ARME, JUSTICE, SOIN, ETHIQUE, THÉRAPEUTIQUE ?
Une impasse thérapeutique est souvent la conséquence d'un soin qui échoue, quelles que soient les tentatives de construction des équipes soignantes vis-à-vis du patient.
Nous apprenons qu'elle ne dépend pas de notre secteur, mais que les deux secteurs qui l'ont accueilli, ont interrompu leur prise en charge pour cause de transgression. Les termes d'associabilité, d'impulsivité, et d'intolérance à la frustration, d'absence de culpabilité, sont posés par l'équipe infirmière. Il devient alors plus difficile de l'aider.
Le médecin-chef, décide de la prendre en soin, en hôpital de jour, et nous aurons peu de nouvelles de cette prise en charge.
Au mois de juillet 1998, nous apprenons qu'elle fréquente toujours l'hôpital de jour, et qu'elle a un suivi social sérieux avec notre assistante sociale. Elle en tombe " amoureuse ", et c'est un " coup-de-théâtre " pour les soignants du secteur qui s'ensuit. Détentrice d'une arme à feu, car " elle se sent, pour des raisons d'éléments infantiles consistants " en insécurité, elle menace l'assistance sociale avec son arme, durant 1 heure dans son bureau, au sein de l'hopital. L'affaire s'ébruite à bas bruit.
En novembre 1998, Karine est annoncée en admission programmée dans notre service. L'appréhension soignante resurgit avant cette admission, mais le médecin la calme : " pas de contre-agressivité de la part de l'équipe, répondons à la confiance que la patiente nous demande d'avoir pour elle-même " . C'est à partir de cette appréhension, que le médecin parlera d'incompétence.
Le moral des soignants, (au moins de quelques-uns), est réduit, et nos transmissions écrites et orales peu entendues. La consigne de " lui accorder la confiance qu'elle demande " demeure, et l'on oublie son " passage à l'acte "; un peu comme si, le seul diagnostic médical psychiatrique et rigoureux pouvait se réduire ou s'appauvrir aussi facilement à " évolue favorablement " sans source clinique.
L'histoire va rebondir quelques jours plus tard par un fait grave, qui ouvre le débat de ce présent article.
Lors d'un entretien avec l'interne du service, Karine laisse deviner qu'elle possède une arme. Le médecin décide alors de lui " faire confiance ". Persuadé qu'elle ne s'en servirait pas, il tait volontairement les confidences de la patiente, alors qu'il n'ignorait pas l'incident du mois d'août précédent.
Les soignants travaillerons toute une nuit, ignorant qu'une arme est présente dans le service, ainsi que l'équipe qui prend le relais le lendemain matin. Dès le lendemain, l'interne en parle au médecin responsable du service. Celle-ci prend la patiente en entretien, s'informe sur l'arme, et demande à la patiente de la ramener chez elle, toujours dans " cet acte de confiance ". Elle lui propose ainsi une permission de sortie pour l'après-midi. Puis le médecin vient aborder avec l'équipe les transmissions. Elle tait volontairement l'histoire de l'arme, " voulant éviter un vent de panique ". Elle parle plus tard d'incompétence. de l'équipe.
Karine, " satisfaite " de cette confiance octroyée, va de ce pas montrer son arme à une assistante sociale. L'une d'elle prend l'arme dans les mains avant de la lui rendre, l'autre prévient téléphoniquement l'équipe du scénario qui se joue. Avant tout, il est intéressant de savoir si la patiente, de mains en mains, (l'interne, le médecin l'assistante sociale), de " confiance en confiance ", ne recherchait pas un acte de loi, longtemps, apparemment diffusé dans ses messages. Ne peut-on se poser là, la véritable question de sa recherche thérapeutique au sein de l'institution.
Dès lors, l'indignation est grande dans l'équipe infirmière, d'autant que nous assistons à une aisance médicale qui parle encore et toujours de thérapeutique, sans définition précise, sans reconnaître la moindre erreur de trajet. Bien au contraire, c'est l'équipe, qui, par son appréhension de l'hospitalisation aura rompu avant son admission, l'acte de soin. "
La patiente était dehors, avant de venir " déclare le médecin. Quelques jours après, Karine va user de cette faille, en pointant un objet derrière le dos d'une infirmière : " Je te braque ! ". Les transgression s'accentuent, les infirmiers le notent. Le médecin n'en tient pas compte. L'équipe ne peut plus gérer la situation, sans le soutien du médecin. Soutien absent, bien évidemment dans ce cas de figure.
Karine sort quelques jours plus tard, sans que rien ne lui soit signifié quant à son acte, et ce, pour la seconde fois. L'arme reste en sa possession. L'interruption du soin, se fera avec son accord, une journée avant sa sortie prévue. Motif : Karine n'a pas respecté sa prise médicamenteuse.
Dès lors, deux infirmières ont réagi en écrivant à la Direction de l'Hôpital. L'équipe soignante, quant à elle, réagit en provoquant d'urgence une première réunion.
Le conseil de service est saisi en session extraordinaire. Les médecins défendent le concept éthique qui veut que l'on ne dénonce pas un patient détenteur d'arme, car celui-ci serait cueilli par la gendarmerie à sa sortie d'hopital. Oublient-ils qu'ils auraient pu prendre l'arme anonymement. Oublient-ils qu'ils mettent en danger d'autres patients, et une équipe de soin. Certains membres de l'équipe infirmière n'acceptent pas de ne pas avoir été informé de la présence de l'arme. Le médecin répond que l'équipe est incompétente. Ce qui est excessif au vue de notre vécu, de nos appels incessants, de nos transmissions. Sans parler de nos nombreux rapports d'incidents depuis 2 ans, sans reconnaître que cette même équipe s'est montrée remarquable dans d'autres circonstance. (notamment lors d'un incendie).
Il nous semble que les médecins n'ont pas hésité à nous mettre en danger, en nous écartant totalement du soin, en fuyant eux-mêmes les indications de nos difficultés. Le médecin se ressaisit en disant qu'il a voulu protéger l'équipe contre " un vent de panique". Cette soi-disant protection nous semble peu professionnelle, au vu de notre diplôme et de nos responsabilités.
Karine est admise en réanimation 3 semaines plus tard pour TDS. L'équipe est forcément fautive d'entraver la démarche médicale, donc responsable de cette réadmission encore officiellement inconnue des infirmières du secteur 6. Nous auront cette information par la patiente qui, de réanimation va joindre l'équipe pour avoir l'adresse d'une autre patiente hospitalisée. Ni la direction, ni les médecins ne nous parleront de cette hospitalisation.
A ce jour, aucun médecin du secteur ne reconnaît avoir commis une faute, alors qu'il est admis qu'une infirmière qui aurait gardé l'information de la présence d'une arme dans le service serait accusé de faute professionnelle grave, mettant en danger d'autres patients.
Nos questions quant à cette histoire sont nombreuses, c'est pour cela que nous le soumettons à la lecture et la critique d'autres. Le médecin garant de l'institution n'est-il pas lié aux lois qui régissent la fonction publique ?
Les infirmières n'ont-elles pas droit à une éthique quant à leur prise en charge, et à un recul critique ? Un traitement antidépresseur provoque un moment de déshinibition.
A partir de cette donnée, n'aurions-nous pas nous saisir de l'arme, du point de vue médical ? Comment une équipe infirmière peut-elle se défendre de l'accusation d'incompétence ? Certaines d'entre nous (auteur de cet article, ainsi que d'autres qui ont peur des conséquences) résistent à taire ou amoindrir cette affaire. Quelle est leur garantie de ne pas être mené à la " faute future ", parce que des révoltent individuelles persistent. D'autant que les actes d'intimidiation individuelles font tranquillement leur trajet, depuis le 1er décembre 1998.
Quant à l'infirmière qui a écrit à la direction, sa demande de mutation est demandée par le médecin-chef. Motif : " Mme. D. ne correspond plus au projet de secteur, la confraternité a été trahie. " L'administration n'y a pas encore répondu. A voir....
Volontairement, nous n'apportons pas de conclusion. Il nous paraît important que cette conclusion soit apportée par le lecteur.
Affaire à suivre !