La mobilité rend fou, le monde rend fou, le monde est
laid, le monde est fou
Que la mobilité rende fou, il suffit
de suivre les péripéties et les statistiques de France Telecom pour s’en
convaincre. La mobilité à tout crin dans des perspectives de rentabilisation et
de performances accrues pousse les gens à sauter par les fenêtres et c’est
après tout une façon comme une autre d’écrémer les effectifs en se débarrassant,
qui plus est, des éléments les plus fragiles. Que du benef….
Evidemment reste l’argument voulant
que la faible mobilité de tous oblige certains à rester dans des postes où ils
sont en souffrance et que seule l’obligation de mobilité permet d’envisager une
égalité de la souffrance pour tous, dans une solidarité fraternelle. Plutôt que
de rendre attractif le poste où il y souffrance on va demander à quelqu’un
d’épanoui sur le sien d’aller souffrir un peu. C’est chacun son tour, y’en aura
pour tout l’monde….
Un autre est de dire que
« certains sont mobiles » et qu’ils n’en sont pas morts, pas encore
en tout cas… Est-ce qu’on pourrait penser par hasard que ce serait là la preuve
de l’unicité de l’individu, le signe que nous ne sommes pas tous faits pareil
et que si la mobilité extrême oriente
vers la fuite en avant maniaque, le besoin d’immuabilité du schizophrène
existe aussi, et que ce qui est bon pour l’un pourrait ne pas être bon pour
l’autre ? Que l’homme n’est pas une machine et fonctionne beaucoup plus
mal parce que le bug n’est pas le même sur tous les modèles ?
Le pire, c’est que la mobilité ne
rend pas folles que ses victimes, mais que les usagers en font aussi les frais.
Dépassé, le principe de Peters qui voulait que l’on soit promu jusqu'à
atteindre son niveau d’incompétence et qu’ensuite on en reste là, figé dans sa
problématique d’incompétence… De nos jours, et c’est tout bénéfice, nul n’est
besoin de promouvoir, il suffit de muter. C’est ainsi que les professionnels de
terrain, après qu’ils aient bien développé leur connaissance dudit terrain, se
voient changer de pâture et réapprennent encore et encore leur nouveau
territoire jusqu’à le connaître suffisamment pour pouvoir en changer. Les
acquis sont valorisés par l’expérience, et dès qu’ils sont acquis ils
deviennent inutiles….
Et on entre là dans la problématique
du double lien, celui qui rend bien fou, où d’un côté sont prônées les vertus
du réseau, la connaissance des partenaires de terrain et des liens qui peuvent
être entretenus avec leur complémentarité, et pendant qu’on tricote bien tout
cela, maille par maille, des petits rigolos à l’autre bout tirent sur le brin
de laine et vous détricotent gentiment tout ça. Mais à faire et à défaire on
est pas à rien faire...
Quel peut bien être le bénéfice de
tout cela ? Et on en vient à penser que, peut être, le retard pris dans
les dossiers des usagers, et ces méconnaissances des adresses de terrain, peut être, viennent limiter les
débours et les couts sociaux. Surtout quand par ailleurs viennent s’ajouter les
protocoles « Qualité », les plateformes téléphoniques si tant
pratiques pour les usagers, appuyez sur la touche #, rraaahhhh…..
Paranoïaque, moi ? J’arrête pas de vous le dire, la mobilité rend fou…..