Mme Jocelyne Abittan
Psychologue
Hopital Esquirol

A l'attention des responsables de Serpsy,
Mme Anne Marie Leyreloup et M Emmanuel Digonnet


Veuillez trouver ci-joint une réaction aux textes de Mme Marie Rajablat
Je vous remercie de bien vouloir publier cet avis ainsi que d'autres afin de permettre un auter point de vue sur la vision de cette situation.

Visiteuse occasionnelle de votre site, mon attention a été attirée par votre rubrique " Psy du bout du monde ".
Autant le texte de M Marc Livet en mission au Kosovo reste sobre, mesuré, proche des préoccupations sanitaires, autant celui de Mme Marie Rajablat se présente comme un pamphlet politique.
Sur le mode du roman-fleuve, dans un vocabulaire lyrique et même dramatique, elle décrit un monde manichéen fait de Palestiniens accablés, effrayés, vivant dans la terreur face à une armée de sauvages.
Des "soldats" sans nom, sans âge " de jeunes colons barbares ", " un merdeux de 20 ans " , "un jeune soldat hargneux et tonitruant portant tout azimut son plus fidèle compagnon, un M16 " , "un jeune homme aux traits fins ,plutôt ,joli garçon ,habillé élégamment ,parlant dans un anglais impeccable, proférant des menaces de mort sans raison" etc.… Par ailleurs , Mme M. Rajablat déclare, je cite " rien n'est plus effroyable que d'être témoin du suicide d'un pays comme Israël, emporté dans la tourmente de la haine et de la violence.
Rien n'est plus terrible que d'être témoin des outrages qu'un peuple fait subir à un autre en le rendant haïssable aux yeux du monde entier. " et je cite encore " Rien n'est plus intolérable que d'entendre une communauté comme celle des Juifs fournir des prétextes aux antisémites de tous poils ; " !!!!
Par ce renversement , Mme M. Rajablat fait mine de dénoncer ce qu'elle met non seulement en exergue mais dont elle fait la promotion.
De tout ce texte, il n'est que deux fois question d'attentat suicide, un à Haïfa (article n° 9), un autre a Tel-Aviv (article n°15} cités incidemment, isolés, banalisés et perdus dans l'ensemble du texte.

Depuis le déclenchement de l'Intifada des Mosquées par les palestiniens le 29 Septembre 2000, cette région est en état de GUERRE.
C'est un état de guerre dans lequel sont plongées les deux populations.
Il n' y a plus ni de " Jérusalem la douce ", ni de " Naplouse la douce ". En parler de cette sorte relève d'un déni de réalité, d'un véritable scotome qui ferait porter tout le poids du conflit aux seuls Israéliens et ferait apparaître uniquement la population palestinienne comme victime d'une brutalité sans raison.
Ces articles seraient touchants sur le sort des populations civiles s'ils n'étaient pas isolés du contexte.
Il aurait pu être écrit la même chose du coté israélien devant les attentats journaliers, les corps déchiquetés, les enfants terrorisés, et les handicapés à vie…
Je vous rappelle que depuis le déclenchement de l'Intifada armée palestinienne, les centaines de morts civils israéliens à la suite d'attentats dits " kamikazes " obligent ce pays a toutes sortes de contrôles afin de se protéger.
Pour un attentat réussi, combien d'attentats déjoués justement par ces check point si " arrogants " ?
Savez vous que pour chaque attentat " réussi ", la famille du " kamikaze " reçoit 25000 dollars !
Peut être qu'avant le déclenchement de cette guerre, votre collaboratrice aurait pu avoir de Naplouse une vision tout à fait différente.
Néanmoins, on peut se poser la question, quelque peu dérangeante de cette vision partiale et interprétative qui tente de diaboliser une armée, un peuple, obligés de se défendre sans pour autant générer la moindre empathie à son égard ?! Par ailleurs, l'intitulé de ces textes est regroupé sous le vocable " Psy du bout du monde ".
Je ne vois pourtant ni descriptions cliniques, ni discussion psychopathologique, ni questionnement, ni perspective d'aucune sorte qui justifient le qualificatif de " Psy " !


Avec toute ma consideration.

Jocelyne Abittan