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Comment est né en France la Thérapie Avec le Cheval (1)   


Renée de Lubersac est psychomotricienne, psychothérapeute, ex-enseignante au D.E. de psychomotricité à Paris VI. Elle est docteur Honoris Causa de l’Université de Wroclaw en Pologne.
Elle pratique la thérapie avec le cheval (T.A.C) depuis 1968. Elle est l’un des membres fondateur de la F.E.N.T.A.C (Fédération Nationale de Thérapies Avec le Cheval).
Renée de Lubersac et ses collaborateurs ont mis en évidence, décrypter et théoriser tous les modes de communication archaïque qui peuvent se mettre en place entre l’enfant et le cheval fondés sur l’utilisation des différents canaux sensoriels  tact, olfaction, vision, audition, coenesthésie. Ils ont montré que la mise en place de ses systèmes d’échange infra-verbaux pouvaient servir les bases dans la constitution du sentiment d’identité et être les prémices à l’établissement de systèmes d’échanges plus symbolisés (2).
 


Comment est né en France la Thérapie Avec le Cheval

Cette histoire commence à l’automne 1969 après validation du mémoire de D.E de psychomotricité de Renée de Lubersac. Au premier plan 3 associations  la MGEN, la MAE, l’Entraide universitaire. Ces 3 associations étaient tenues, à cette époque, par les mêmes personnes, le même président pour ces 3 associations, les secrétaires générales et les trésoriers se trouvaient également dans les 3 associations. Ils étaient tous anciens instituteurs ou anciens professeurs de l’Education Nationale.
Le général Wilson, général anglais, vient rencontrer ces associations et leur raconte qu’en Angleterre vient de naître une nouvelle forme de rééducation par l’équitation. Il propose une rencontre. Renée de Lubersac est alors contacté au vue du thème de son mémoire de psychomotricienne, «ééducation psychomotrice et équitation classique  ».
Ils partent, au début de l’année 1970, en voyage d’étude en Angleterre avec le président des 3 associations, la secrétaire générale de la MAE et le trésorier de l’A.P.A.J.H (3)
.
Au retour de ce voyage Renée de Lubersac écrit un article dans «Equestres  ». Suite à cette publication elle est contactée par Hubert Lallery, masseur-kinésithérapeute, et dit-elle, elle reçoit «volée de bois vert  ». H.Lallery lui dit qu’elle va se faire attaquer par tous les kinésithérapeutes, qu’elle n’a pas le droit d’exercer dans ce domaine et qu’il est difficile de croire que la profession de psychomotricien puisse persister.
Elle vient quasiment d’être crée  !!!
A cette époque Renée de Lubersac fait partie de l’équipe du CEARE (4). C’est la première instance officielle en France qui s’est occupée de ce domaine.
En 1971 nouveau voyage d’étude en Angleterre auquel est venu s’adjoindre H.Lallery. Au retour, H.Lallery fonde son association  l’association par la rééducation par l’équitation.
2 associations étaient donc nées pour une chose qui n’existait pas encore réellement en France. L’équipe du CEARE, trouvant cette situation quelque peu ridicule, propose de réunir ces 2 associations. C’est ainsi que l’ANDRE (5) voit le jour.
Le premier Président de cette association nationale a été Mr Henry, qui était le directeur de «
Equestres  ».
A la première réunion de cette association, H.Lallery annonce que Mr Henry est mort. Il n’a donc jamais participé à aucune réunion. H.Lallery devient Président de L’ANDRE, Renée de Lubersac Secrétaire Générale.
Ensemble, ils publient, un premier livre    «
rééducation par l’équitation  ». Plusieurs voyages d’études à l’étranger se succèdent  l’Angleterre, la Belgique, la Suisse, le Danemark…
Le travail débute en France. Chacun prend son bâton de pèlerin et commence la visite de tous les centres équestres. Au cours de ces visites, l’équipe de l’ANDRE propose des réunions pour expliquer ce qu’est la rééducation par l’équitation.
Cependant une différence notoire commence à pointer entre les membres de l’ANDRE. Deux orientations apparaissent, l’une thérapeutique, l’autre fixé sur le monde équestre. Le monde équestre ne comprenait «à rien  » de ce que pouvait dire Renée de Lubersac.
En 1976, il y a séparation. L’équipe du CEARE fonde l’ANETEL (6)
. Le premier regroupement se fait à Fontenay-sous-Bois, 30 personnes y participent.
Entre temps le président de l’ANDRE change. C’est le Commandant de Fontvelle, cavalier émérite, qui prend la présidence. C’était un militaire qui considérait Renée de Lubersac comme un «
valable  », un ennemi qu’il fallait combattre. Les Haras  ont joué, dès le début, un grand rôle dans cette situation. En 1970 ils donnent une subvention à l’ANDRE. Ils participent à toutes les réunions. L’ANDRE se trouvait donc sous «coupelle  » des Haras (7). Ils étaient les mentors, ils finançaient et fixaient les lignes de conduite.
L’ANETEL a rencontré le directeur des Haras, Mr Blanc, et fait une demande de subvention. Cependant Mr Blanc a proposé que les 2 associations se regroupent à nouveau. Dans ce cas il augmenterait le montant de la subvention. L’ANETEL capitule et rejoint l’ANDRE.
Différents présidents se succèdent à la tête de l’ANDRE. Renée de Lubersac, quand à elle, continue de maintenir le même discours à savoir l’équitation n’est pas de la thérapie, la thérapie nécessite une certaine écoute et une formation, le cheval est, lui, le médiateur.
Renée de Lubersac anime durant plusieurs années des stages de formation, sous l’égide de l’A.S.E.R.T.A.C (8)
  , sur le travail thérapeutique possible avec les chevaux. Ces stages durent 8 jours, puis plus rien.
En 1986, au cours d’un de ces stages, certains stagiaires réclament la création d’une nouvelle association de thérapie avec le cheval. Ils décident de faire un Manifeste qu’ils font parvenir aux Haras pour annoncer leur désir de fonder une nouvelle association. Ils déclinent la spécificité de leur travail en définissant les particularités essentielles 
        1
Tous sont thérapeutes.
        2
Tous sont des médicaux ou des para-médicaux et cavaliers.
3 Tous possèdent les connaissances théoriques et pratiques indispensables
Ils abandonnent le terme de «ééducation Par l’Equitation (9)    » pour adopter la nouvelle formule de «érapie Avec le Cheval(10)    ».
Pourquoi cette dénomination 
        THERAPIE  Elle concerne obligatoirement les seuls thérapeutes et constitue une «supplémentaire  » (Professeur Dublineau) venant s’adjoindre à l’ensemble des possibilités dont le but consiste essentiellement à améliorer ou à guérir.
        AVEC  A la place de PAR. Ce mot AVEC souligne la relation beaucoup plus étroite, la connivence que le thérapeute s’efforce d’établir entre le sujet souffrant et le cheval, en montant mais aussi à pied.
        CHEVAL  A la place d’équitation. «
’équitation, avant tout c’est la monte. Le cheval, dans la T.A.C., représente tout ce que nous apporte l’animal cheval, en tant qu’être vivant, par sa présence, par son contact, par sa relation à la fois enrichissante et singulière (11).  » 

Un groupe se constitue et la FENTAC (12)  voit le jour sous la présidence du Dr Philippe Garnier. Cette association ne fonctionne pas durant 2 ans. Elle s’applique à étudier les statuts, l’organisation des stages. Elle souhaite rassembler par le moyen d’une fédération nationale, les associations et les personnes qui pratiquent la thérapie avec le cheval et ceux qui s’y intéressent. P.Garnier et quelques autres membres de la FENTAC donne leur démission.
C’est en 1988 que Renée de Lubersac prend la présidence de la FENTAC. L’association se définit comme buts de 
Ø        Regrouper les Associations et les personnes qui pratiquent la Thérapie avec le Cheval ou s’y intéressent.
Ø        Mettre en place et assurer une Formation spécifique à la Thérapie avec le Cheval.
Ø        Promouvoir la recherche et l’approfondissement théorique et pratique de cette thérapie.
Ø        Favoriser, soutenir les initiatives qui intéressent la Thérapie avec le Cheval et s’y associer.
Ø        Participer à toute manifestations en France et à l’étranger qui concerne la Thérapie avec le Cheval.
La T.A.C se définit, donc encore une fois, comme différente de l’Equitation avec les handicapés, ou de toute autre activités sportives avec le cheval.

Est alors mise en place la formation qu’il existe actuellement, à quelques éléments près. Cette formation a lieu à la Salpétrière.
C’est une formation continue universitaire qui se déroule sur 3 ans propose une alternance entre pratique (200 heures) et théorie (406 heures), ouverte aux personnels soignants. Cette formation donne lieu à des évaluations tout au long du cursus et l’examen terminal requiert un écrit de synthèse sous la forme d’un mémoire soutenu oralement.
Voilà l’histoire continue toujours  !!
Chaque année La FENTAC organise des journées de rencontre. Elle intervient, au travers de ces différents membres actifs, à des journées scientifiques ainsi qu’à des séminaires de formation.
La T.A.C intéresse de plus en plus de monde.
Elle s’ouvre à de multiples pathologies.
Les centres équestres sont de plus en plus accueillants vis-à-vis des groupes thérapeutiques.
Merci Renée de Lubersac


Isabelle Aubard


NOTES :

1 T.A.C : Thérapies Avec le Cheval

2 Pr P.FERRARI, Préface de " Thérapies avec le cheval ", Edition " F.E.N.T.A.C, 2000

3 Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés

4 Comité d'Etude et d'action par la rééducation par l'équitation

5 Association Nationale de Rééducation par l'Equitation

6 Association Nationale d'Equitation Thérapeutique et de Loisir

7 " Les Haras " sont en France la grande instance du monde de l'équitation

8 A.S.E.R.T.A.C : Association pour la Spécialisation l'Enseignement et le Recherche dans les Thérapies d'Approche Corporelle

9 R.P.E : Rééducation Par l'Equitation

10 T.A.C : Thérapie Avec le Cheval

11 François Lévy Laffage in " Les nouveaux chevaux du bonheur ", N°4

12 F.E.N.T.A.C : Fédération Nationale de Thérapies Avec le Cheval