D'Amiens à Marseille ou de Morlaix à la Réunion, de Poitiers aux DOM-TOM ou de Vichy à Saint-Etienne, de Toulouse à Paris ou de Mulhouse à Lisieux, partout, ces dernières années le ciel en psy s'est assombri.
En effet, au fil des changements de présidents, de gouvernements, "grâce" aux différents rapports des Zambrowski, Massé et compagnie, le système de santé s'est recentré sur une logique comptable, sorte d'ardoise magique qui, lorsqu'on sait bien s'en servir comme ces messieurs des ministères, efface l'homme et ne laisse apparent qu'une série d'actes stériles mais soit disant économiques. Si, comme Bonnafé le déclarait, on juge une société à la manière dont elle traite ses fous, ça laisse rêveur…

Qu'en est-il du secteur aujourd'hui ? Dézingué ? Ravagé ? Littéralement désagrégé ? L'idée même de secteur est désormais incongrue, quant au collectif, il y a belle lurette qu'il n'existe plus. A n'écouter que la plainte, on croirait que les équipes pluridisciplinaires sont le plus souvent devenues des champs de batailles, chacun étant mobilisé sur des tâches et des chiffres. Plus de théorie, plus de clinique à l'appui, juste des positions engluées dans des discours de représentants de commerce ou d'industriels en recherche de profit. Au CH-QHS, Yaka (pas sutra) trouver des solutions clean et rapides, comme au Mac-drive. De la relation lyophilisée pour psychiatrie de synthèse où transfert et contre-transfert sont devenus des grumeaux. Les centres hospitaliers ne le sont plus guère. Partout l'étau se resserre. Et pourtant …

Pourtant, un peu partout en France, de nombreuses équipes pluridisciplinaires résistent et inventent toujours de nouvelles manières de soigner pour faciliter l'accès aux soins et déstigmatiser la maladie mentale, œuvrant ainsi à ce que chaque patient soit avant tout un sujet et un citoyen. C'est ce qui nous fait dire que si la psychiatrie est menacée, elle est loin d'être sinistrée.
Oui, messieurs des tutelles, ne vous en déplaise, partout en France le tonnerre gronde et annonce, non pas une simple pluie, mais bel et bien un terrible avis de tempête en psy. Tenez-vous le pour dit : dès maintenant nous tous, soignants de toutes catégories, nous prenons le maquis.

Nous procéderons par pallier en participant à différents congrès jusqu'au mois d'Avril où chacun dans son secteur concoctera textes et actions pour saluer dignement la semaine de la santé mentale. Autant d'événements qui participeront à illustrer une œuvre collective que nous mettrons en discussion en juin à Montpellier : un manifeste de toutes les couleurs pour redéfinir ce que soigner veut dire et comment en obtenir les moyens.