Appel
La réforme annoncée de la psychiatrie avance à grand pas. La
résistance s’organise. Les échéances proches sont le rapport Couty (volet
psychiatrique de la loi hôpital, patient, santé territoire), la mise en place
des
annonces de Nicolas Sarkozy lors de son discours d’Anthony et
l’application de la tarification de l’activité pour 20% du budget des CHS au
1er janvier 2009.
L’heure est trop grave pour que l’indifférence l’emporte.
Nous avons tous signés beaucoup de pétitions, appels etc. Le spectre des années
30 revient doucement. « La politique de civilisation » annoncée est une
politique de « rupture » du lien social.
Nous devons maintenant faire converger nos mouvements
hétérogènes pour soutenir une conception de la psychiatrie, de la société et
plus largement du lien social.
Nous ne sommes pas seuls.
Dans le champ de la médecine un nombre important de
collectifs a vu le jour soutenant une santé égalitaire et solidaire.
Dans le champ de l’éducation des mouvements sont nés
tels Réseau d’Education Sans Frontière, Sauvons l’Université, Sauvons la
Recherche. La pétition pour les RASED, pas zéro de conduite etc. ont recueilli
plusieurs dizaines voire centaines de milliers de signatures ; certains citoyens
ayant été jusqu’à la désobéissance civile.
Dans le champ de la culture, les attaques ne sont pas moins
nombreuses (subventions des théâtres, statuts des intermittents, réforme de
l’audiovisuel public…).
Dans le champ de la justice, la fronde des magistrats est en
cours.
Dans l’ordre de nos préoccupations s’y ajoutent toutes les
« déportations » actuelles de notre ministère de l’immigration et de l’identité
nationale (centre de rétention administratif, expulsions autoritaire) véritable
honte pour notre démocratie. Sans compter non plus la politique répressive
visant, sous couvert d’humanisme, à enfermer les sans domiciles fixes et autres
précaires. Cette criminalisation de la misère qu’elle soit psychique, matérielle
ou symbolique vise au grand renfermement des « improductifs » à savoir ceux qui
n’entrent pas dans la logique utilitariste actuelle.
L’étincelle de la contestation est apparue, à nous de la
transformer en proposition politique.
Plusieurs niveaux de lutte sont indispensables.
Au niveau micropolitique, dans notre travail quotidien,
informer les personnes que nous sommes amenées à rencontrer, semble la moindre
des choses.
Agir aussi.
En psychiatrie par exemple, certains proposent de refuser de
coder les actes, d’émettre des diagnostics par simple devoir de réserve, ces
informations pouvant faire l’objet de futurs fichiers et ségrégations ; mais
également par nécessité de soigner, d’être auprès des patients plutôt que devant
nos ordinateurs.
La logique évaluative envahit tous les domaines. Il est temps
que l’évaluation redevienne un outil et non pas une fin en soi, qu’elle soit au
service des hommes et des femmes et de la vie en commun.
Au niveau macropolitique, il va falloir se rassembler pour
penser une riposte, pour construire un mouvement d’opinion.
C’est désormais à la société civile de se manifester et de se
réapproprier ces questions politiques.
Ce moment de crise, politique, économique et financière
questionne de manière aigue notre choix de société.
La crise peut être un moment fécond de création et de
repolitisation. Nous en avons besoin.
Refusons ces dérives sécuritaires, gestionnaires et
individualistes.
Pour cela, nous appelons tous les citoyens concernés à nous
rejoindre pour organiser un mouvement de propositions (utopsys@yahoo.fr).
Association UTOPSY
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