des perceptions normales. La crainte de la contamination syphilitique par la faute de Mme N... le reprenait continuellement. Il était possible qu'elle ait eu des relations avec lui dans le seul but de le rendre syphilitique. Sa propre mère aurait pu s'entendre avec son ennemi mortel Mr N... et ourdir un complot dirigé contre lui. En lisant les journaux, l'idée lui vint brusquement que les journaux étaient arrangés de façon spéciale pour la « maison de fou » et en particulier pour lui ; les articles étaient à double sens pour mettre à l'épreuve son esprit critique et son jugement. Trois mois après le début de son hospitalisation, il prépara son départ, on ne pouvait plus trouver chez lui traces de représentations morbides. Son humeur était égale. Son comportement psychique était tout naturel, ne présentait rien de saillant ; il était gai et confiant. Il avait une conscience de soi prononcée, était animé, actif.

Catamnèse 1917 : Le Dr K. a fait la campagne de Serbie et de Russie comme officier de l'armée active. Il était en bonne santé physique et psychique. Dr K. remplissait de nouveau ses fonctions de magistrat et avançait dernièrement en grade dans son poste civil. Malgré son amabilité et son aménité, il présentait une réserve aristocratique. Il appréhendait d'entrer en conflits ouverts et, en général, manquait de vigueur.

A peine cette forme de maladie avait-elle eu le temps de se consolider qu'il se produisit un déclin brusque de tous les phénomènes morbides. Le malade quitta la clinique presque entièrement guéri et depuis lors, resta, de façon surprenante, capable d'assumer ses fonctions de juge et de remplir ses obligations militaires durant la guerre. Ce qui pouvait, dés le début, infirmer le diagnostic de la « paraphrénie » ( pour employer ce terme à la mode ), et ce qui l'a infirmé c'était tout d'abord la polarisation presque continuelle de l'affect sur une expérience prévalente ; ensuite, et surtout, la correction complète des idées délirantes qui se produisait toujours, tantôt immédiatement, tantôt au cours des périodes d'accalmie. Ce flux et reflux continuel entre un jaillissement passionné des idées délirantes et de non moins vives rétractions de celles-ci se rencontrent à un degré à peine moindre dans des états psychiques processuels. [6] »

 

 

            Comme synthèse sur la paranoïa, voici la classification d'aujourd'hui des délires paranoïaques  :

-  les délires à structure paranoïaque et à expression passionnelle ( érotomanie de GG de Clérambault ; le délire de jalousie de Kraepelin inspiré du travail de Karl Jaspers ; le délire de revendication ou quérulent processif  avec l'exemple des idéalistes passionnés de Dide et Guiraud ) ;

ce sont les délires en secteur ;

- les délires à structure paranoïaque interprétatifs ( vécu persécutif avec parfois des actes médico-légaux contre les persécuteurs ; délire de relation des sensitifs ) ;

ce sont les délires en réseaux.

 

            Mais à cette classification, on peut y opposer les réserves mentionnées par Georges Lantéri-Laura qu'il livre dans l'ouvrage de Postel et Quétel - référence dans l'histoire de la psychiatrie [7] :

[ Au sujet de la constitution paranoïaque ] «  Dans tous les cas, il s'agit d'une organisation durable de l'existence qui peut demeurer en l'état ou constituer le champ préparatoire à deux ordres de décompensation.

D'un côté, ce qui paraît franchement délirant à tous : le délire d'interprétation de Sérieux et Capgras, le délire de revendication et le délire de relation des sensitifs de Kretschmer.

De l'autre, ce qui se dispose aux marges des délires, non sans problèmes médico-légaux :

- les persécutés-persécuteurs  ( Jules Falret, Pottier )

- les quérulents, les processifs ( Krafft-Ebing )

- les hypochondriaques

- les amoureux platoniques ou non

- les persécuteurs familiaux ( filiaux, paternels )

- les persécuteurs politiques ( magnicides de Régis, idéalistes passionnés de Dide ) ;

et aux quels il faut rajouter les jaloux, ambitieux, intenteurs, revendicateurs, pamphlétaires, mystiques et autres, toutes manifestations dont la signification demeure à discuter. »

 

 

            Ces quelques repères dans la nosographie de la paranoïa relancent le débat entre la structure psychique, le caractère/tempérament  ou la personnalité.

 

 

Paul  LE GARZENNEC



Bibliographie

[1]       Sigmund FREUD Le président Schreber 1995 Ed. PUF Col. Quadrige 84 pages.

 

[2]       Jacques LACAN  De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité 1932 Ed. Points Col. Essais 364 pages.

 

[3]       Paul SERIEUX et Joseph CAPGRAS Les folies raisonnantes. Le délire d'interprétation 1909 Ed. Alcan - extrait in Evelyne PEWZNER Introduction à la psychopathologie de l'adulte 2001 Ed. Armand Colin 192 pages.

 

[4]       Eugène MINKOWSKI  La schizophrénie 1927 Ed. Petite Bibliothèque Payot

 

[5]       Eugène MINKOWSKI  Le temps vévu 1933  Ed. PUF Col. Quadrige 409 pages.

 

[6]       Ernst KRETSCHMER Paranoïa et sensibilité 1963 Ed. PUF Col. Bibliothèque de      psychiatrie 293 pages.

 

[7]       Jacques POSTEL et Claude QUETEL Nouvelle histoire de la psychiatrie 2004, Ed. Dunod  647 pages.


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