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" L'entretien infirmier : un soin à part entière. "

Intervention à Bruxelles

Juin 2003

Isabelle Aubard, Emmanuel Digonnet, Yves Marie Frot, @Marie Leyreloup




Introduction :
Historique raccourci de la profession infirmière.

 

La formation des infirmiers en France est au début indifférenciée bien que le lieu de travail était différent, soit le service médical ou le service d’aliénés.

La première formation date de St Vincent de Paul en 1633 qui impose à sa congrégation une soumission aux médecins.

En 1878, sous l’impulsion du médecin-neurologue anticlérical Désiré Magloire Bourneville naissent les premières écoles d’infirmières.

La loi du 15 juillet 1893, qui institue l'assistance médicale gratuite, met l'Etat devant l'obligation d'aider à l'organisation d'écoles d'infirmières. La circulaire du 28 octobre 1902 va mettre en application cette loi et donner une première reconnaissance au métier d’infirmière. L’infirmière doit effectuer des soins directs aux malades. Le programme de la formation est entièrement basé sur le rôle idéologique et moral[1] de l’infirmière.

Le décret du 27 juin 1922 institue des "brevets de capacité professionnelle" permettant de porter le titre d' "infirmière diplômée de l'Etat français" aux "infirmières hospitalières, aux visiteuses d'hygiène sociale et aux diverses infirmières à spécialité restreinte : puériculture, surveillance sanitaire des écoles, hygiène mentale" [2]. Ce décret est le premier statut professionnel de l’infirmier.

La rupture entre infirmiers diplômés d’Etat et infirmiers de secteur psychiatrique date de 1938. Le décret du 18 février 1938 exige la possession du diplôme d’Etat (dit unique), pour la reconnaissance de la qualité d’infirmier.[3].  L’Etat accordera des « autorisations d’exercice » valables uniquement dans les hôpitaux psychiatriques pour les infirmiers en psychiatrie.

En 1947, le législateur propose aux infirmiers un premier décret dit de compétence. Il liste les actes autorisés aux infirmières. Les infirmières jusqu’en 1950 sont des auxiliaires du médecin (valeur morale et religieuse). Elles prennent soin du malade en « bonne mère ». Ensuite, elles deviennent plus techniciennes, elles abandonnent petit à petit le soin au plus près du malade, pour s’axer plus sur la maladie comme le médecin. 

En 1969 l’arrêté du 12 mai change l’appellation des infirmiers psychiatriques qui deviennent « Infirmier de secteur psychiatrique ».  En effet, depuis la circulaire du 15 mars 1960 existe un dispositif sectoriel en psychiatrie, qui voit l’infirmier quitter l’asile pour travailler dans des structures alternatives

L’infirmière  se voit reconnaître l'autonomie, la capacité de jugement et l'initiative. Elle en assume la responsabilité".

La mise en place en 1992 d’un diplôme unique d’infirmier a fusionné les deux programmes (Infirmier diplômé d’Etat et Infirmier de secteur psychiatrique) pour former un infirmier polyvalent.

Et puis paraissent les nouveaux décrets dits « de compétence ». Ils présentent la liste actualisée des actes pouvant être réalisés par l’infirmière. Il existe les actes médicaux réalisés par l’infirmière sous la responsabilité du médecin (rôle délégué), des soins infirmiers qui sont dispensés à la personne soignée dans le cadre du rôle propre de l’infirmier et des soins infirmiers réalisés en collaboration avec d’autres professionnels.

Le travail prescrit doit être réalisé selon des normes voir des protocoles écrits et des règles explicites. Il apparaît toutefois que pour un infirmier expérimenté, il peut être réalisé avec une certaine dose d’inventivité et d’interprétation personnelle ce qui fait penser « qu’il y a un écart entre tâche prescrite et activité, et c’est précisément dans cet écart que s’exprime la singularité de la manière à réaliser, et la diversité des manières de faire.[4] »



Le décret de compétence et  l’art de soigner



La France possèdent un certain nombre de textes de loi pour légiférer la profession infirmière, qui chez nous n’a pas ce joli mot que vous employez : d’art de guérir, d’art infirmier. 4 textes sont principaux, ils définissent la fonction infirmière, les règles professionnelles ainsi que les actes et l’exercice de la profession infirmière.

J’ai lu, pour préparer cette intervention, 2 de vos textes relatif à l’exercice de l’art de guérir, de l’art infirmier. J’ai pu y retrouver des similitudes.

        

La définition de la fonction infirmière (Décret du 12 mai 1981)

         Art.1 : La fonction infirmière comprend l’analyse, l’organisation, l’évaluation des soins infirmiers, ils sont dispensés soit sur prescription médicale soit dans la cadre du rôle propre de l’infirmier.

 

Elle comprend également différentes actions concernant l’éducation, la formation, l’encadrement et la prévention en matière de santé et d’hygiène ainsi que l’application et la promotion des mesures de lutte contre l’infection et la contagion.

Deux textes législatifs régissent les conditions d’exercice de la profession infirmière, ils sont été crées en 1993 puis modifié en 2002. Les actes professionnels à caractère relationnel sont peu définis. Les actes de soin sont catégorisés en acte relevant :

-         du rôle propre

-         réalisés en application d’une prescription médicale

 

Les définitions sont peu précises et il est bien difficile d’introduire une différence entre :

-         la relation d’aide

-         l’aide et le soutien psychologique

-         la relation à caractère psychothérapeutique

 

Le décret du 16 février 1993 est en quelque sorte un code de conduite réglementaire ou code déontologique. Ce texte aide à définir la spécificité de l’exercice infirmier. Il nous rappelle dans certains de ces fondamentaux que la personne soignée est considérée comme « sujet» de soins et que doit s’appliquer un strict respect de la personne humaine dans le respect de la dignité et de l’intimité.

« Le principe d’humanité doit être une valeur fondamentale de la psychiatrie qui se traduit au quotidien par une attitude de respect global de la personne soignée. Respect de la dignité, de l’intimité et de la confidentialité. »[5]

 

Ces textes législatifs ont inscrit que nous avons, en tant qu’infirmier, un devoir d’information. C’est à dire que « la transmission de l’information dans la relation soignant/soigné doit se faire dans le dialogue... Cette information peut-être difficilement acceptée par le patient mais elle doit être proposée dans tous les cas… »[6]

« Cette information est un droit du sujet citoyen et un devoir des soignants.»[7]

 

 

Le décret du 11 février 2002[8] définit, lui, une démarche professionnelle globale (cf. Art 2-1)[9]. Il souligne la nécessité de partenariat et plus particulièrement la complémentarité de compétence avec les autres professionnels et entre autre le médecin (cf. Art 5-d).

Ce texte, malheureusement paraît par moment, n’être seulement qu’un énoncé d’actes de soin. Cette liste d’acte est déconnectée d’une prise en charge quelconque. Impossible d’y voir un sujet, un homme, un sujet acteur de ses soins parmi les actions de l’infirmier.

Il énumère les actes accomplis et les soins infirmiers dispensés dans le cadre du rôle propre, c’est à dire actes visant à améliorer le confort du patient, son éducation ainsi que l’éducation de son entourage.

Par exemple :        

         -Soins d’hygiène corporelle et de propreté

         -Surveillance de l’équilibre alimentaire

         -Aide et soutien psychologique

         -Relation d’aide thérapeutique

         -Observations et surveillance des troubles du comportement

         -Entretien d’accueil et d’orientation

         -Organisation et animation d’activités à visée sociothérapique.

Sont énumérés les actes accomplis sur prescription médicale, où nous trouvons cités par exemple et principalement pour le champ qui nous intéresse:

-Entretien individuel à visée sociothérapique

-Participation au sein d’une équipe pluridisciplinaire aux techniques de médiation à visée psychothérapique

-Pack

         -Cure de sevrage

         -Cure de sommeil

 

Je n’ai extrait que l’énoncé des actes concernant la psychiatrie. Nous nous trouvons dans cet article dans un véritable magma où cohabitent le « changement de cathéter » et « l’organisation d’activités à visée socio-thérapique ».

Des techniques de soin hyper pointu sont également mentionnées comme les PACK, les cures de sommeil qui nécessitent une formation préalable, sûrement pas délivrée au cours de la formation initiale.

A l’intérieur de ce cadre sont envisageables des entretiens de toutes sortes :

         - initiaux pour prise de renseignements médico-sociaux (recueil de données)

         - d’orientation

         - d’information avec remise des livrets d’accueil

         - de préparation à la consultation avec le psychiatre

         - à visée psychothérapique

Dans ce décret la notion de psychothérapie est abordée de côté. Il s’agit « de visée à », « d’aider à ».

 

 

 

L’entretien

 

Exigences d’un entretien

Dans une situation d’entretien on est au minimum deux. Il y a un Emetteur et un Récepteur. Cela implique de faire référence à la communication humaine et à sa structuration.

La communication humaine s’établit sur 2 modes : analogique et digitale.

L’analogique : ou langage non-verbal, c’est à dire tout l’aspect comportemental et contextuel de la communication. Il structure autant la communication inter-humaine que le verbal. Cette forme de communication demande a être constamment évaluée en terme d’interaction et selon le contexte qui la contient. Parmi ces formes de communication, on distingue :

-         les signes para-linguistiques (soupir, toux, silence…)

-         le postural

-         le gestuel

-         le tonal

 

Le digital : ou langage verbal, utilise les signes conventionnels de la syntaxe de la langue parlée.

 

Ces deux langages se combinent, action « multiplicative » des informations simultanée, comme l’a souligné Grégory BATESON.

 

« Le digital ne peut se concevoir sans l’analogie et vice versa. Cela est vrai du comportement, de la communication et même du langage lui-même : les mots (digitaux-discontinus) sont portés  par le continuum des sons. La forme ne peut se concevoir que sur un fond, le signal sur un bruit ».[10]

Dans notre pratique il est primordial de penser le non-verbal comme une forme de communication, sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour construire la relation.

La communication non-verbal ou communication analogique est une métacommunication car elle peut modifier le sens de la communication verbale (digitale).

Par exemple, pensez à la phrase de Droopy :

« You know what, I am happy »

“Vous savez quoi, je suis heureux”

 

 

 

Tout entretien :

- a au moins un objectif

- demande une préparation

- implique une stratégie, une ligne de conduite

- a un déroulement :

° une ouverture, c’est à dire un accueil

° un développement

° une conclusion

-exige une phase de décodage :

° On fait la synthèse de ce qui s’est dit et on fixe ce qu’il faut faire à partir de ce qui s’est dit. Ce que nous pourrions également nommé reformulation. Cette reformulation porte sur le contenu du message ou sur les sentiments exprimés. C’est un moyen de montrer que nous avons entendu et compris ce qui a été dit.

° Chacun doit tenir ses engagements. Il est donc nécessaire de poser des engagements tenables par les 2 parties

° Mesurer les changements. Là encore il faut en être en mesure d’énoncer des changements possible. Il faut le plus souvent se limiter à des petits riens. Ce sont ces petits riens qui vont construire, tisser le soin.

° Intégrer le suivi de l’entretien dans son activité

 

La mise en œuvre d’entretiens infirmiers correspond à 3 unités fort importantes :

-         unité de lieu

-         unité de temps

-         unité d’action

Ces 3 unités sont aussi primordiales dans l’organisation d’activités à visée socio-thérapique.

 

La place de l’infirmier, les différents types d’exercice

 

Prenons place.

 

Décrire la place qu’occupe l’infirmier au sein d’une équipe de secteur dépend de comment on se place. Si l’on replace le sujet d’un point de vue hiérarchique, l’infirmier se place avant l’aide-soignant et après le cadre infirmier. Par contre, si l’on se positionne par rapport à la spécificité de la fonction, l’infirmier est placé au cœur du dispositif de secteur  regroupant toute une équipe pluridisciplinaire. Il s’y trouve même en très bonne place !

 

Mais, y aurait-il une bonne et une mauvaise place au sein d’une équipe de secteur ? Nous serions tentés de répondre  non, cependant, on pourrait trouver des motifs de satisfaction pour dire que travaillant dans une structure extra-hospitalière, un centre médico-psychologique, l’équipe infirmière se retrouve  en première place. Prétention diront certains, légitime vous répondront d’autres. Si ce n’était qu’une idée fausse, le chef de service  nous aurait remis très vite à notre place, mais c’est bien la première qu’il a voulu nous attribué. Dans une structure d’accueil, il souhaitait que l’équipe infirmière soit disponible en première intention. Un médecin-chef préconisant ce type d’organisation, on s’est dit que finalement on n’avait peut-être pas choisi la meilleure place. Et puis réflexion faite, on n’allait quand même pas faire le travail à leur place.

 

Pourtant depuis des années maintenant, la psychiatrie a beaucoup évolué, et l’infirmier autrefois gardien d’asile, s’est formé, est devenu soignant. Du coup, les autres catégories professionnelles ont bien été obligées de nous faire un peu de place. De plus, il était grand temps que l’infirmier gagne sa place.

 

Malgré tout, si dans les structures extra-hospitalières, l’infirmier occupe désormais une place de soignant à part entière, il n’en va pas toujours de même malheureusement à l’hôpital. Le poids de l’institution reste très lourd, les habitudes de travail privilégient encore trop souvent  la notion d’équipe infirmière et de fait ne favorisent pas assez les initiatives individuelles. Tant sur le plan individuel que dans le cadre pluridisciplinaire, il n’est pas toujours facile d’y trouver sa place. 

 

Mais pour rester positif, la place que peut  prendre aujourd’hui l’infirmier au sein du dispositif du secteur, ne correspond ni plus ni moins à celle qu’il à choisi d’avoir. En effet, pour celui qui a l’exigence de remettre régulièrement ses idées en place, il a la possibilité de s’inscrire dans de nouveaux projets, laissant place à la mise en place d’un travail infirmier. Ce travail, dans beaucoup de lieux y est reconnu en tant que tel et  vient ce greffer à toutes les autres spécificités, ce tout complémentaire, devant former dans l’idéal, l’équipe pluridisciplinaire.

 

 

Visite rimée des structures de soins d’un secteur.

 

 

Vous y avez pensé, jamais osé aller,

Le centre médico-psychologique peut peut-être vous aider.

On le nomme souvent, le pivot du secteur,

Parce que de tout projet, il doit être moteur.

Accueil, entretiens, visites sont  là au quotidien,

C’est d’ici que partent toutes nos démarches de soins.

 

Depuis une vingtaine d’années, on avait développé,

Des centres d’accueil, de crise situés dans la cité.

En cas de crise, ils offraient à proximité,

Une structure ouverte la nuit et la journée.

Quelques lits aussi permettaient d’apaiser,

Toute la difficulté de vivre la société.

 

Parlons de l’intérieur,  l’hospitalisation,

S’y trouvent les patients, en décompensation.

Certains malheureusement, y sont  depuis longtemps,

Pas facile de trouver, un lieux de vie différent.

Le danger, l’hôpital, en tant qu’institution,

C’est laisser s’installer, la chronicisation.

 

Heureusement l’hôpital, n’est pas fait pour toujours,

Unes des sorties de secours, c’est l’hôpital de jour.

Pour y être accueillis pour toute la journée,

Pour y être encadrés pour des activités.

Certains plus autonomes, peuvent être accompagnés,

Sur des demi-journées au CATTP.

 

Sur certains secteurs, il y a des logements,

Le biais associatif ouvre aux appartements.

Ils entrent dans le cadre d’une socialisation,

Avec, certains patients,  quittent l’institution.

Autre mode de vie, maison communautaires,

Animée par une équipe pluridisciplinaire.

 

 

 

 

Les différents types d’entretiens infirmiers

 

L’entretien serait la rencontre de deux personnes dans un contexte spécifique, mettant en jeu de relations affectives et émotives. Cet échange structuré et tactique aurait un objectif de communication.[11]

 

 

La rencontre de deux personnes, c’est à dire la rencontre d’un infirmier et d’une personne souffrante, est un acte délicat qui demande au préalable une connaissance des processus de communication. Il va y avoir une série d’interactions qui ne doivent pas échapper à l’infirmier.

Cette rencontre n’a pas lieu n’importe où, n’importe comment. Elle se déroule dans un contexte spécifique, très souvent dans une institution de soin, mais ce n’est pas une obligation.

 

Chacun des deux acteurs de la rencontre y a une place qui n’est pas la même.

Une personne est soignante, elle possède un diplôme qui l’habilite à pratiquer des soins, elle a eu un apprentissage sur le soin, sur la souffrance et les pathologies. Elle travaille dans un lieu qui lui donne la légitimité de ce soin.

L’autre personne a une connaissance de la maladie, de la souffrance que n’a peut être pas l’infirmier.

Avant tout, il s’agit de la rencontre de deux sujets, rencontre qui ne sera pas exempte de relations affectives et émotives.

L’entretien n’est pas une conversation, un monologue, une interview, une audience, un interrogatoire, un débat d’idées ni une confession.

C’est l’objectif de la rencontre qui détermine un entretien et chacun se caractérise par une démarche particulière. Il met en jeu des techniques particulières mais aussi des attitudes.

 

 

Il existe de nombreuses façons de catégoriser les entretiens infirmiers.

-         Selon la forme utilisée

-         Selon le but recherché.

-         Selon les conditions particulières à l’entretien

 

Selon la forme utilisée :

 

-         Entretien directif

-         Entretien non directif

-         Entretien semi directif

 

L’entretien directif est construit sur un mode de questionnaire organisé et préparé.

Il ne permet pas une grand implication de la part du malade.

Il est souvent utilisé pour conduire une investigation.

 

L’ entretien non directif appelé aussi entretien centré sur la personne est un entretien au cours duquel l’infirmier évite de donner au malade une direction quelconque. L’infirmier accompagne le malade dans son cheminement de pensée et intervient seulement pour faciliter la communication au niveau du vécu en s’appuyant sur des techniques.

 

L’entretien semi directif part d’une idée ou d’une hypothèse et de questions posées par l’infirmier qui cadre le discours. L’aspect spontané de l’expression du malade est peu présent dans ce genre d’entretien.

 

 

- Selon le but recherché.

 

-         obtenir des informations

 

Entretien de recueil de données

Il va aider à préparer la démarche de soins et mettre en place une orientation thérapeutique.

 

-         Expliquer, donner des informations, répondre à des questions spécifiques

 

Entretien à caractère informatif ou de conseil

Il facilite le déroulement du soin

L’entretien d’information va servir comme son nom l’indique à donner des informations, des explications. Il peut servir également à aller chercher des informations, poser des questions.

C’est ce qui se passe lors d’un accueil quand on indique au patient son mode d’hospitalisation et ses droits par rapport à ce placement.

Pour chaque soin, même et surtout celui qui fait violence au patient, l’infirmier se doit de donner des explications sur ce qu’il fait. C’est aussi ce qui doit être fait lors de la prescription d’un traitement. Si cette information est dans un premier temps du rôle du prescripteur, elle est aussi du rôle de celui qui délivre la prescription. Il n’est pas rare qu’un entretien se termine par “ je vais vous donner quelques gouttes pour vous détendre et un cachet pour dormir ”. Devant une  si faible  quantité  d’information, c’est vers l’infirmier que le patient se tournera quelques temps plus tard pour savoir ce qui lui a été prescrit. Donner une information à ce moment là n’est pas réciter la notice du Vidal[i] ni remettre simplement une fiche d’information comme cela doit se faire avant une série d’électroconvulsivothérapie[ii].

L’éducation doit permettre au patient d’être autonome. “ Les actions d’éducation impliquent une attitude mentale, et une pratique réellement soucieuse de favoriser son émancipation ”[iii] Dans cette optique, l’infirmier n’a pas a imposer sa façon de voir, son savoir, mais doit pouvoir partager ce qu’il sait, et accepter parfois que le patient ait un savoir supérieur à lui sur sa pathologie. L’éducation n’est pas l’édictions d’un certain nombre de règles. L’infirmier cherche d’abord ce que le patient sait. C’est à partir du savoir du patient que l’infirmier peut apporter éclairage et conseils.

Le patient est  bien plus “ savant ” sur sa maladie que le soignant. Celui ci va l’aider à en prendre conscience pour qu’il puisse prendre en main ses soins. L’infirmier sera là pour mettre en valeur les informations que le patient donnera sur les signes prodromiques d’une éventuelle rechute. Insomnie, irritabilité, hyperactivité, difficultés de concentration, gestes répétés, petits détails qui pourront être identifiés comme annonciateur de cette rechute.

L’éducatif se distingue de l’informatif parce qu’il part du savoir, du vécu du patient. Savoir sur sa maladie, sur son traitement, sur lui même, pour aller au-delà de ce savoir, pour aller au-delà de ce savoir et apprendre, mais aussi pour lui permettre de l’utiliser pour préserver et maintenir sa santé.

 

- réduire la crise

 

Entretien d’écoute ou entretien de crise

 

Il permet de calmer dans l’ici et maintenant, il réduit la souffrance psychique et l’état d’excitation. Il permet de restaurer un minimum de communication pour envisager des soins appropriés

L’entretien avec un patient en situation de crise, vise à vivre cette crise avec le patient, non pas forcément à faire cesser cette crise dans l’instant.

Pour résoudre une situation de crise, chacun va trouver chez lui ou dans son entourage les ressources nécessaires. Lorsqu’il s’avère impossible de mobiliser ces ressources ou lorsque leur mobilisation ne permet pas de franchir cette étape, la crise peut se présenter sous forme d’urgence. Si l’urgence demande à être résolue rapidement, ceci ne constitue qu’une étape avant d’aborder la situation de crise.

Si la crise apparaît comme un moment de rupture, ce peut être aussi un moment fondateur.

La verbalisation à ce moment là, des éléments constitutifs de cette crise, mais aussi de son vécu, laissera trace plus que cicatrice chez le sujet. Cette trace pourra par la suite constituer un repère important dans son histoire. La verbalisation des affects, du vécu, auprès des soignants, en fera les réceptacles et les gardiens de cet instant de maladie, de vie.

 

Lors d’une situation de crise, il n’est pas toujours fait appel au médecin pour “ prendre le relais ”, prescrire, ou indiquer la marche à suivre. A l’hôpital, un patient entré depuis peu, peut bénéficier d’un entretien infirmier quelques heures après son admission.

D’une part, le soustrayant à la “ scène ” que constitue le pavillon, cet entretien participera à canaliser l’expression de la crise, à éviter la contagion de la situation à d’autres patients fragiles. D’autre part, cet entretien favorisant la verbalisation peut permettre au patient de mettre à distance des éléments trop prégnants pour qu’il puisse seul les supporter.

 

C’est un entretien qui n’est pas prévisible, il n’a donc pas de rendez-vous, pas de lieu précis. Il répond à une situation que l’infirmier qualifie d’urgente ou du moins difficile à différer.

A l’hôpital, l’infirmier proposera un entretien de crise quand il jugera qu’un patient présente une aggravation nette de son état, que ce soit en terme d’agitation, d’anxiété, d’angoisse, de peur, de recrudescence délirante, etc.

 

 

 

-         accueillir

 

Entretien d’accueil

 

Il permet d’accueillir, d’établir le contact, faciliter la communication, instaurer la confiance, sécuriser le patient et sa famille. Il prépare l’hospitalisation ou le soin ambulatoire et met en place la relation de soin.

C’est ici un acte de rencontre entre un soignant et un soigné mais accueillir est une attitude qui nécessite des lieux et de la méthode et qui engage tous les membres du groupe humain concerné.

L’infirmier dans son “ rôle ” d’accueillant va se présenter : chaque manière de se présenter est très individuelle et personnelle. La plupart des infirmiers donneront leur prénom voir leur nom et surtout préciseront leur fonction avant même de demander le nom de la personne en face d’eux. Une fois que celle-ci aura  donné son nom, l’infirmier le répétera pour être sûr de ne pas faire d’erreur, et demandera la raison de la visite. Cela permet de savoir par qui la personne est adressée et s’il est bien au bon endroit avant d’aller plus loin.

Le temps de la rencontre se déroule généralement dans un cadre précis qui donnera au patient les conditions pour lui permettre de se sentir sécurisé et écouté. Il aura lieu dans un endroit calme, ni hall d’entrée, ni salle de télévision.

 

 

-         Psychothérapie

 

Entretien psychothérapeutique

 

Suivant les indications du médecin et ou sur réflexion commune de l’équipe

Pour le patient, il ne s'agit pas seulement de dire, mais aussi de s'entendre le dire. La verbalisation de ses difficultés, de ses peurs, de son délire, face à un autre, lui permettra d'en faire un élément extérieur à lui. Quelque chose dont on peut parler, que l'on peut, nommer, c'est quelque chose sur quoi on va pouvoir agir.

L’entretien est-il thérapeutique en lui même ou bien est-ce la relation patient/infirmier crée par la situation d’entretien qui produit “ l’effet ” thérapeutique ? Cette relation s’établit tout d’abord dans un climat de confiance et aussi d’engagement. La confiance est la première des conditions pour que quelque chose de l’ordre du thérapeutique s’installe. De même, le patient s’engage dans un processus de changement, et l’infirmier s’engage à l’accompagner dans ce processus. L’entretien met en jeu une dynamique dans la relation soignant/soigné qui permettra au patient de trouver des bénéfice à ces entretiens. Ces bénéfices peuvent être de plusieurs ordre, amélioration d’un symptôme, reconnaissance en tant qu’être souffrant, meilleure connaissance de soi, amélioration de sa qualité de vie, etc.

Conditions particulières :

 

L'entretien avec la famille

 

 

C’est un entretien que l’on retrouve soit à l’admission d’un patient, soit au cours de son hospitalisation. Il permet de donner des informations pratiques sur les conditions d’hospitalisation du membre de la famille qui va être hospitalisé L’infirmier pourra également suivant le cas, donner des précisions sur le mode d’hospitalisation du patient.

Mais ce sera aussi un entretien de réassurance des familles, d’accompagnement, voir de dédramatisation, tout en préservant le secret médical.

L’infirmier servira également de lien entre la famille et le médecin. Il arrive qu’après un entretien avec un médecin, la famille ait besoin de s’entendre dire avec des mots différents le contenu de l’entretien qu’elle vient d’avoir.

C’est un entretien qui aura lieu soit à l’accueil du patient si la famille est présente, soit lors de visites qu’effectue la famille auprès du patient.

 

 

L’entretien téléphonique

 

 

Cette pratique a tendance à prendre de plus en plus de place dans la prise en charge des patients que nous suivons. D’ailleurs, lorsque l’on dit des patients, il faut aussi entendre des familles et des tiers concernés par ces patients.

Nous pouvons distinguer différentes sortes d’entretien téléphonique. L’entretien d’une personne déjà suivie, connue du secteur, qui n’est pas hospitalisée mais téléphone lors d’angoisses ou de mal-être, sorte d’entretien téléphonique de crise.

Mais aussi, un entretien  téléphonique de suivi pour des personnes ayant des difficultés à vivre seules et qui appellent à heures et jours réguliers pour donner de leurs nouvelles, déverser un peu de leur difficulté, prendre des nouvelles des infirmiers et raccrochent en prenant rendez vous pour un prochain appel.

C’est un entretien, un accueil comme les autres, à la différence que le patient est absent. Il nous manque un certain nombre d’indication comme la mimique, l’habillement, le regard, etc. pour se repérer dans ce qu’il dit, mais est-ce qu’il s’agit vraiment d’un manque ?

L’infirmier devra avoir une grande capacité d’écoute puisqu’il va travailler uniquement à “l’oreille ”. C’est peut-être au téléphone que l’écoute prend tous son sens.

L’écoute, ce mot dérivé du latin populaire et qui devient escolter au Xème siècle signifie un type de lien en terme marin.[iv]

La voix de l’autre va être proche et l’infirmier va l’écouter sans l’écran de la vision du corps. Il est de plus en plus pratiqué dans les hôpitaux généraux. Il s’agit dans des service spécialisés de recevoir des patients autour de leur maladie, de son traitement et de sa prise en charge. Il est également pratiqué en pré-opératoire, que ce  soit avec des enfants ou des adultes pour leur expliquer clairement le déroulement de leur future opération chirurgicale. Clairement identifiée, les consultations ont lieu sur rendez-vous, à l’admission, avant la sortie du patient ou à l’occasion du suivi et de son passage à l’hôpital. Elles ne se limitent pas a l’assurance que le patient suit bien le traitement en cours. Tout d’abord, il s’agit de voir avec le patient ce qu’il a compris de sa pathologie. Souvent, le médecin ou l’interne lui ont dit ce dont il souffre et ce qui va être mis en place. Mais l’annonce d’une maladie s’imbrique dans tout un ensemble psychique propre à chaque patient. La compréhension de ce qui vient d’être dit est liée à la culture, la situation, l’histoire du patient et varie donc d’un sujet à l’autre. Suivant le retentissement qu’a cette maladie sur la vie du patient, chef d’entreprise, mère de famille ou chômeur, suivant les représentations qu’il a de la maladie, proche décédé, vécu invalidant ou au contraire mobilisation de l’entourage. Dans un premier temps, c’est à cela que va s’attacher l’infirmier, comprendre la place que prend la maladie chez ce patient. Il faudra aussi mesurer qu’elles sont ses ressources, ressources intellectuelles, conditions de vie, présence ou non de tiers.

A partir de là, l’infirmier établit ce qui doit être mis en place avec le patient pour la prise en charge de sa maladie et de son traitement. L’infirmier est alors conseiller. Il ne s’agit plus seulement d’écouter, de recevoir, mais  d’apporter un savoir. Ce savoir qu’a l’infirmier sur la maladie et sur sa prise en charge, il doit le partager avec le patient, que celui-ci le fasse sien pour être responsable de ses soins. Il s’agit de répondre aux questions, mais aussi de donner des conseils.

 

 

 

Place de l’Entretien Infirmier dans la théorie

         

 

La théorie exploitée lors d’un entretien est un outil de lecture. La place que les entretiens infirmiers ont dans une institution est le reflet du travail, de l’organisation et de l’idéologie des unités de soin.

 

La théorisation, les théories sont nécessaires. Elles ne doivent cependant pas être dogmatiques et uniques.

L’intérêt est de travailler sur sa propre pratique. La théorie n’est là que  pour éclairer cette pratique.

D’ailleurs non pas l’éclairer en fournissant des « remèdes » d’attitudes à tenir ou de positions irrémédiables à ne jamais adopter, mais plutôt dans un sens de lecture. Les théories pourraient être vues comme des sortes d’alphabets qui nous aident à déchiffrer, à lire certaines situations. Ou comme des lunettes qui éclairciraient et faciliteraient une lecture des situations. Il est nécessaire par moment de porter des verres pour voir de loin, parfois pour voir de près.

La diversité est donc nécessaire. Une trousse à outil comportant plusieurs marteaux serait de peu d’utilité !

 

Les théories nous permettent de n’être pas guider simplement par nos sentiments, nos perceptions, nos sensations. Et pourtant c’est bien à la base de celles-ci que nous allons construire nos rencontres, nos prises en charge qu’elles soient thérapeutiques ou éducatives.

Théorie et pratique se rejoignent, l’une n’existant pas sans l’autre.

 

Définir un axe théorique permet également de parler un langage commun et ceci est fondamental pour se comprendre. Il est primordial de s’entendre sur les termes que nous employons, car souvent les mal-entendus sont des « trop-bien-entendus ».

Il est fréquent dans les équipes de soin de voir des personnels qui parlent de la même chose sans employer la même terminologie et qui de ce fait ne s’entendent pas (ne se comprennent).

Cela s’observe principalement entre les différents professionnels. Que médecin, infirmier, psychologue, assistante sociale…soient d’accord sur les termes qu’ils emploient est fondamental pour créer une cohésion d’équipe et des projets de soin tenables.

L’intérêt d’être une équipe pluri-professionnelle ne porte pas sur les différences de théorie, mais sur la multiplicité possible des écoutes, la multiplicité des places et des positions que nous confère d’une part l’institution et d’autre part le patient.

 

L’entretien infirmier est un outil de soin fondamental puisqu’il va permettre d’engager le processus de soin à partir d’un échange dont le but est la reconnaissance de la personne. En tant qu’infirmier notre quête de rencontre s’axera sur la personne et non sur la pathologie. C’est aussi grâce à cet outil que la planification et l’évaluation des soins pourront être mis en œuvre.

 

Cependant l’entretien n’est qu’un outil.

Il est nécessaire par nos réflexions communes de lui donner sens pour l’inscrire dans nos pratiques cliniques.

 

Plus que tout autre soin infirmier, l’entretien infirmier fait appel à la notion de référent. Nous pouvons envisager qu’un traitement injectable aura un effet même si l’infirmière qui l’administre change. En outre une série d’entretiens infirmiers perdrait de son sens si l’interlocuteur que vient rencontrer le patient n’était pas le même, celui auquel on peut se référer. Cela n’exclut pas qu’un patient ait plusieurs interlocuteurs, plusieurs infirmiers référents. Introduire d’autres dans la relation peut être un moyen d’ouvrir la relation, la trianguler, l’alléger parfois.

L’entretien infirmier peut-être l’endroit où se réorganisent les différents éléments de la prise en charge médico-psychologique, en cela une fois encore la place de l’infirmier référent est primordial. Car il peut devenir le lieu ou s’intègrent et se reformulent, voire se ré-explicitent les transactions effectuées, vécues avec les autres intervenants dans la prise en charge.

La reformulation est à comprendre dans un double sens. Cela peut être une reformulation par l’infirmier de ce qu’il a compris des dires du patient mais aussi laisser au patient la possibilité de reformuler lui-même la situation. Ce qui peut lui permettre de se réapproprier le projet de soin, d’en devenir l’acteur et non l’objet

En tant qu’infirmière, cadre d’une unité de soin d’hospitalisation temps plein, j’ai souvent cette fonction de triangulation. Que cela soit dans un rappel à la loi (au cadre !!!) ou dans des difficultés de prise en charge.

Je vais vous présenter une histoire clinique : celle de Mme Saxo

C’est une dame d’un certain âge, 70 ans, petite, un peu boulotte, aux cheveux blancs comme neige. Elle est guadeloupéenne et vit en métropole depuis 50 ans. Je ferais sa connaissance en unité d’hospitalisation temps plein où elle a été admise suite à des troubles du comportement important qu’elle a présenté dans la maison de retraite où elle résidait. Cependant Mme Saxo ainsi que plusieurs de ces enfants sont connus sur le secteur depuis moult années.

Mme Saxo présente une psychose avec une thématique délirante très enkystée, qui varie peu. Les traitements chimiothérapiques s’avèrent impuissants. Elle exprime une peur farouche vis à vis des africains dont elle pense qu’ils organisent des traites de femmes. Elle se sent menacée et imagine que ce complot lui est destiné ainsi qu’à  ses filles. C’est ainsi qu ‘elle focalise sur des personnes proche d’elle. Nous avons d’ailleurs pu noter que quand elle s’attache et noue des liens avec quelqu’un, plus cette relation est forte et plus le rejet sera accentué quand elle se sentira menacée. Elle est en recherche de fusion puis elle s’y « noie. » Il faut alors que les soignants s’adaptent entre n’y trop près, n’y trop loin.

Mme Saxo présente le même type de comportement avec sa famille, l’équipe du service de psychiatrie, l’équipe de la maison de retraite.

 

Bien qu’en métropole depuis 50 ans et qu’elle ne soit pas retournée aux Antilles depuis plus de 30 ans, Mme Saxo conserve, entre autre pour sa toilette, des habitudes très locales. Elle manipule très souvent l’ammoniaque et a  une obsession autour de la blancheur. Ce produit dans les mains de cette dame peut s’avérer dangereux. C’est ce qui a justifié sa dernière hospitalisation. Se sentant menacée par une aide-soignante de la maison de retraite, elle lui a lancé à la figure un plein verre d’ammoniaque, sans aucune critique de son geste.

 

L’équipe dans laquelle je travaille est très cosmopolite. Il y a une polonaise, une mauricienne, une espagnole, 2 africaines, un vietnamien, des antillais…Au cours de sa dernière hospitalisation, elle s’est sentie très menacée par une infirmière polonaise. Elle refusait alors de prendre son traitement, elle refusait de manger et s’isolait dès que cette infirmière l’approchait.

 

Nous avons convenu de nous entretenir toutes les 3. Nous avons mis en place plusieurs entretiens à une fréquence hebdomadaire. Lors des premiers entretiens mon rôle de tiers n’était pas que symbolique, la parole ne passait que par moi. Mme Saxo a verbalisé ses craintes, le scénario qu’elle s’était construit. Nous avons parlé  de la  relation privilégiée, chaleureuse qu’elles avaient entretenu lors de la précédente hospitalisation de Mme Saxo. Elles me l’ont raconté conjointement.

 

Au bout d’un mois la relation s’était apaisée. Mme Saxo n’était pas encore dans une confiance totale, cependant un lieu était devenu possible pour que la rencontre avec ses persécuteurs ne soit plus simplement duelle.

Ce lieu aurait pu être le bureau du psychiatre…Je ne suis pas sûre alors que nous ayons pu aborder les craintes de Mme Saxo dans son quotidien. Elle m’a de plus investi dans un rôle, une mission. Elle me dit : « vous êtes garante que les infirmières ne vont pas me faire du mal », « A vous elles ne peuvent pas mentir ».

 

 

Les différences intra/extra

Lorsque j’arrive au Cateb en 1986, trois ans après son ouverture, l’entretien infirmier n’est pas inscrit au décret de compétence des infirmiers en France. D’ailleurs, les infirmiers ne doivent pas être très compétents, puisqu’ils n’ont pas encore de décret du même nom, pas plus qu’on ne leur reconnaît l’art de guérir.

Comme nous vous l’avons dit, la loi entérine le plus souvent ce qui existe déjà.

Et pourtant, l’activité de ce centre d’accueil s’appuie sur la pratique de « l’entretien infirmier ».

Quand je suis arrivé, après quelques jours d’accueils de patients dans une salle où tout le monde passait, où l’on distribuait des médicaments, où parfois on demandait aux présents de sortir pour faire une injection, après quelques jours à assister aux entretiens médicaux de patients que je ne connaissais pas avec des patients que j’apprenais à connaître, on m’a demandé d’en recevoir un.

Pas en recevoir un dans ce bureau commun avec tout le passage, le téléphone, les interventions des uns et des autres. Non, le médecin sans m’avoir consulté, avant de terminer son entretien auquel j’assistais (selon une vielle coutume qui veut qu’un infirmier soit présent lors des entretiens médicaux, même si parfois ni lui, ni le patient, ni le médecin ne savent ce que vient faire là cet infirmier), le médecin dit donc au patient, « nous nous reverrons la semaine prochaine, en attendant vous allez prendre rendez-vous avec Emmanuel ».

Et boum, me voilà bredouillant devant mon planning pour savoir quand (le plus loin possible) je vais rencontrer ce monsieur. Le quand a été assez vite résolu. Mais pour quoi faire ?

Qu’est ce que je vais faire tout seul dans un bureau avec un patient ? Mes premières interrogations vont aux collègues, forcément plus compétents. Bien que cet exercice soit nouveau (en tout cas sous l’appellation entretien infirmier), certains sont là depuis trois ans. Ils savent forcément faire pour « recevoir un patient en rendez-vous ». Je dois dire que de ce côté là je ne suis pas trop aidé. « Et bien, il te suffit d’être là à l’heure où tu as donné rendez-vous » me dit l’un. « Tu verras, une fois sur cinq le patient ne vient pas » (tiens,  pour le patient non plus l’entretien infirmier n’aurait pas la même importance que l’entretien docteur ?). « Et puis s’il vient, il suffit de poser des questions et d’attendre des réponses ».  « Comment allez vous ? », « Comment ce sont passés ces deux jours »…

Bon, ce n’est pas avec ces conseils que je vais me sentir prêt pour recevoir « mon premier patient ».

Mes premiers rendez-vous consistent le plus souvent à reprendre avec les patients l’entretien médical précédent. Parfois, le patient confond mon rôle avec celui de l’assistante sociale et me demande de démêler des situations administratives. D’autres fois, il s’agira de me demander conseil avant de commander un appareil électroménager ou encore pour une réparation.

Ce sera ma première observation, en entretien avec un infirmier, les patients n’abordent pas les mêmes sujet qu’en entretien avec les médecins. Il y a donc une différence entre entretien infirmier et entretien médical. Mais si cette différence consiste à parler de la maladie avec l’un et du quotidien avec l'autre, je ne m’y retrouve pas en tant qu'infirmier.

Rapidement, je me trouve confronté à ma place durant ces entretiens. Quel rapport y a-t-il entre le soin et ce que je fais dans ces entretiens ?

Mais comment avancer dans cette pratique des entretiens quand on sait que les médecins n’y ont pas été plus formés que les infirmeries ? Fort heureusement, tous les jours commencent par une réunion d’équipe à laquelle tout le monde participe, médecins, infirmiers, secrétaires et assistante sociale. Il s’agit de faire le point sur les prises en charge en cours et d’évoquer les rendez-vous prévus. De plus, le vendredi, une heure et demi est consacrée à une réunion d’équipe où nous avons le temps de détailler et d’approfondir telle ou telle prise en charge. Par ailleurs, chaque entretien médical auquel assiste un infirmier se poursuit par une discussion entre l’infirmier et le médecin sur ce qui s’y est dit ou non dit, sur ce qui s’y est passé, ce que chacun y a ressenti et en analyse. Ce seront ces « post entretiens » où la parole est très libre, où il n’y a pas un qui sait et  l’autre non, où la mise en commun tient lieu d’élaboration et de réflexion clinique, ce sera lors des ces moments donc que j’apprendrai le plus.

Et petit à petit, l’entretien infirmier est passé d’un entretien « fourre tout », à un soin à part entière qui prenait toue sa place dans une prise en charge pluridisciplinaire.

Pour illustrer cela, je vais vous parler rapidement de la prise en charge de monsieur Moineau à laquelle je participerai durant sept ans à raison d’un entretien toutes les deux semaines pour ce patient souffrant de schizophrénie.

Monsieur Moineau est conduit la première fois à l’âge de 27 ans par son père suite à une injonction de son médecin du travail. Celui-ci l’a suspendu trois mois avec obligation de soins. Voilà bien une des plus mauvaises configurations pour entamer une relation de confiance dans l’espoir d’établir plus tard une alliance thérapeutique.

Il lui est reproché des troubles du comportement à son travail, comportement agressif envers certains collègues et dernièrement des retards importants et une incurie qui n’est plus supportée. Monsier Moineau est facteur, ce qui consiste très tôt le matin à trier du courrier en fonction de la tournée et dans la matinée de distribuer ce courrier.

Lors du premier entretien avec le médecin, MM reste mutique, visiblement préoccupé, il n’aborde pas ses difficultés spontanément. Il semble se demander ce qu’il fait là et ce que nous lui voulons. Il est très réticent à se confier, mais accepte de rester quelques jours avec nous. Lors des entretiens suivants, il expliquera son extrême réticence à se confier à des inconnus de peur que tout cela soit rapporté à l’extérieur. Au bout de trois jours, nous lui proposons de sortir pour revenir la semaine suivante. Ce premier contact où nous ne l’avons pas brusqué lui a permit de faire une première connaissance avec les lieux, et avec les soignants. Il peut aussi vérifier qu’il est libre de nous quitter, et son retour sera de sa propre initiative cette fois. Lorsqu’il revient, reçu par le même médecin et le même infirmier il est beaucoup plus bavard. Son discours est très délirant. Un délire pauvre et peu construit émaillé de néologismes, de coq à l’âne. Sa tachypsychie traduit une grande désorganisation de la pensée. Il lui est proposé de rester hospitalisé quelques jours, pour essayer de l’aider à y voir plus clair, notamment avec la prescription d’un faible traitement neuroleptique, ce qu’il accepte avec soulagement semble-t-il.

Durant les hospitalisations au centre de crise, les patients sont vus tous les jours par un médecin (7jours sur 7) et bénéficient d’entretiens infirmiers à leur demande. Entre ces temps formalisés, ils sont soit dans leur chambre, soit à la télévision soit dans le bureau « fourre tout » où passent tout au long de la journée patients, visiteurs, et autres soignants. Les entretiens infirmier servent le plus souvent à reparler de l’entretien médical, à réassurer lors de crise d’angoisse, et en fin d’hospitalisation à préparer l’après.

Au cours de cette première hospitalisation, MM, après la verbalisation de son délire, présente un retrait très important. Son discours est émaillé de propos dépressif, voire mélancolique. Cet effondrement après avoir « enfin » déposé son délire à quelqu’un semble l’expression d’un profond épuisement après des mois de lutte pour « paraître » à l’extérieur. La première prise en charge sera donc très maternante et l’étayage mis en place, en association avec le traitement médicamenteux permettra l’instauration d’une véritable relation de confiance avec le centre de crise qui à mon avis sera à l’origine de ces longues années de prise en charge sas hospitalisation au centre hospitalier. Je notais déjà à cette époque toute l’importance de ces premières rencontres le plus souvent fondatrice de l’histoire à venir d’une personne avec une institution des soins et plus particulièrement avec les soignants qui y exercent.

Rapidement, nous notons que lors d’un jour de repos de l’infirmier habituellement présent aux entretiens, ou les veilles de week end où son médecin va être absent, MM était plus agressif lors des entretiens. Si nous lui en faisions part, il ne manquait pas de nous pointer que cela nous importait peu qu’il reste  l’hôpital ou non, nous avions notre vie à nous. Le confortant dans cette seconde affirmation, nous avions notre vie à nous, nous lui expliquions le rôle de nos réunions de début de journée, les échanges que nous avions entre nous sur ce que nous faisions, pour le situer non pas uniquement dans des relations duelles, mais aussi dans une dynamique d’équipe travaillant dans une direction commune.

 A sa sortie, comme c’était souvent le cas étant donné la brève durée des hospitalisations, nous lui avons proposé dans un premier temps un passage quotidien au centre, puis tous les deux jours. Au fil des mois, la mauvaise observance médicamenteuse, mais aussi l’extrême difficulté des uns et des autres à recevoir ce patient « entre deux portes » qui déversait son délire sans que nous ne sachions quoi en faire nous amena à changer sa prise en charge.

Lors d’un entretien, nous le recevons à trois, le médecin, une infirmière et moi même. Nous lui proposons de formaliser ses passages au centre autour de rendez-vous alternativement avec ces trois interlocuteurs.

Ainsi pendant les sept années que je passerai au centre de crise, j’aurai rendez-vous un jour fixe, à une heure le plus souvent la même avec MM. Psychothérapie diriez-vous ? Psychothérapeutique plus exactement. J’entends par là je ne suis pas LE psychothérapeute de MM, je mets en place des entretiens qui visent un effet psycothérapeutique.

A cela, plusieurs conditions seront posées et dites au patient. Tout d’abord, chacun d’entre nous reprend ses entretiens avec un médecin du centre (de préférence mais pas toujours le médecin de MM). Il ne s’agit pas de contrôle (au sens de ce que met en place tout analyste), mais d’échange sur le contenu de l’entretien et surtout sur le ressenti que nous en avons. Et du ressenti nous en avons. MM exprime souvent un délire peu construit où il parle de ses préoccupations dysmophophobiques, de ses idées mégalomaniaques. Il illustre sans peine ce que dit Pierre Delion (pédopsychiatre Français) des angoisses chez les patients psychotiques, dont le vécu […] est marqué du sceau des angoisses archaïques : tomber sans fin, couler, être troué, écorché, exploser,… leurs instances psychiques, et principalement celles qui produisent les défenses archaïques contre les angoisses, vont construire une image du corps elle-même très en rapport avec ces fonctionnements singuliers[12]. Comment sortir de ces entretiens sans avoir le besoin d’en reparler, d’y donner sens faute d’y trouver un sens. Ce sera tout le travail fait avec l’équipe et comble de richesse, pendant deux ans avec un psychanalyste pour une supervision.

Comment mener ces entretiens sans parler du transfert à l’œuvre dans cette relation, dans ces relation devrai je dire. Mais comment aussi parler de transfert avec un patient psychotique dont on sait (et si on l’oubliait, MM nous le rappelait sans recours à des concepts abstraits) l’extrême morcellement du moi. C’est Jean Oury qui parle dans ce cadre là de transfert dissocié. Et face à cette dissociation seule une organisation « éclatée », mais ho combien cohérente peut offrir suffisamment de réceptacles pour dans un second temps rassembler ce qi es déposé à droite et à gauche.

Lors d’un entretien, MM dit à l’infirmière, qu’il n’y a pas de suivi cohérent puisque nous le voyons à deux. Il faisait référence à la pratique de sa mère qui elle, psychologue et psychanalyste, voyait ses patients seule. Or nous lui expliquions justement tout l’intérêt pour lui de ces différents interlocuteurs. Petit à petit d’ailleurs il identifiait mieux les rôles de chacun, de l’assistante sociale, du médecin, des infirmiers.

Ce qu’il abordait avec l’un pouvait être une piste de travail reprise par l’autre. Ses difficultés à se repérer dans sa famille recomposée furent l’occasion de plusieurs entretiens autour de son histoire familiale. Sa peur exprimée des groupes, d’y disparaître et de s’y faire engloutir nous amena à lui proposer des séances de psychodrame analytique. Et là encore, bien que l’équipe du psychodrame ne soit pas de notre service et que nous limitions les contacts avec eux au minimum, le travail pluridisciplinaire prenait sens. Ce qu’il exprimait en entretien, il l’actait au psychodrame et les aller retours entre les deux uniquement assurés par le patient donnait une cohésion à cette prise en charge.

Et pour expliquer cela, j’emprunterai encore une phrase à Delion à propos des rapports entre corps (du psychotique) et institution (crée pour soutenir les psychotiques) si l’institution était un lieu de rassemblement pour l’image du corps des personnes psychotiques, et si la constellation thérapeutique en est la conséquence instituante, la constellation transférentielle en sera l’extracteur logique, la conséquence instaurante[13] Personne ne saurait s’aventurer seul

dans cette terra incognita que constitue la psychose pour nous autres névrosés moyens.

Et comment parler de transfert sans parler de contre transfert ? Je dirai que comme le transfert va prendre forme au sein de la constellation, en tout cas y chercher du répondant, une réponse ? ,  prendre corps, le contre-transfert se « règlera » lui aussi dans l’institution dans la mise en mots, dans l’échange pluridisciplinaire, dans la supervision d’équipe. Chaque soignant travaillera dans le cadre contre transférentiel de l’institution (cf Tosquelles) c’est l’institution qui déterminera la qualité de la constellation transférentielle en ce qu’elle acceptera que certains de ses membres aient une position différente dans une relation thérapeutique particulière, sans que cela remette en cause la cohésion de l’institution(de l’équipe) elle même.

Je pourrai multiplier les exemples tirés de ces entretiens avec MM, (mais gardons en pour travailler demain). MM est de ceux qui m’ont le plus enseignés mon art de soigner, à l’image de ce que dit Salomon Reznik[14], reprenant Kant dans un premier temps “Il n’y a aucun doute que toute notre connaissance procède de l’expérience”, “C’est à travers l’expérience et son élaboration, grâce à la collaboration implicite entre le sujet et le phénomène, qu’objectivité et intersubjectivité donnent naissance au champ de l’apprentissage”.  Encore faut-il accepter d’avoir des maîtres.

 

Conclusion : La retranscription

 

Le dossier de soin a été prévu pour rassembler les observations infirmières. Il sert de lieu de recueil des données que l’infirmier aura recueillies auprès du patient, que ce soit du ressort de l’observation directe ou d’un recueil lors d’un entretien.

 

« L’écriture ne se limite pas à la transcription de la parole. C’est un outil intellectuel qui permet d’augmenter la mémoire, de favoriser l’élaboration d’une réflexion abstraite et complexe, de « restructurer la pensée[15] ». 

 

Les apports psychanalytiques nous aident à comprendre que la parole, par le dire ou l’écrire, peut transformer son auteur[16]. Cela nous aide à prendre de la distance par rapport à la souffrance, cela nous aide à nous connaître, à nous comprendre et à changer.

Ecrire n’est pas facile, la pensée qui peut être fugitive, floue doit être stabilisée. « Ecrire, c’est passer de l’image au concept, de l’impression à la réflexion, de la motivation à l’action durable. Pire, c’est s’exposer, se dévoiler, se dénuder, car la plus sèche des démonstrations implique qu’on y mette du sien, de soi »[17]

Nous postulons que toute clinique se constitue à partir de l’observation et de l’écoute mais également à partir de la description de ce qui est observé, entendu, partagé par le soignant et le soigné. Dans ce premier temps du soin, le soignant découvre le patient. C’est à partir de l’écrit qu’il produit de cette rencontre que naît un soin qui permettra au patient comme au soignant de se réapproprier cette part de lui-même qu’il offre à l’autre, de se désengager d’une relation très prégnante pour mieux s’y engager. La subjectivité des écrits, le récit du quotidien que l’infirmier va faire, devraient permettre une véritable pratique de réflexion et de formation.

 « … les soignants[18]  ont besoin d’écrire pour élaborer leur pensée et peut-être découvrir en fin de compte qu’ils ont émis des hypothèses fausses.».

Francis Jeanson[19] au Forum « d’Ecrits-Psy » en 1988, disait aux infirmiers « emparez-vous de l’outil de pouvoir, de savoir, de transmission que représente l’écriture… Il vous faut devenir capables de soutenir médiatiquement tout ce qui se vit dans le soin, dans cette relation de sujet à sujet… Le soin ça se parle, ça se défend, ça se formule pour soi et pour les autres… »

 

 

 

 

 

 



[1] COLLIERES (MF) Promouvoir la vie : De la pratique des femmes soignantes aux soins infirmiers, InterEditions Liège 1996, p.111

[2]  CHAPTAL (L), Le livre de l'infirmière, introduction à la quatrième édition, Paris : Masson, 1936.

[3] JAEGER (M) Op. cit, p. 52

[4] CHOLLET CHAPPARD (M-O), Des compétences à la compétence, entre transmission et transfert, op. cit. p.14

[5] Beauzée, Cabié, Lelevrier-Vasseur, Ryback, « L’entretien infirmier en santé mentale. L’apport systémique dans une profession en mutation », p.26

[6] Décret du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles des infirmiers et infirmières

[7]Beauzée, Cabié, Lelevrier-Vasseur, Ryback, « L’entretien infirmier en santé mentale. L’apport systémique dans une profession en mutation », p.23

[8] Décret du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier

[9] Art.2 : Souligne les différentes fonctions liées :

-Au rôle propre de l’infirmier : Le rôle propre c’est les soins infirmiers liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement  un manque ou une diminution de l’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes.

-A l’élaboration de protocole

                -A l’utilisation et à la gestion du dossier de soins

 

[10] « Du fantasme au système » Michel GOUTAL, ESF

[11] Guittet (A) L’entretien, Armand Colin, 1997

[12] Delion Pierre, Corps, psychose et institution Eres, Toulouse

[13] Delion Pierre op cit

[14] Reznik Salomon, Le temps des glaciations, Eres, 1999, Toulouse

[15] WEINBERG (A), Un tremplin pour la pensée, in Sciences Humaines, les logiques de l’écriture. N°109, octobre 2000, p.22

[16] SAILLANT-CARRAUD (F) L’écriture de sa pratique, science ou littérature ? in Cahiers Pédagogiques n°331, février 1995, p.58.

[17] WALLER (S), Lire, écrire dans la vie professionnelle, in Soins Formation, Pédagogie , Encadrement, n°24, 4ème trimestre 1997, p.7.

[18] GOODY (J) Traces, Entretien pour la revue Santé mentale n°62,  novembre 2001. p. 56.

[19] Francis JEANSON est philosophe et docteur en sciences politiques, sa vie est marquée par de nombreux engagements notamment en psychiatrie.



[i] DIGONNET, FRIARD, LEYRELOUP “ Les petites menteuses ” Intervention au 8° congrès de l’ANHPP, Villejuif 1998 Texte publié sur le site http://www.serpsy.org

[ii] FRIARD (D), “ L’électroconvulsivothérapie : quel accompagnement infirmier ? ”, Masson 1999

[iii] FRIARD, RAJABLAT, LEYRELOUP, STOLZ, LOUESDON, WINDISCH, “ Psychose, psychotique, psychotrope : quel rôle infirmier ? ” Editions hospitalières, 1994.

[iv] BLOCH (O), Von VARTBURG, Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris, PUF, 1968.


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