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NOTRE DEUXIEME JOURNEE PREPARATOIRE

Le succès de notre journée de septembre a été entendu car notre audience a doublé. Nous avons compris qu'il nous faudra une sono pour la prochaine fois pour que la totalité de la salle ne perde rien du détail des débats. - Il semble que nous ayons trouvé une bonne méthode de travail :
: une équipe expose pendant 45 minutes à plusieurs voix son travail (ils étaient 6), celui ci est commenté par 2 ou 3 critiques (soignants d'autres équipes), la salle intervient ensuite, un ancien acteur, entre temps, joue un double rôle associant provocations et recherche de liens entre intervenants et auditeurs. Au total fait nous avons eu l'impression de suivre une élaboration nouvelle s'appuyant sur un travail commun de 3 heures. Nous sommes partis du récit de l'équipe du Dr Patrick Bantman (Esquirol -Alfortville, Charenton, St Mandé, St Maurice) sur la fermeture de leur centre d'Accueil et de Crise en mars dernier pour arriver au constat des nécessaires retrouvailles aujourd'hui avec les " valeurs " apportées par la psychiatrie de secteur. Les critiques (Catherine Liermier et Patrick Chaltiel) et les auditeurs ont pris à bras le corps ces récits en y associant leurs expériences respectives.

Je me permettrai de résumer ainsi l'ensemble, récits et débat, qui furent extrêmement riches, entremêlant Esquirol et les autres équipes. Nous avons pu comprendre que l'existence d'un Centre d'Accueil ne constituait pas en elle même une garantie, ni pour accéder à un vrai rôle d'accueil, ni pour s'articuler avec les autres unités de soin de l'ensemble du secteur. Certains Centres d'Accueil (n'est ce pas vrai de toute institution psychiatrique ? a t il été souligné) peuvent se figer dans un fonctionnement qui le protège de toute réflexion (non pas sur la qualité dont on nous rabat les oreilles, mais) sur la pertinence de son rôle et de sa place dans le dispositif de soin du secteur.

Une Unité d'Accueil peut se donner des contraintes de fonctionnement qui vont limiter son ouverture à certaines heures, à certaines personnes, à des patients qui sont 'triés'…ce n'est donc plus une ouverture à toute demande de soin urgente sans délai sans filtre (par exemple " -on ne reçoit que lorsqu'il y a un médecin présent, -on ne va pas à domicile, -on ne reçoit pas les personnes âgées, ni les adolescents "…), et quand en plus on a une demi douzaine de lits, on joue un jeu " de soin " très difficile à lire si l'on veut comprendre les raisons poussant à recevoir dans ces lits certains patients et à en envoyer d'autres au service hospitalier du CHS ?…en réalité il semble qu'avec une Unité d'Accueil et de Crise dont la règle est aussi, 'serrée', l'équipe de secteur en a oublié son apprentissage du latin de base…de la psychiatrie de secteur. A ce moment là, la fermeture obligatoire par l'administration de ce centre d'Accueil devient pour l'ensemble de l'équipe de secteur l'occasion de s'obliger à réfléchir sur le soin en psychiatrie, sur l'intérêt de reconnaître la difficulté et pourtant la valeur première des liens entre les soignants d'une équipe de secteur (tous les soignants), la valeur seconde (et simultanée) des liens avec les acteurs sociaux propres à chaque patient (leur constellation et nos partenaires), la notion de début des soins par rapport à la continuité des soins…Peu à peu cette équipe autour de son chef (qui n'est pas là pour faire reconnaître une hiérarchie, mais pour protéger l'équipe des dangers extérieurs afin que celle ci ose prendre le luxe de " penser ", au lieu de se perdre dans la plainte, la grève ou la démission) peu à peu cette équipe redécouvre la psychiatrie de secteur, ses missions, et entre autres la mission première et constante d'accueil, nécessaire introduction (dévoreuse de temps, mais c'est incontournable) à une éventuelle continuité des soins, et à toutes les articulations entre les acteurs du soin et du social dont le patient a besoin pour que son unité d'homme soit respectée, consolidée …

Nous sommes obligés de dire que, malgré ce résumé 'réducteur' de l'exposé et des débats, nous avons été, ce soir là, " décoiffés ", déstabilisés, obligés de 'parler vrai' dans ce débat. Nous avons été obligés de nous demander si la psychiatrie de secteur n'avait pas fait fausse route en insistant sur la création de toutes ces structures intermédiaires ; en effet on constate que dés qu'elles sont créées, la plupart (sauf les plus modestes et les plus fragiles) se " fossilisent "…et que paradoxalement celles qui disparaissent ne sont pas forcément celles qui avaient le moins de valeur mais celles qui étaient le plus fragile, alors que celles qui 'soignent peu' ou mal, celles là vont perdurer … parce qu'elles sont administrativement les plus lourdes.

Proximité des soins, continuité, contexte (environnement) ne sont pas des valeurs qui peuvent être respectées et réalisées sans l'effort permanent de toute l'équipe de secteur, ces valeurs étant à mettre au service de la personne souffrante…et non au service des 'institutions'.

Alors, est ce que la psychiatrie de secteur ne s'est pas mise au service des institutions ? Où en sommes nous avec l'accueil ? est ce une rencontre ? un soin ? un mode de travail ? Et pendant ce temps là de façon inexorable de plus en plus d'équipes perdent des hommes, et…perdent leur imagination prise par le deuil…

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Nous étions cependant 60 ce soir là à penser que le mode de travail d'accueil représente une valeur forte pour défendre une psychiatrie de secteur en grande difficulté…(et ceci après avoir eu le courage de dire que nous avons manqué de réflexion clinique sur notre travail de soin et de prévention toutes ces années précédentes). Retrouvons notre capacité de penser pour continuer à créer les conditions d'accueil et de soin de la souffrance psychique et de ses troubles sur l'ensemble du secteur. Au total, plus nous avançons, plus nous comprenons que nous avons du pain sur la planche pour préparer nos journées d' " Accueils? " à Marseille les 15 et 16 mai 2003. Cette réunion de novembre nous a permis de mieux préciser nos enjeux : défendre l'accueil au service de la psychiatrie de secteur, remettre en question tous nos acquis, dans un échange où la question des LIENS est au premier plan : liens avec le patient et son entourage, liens entre les soignants, liens avec les acteurs du partenariat qui constitue notre base de soutien : la base du secteur, c'est …sa population, il est des évidences qu'il faut oser redécouvrir avec " naïveté ". 'comme à la naissance'. La question du 'seuil' reste très pertinente comme thème général.

Nous confirmons nos deux prochains rendez vous, à diffuser autour de nous, (il est réconfortant d'être nombreux devant cette tâche) : - Jeudi 16 janvier : équipe de Bondy autour de Patrick Chaltiel, et le - Jeudi 6 mars 2003 : deux équipes : Aubervilliers avec Nathalie Christodoulou et Paul Guiraud avec Anne Rauzy

Les deux fois à l'HÔPITAL SAINTE ANNE, amphi J. Delay, pavillon Ball, 1er étage, service du Dr Marcel, de 16h à 19h, suivis d'un cocktail par les laboratoires Lilly.

Renseignements : Accueil de Bondy 01 48 49 05 11 et mail " baillon.guy@noos.fr "