Retour aux acteurs  
  Retour à l'accueil

Portrait d'un art-thérapeute

Je pars pour cette réflexion d’une demande d’origine : définir un portrait de l’art-thérapeute. Mais pas n’importe quel art-thérapeute. Moi. J’ai donc décidé de partir de ces deux mots, ma pratique.

 

Art-thérapie. Deux mots. Art d’un côté. Thérapie de l’autre. Et au milieu : un tiret. Quelque chose relie donc ces deux mots. Un trait. Un petit trait. Discret. Mais à ne pas négliger. Le tiret comme trait d’union. Unir. Relier. Faire lien. Lier. Avec toutefois une mise en garde glissée par les auteurs du dictionnaire : ABUSIVT. Qui signifie : abusivement (emploi très critiquable, parfois faux sens ou solécisme). Mais aussi le tiret pour souligner ce qu’il y a entre. Dans le Larousse on trouve cette phrase de Giraudoux : « Il y aurait, gravées sur sa tombe, deux dates côte à côte, 1876-1925, séparées par un tiret. Ce tiret était sa vie. »

Ici le tiret serait la vie entre l’art et la thérapie. Tout ce qui se joue entre ces deux mots. Mais aussi tout le bagage du thérapeute. Parcours. Chemin. Cheminement. Ne pourrait-on pas aussi y voir le processus créateur ?

 

Qu’est-ce qu’un portrait ? Une image d’une personne à un temps T. On peut faire un portrait en usant de mots ou encore de couleurs et de traits, de graphisme. Le portrait c’est la représentation d’une personne réelle, de son visage ou encore une photographie d’une personne, une image, une réplique. Mais un portrait c’est aussi une description orale, écrite. On définit une identité. Sous cette identité se cache des traits, une personnalité, un caractère, des signes particuliers, des éléments biographiques, des éléments administratifs. Image en relief. En trois dimensions. Présentation. Représentation. On pourrait se référer à la carte d’identité.

 

Comme art-thérapeute je suis une personne, un être humain. J’ai donc derrière moi un parcours. J’ai fait des choix, j’ai pris des directions. J’ai aussi fait des rencontres. Mon environnement a nourri ma pratique. C’est de ces rencontres ainsi que d’échanges qu’a surgi une certaine pratique. 

 

D’abord j’ai cru que mon identité professionnelle se définissait par un choix et une rencontre. 1995-1998 : étudiante en arts plastiques, job d’été dans un lieu de vie pour des personnes souffrant de handicaps mentaux. La rencontre de deux univers. Presque opposés. L’organisation et la désorganisation. La rigidité et la propension à la rêverie. L’univers des soins et celui de l’art. Rencontre avec la maladie aussi. La souffrance. Le trouble. Moi, face à des personnes. Moi, étudiante en arts plastiques avec un certaine sensibilité, un certain regard sur le monde, face à un autre univers. Choc peut-être. Leçon de vie aussi. Apprentissage. Patience. Affection. Cheminement pas à pas. Accompagnement. Ce fut le temps d’une mise en place d’un premier travail avec cette population en collaboration avec une aide-soignante. Avec juste l’idée de faire faire de la peinture. Offrir un temps et un lieu pour leur permettre de peindre, dessiner. Des moments de bonheur, des petits riens. Moments ensemble. Echanges.

1997-1998 : par le biais d’une dame de mon village j’entends parler d’art-thérapie. Elle me parle de sa propre confrontation à l’art-thérapie. Elle évoque surtout Nathalie Walter, étudiante du D.U. de Paris 5. Elle nous met en lien. Je me souviens de rencontres, d’une passionnée, de livres éparpillés, de questions, d’une liste de formations. Je me souviens de ma frénésie. De cette sensation d’avoir trouvé sa voie. Voilà ce que je voulais faire. Voilà ce qui ferait lien entre mes divers intérêts. Et puis aujourd’hui, je me rends compte que ce mot d’art-thérapie faisait sans doute écho avec ma conception de l’art et mon propre rapport à l’art, ma pratique.

 

Alors la source se trouve bien plus loin. Plus en arrière. Dans l’enfance. Même si mes souvenirs sont confus. Il y a un événement qui m’a probablement jeté dans les bras de l’art comme d’autres s’en remettent à la religion. Je crois, avec le recul, que j’ai moi-même un parcours art-thérapeutique. Je commence à saisir le processus de création que j’ai parcouru.

Je me souviens de la peinture rouge sur une boîte en carton pour en faire une maison, je me souviens des feuilles de papier quadrillé pliées et des traits aux crayons de couleur pour les transformer en maison, je me souviens des assemblages, des papiers collés sur une planche de bois, des villes qui surgissaient, les personnages, les arbres, les histoires qui les accompagnaient. Je me souviens de ces jeux. De cette création à partir de trois fois rien. Je me souviens des heures passées à esquisser des plans au crayon papier. A la recherche de la maison idéale. Des histoires qui s’ébauchaient dans ma tête. Je me souviens des revues de décoration, d’architecture feuilletées frénétiquement, des promenades d’observation, scrutant chaque maison. La règle, le papier quadrillé, le crayon de graphite, une gomme et l’imagination. Puis les plans en trois dimensions avec la couleur, l’apparition des objets. Je me souviens de cette notion de jeu. Pour faire semblant. Transformer. Pour accepter. Me bâtir un nouveau monde. Accepter. Transformer. Restaurer. Réparer. Aujourd’hui je vois cette compulsion à tirer des traits comme une volonté de maîtriser, de contrôler, mettre de l’ordre aussi dans le chaos. Je vois peut-être un parcours. Puis la peinture. Maladroite. Les difficultés de la perspective. Des volumes, des proportions. Les cours du mercredi aux Arts décoratifs. Un nouvel univers. Jouer avec la matière, les formes, les couleurs, les textures. Se confronter à la technique. S’en saisir pour l’adapter, la transformer. S’en détacher petit à petit. La fac d’Arts plastiques. La confrontation au regard de l’autre. Les échanges. La réflexion. La pratique. Se confronter à la matière. Observer durant des heures. Développer un sens de l’observation. Scruter, démonter, déconstruire pour reconstruire. Autrement parfois. A l’identique. Recopier. Copier. Décalquer. Passer par toutes les étapes. Expérimenter. L’histoire de l’art aussi. L’art dans l’histoire. Tout ce qui a été fait. Passer en revue. Découvrir. Comprendre. Confronter. Réfléchir. Voir. Se baser sur. Transformer.

 

Puis un premier entretien d’entrée au DU. Acquérir de l’expérience de vie. Des connaissances en psychologie, psychiatrie. Passer un premier concours, le premier étant un concours d’entrée en IFSI (institut de formation en soins infirmiers). Lâcher prise.

1999-2002 : formation en soins infirmiers. Avec toujours en ligne de mire l’art-thérapie. Alors faire des stages en soins généraux, y puiser des savoirs, de l’expérience. La confrontation à l’être humain. Une tentative pour comprendre. Se focaliser sur le relationnel. Engranger des connaissances en psychiatrie et faire le maximum de stages dans cette matière. Psychiatrie adulte et pédopsychiatrie. Intra et extra hospitalier. Rencontrer des art-thérapeutes. Le Québec a pointé le bout de son nez. Nouveau pays. Ouverture et découverte. S’adapter et tenter de comprendre. Echanger. La découverte de l’être humain dans sa globalité. Les médecines douces. Ne pas fermer son horizon. La complémentarité. Faire des choix aussi. Synthétiser. Adapter à un autre pays lors du retour. Ne pas refuser les expériences en soins généraux. Engranger : stages en chirurgie, médecine, soins palliatifs, associations… Essayer de balayer toutes les orientations. Se confronter à ses propres peurs, ses angoisses. Tenter de comprendre ce que peuvent susciter ses expériences. Comment répondre aussi à un être humain en souffrance ? Comment entendre cette souffrance ? Comment la gérer ? Aller jusqu’au bout. Trouver des solutions. Ne pas baisser les bras. Aller de l’avant. Combattre.

 

Rester ouvert à l’autre, l’étranger. L’accueillir. Lui faire une place. Qu’il soit français, québécois…Qu’il souffre d’un handicap mental, du sida, qu’il soit en fin de vie… Etre attentif, à l’écoute. Etre là, ici et maintenant. Dans l’instant. Observer. Passivité active. Ne pas vouloir à tout prix agir. Etre dans l’action. Savoir aussi qu’il y a des choses qui échappent. Que l’on n’est pas omniscient. Le reconnaître aussi devant le patient. Rester humble. Mon parcours en psychiatrie m’a appris à reconnaître mon impuissance. Réfléchir. Se remettre en question. Douter. Etre sûr de son cadre. Le poser. Le maintenir. S’y tenir. Pour qu’il puisse devenir malléable. Rigidité du dispositif permettant la transgression. La souplesse du thérapeute, du cadre. Mettre des limites. Poser un cadre. Les bases. Structurer. Je commence à penser que l’art-thérapeute pourrait se définir comme la « mère suffisamment bonne » de Winnicott. Celle qui est attentive aux besoins de son enfant. Qui s’adapte tout en laissant une marge. Introduire de la rupture dans la continuité. Ne pas aller au devant des besoins de l’enfant. Celle qui a la capacité de rêver. Etre à côté de son enfant. Etre présente tout en faisant autre chose. Tout en sachant qu’en cas de nécessité elle sera là. Mettre des mots aussi sur des affects, des ressentis. Permettre au patient, tout comme un enfant d’aller vers l’élaboration. Lui permettre l’autonomie. Le rendre adulte. Savoir aussi lâcher prise. Laisser le patient reprendre son autonomie quand il en ressent le besoin. S’adapter. Comprendre. Proposer des temps de retour sur les œuvres. Les voir ensemble. Pointer les changements. Rester tourné vers le plastique. Parler plastique. Ne pas interpréter. Seul le patient sait vraiment à quoi sa production peut se rapporter. Laisser le patient dire, au moment qu’il aura choisi, des éléments. Ne pas partir à la pêche aux éléments. Ne pas vouloir à tout prix tout savoir. Tenir compte de sa pathologie ; ne pas la perdre de vue. Mais ne pas se forger d’opinion avant de rencontrer le patient. Laisser les choses advenir. Permettre l’accident. S’en saisir.

 

Je pense que dans mon parcours, la notion de voyage, mon intérêt pour la lecture, la littérature, l’histoire (D.U. de langue, littérature et civilisation russe), le théâtre, la musique m’a permis aussi de porter un regard sur les patients. Cela permet de comprendre certaines choses. Cela permet d’être ouvert à l’inconnu. Ne pas savoir forcément ce qui va advenir. Se laisser surprendre. Cela apprend la patience. Ne pas vouloir à tout prix brusquer les choses. Laisser le temps au temps. Mon temps n’est pas celui du patient. Ne pas vouloir imprimer ma patte artistique au patient. Lui permettre d’expérimenter. De tâtonner. De patouiller dans la matière. Faire des essais. Répondre aux demandes techniques. Permettre à celui qui veut utiliser la règle ou une image au début de le faire. Accompagner. Etre là. Sans être là. Se faire tout petit aussi. Permettre au patient de s’immerger dans sa pratique. Se concentrer. Chacun de nous a pu vivre dans sa propre pratique ce temps d’immersion. Moment où seule la matière compte. Notre esprit se noie pratiquement dans la texture. Le temps n’a plus de prise sur nous. Le temps s’arrête. L’art-thérapeute étant garant du cadre temporel. Ce temps de pratique qui doit aussi avoir une fin. Désir et frustration. L’attente du prochain moment de peinture. Y penser. Faire un projet. Revenir sur ce qui a été fait. Transformer. Elaborer.

 

L’art-thérapie dans mon cadre de travail actuel me semble être une psychothérapie à médiation artistique. Psychothérapie dans la notion d’un travail psychique. Mettre en branle, remuer, penser. Passer par une médiation artistique, entrer dans un processus de création pour se mettre à penser, élaborer et enclencher un changement puis une évolution. Le tout pouvant se faire sans que le patient en ait lui-même conscience. Petit à petit des changements vont s’opérer dans la vie du patient. Ils se feront à petits pas ou à grand pas. Sur quelques mois, sur quelques années. Il va y avoir des pas de géant, des retours en arrière, des souffrances, des bonheurs. Parfois on aura envie de secouer le patient, de le prendre et de lui hurler : « Mais tu vas changer bon sang !!!! » Mais toujours il faudra se retenir, en parler avec son superviseur, mettre des mots autour de, comprendre ce qui se joue pour nous. Ne pas agir dans la précipitation. Parfois la répétition est nécessaire aussi. Ne pas avoir trop d’attentes. Rester réaliste. Après tout on ne change pas d’un claquement de doigt. Même si à la base il y a une demande, on ne mue pas sans douleur. Savoir aussi ce qui possible ou non. On ne peut pas attendre la même chose d’un patient souffrant de phobies et de celui souffrant de psychose.

 

Echange autour de l’art, de la culture, des expositions, des catalogues. Ne pas assener des vérités. Proposer. Ensuite le patient s’en saisi ou non. Il peut le faire tout de suite ou des lustres plus tard. Il n’y a pas de bon ou mauvais, de vrai ou de faux. Il y a un patient, un être humain avec son histoire, sa vie, son parcours, ses envies, ses désirs, ses peurs, ses angoisses. Il y a rencontre. Entre deux personnes. Deux vies. Deux histoires. Il y a accroche ou non. Il faut aussi pouvoir reconnaître que parfois on ne peut aider un patient. Qu’il lui faut intégrer un autre atelier. Qu’un autre art-thérapeute sera plus approprié. Car il y a autant d’art-thérapies que d’art-thérapeutes. Autant de parcours de vie. De compétences. De personnalités. Comme il y a autant de patients. Des pluralités. Des singularités.

 

Prendre en compte l’atelier. Sa disposition. Son architecture. Ses bizarreries. Le fait de le partager avec d’autres art-thérapeutes. Faire avec. Inventer. Créer. Le rendre enveloppant. Sécurisant. Contenant. Trouver ses repères. Composer avec l’environnement. C’est aussi faire sa place dans un lieu. Créer des liens, transmettre à une équipe. Tenir au courant, informer pour que l’autre puisse comprendre votre travail et vous faire confiance. Rassurer l’équipe. Faire des ponts. Faire visiter une exposition. Expliquer cette exposition. Situer un lieu, des œuvres, des artistes. Mettre du sens. Faire connaître. Manière aussi de communiquer avec une équipe, d’intéresser à l’art-thérapie.

 

Echanger avec d’autres art-thérapeutes. Ceux de l’équipe. Ceux aussi qui vous ont formé. Ceux que la vie vous a fait rencontrer au hasard des voyages, des demandes de renseignement. Répondre à ces demandes d’information lorsqu’elles se présentent. Expliquer. Montrer l’intérêt d’une formation. Evoquer l’atelier. Transmettre un savoir, des connaissances. Interroger sa pratique. Ecrire autour de sa pratique. Pour moi cette opportunité m’a été donnée par une ancienne collègue  infirmière. Elle m’a un jour parlé de Serpsy, j’ai pris contact avec Anne-Marie Leyreloup et elle m’a confirmée dans mon désir d’écrire pour ce site. D’abord comme infirmière aux urgences psychiatriques puis comme art-thérapeute. Ecrire permet de poser ses idées, de mettre de l’ordre, d’essayer de comprendre ce qui se passe. Travailler en réseau m’a toujours paru primordial, seul on tourne vite en rond. Se confronter aux autres c’est infirmer ou confirmer des idées. C’est s’ouvrir à la critique, remettre en question, trouver des solutions aussi. Dans ma pratique j’effectue aussi des recherches sur des artistes faisant partie de la Collection de Sainte-Anne. Cela m’a conduit à m’ouvrir à tout un monde. De faire des rencontres. D’enrichir mes connaissances. Sûrement ma pratique aussi. Porter un autre regard. Découvrir d’autres pratiques hors art-thérapie. Des ateliers sans art-thérapeute. La notion d’exposition, de vente d’œuvres. D’autres expériences. D’autres professions. D’autres petits bonheurs. Cette notion de petits riens, chère à Walter Hesbeen et que j’ai toujours aimé. Une pratique d’infirmière passe par des petits gestes : une parole douce, un regard, un toucher, un moment ensemble, une odeur, il n’y a pas que la technique. Souvent la technique va devenir un cache. On se cache derrière la technique pour ne pas voir, ne pas sentir, ne pas se laisser toucher par l’autre. Tout comme en art-thérapie la technique seule ne compte pas. Il me paraît plus important de se confronter à la texture, à la matière, à l’odeur. Toucher, tâter, sentir, humer, patouiller, étaler… Gratter, frotter, effacer, aplatir, remettre une couche,… Ce laisser prendre par l’atelier. Ecouter le son du pinceau sur le papier, du pinceau dans le gobelet d’eau, du pinceau que l’on pose sur la table. Les murmures du patient en train de faire, les mots d’énervement, les souffles, les grognements, les cris de victoire… La feuille froissée, pliée, déchirée, jetée… Les brouillons rangés avec ferveur dans la pochette ou flanqués à la poubelle. Les revues, les livres feuilletés. Les mesures. Le ciseau qui coupe. Le bruit du chauffage. La nuit noire d’encre au travers de la fenêtre, comme une enveloppe, un cocon. Les arbres devant l’atelier, modèle parfois. Les images passées en revue. Le choix. Les évocations de souvenir. Les échanges. Le silence. La bouilloire. Les odeurs de café, de térébenthine, d’huile de lin. Le froissement d’un paquet de gâteau. Le paquet qui fait le tour de l’atelier. La place de chacun. Les changements aussi. Les mécontentements. Les colères. Les sourires. Les rêveries. La table avec son organisation. En vrac ou organisé. Les productions frénétiques ou celle que l’on travaille sur plusieurs séances. Minutie ou chaos. Peinture déposée ou jetée. A chacun son parcours  au sein d’un atelier. Les regards qui se posent sur les œuvres. « J’aime ce que tu as fait ». Ce qui n’est pas dit. La curiosité. Ce qu’on emporte et ce qu’on laisse. Pourquoi ? Comment ? Souvent le silence envahit l’atelier, faux silence, empli de petits bruits. Bruits de la vie. Vide aussi. Sur lequel élaborer. La poignée de main. Rituel d’arrivée et de départ. Le nouvel arrivé. Celui qui part. Rassurer, Respecter. Expliquer. Accompagner.

J’ai voulu faire un portrait en écrivant de manière aussi peu scolaire que possible. Au travers de ce texte je souhaitais vraiment vous faire partager ma vision de l’être humain et celle de ma pratique d’art-thérapeute. Elle se base sur des concepts mais aussi sur un parcours. Cheminement de vie, cheminement professionnel, cheminement dans le processus créatif tout me semble intriqué. J’aurais pu aussi ajouter mon rapport de stage d’art-thérapie, encore un parcours. Car je ressens vraiment un lien avec mes différents art-thérapeutes référents, je sens un véritable lien de filiation. Un fil conducteur. Une pensée commune, un regard humain sur le patient, des concepts qui nourrissent la pratique et des parallèles dans le cheminement créatif. Même si chacun d’entre eux à sa propre personnalité. J’aurais pu aussi citer mon mémoire d’art-thérapie ou encore celui d’infirmière. Je pense que j’ai petit à petit tissé ma toile, ne perdant jamais le fil. Et maintenant je m’interroge sur mon prochain geste, que me réserve ce « coup » d’aiguille, quel point va apparaître ? Que va-t-il advenir ?

 

En art-thérapie j’aime ces moments où les patients peignent et où le temps se suspend, mon regard flâne et mon esprit s’interroge : que me réserve le patient ? Quel geste ? Quelle attitude ? Comment va-t-il évoluer ? Comment va évoluer sa pratique ? Et je vois devant moi surgir des formes, des couleurs, des accidents…Je vois le patient réagir. S’approprier l’espace de la feuille. Faire avec l’accident. Le transformer, le réparer, le restaurer. Créer.

 

Je vous remercie d’avoir porté votre regard, votre attention sur ce texte et souhaite que ce projet vous parle quelque part, qu’il fasse écho en vous et vous interpelle. Merci.

 

 

 

DELPHINE OHL - mars 2009


nous contacter:serpsy@serpsy.org