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LA BOUFFEE DELIRANTE

"Un coup de tonnerre dans un ciel serein..."

La bouffée délirante (B.D.) ou la bouffée délirante aiguë (B.D.A.) est une spécialité française, du moins son entité nosographique.
{nosographie : c'est la description et la classification des différentes maladies]
C'est le français Magnan (Valentin) qui le premier en 1866 a décrit ces états.

La bouffée délirante se traduit par un état psychopathologique aigu avec l'apparition brutale d'un délire très riche tant par ses thèmes que ses expressions.
{Psychopathologie : Minkowski en donnait la défintion suivante : pathologie du psychologique et psychologie du pathologique]

Cet état aigu se voit le plus souvent chez un sujet jeune. On a pu s'apercevoir dans un certain nombre de cas des facteurs déclenchants tels que des traumatismes affectifs (deuil, prison, changement de vie...), parfois l'absorption de certaines substances pouvent favoriser l'apparition de bouffée délirante : alcool, toxiques, médicaments.

On a pu également se rendre compte d'une certaine fragilité du sujet atteint de bouffée délirante (sujet immature, personnalité psychopathique ou hystérique ou schizoïde, etc...)
[personnalité schizoïde : sujet ayant dans certains cas des troubles de la personnalité pas forcément psychotique qui donne à voir une certaine excentricité]

Le délire est très riche avec des thèmes extrêmement variés avec une adhésion totale du sujet à son délire. Cette adhésion laisse progressivement la place à une certaine perplexité. Les thèmes du délire sont multiples avec des métaphores avec des thèmes de grandeur, de persécution, de possession, de transformation corporelle, etc.
Les mécanismes de ce délire sont aussi très variables : hallucinatoire, interprétatif, imaginatif, intuitif, onirique.
Les hallucinations s'accompagnent d'un syndrome d'automatisme mental (voix intérieures, pensées imposées ou devinées, échos de la pensée etc. ) Le sujet a l'impression d'être téléguidé, que son comportement est commenté.
Aucune critique n'est possible en période d'état ce qui peut entraîner des troubles du comportement. L'humeur est quant à elle modifiée avec des variations rapides entre des phases euphoriques et dépressives, elle suit en fait les vagues délirantes et le désordre des idées. La conscience parait légèrement destructurée. Le sommeil est altéré, parfois on retrouve une inquiètude vague. Les autres signes biologiques ou physique sont variables dans le temps mais pas spécifiques à cette pathologie

Les formes cliniques :

Elles sont décrites par référence aux mécanismes qui élaborent l'expérience délirante :
- des formes hallucinatoires aiguës : hallucinations et automatisme mental
- des formes interprétatives aiguës : grande part émotionnelle avec jalousie, idée de préjudice
- des formes imaginatives aiguës : fabulation monumentale, imagination romanesque, exubérance
- des formes d'allure maniaque, confuso-délirante, étiologiques, etc.

Le diagnostic :

Il se fonde sur un examen psychiatrique du sujet, sur les renseignements obtenus de l'entourage.
Il repose sur :
- Le mode de survenue de l'épisode délirant : brutal
- les multiples formes du délire
- l'adhésion totale au délire
- la présence de troubles de l'humeur en alternance
- une certaine variabillité du tableau clinique
- pas de confusion mentale

Evolution

La bouffée délirante évolue soit doucement vers la guerison, en quelques jours voir quelques semaines. Elle peut aussi disparaître de façon aussi brusque que son arrivée.
Le sujet peut alors critiquer ce qui lui est arrivé et en garder le souvenir.

Magnan disait "sans conséquence, sinon sans lendemain".
Ce n'est peut être pas aussi rose que cela.
Dans 30 à 35 % des cas, elle restera effectivement épisode unique dans la vie du sujet. Pour le reste, il peut y avoir une évolution moins favorable avec des récidives d'accès délirants soit de la même nature que la première fois, soit d'épisodes avec des plus gros problèmes d'humeur et une évolution vers une psychose maniaco-dépressive. Le passage a la chronicité se voit dans 25 % des cas ; le sujet jeune ira vers une évolution schizophrénique dissociative, et le sujet plus âgé vers une vie délirante chronique.

Le traitement :

- Hospitalisation d'urgence dans un milieu spécialisé (comme le sujet ne se sent pas malade, il arrive bien souvent que cette hospitalisation soit une hospitalisation sous contrainte.
- élaboration d'un traitement médicamenteux : souvent les neuroleptiques, parfois associé à un sédatif
- surveillance des problèmes somatiques associés et traitement si nécessaire
- psychothérapie de soutien

SOURCES :

- CARALP Evelyne : Ces maladies mentales nommées Folie : Les essentiels Milan, 1999

- THUILLIER Jean : La Folie : Histoire et Dictionnaire, Collection Bouquins, Robert Laffond, 1996

- GODFRYD Michel : Psychiatrie de l'adulte, de la théorie à la pratique, Doin, 1999

- LEMPERIERE Th. FELINE A. Psychiatrie de l'adulte, Masson, 1983


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