Ode à la toilette
A toi la douche que l’on me propose ou que l’on m’impose et
dont je dispose dans un temps limité ;
Tout doit être cadré, surveillé, minuté.
A toi mon corps que parfois j’ignore,
Abîmé,
Morcelé,
Avec mon âme dissociée,
Eparpillé (e)
Voilà, je suis bien votre sujet ou un objet qu’il faut
laver ?
A toi vêtement qui me protège, qui me rassure comme une
armure.
Tu es ma deuxième peau qui me caractérise, qui m’identifie.
Et quand le médecin me demande de te quitter pour mon pyjama
bleuté,
Alors où est donc passée mon identité ?
Moi qui suis déjà isolé, hors réalité, comment me
retrouver ?
Et soignant, au nom de Ta réalité, de Ta conformité, tu me
proposes, tu m’imposes
Ta vérité et mon monde est en train de s’écrouler.
Enfin, si je suis de bonne volonté, la journée peut
commencer :
Ma toilette, ma clope, mon café et demain tout recommencer.
Nathalie, Michèle, Elodie, Sandrine
Soignantes du CHS Saint-Égrève – Avril 2007