Les joyaux de la tête
J’ai
attendu très longtemps avant de me servir des fascicules élaboré par le
laboratoire Lily, plusieurs années en fait. Je me sentais peu à l’aise avec
l’idée que j’en étais un des concepteurs. Lorsqu’avec un patient, je cherche de
l’information dans un support classique, je suis en recherche avec lui autour
d’un outil qui engage un auteur que nous ne connaissons pas. Nous cheminons
ensemble, à partir des mots écrits par l’auteur. Il est possible de les
critiquer, de regretter que tel ou tel aspect manque ou, au contraire, de nous
en inspirer. Le discours informatif vient d’un tiers absent. Lorsque je lis un
fascicule Lily avec un patient ou un groupe de patients, le tiers manque. C’est
toujours peu ou prou ma vision de la psychiatrie qui s’exprime. D’une certaine
façon, je suis à la fois dedans et dehors. Le premier fascicule dont je me suis
servi est « Ce que je sais sur ma maladie » écrit par … Serge
Rouvière. Pierre-Ludovic Lavoine,
l’autre rédacteur, psychiatre, était confronté à la même difficulté tant pour
lui-même que pour les infirmières de son service.
Infirmier
à Laragne dans les Hautes-Alpes, c’est-à-dire dans un haut lieu d’une
psychothérapie institutionnelle davantage revendiquée qu’agie, il paraissait
impensable de mettre en place un groupe d’allure psycho-éducative, autrement
dit quasiment comportementaliste. Je me souviens encore de l’avertissement du
médecin-chef lorsque la visite médicale amena au dispensaire le premier
fascicule : « Attention Friard, vous allez perdre votre âme … »
Il n’avait pas tort. Nul, cependant, n’a jamais cherché à empêcher les
fascicules de circuler dans le secteur. Ne pas perdre son âme …Ne pas se
prendre pour ce qu’on n’est pas.
Mes
collègues du CMP étaient réticents. Créer un groupe pour informer les patients
sur la maladie, encore une de mes lubies ! Si mes collègues, même à
l’époque, n’hésitaient pas à expliquer leur traitement aux patients qu’ils
suivaient, cette information était individuelle, ciblée en quelque sorte, liée
aux nécessités du suivi, de la prise en charge. Créer un groupe, c’était
généraliser une pratique qui ne leur semblait devoir être qu’individualisée.
Il
fallut donc adopter une stratégie de contournement. Je n’affirme pas que cette
stratégie fût consciente, que tout ce qui a été fait le fût délibérément. Les
patients furent tout autant à l’origine du Groupe de réflexion et d’échange sur
les maladies des boyaux de la tête que les soignants.
Genèse du Groupe de Réflexion et
d’Echanges sur les Maladies des Boyaux de la Tête.
Arrivant
de la région parisienne, j’ai essayé de mettre en place des activités qui
fonctionnaient bien à Paris intra-muros. Ainsi, l’activité cinéma drainait en
moyenne une quinzaine de patients qui étaient devenus, au fil des années des
cinéphiles assidus. Les films suscitaient débats et commentaires. A Gap, les
patients semblaient fuir le cinéma. La collègue qui co-animait l’activité,
avait également fait l’essentiel de sa carrière en région parisienne, elle ne
comprenait pas plus que moi cette désaffection. Nous arrivions péniblement à
mobiliser un ou deux patients pour une toile. Après plusieurs tentatives
infructueuses avec des films de genres différents, il nous fallut nous rendre à
l’évidence : les salles obscures effrayaient des patients, par ailleurs
susceptibles de s’intéresser à un livre, à des poèmes. Ces mêmes patients qui
fuyaient le cinéma pouvaient assister à un concert, ce qu’ils faisaient chaque
été. La mort dans l’âme, nous passâmes par la vidéo et décidâmes de proposer
aux patients de choisir des films que nous visionnerions le mercredi dans la
salle de musique avant d’en parler ensemble au salon. Le premier film choisi
fut « Sixième sens »... La première question fut posée par
Alexandra : « Est-ce que les hallucinations se présentent toujours de
cette façon ? » Le temps de reformuler et le groupe avait oublié le
film lui-même pour parler hallucinations auditives et visuelles. Nous nous
rendîmes vite compte que le groupe ne proposait que des films traitant d’une
façon ou d’une autre de psychiatrie, comme s’ils s’appuyaient sur les films
pour questionner
Un
groupe psycho-éducatif, encore sans nom, s’était créé à notre insu. Il attirait
entre quatre et huit patients, soit beaucoup plus que les passionnés de cinéma.
Nous fonctionnâmes ainsi près d’un an. Le salon du CATTP était une sorte de
foire où on s’interpelait, s’apostrophait ou somnolait. Notre présence, la
discussion post-film donnait un contenu à ces échanges informels assurant à
l’activité une clientèle d’habitués.
Etait-il
possible d’abandonner la vidéo pour aborder d’autres supports ? Nous
testâmes le fascicule : « Ce que je sais sur ma maladie ». Une
quinzaine de patients participèrent à cette séance conçue comme une sorte de
« Qui veut gagner des millions ? ». Chacun eut à cœur de montrer
ce qu’il savait sur son traitement, sur ses symptômes. Peu importe quel groupe
remporta
Nazo
le skizo, la poupée schizophréno-maniaque illustre un peu l’esprit du groupe. Pour
mémoire,
Le
projet de groupe qui germait dans nos têtes se concrétisa lors du déménagement
du CMP-CATTP vers un magnifique Centre de
Une Conseillère en économie sociale et
familiale pour informer les patients sur leur maladie.
Conseillère
en économie sociale et familiale, j’entre en fonction au CHS de Laragne, en
novembre 1998. J’y remplace, dans ses fonctions éducatives, une éducatrice qui
faisait office de cadre infirmier. En raison d’un bricolage financier dont
j’ignore évidemment les ficelles, j’intègre à 70 % le CATTP de Gap- à 70 % de
mon temps de travail mais pas de ma personne, ni de mon engagement
professionnel, bien sûr. L’idée du temps partiel est inscrite au lieu même de
mon embauche : Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel. Je dois
donc trouver ma place au sein d’une équipe soignante (le terme thérapeutique
oblige), en faisant officiellement partie du personnel non-soignant d’un centre
hospitalier, alors que dans mon ignorance je pense que toute personne qui
intervient dans un hôpital peut contribuer au soin, si ce n’est directement, c’est
au moins en en améliorant la qualité.
La
discussion avec le chef de service quant aux tenants et aux aboutissants de ma
future mission ne m’éclaire pas davantage sur la façon dont je pourrais
intervenir auprès des patients mais me donne quelques idées :
« Faites ce que vous avez envie de faire » me dit-il d’un ton grave
du haut de son autorité médicale. De la psychiatrie, je ne connais pas grand-chose
si ce n’est d’avoir visité un jour un hôpital psychiatrique et d’avoir croisé
sur mon chemin, comme tout un chacun quelques personnes bizarres, peut-être
folles, qui me donnaient parfois envie de les connaître davantage pour essayer
de comprendre ce qui leur arrive.
De
mes études lointaines dans un pays lointain je garde quelques petites notions
de psychologie « populaire ». De mon expérience de l’enseignement du
français langue étrangère, je retiens quelques connaissances de la dynamique de
groupe.
Pleine
d’incertitudes et d’interrogations, mais aussi du désir de connaître pour
contribuer, malgré mon étiquette de non-soignante, au soin, je me lance et je
vais à la rencontre de ceux qui, à mon sens, doivent être les acteurs
principaux non seulement de leur soins, mais aussi de la vie de tous les jours.
Je
propose donc de créer un atelier qu’on nommera « Atelier de Vie
quotidienne » qui aura lieu tous les vendredis. Comme les choses ne sont
jamais simples en psychiatrie, l’atelier de vie quotidienne est hebdomadaire.
Il regroupe autour d’un repas préparé ensemble huit à dix patients qui
s’affairent à cuisiner des plats de tous les parfums, saveurs et couleurs qu’on
partagera ensuite autour d’une table et qui je l’espère donnera chaud pour le
week-end si difficile et permettra d’adoucir un peu le quotidien des autres
jours de la semaine.
Car,
je découvre rapidement à quel point les maladies des Boyaux de la tête (le nom
qu’on donnera plus tard à notre laboratoire de réflexion et d’échanges sur les
maladies mentales) rendent difficiles à nos patients, pour la plupart
psychotiques, la nécessité d’affronter la réalité dans le quotidien de leur
maladie.
J’assure
aussi dans l’exercice de ma fonction l’accompagnement des patients en
appartement thérapeutiques ou logés chez eux. Il m’appartient de les rassurer
quant à leurs possibilités d’accomplir les tâches présumées simples :
courses, gestion du budget, entretien d’un logement, hygiène corporelle.
J’essaie à travers ces accompagnements, de même que dans l’atelier, de
recueillir et d’accueillir tous les symptômes qui s’expriment dans la maladie
mentale dont vous connaissez tous la longue liste, je n’en cite que
quelques-uns : angoisse, peur de l’autre, hallucinations, délires,
sentiment d’étrangeté, apragmatisme, isolement, repli sur soi. Termes que je
commence à apprivoiser petit à petit car je participe aussi à des réunions
cliniques.
Au
détour de quelques patates épluchées ensemble, d’un balai passé dans la moitié
d’une chambre parce que balayer tout serait trop insupportable, vient pour moi
non seulement la connaissance des symptômes mais la rencontre d’un être humain,
d’un sujet aux prises avec sa maladie.
De
cette rencontre, de la disponibilité de ma présence auprès de quelques patients
du CATTP dans la simplicité apparente d’accomplir avec eux des gestes
quotidiens, naît un jour un petit espace qui ajoutés à d’autres espaces créés
par d’autres collègues participera plus tard à la possibilité de ce qu’on
appelle (je progresse) une alliance thérapeutique.
Lorsqu’en
2004, Dominique, éminent co-auteur des fascicules « Schiz’ose dire »
propose à l’équipe de créer un groupe de patients qui travailleraient sur les
maladies des Boyaux de la tête en s’appuyant sur ces fascicules, je décide de
m’y investir. Les volontaires parmi les membres de l’équipe ne sont pas
franchement nombreux. L’animation de groupe n’est pas vraiment inscrite à
l’époque dans la culture d’une équipe centrée sur les entretiens individuels,
plus à l’aise dans un face à face appelé à mon grand étonnement une relation
duelle.
Riche
de l’expérience de l’atelier vie quotidienne que j’anime déjà depuis quelques
années, éclairée par mes rencontres au jour le jour, avec les patients, je
m’autorise à proposer ma candidature au poste de co-animateur malgré les
réticences « de couloir » de certaines de nos collègues. Elles
ressortent alors mon étiquette légale de non-soignante. Je m’en saisis bien
volontiers, car, vue de ma fonction, la maladie n’est pas posée d’emblée au
cœur de ma relation avec un patient. Je fais moins peur, on mange bien dans
l’atelier de vie quotidienne dont je suis référente, Mme Casserole, surnom que
me donne un jour gentiment (ou non) un des psychologues du service. Il me
revient à l’esprit qu’il faut absolument que je me conforme à la première
consigne de mon chef de service : « Faites ce que vous avez envie de
faire ». Ouf ! Je sauve même mon honneur de bonne employée. Le
troisième membre du trio est Annie, une infirmière chevronnée, à quelques deux
années de son départ en retraite.
Le cadre du groupe
Le
laboratoire de réflexion et d’échange sur les maladies des boyaux de la tête porte
un nom interminable qui se moque autant qu’il proclame une volonté. Il ne
s’agit pas d’opposer des soignants qui sauraient tout ce qu’il y a à savoir sur
la maladie et les médicaments et des patients qui ne sauraient rien ou si peu
de chose. L’objectif est de chercher ensemble, de cheminer, de réfléchir autour
non pas du malade qu’on est mais de la maladie qu’on a. Les uns amènent des
connaissances scientifiques et empiriques qu’ils ont acquises auprès d’autres
patients, les autres amènent leur vécu, leurs réflexion, ce qu’ils ont compris
de leur parcours et de leur maladie en se la coltinant au quotidien. Le mot
laboratoire est aussi un joke qui renvoie à l’âme que nous risquerions de
perdre en cédant aux sirènes pharmaceutiques. Nous avons choisi de parler des
maladies des boyaux de la tête pour nous décentrer des représentations
habituelles de la maladie mentale. Nous revenons ainsi au sens premier de folie
qui renvoie à un boyau rempli de vent. Les boyaux de la tête qui n’existent pas
nous permettent de ne privilégier aucune théorie relative à la maladie mentale,
nous sommes ouverts, en recherche, en travail. Enfin, l’expression atténue le
côté un peu prétentieux, sérieux, mortel presque de ce laboratoire. Il nous
arrive aussi de nous boyauter. Tout dernièrement un patient a reformulé tout ça
en parlant des « Joyaux de la tête », que nous avons adoptés illico.
Le
groupe a d’abord été structuré sur un mode classique, comme un groupe
psycho-éducatif. N’y venaient que des patients souffrant de schizophrénie. Pas
de prescription médicale parce cela serait impensable à Gap et, du point de vue
des psychiatres, lèserait gravement la relation infirmier-médecin. Le groupe a
donc lieu tous les mercredis après-midi dans la salle Nazo le Skizo, en
présence de Nazo lui-même, qu’il est possible de faire parler, d’invoquer, de
caresser, de supplier. Certains ne s’en priveront pas. Un nazo transitionnel en
quelque sorte. Un psychiatre parraine le groupe. Il viendra quelquefois jouer
au psychiatre en fin de séance. Un silence à couper au couteau l’accueille. Il
aura beau se démener, il finira par ne plus venir. Les participants ne sont pas
en recherche de parole médicale mais d’échanges et de réflexion avec des
soignants. L’espace ouvert est plus important que les informations à traiter.
Une sorte d’espace transitionnel où se construit un savoir impossible à
partager ailleurs.
Nous
avons repris l’idée de modules ou de grands thèmes choisis par les patients. Si
nous commençons par aborder le délire et les hallucinations à partir des
fascicules Lilly, d’autres supports seront utilisés : articles de
vulgarisation, romans, témoignages d’usagers, de chercheurs, films,
dictionnaires, les seules limites sont celles de notre imagination. Nous
passons en général de trois à six mois sur une thématique. Ainsi ont été
abordées : hallucinations et délire, angoisse, violence, dépression,
schizophrénie.
Le
support utilisé nous donne la possibilité d’aborder le thème de manière
« extérieure », objective ou
subjective voire scientifique sans entrer d’emblée dans la référence à la
pathologie comme cela peut être le cas dans une relation dite duelle lors d’un
entretien infirmier ou médical. Ce n’est pas le soignant qui reconnaît un
symptôme et le transforme en signe mais le patient qui l’identifie comme tel.
« Moi mes voix me disent … »
Lorsque
le document informatif est un écrit, chacun à tour de rôle, soignants comme
soignés, lit le texte en s’arrêtant souvent, quasiment à chaque paragraphe,
pour le reprendre, réfléchir ensemble,
l’illustrer d’un exemple personnel quasiment comme des chercheurs réunis autour
d’une même quête.
La
parole des patients ne vient pas toujours spontanément. Certains se hasardent
en enchaînant quelques mots, quelques phrases rapides d’un commentaire, d’un
témoignage timide, d’autres essaient de prendre toute la place, s’éloignent du
sujet, d’autres encore restent dans un silence attentif. Ils n’en reviendront
pas moins la semaine suivante. Chaque séance est ponctuée individuellement par
les patients, chacun est invité à synthétiser à minima le contenu à la séance
et énonce ce qui lui a semblé important.
Chaque
séance est ponctuée par un post-groupe où les soignants se retrouvent pour
faire le point sur les thématiques travaillées, le vécu du groupe et les
réactions individuelles. L’inter-transfert entre soignants n’est pas oublié.
Nous assumons nos éventuels désaccords, nos différences de perception, tout
cela contribue à enrichir notre fonctionnement. Nous rendons compte à nos
collègues de ce qui se vit dans le groupe en réunion de régulation quand le
patient dont il est question participe au groupe. Nous en parlons également
dans nos flashs quotidiens lorsque cela est pertinent. Le fonctionnement du
groupe est évalué comme tous les autres lors de la réunion trimestrielle
consacrée aux activités menées au CATTP. Enfin l’évolution annuelle des boyaux
apparaît dans le bilan d’activité remis à l’administration.
Depuis
juin 2004, quelques quarante patients ont participé à l’activité, la moitié
d’entre eux y sont présents avec régularité.
Le regard de Catherine
En
tant que co-animatrice de la séance et n’ayant pour tâche ni souci principal
l’introduction du texte abordé, je sers occasionnellement de secrétaire mais
surtout j’observe attentivement les interactions entre les participants et
j’interviens, si nécessaire, pour veiller au respect de la place de chacun, de
son temps de parole et/ou de son silence –pour que les deux- dans leur libre
expression individuelle- servent à constituer les valeurs de base du groupe.
Ces
valeurs de base : le respect de chacun invité à participer selon ses
possibilités d’expression du moment, l’absence de jugement, la conviction que
chacun a quelque chose à partager et que personne, y compris l’animateur n’est
détenteur d’un savoir absolu, instaurerons au fil du temps la confiance
nécessaire non seulement pour la cohésion du groupe mais aussi pour
l’expression individuelle de chacun.
C’est
ainsi que chaque patient participant pourra désormais s’appuyer sur l’entité
particulière d groupe qui est non seulement un laboratoire de recherche mais
également un groupe d’entraide dans lequel le symptôme n’appartient plus
uniquement à une personne mais se partage dans la recherche des solutions
individuelles, mais exprimées dans une relation à l’autre, ou plutôt à
plusieurs autres vivant une expérience similaire. Le symptôme n’est plus ce qui
sépare des autres mais ce qui le temps d’un groupe rassemble.
Le
témoignage individuel ne sert plus à stigmatiser un patient particulier mais à
enrichir le groupe qui devient dépositaire du savoir « vécu » de ce
dernier.
La
lourdeur et la gravité des thèmes abordés renvoient parfois certains à des
vécus douloureux qu’il faudra reprendre
en entretien individuel. L’aspect contenant du groupe attaché à ces valeurs de
base, garanties par les animateurs reste étonnamment opérant.
Petit
à petit, les participants s’approprient à leur façon les différentes notions
liées à la maladie mentale, ces symptômes qu’ils reconnaissent chez eux plus
facilement et cherchent ensemble comment vivre avec, plus sereinement pour
eux-mêmes et ceux qui les entourent.
Une
à deux fois par trimestre se rend au cinéma. Pas pour voir un film mais pour
répondre à une consigne particulière : repérer chez les personnages du
film choisi en fonction du thème abordé comment ils font face à l’angoisse,
comment ils régulent leur agressivité.
Le
film est repris d’abord à la sortie autour d’un petit café et ensuite une
semaine plus tard, en groupe. On profite souvent des absences de Dominique pour
aller au cinéma. Il faut donc la semaine suivante lui raconter le film, le lui
synthétiser avant de voir ensemble comment le personnage fait face à
l’angoisse. Il est plus facile d’aller
au cinéma avec une consigne. Nous pouvons noter au fil des séances une meilleure
qualité de synthèse chez les participants.
A
la fin de la première année scolaire, nous avons abordé, pour faire plus léger,
sous la forme humoristique du livre « Je vais t’apprendre la politesse
petit con » les règles du savoir-vivre avant de passer à la rentrée au
thème plus grave des relations avec les autres qui sera traité sous la forme de
jeux de rôle.
Nous
décidons autour de cette utilisation des jeux de rôle de changer de cadre. Nous
quittons
Malgré
les réticences justifiées de nos collègues quant au manque de confidentialité
nous maintenons notre décision d’ouvrir le groupe à tous ceux qui le souhaitent
et qui veulent s’y poser.
Le
pari est gagné : le groupe initial est suffisamment solide pour accueillir
d’autres patients, d’autres témoignages et d’autres références pathologiques.
Le cercle s’agrandit, la parole circule plus aisément. Certains ne nous
rejoignent pas mais restent à l’arrière-plan, à la périphérie du groupe,
tendent néanmoins une oreille attentive et interviennent de temps en temps. Si
l’esprit du groupe est respecté, nous laissons à chacun la liberté de parole et
une relative liberté de circulation : il est possible de s’y asseoir un
temps, de partir et de revenir.
Je
vois dans cette ouverture l’une des grandes réussites des boyaux de la tête, le
début de la restauration du lien social.
Sous
cette nouvelle forme, notre laboratoire s’occupera successivement de la
violence, des émotions que nous mimerons à tour de rôle après avoir étudié une
petite brochure d’inspiration PNL consacrée à ce thème. Ensuite nous parlerons
très longuement des médicaments, de leurs effets thérapeutiques et
indésirables. Ce thème nous occupera plusieurs semaines et permettra de
reprendre tous les sujets traités auparavant. Les questions sur les symptômes,
le diagnostic, l’évolution de la maladie, ses effets sur la vie quotidienne reviendront.
Les « anciens » du groupe y amèneront souvent les savoirs acquis
antérieurement mais choisiront également de s’interroger sur ce qui leur
arrive, encore et toujours, sont-ils vraiment malades, faut-il prendre un
traitement toute sa vie, leur place est-elle vraiment en psychiatrie, peut-on
guérir de la maladie mentale, etc.
Pour
enrichir nos échanges, nous sommes appuyés sur l’un des fascicules :
« je prends un neuroleptique ». A la fin de la session, la
pharmacienne de l’hôpital sera invitée. Elle répondra aux questions plus
précises des uns et des autres. Quinze patients seront présents à cette séance.
Record battu !
Pour
les animateurs que nous sommes, il ne s’agit jamais d’apporter une réponse
toute faite, ayant valeur de vérité absolue ou d’une injonction quelconque à
prendre son traitement même si nous nous appuyons sur nos connaissances
théoriques.
Le
texte utilisé sera explicité si nécessaire par Dominique et soumis à
Les
autres membres du groupe, animateurs et co-animateurs se chargeront de rappeler
le thème de la séance, de ramener les valeurs communes en cas d’entorse
importante au cadre établi.
Après
avoir abordé les questions liées au traitement, nous sommes retournés ces
derniers temps sur les hallucinations auditives, à partir d’un ouvrage écrit
par un infirmier et un patient psychologue suisse. Le discours, les
témoignages, les analyses même des patients étonnent par leur franchise et leur
finesse. Au bout de quelques semaines, le groupe décide d’abandonner les voix
(« On en a marre » disent-ils et puis « On peut les mettre de
côté ou bien choisir celles qui font du bien » nous confie l’un des
participants).
Le
groupe aborde ensuite les rives de la dépression à partir d’un ouvrage grand
public. Le terme « fourre-tout », plus neutre et plus médiatisé
positivement que la folie permet de réaborder la place de chaque patient face à
cette maladie ou à ce symptôme dans le contexte d’autres symptômes le
concernant.
Ainsi
l’un des patients s’interrogera sur les
rapports existant entre ses états dépressifs et ses voix : « Est-ce
la dépression qui engendre les voix ou bien les voix qui engendrent la
dépression ? Certaines voix seraient peut-être indispensables pour me
préserver de la dépression ? »
Au
fil des nombreuses séances, les mêmes questions et les mêmes notions reviennent
sous forme différente –peut-être davantage consciente et mieux éclairée- comme
s’il était nécessaire à nos patients de vérifier, de se rassurer, de confronter
aux autres leur vécu et leurs interrogations.
C’est
dans cette volonté de partager avec le groupe que réside le plus grand succès
du laboratoire des boyaux de la tête car pouvoir faire appel et inclure l’autre
dans son rapport au monde et à la maladie est un pas essentiel vers une prise
en charge correcte et d’une possible alliance thérapeutique.
Synopsis des deux premières séances
Lorsque
nous évaluons les effets des boyaux de la tête, nous ne manquons jamais de
parler des étudiants. L’apprenti-infirmier a un rapport singulier avec les
troubles psychiatriques qu’il découvre en cours. Il en entend parler par les
psychiatres qui dissèquent pour lui et ses condisciples les principaux
symptômes. Il est évalué sur ses connaissances en ce domaine. Confronté aux
patients lors de ses stages, il les voit agi par leurs symptômes. La
Laboratoire est un des seuls lieux où il peut les entendre expliquer, à
distance, comment de leur point de vue, tout ça se fabrique. Les étudiants sont
souvent bouleversés par ces témoignages. Au Centre de
Nous
apprenons autant des patients qu’ils apprennent de nous. Annie, notre collègue
infirmière de la première heure s’en émerveillait à la fin de chaque séance.
Cinq
patients participèrent donc à la première séance. Le thème en était les hallucinations
à partir du fascicule : « C’est étrange autour de moi ». Je
reprends nos notes de post-groupe. « Le groupe prend le contenu à son
compte. Chacun décrit ce qu'il en est pour lui. Très concret, très perso. En ce
qui concerne les interactions soignés/soignants y'a un vous, y'a un nous. On
essaie d'expliquer aux soignants le plus précisément possible ce qu'il en est
des hallus. Quel type, comment çà se manifeste. Réactions par rapport à la
présence du psychiatre. Entre eux, très bonne écoute, chacun reprend ce que
disent les autres, ils se stimulent, se soutiennent, se positionnent en tant
que groupe.
Bernard est relativement le plus silencieux mais des regards
qui en disent long, des opinements de la tête et puis reconnaît voir des
couleurs. Utilise la musique pour s’endormir.
Jacques : Très présent avec plein de questions. Evoque
les hallucinations auditives. Les vraies voix et les fausses. Les fausses
sortes de prières, et les vraies qui disent : « Non Jacques !
» Raconte que la nuit passée il était le Dieu Soleil. Evoque sa difficulté à se
récupérer après le travail. Sollicite le groupe à la recherche de solution. La
musique mais ça fait pas, pas tout le temps. Le match de tennis non plus. La
musique classique peut-être. C’est pas du rêve. Ca apparaît vrai, c’est comme
si c’était vrai. Eléments d’hallucinations cénesthésique (Araignée sur le
front). On lui a expliqué que c’était sa propre pensée mais doute quand même.
Zora : Va plus loin dans l’évocation de ses hallus
que la semaine dernière. Dit c’est de la shamanerie puis il faut avoir l’esprit
ouvert aux autres. Entendre esprit ouvert comme poreux, pénétrable à quelqu’un
d’autre. Décrit ses hallus visuelles. « Je les vois depuis l’enfance,
c’est donc depuis longtemps que je suis malade. » Les médicaments c’est
moins efficace peut-être mais depuis qu’elle les prend en voit moins c’est
dommage parce que finalement les aimait bien.
Remarque
que Chantal et elle, parlent davantage que Bernard et Serge.
Serge : 1ère participation à ce groupe.
Evoque son épisode princeps. Les voix qu’il évoquait comme une souffrance qu’il
nomme la « douleur morale ». C’est pire qu’une souffrance physique.
Il ne les entend plus depuis l’hospitalisation et la prise de traitement. C’est
venu dans un contexte de solitude, d’isolement affectif. Reprend l’histoire de
la musique classique comme moyen de faire disparaître les bruits extérieurs.
Chantal : un peu leader du groupe. Raconte ses hallus
auditives et visuelles. S’acharne à les décrire pour que les soignants puissent
bien comprendre. Interroge les uns et les autres, relance. Dit qu’elle n’a
jamais parlé de ça dans un groupe. Repère bien le changement de position
vis-à-vis de la situation d’entretien.
Dit que ça demande beaucoup d’efforts de parler de ça.
Une
semaine plus tard, nous abordons le délire. Récits de délire, de leur propre
expérience du délire. Beaucoup moins de souffrance évoquée que lors de la
séance sur les hallucinations même si la densité du travail se lit sur les
visages. Les corps indiquent davantage la souffrance que les paroles
(crispations des visages, sourires, mains qui se tordent, etc.). Côte soignant,
Annie se trouve bavarde. Les soignants viennent en aide à ceux qui leur semblent
en difficulté, ce qui diminue peut-être les capacités du groupe. Travailler
durée des séances : une heure pas plus, psychiatre compris.
Possible
vécu persécutif de Jacques par rapport à nous. Chantal interroge Bernard, lui
fait remarquer qu’il s’exprime peu. Respect du silence de l’autre. Moins d’aide
des uns et des autres. On sent que c’est plus complexe.
Bernard : Toujours aussi présent, toujours aussi
silencieux. Sourictus.
Serge : un peu en deçà par rapport à la séance dernière. Evoque les
ciels, l’absence de limite céleste. Ce serait pour lui du délire. Evoque la
persécution des gens en lien avec les bruits de l’extérieur. S’interroge sur
Jeanne D’Arc. Plus dans la banalisation, dans
Marin : Arrive en retard. N’assiste qu’à la fin de
Jacques : Très présent. Raconte deux de ses délires.
Etait convaincu d’être le dieu des galaxies. Ca ne le choquait pas plus que ça.
Evoque sa certitude que la fin du monde était imminente. N’a pas éprouvé le
besoin d’en parler. Craignait que le fait d’en parler ne
Chantal :
C’est dur, mais elle est là. Revient sur ses comportements inadaptés :
chercher sa voiture pendant quatre jours. Ramenée à l’hôpital par sa sœur, décrit un monde qui se
délite, les montagnes qui se morcellent, le paysage qui se magritte. Raconte
une séquence des voix d’enfants qui s’avèrent ne pas être délirante.
Trucs
donnés pour contrôler ses voix :
-
Vérifier
auprès de ses proches s’il entend les voix
-
Retour
aux actes quotidiens (vaisselle, ménage, musique, fumer une cigarette)
-
Mantra
(en tibétain pour Chantal très tôt liés à ses troubles du sommeil), les prières
pour les uns et les autres
-
Ecouter
de la musique plutôt classique.
Prochaine
séance : cinéma
Mission
pour le groupe : ramener des scénarios de délire.
Evaluation
En
raison de ma fonction, en dehors du temps passé au laboratoire, je partage
souvent le quotidien des patients dans d’autres activités ou bien dans
l’intimité de leur domicile. Je sais à quel point ce qui semble acquis, et
l’est sans doute, dans une certaine
mesure, peut basculer d’un coup dans un moment de crise ou en cas d’aggravation
de
Dans
mes interrogations quant à l’utilité d’un outil support des soins quant à ce
que nous pouvons apporter aux patients je trouve quelquefois quelques petites
satisfactions et un peu de réconfort.
Daphné,
l’une des patientes régulières au groupe, arrive désormais à reconnaître les
voix qui lui disent de tuer son chat et de mettre le feu à son appartement. Au
lieu de passer à l’acte comme par le passé, elle demande une hospitalisation.
Quelques jours suffisent pour qu’elle puisse reprendre tranquillement son
train-train.
Jacques-Pierre
me demande plus de cent fois par jour si son appartement est correct, ce que
remet constamment en doute sa mère. Après nous avoir entendu parler d’un
mécanisme de défense du nom d’immersion, il a évolué. On peut noter qu’en plein
milieu du mot immersion, se trouve le mot mère. Toujours est-il que Jacques
Pierre, depuis, ose prendre sa voiture qu’il n’utilisait plus, établir quelques
relations amicales, faire ses courses à l’hyper-marché. Il parle librement de
sa maladie dans le cadre du groupe. Il est à l’écoute et ne coupe plus la
parole au sein du groupe. « Je fais de l’immersion Catherine. »
dit-il. Il est convaincu d’avoir progressé au point d’avoir su éviter ces dernières
années quelques rechutes même si certains matins restent encore difficiles.
Paul
qui a la réputation d’être violent et dangereux, mime un jour, dans le cadre
d’un jeu de rôle, une grande colère. C’est d’ailleurs parce qu’il était présent
que nous avons imaginé un jeu de ce type. Paul se débouille très bien. Il se
contrôle même tellement bien que lorsque son bras se dirige avec violence
contre une vitre, il s’arrête à quelques millimètres de celle-ci. Paul va
apprendre de cette façon à se contrôler de mieux en mieux. Ces épisodes de
violence sont maintenant exceptionnels et n’ont pas défrayé la chronique depuis
deux ans. Il nous a confié mercredi dernier, lors d’une séance particulièrement
intellectuelle, où l’un des participants nous parlait très brillamment de Foucault
et du pouvoir disciplinaire : « Je n’ai pas tout compris, mais
c’était intéressant, ça fait du bien de parler. »
Deux-trois
patients se lancent dans les recherches scientifiques sur Internet et
dévalisent la bibliothèque municipale pour approfondir leurs connaissances sur
la maladie mentale. Chacun cherche selon son modèle. Sébastien veut du sérieux,
du biologique pas ces fumisteries psychanalytique. Serge, lui, ne croit guère à
ces histoires de neurones, de médiateur chimique. Pour lui ce qui compte c’est
l’inconscient. D’ailleurs nous dit-il : « C’est l’inconscient qui
nous gouverne. ».Ils retiennent de leur recherche, comme de celles
effectuées collectivement, un mot, un signifiant qui pendant un certain temps
sera bien opérant pour donner un sens à leur pathologie et suturer une plaie
qui bée trop facilement.
L’un
d’eux, après avoir fait une tentative d’arrêt de traitement et repris une vie
sociale intense en ville, revient au soin et au groupe auquel il confie sa
difficulté à soutenir le lien social en dehors de la psychiatrie dont il se
sent prisonnier tout en reconnaissant l’indispensable utilité de cette
situation.
Bernard,
ne fréquente plus l’atelier. Il est devenu gestionnaire du Groupe d’Entraide
Mutuelle Le Passe Muraille, l’association des patients-usagers de la
psychiatrie haut-alpine où il passe beaucoup de son temps libre –Bernard travaille. A ma
question : qu’est-ce qu’il a retenu de sa participation aux Boyaux de la
tête, il m’a répondu : « Si j’avais su tout ça auparavant j’aurais pu
éviter quelques rechutes. »
Ces
quelques exemples qu’il serait facile de multiplier démontre que le laboratoire
de réflexion et d’échange sur les maladies des boyaux de la tête constitue une
modalité de prise en charge très intéressante. Pour une personne qui souffre de
psychose, il n’est évidemment pas le seul lieu où se travaille la connaissance
de la maladie et les stratégies qu’il peut mettre en place pour vivre avec.
Les
différents outils qu’une équipe soignante utilise ne peuvent être efficaces que
s’ils gardent leur dimension d’outils. Ils ne devraient en aucun cas se
transformer en instrument idéologique.
La
relation de confiance avec la personne qui souffre de psychose est le préalable
indispensable à toute alliance thérapeutique. Elle s’élabore au jour le jour
dans la multiplicité des fragments de transfert qui s’établissent grâce à la
diversité de nos présences disponibles, prudentes et respectueuses.
Nous
sommes profondément convaincus que le patient est un être humain à part entière
et non seulement un ensemble de symptômes répondant plus ou moins au
traitement. Il est capable lui-même si nous y prêtons vraiment attention et
réflexion au quotidien, de nous guider dans la façon dont nous nous engageons
afin que le soin ait pour lui un sens réel.
L’alliance
thérapeutique, comme toute vraie relation me semble rester un processus
dynamique dans une constante négociation.
Si
ces considérations vous font sourire par la naïveté de leur évidence,
souvenez-vous qu’elles viennent juste des observations d’une non-soignante.
Vous vous demanderez encore comment elle peut intervenir en co-animation d’un
véritable Laboratoire d’échanges et de réflexion sur les maladies des boyaux de
la tête ? En y apportant un regard différent mais attentif et respectueux,
une bonne humeur, sa capacité à réguler les interactions de groupe, à rassurer,
encourager, apaiser, donner confiance.
Quant
aux apports théoriques, concernant les maladies mentales, elle les trouve dans
les différents supports utilisés, tout comme les patients.
Les
connaissances que nous essayons de transmettre sont évidemment importantes,
mais il s’agit avant tout d’installer un espace de confiance dans lequel la
parole peut apparaître et circuler.
Pour conclure
Marie
et Claire habitent le même immeuble, l’une au premier et l’autre au second. Je
les suis toutes les deux. Marie a participé régulièrement aux Joyaux de la
tête, Claire non. L’une souffre d’une psychose parfois envahissante, l’autre
peut-être pas. Peu importe. Il y a trois mois, un nouveau voisin a emménagé.
L’une et l’autre, très sociable, ont sympathisé avec le nouvel arrivant. Marie
a particulièrement investi ce sexagénaire portant beau qui a le même âge
qu’elle. Jusqu’au jour où un chien du quartier a attaqué le chien de …
Christian. Celui-ci a commencé à aller moins bien suite à cette agression. Il a
fini par déménager dans une autre ville. Il est resté en contact avec Marie et
Claire. Claire l’héberge pendant ces séjours. En tout bien toute amitié, elle
travaille comme dame de compagnie pour arrondir ses fins de mois. J’ai suivi
les menues péripéties de cette co-habitation avec Claire que je vois une fois
par semaine. Elle arrive un lundi
midi : « Dominique, il est schizophrène, si, si j’en suis
sûre. »
Le
temps de lui demander de se poser, elle me raconte ce qui suit.
« Marie
m’a prêté le livre que tu as écrit, le mauve. Elle l’a relu et pense que
Christian est schizophrène. Elle m’a demandé de le lire et de lui donner mon
avis. J’ai tout bien lu, Dominique je t’assure il est schizophrène. » Et
Claire de me décrire des troubles du comportement qui font effectivement penser
à de
Un
effet inattendu des fascicules et des Boyaux de la tête.
Texte présenté à Privat, le 21 novembre 2007.