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L'hygiène c'est la santé.... mais ce n'est pas la toilette



Etymologiquement ce n'est pas totalement faux puisque le mot hygiène vient du grec hugieinon qui veut dire santé. L'hygiène est l'ensemble des principes et des pratiques ayant pour but la conservation et l'amélioration de la santé.

Dans l'ère hygièniste la bain quotidien va devenir la règle. Nous allons donc dès le petit matin proposer à chaque patient un bain ou une douche. Plus le patient sera dépendant, moins la proposition pourra être refusée. Les habitudes de vie passées ne seront que peu prises en compte.

Si le bain et la douche sont des soins infirmiers, ne serait-il pas important d'effectuer avant toute proposition de toilette, une démarche de soin inventive et personnalisée qui prendrait en compte les habitudes de vie de chaque personne hospitalisée.

Pour ma Grand Mère par exemple qui était une femme d'origine rurale, perndre un bain tout les jours outre le fait qu'elle n'a jamais eu de baignoire dans son antique maison, aurait été pour elle un acte déraisonnable . Il aurait enlevé de son corps tout ce qui luttait pour elle contre les maladies. Des petites protections invisibles qu'elle pressentait et qu'elle ménageait. Chez elle donc, pas de douche ni de baignoire. Une toilette quotidienne devant le lavabo plus ou moins rapidement. Une toilette plus élaborée, le dimanche avant la messe... Hospitalisée en ce moment, elle choquerait par son manque d'hygiène. Une toilette devant un lavabo n'est pas considéré comme un acte de propreté, mais comme un manque d'attention à son corps (voir pire). Et pourtant elle y faisait attention à son corps, elle éviter de trop le laver pour "l'user moins" et pour éviter "d'attraper la mort". Chez elle, pas de produits d'hygiène ultra parfumé, un simple savon de marseille. Une bouteille de préparation à base de camomille du jardin pour le visage et une autre à base de bleuet pour les yeux comme objets de coquetterie.
Ma Grand Mère* sentait bon, l'odeur des saisons, l'herbe coupée à la fin du printemps, le linge lavé à la rivière, la camomille, la verveine de ses préparations et tisanes.

Pour certain patient psychotique , la peau est tellement perméable que la saleté qui l'a recouvre est une protection contre tout ce qui menace d'y pénétrer ou d'en fuir.
De plus, les sensations olfactives contribuent à créer une sensation de vie. Je ne dis pas qu'il ne faut pas aider les personnes à avoir un peu d'hygiène mais je dis qu'il faut y réfléchir à minima.
Oter cette crasse sans réflexion est une maladresse incroyable et témoigne d'un manque dans la formation des infirmiers. Le pire est qu'actuellement, lorsqu'on travaille en équipe, l'infirmier qui accepte que le patient ne "passe" pas à la douche tous les jours ou qui accepte que celui ci se lave au lavabo, se sent confusément responsable de paresse.

Pour travailler sur l'intime, sur l'hygiène, il nous faut un peu de réflexion... à lire l'excellent bouquin de Marie Rajablat



* Ma Grand Mère lavait le linge dans une rivière - Lavandière d'un autre temps...



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