LE FÉTICHISME PARANOIAQUE DE L’ÉVALUATION
L’ÉVALUATION
DÉVALORISÉE PAR LA PEUR
La gestion par le stress
une
arme anti-humaniste de la pensée-Medef pour casser la solidarité
et provoquer la fin du lien social au travail :
(La CFE-CGC a créé un baromètre du
stress qu’il cherche à faire reconnaître comme maladie
professionnelle. Mon exposé va tenter de démontrer que l’évaluation est devenue le principal facteur de stress au
travail).
La pratique de
l’évaluation de tout travail ou projet humain à dimension collective ou
publique bénéficiant d’apports financiers a toujours constitué un pré requis
éthique et moral non discutable, ainsi que MACHIAVEL (Le Prince- 1517) l’avait
affirmé : évaluer est ontologique.
Le jugement est le cœur de la pensée, donc de l’action.
Un devoir admis au nom de la responsabilité solidaire de
l’action. Parce que si nous n’avons pas de comptes à rendre, nous devons rendre
compte de ce pour quoi nous sommes payés, sans état d’âme particulier. Et
notamment en vue d’améliorer la qualité de notre travail, qui devrait être le
vrai sens de la démarche dite « qualité ».
Mais
aujourd’hui, nous assistons à la mort de
cette pratique face au changement radical du paradigme évaluatif, qui a
quitté la sphère de l’action collective,
pour attaquer celle du travail humain individuel,
solitaire, au nom de cette idéologie inhumaine de l’AUTONOMIE, et par
extension, en remplaçant sciemment les concepts sociologiques d’attitude,
pratique, conduite, par celui de comportement,
mot valise dangereux d’une certaine psychologie positiviste qui puise ses
référents dans la biologie et le néo-pavlovisme du conditionnement.
On n’évalue
plus un projet, le résultat d’un travail, ses effets, son impact ou son
efficacité, voire sa productivité et le profit qu’il génère, on évalue désormais un acteur isolé, fragilisé, ses
attitudes, au nom de la soi-disant « responsabilisation », afin de le
contrôler en exerçant une forte pression MORALE, en le déshumanisant, le
désymbolisant, bref, en le coupant du
procès collectif et de ses solidarités, au nom
de cette « MODERNISATIONS DES AGENTS » prônée par
le MEDEF qui casse leur rapport subjectif au travail.
Kant dans
CRITIQUE DE LA FACULTÉ DE JUGER (1790) posait l’impératif catégorique que
« La faculté de juger en général est
celle qui consiste à penser le particulier comme compris SOUS
L’UNIVERSEL ».
Ce n’est plus le cas avec l’évaluation « moderne », qui a rompu son contrat social avec
l’universel, pour accabler le particulier, qu’il soit ouvrier, ministre ou candidat
à la StarAc’…
A trop
l’utiliser, l’évaluation est devenue « une boursouflure sémantique
» vidée de son sens originel, selon la formule de Boris Cyrulnik. (cité dans
« Le mésusage, essai sur l’hyper capitalisme » de P. Ariès, 2007).
Titre de
ELLE (janvier 2008) : « Évaluez
vos proches. La méthode Fillon à la maison »…
Évaluer les ministres comme
des candidats de la STAR’AC signe la fin d’un processus, qui s’autodétruit en
quelque sorte, et autorise désormais à le REFUSER
par principe, individuellement et SYNDICALEMENT pour survivre, pour rester digne et adulte, et ne pas plier
devant l’obsession d’un Jacques ATTALI dans son ridicule rapport qui propose
que les usagers jugent les administrations publiques, les patients leurs
médecins, antichambre d’un populisme des plus dangereux.
Car du coup,
on quitte l’engagement éthique, moral et déontologique pour entrer dans
un procès de domination bourdieusienne, fait de MOTS D’ORDRE, de soumission, de biopouvoir : la punition foucaldienne est au bout
de l’évaluation de tous, tout le temps, dans cette société de la surveillance
qui entre sous nos yeux dans le monde de l’hyper contrôle.
Les
zévaluateurs (ou ceux qui s’autorisent à l’être) sont les zélites du moment de cette nouvelle VIOLENCE sociale, et
les zévalués (autre nom pour les travailleurs)
sont les dominés, les infantilisés, les RÉDUITS.
Ainsi en
va-t-il par exemple des deux « techniques » de surveillance et
d’inquiétude baptisées : BILAN de
COMPÉTENCES, et EPP (Évaluation des pratiques professionnelles des médecins inventée en 1999 par Johanet) qui
produisent une ambiance permanente de suspicion, et sont donc propices à la
création de noyaux pervers harcelants dans les structures de travail, parfois
jusqu’au suicide et la délation.
Évaluer ce qu’on nomme les « compétences » consiste toujours
à les mettre en doute, à considérer a priori qu’elles ne sont pas établies,
et cela déstabilise donc CULPABILISE (et c’est bien l’objectif) les certitudes
de la personne, car il s’agit toujours de mesurer l’adaptabilité, la compliance au travail, la résilience au harcèlement.
Ce contexte de méthodes patronales de mise en concurrence par
la flexibilité ou l’employabilité a été peu à peu étendu à toutes les sphères
du travail humain, du privé comme du
public : par exemple, dans les hôpitaux et les établissements
médico-sociaux, grâce aux nombreuses lois de 2002/2004 et 2005...
Quant aux médecins, ils sont censés avoir oublié leur
formation, malgré le travail constant de mise à jour des connaissances, et doivent
prouver qu’ils sont aptes à
continuer, par tranches de cinq ans, leur métier, sous peine de … punitions.
L’EPP met en doute la conscience professionnelle « confondue » avec les
compétences. C’est une pratique
perverse issue de l’industrie où c’est entre les dénommés équipiers, agents ou
opérateurs mis en concurrence que se joue l’efficience productive. C’est
une intolérable atteinte à la DIGNITÉ de chaque humain, une vraie cassure dans
le processus civilisationnel.
A l’école, une DEPP (Direction de l’évaluation, de
la prospective et de la PERFORMANCE)
formate nos enfants dès la maternelle avec sa « Base Élèves »…
L’évaluation préventive, consiste à stocker des informations
à charge qui pourront SERVIR en cas de nécessité, à dégraisser ou
délocaliser ; c’est faire des listes, mettre les personnes derrière des
GRILLES d’évaluation, les tester (surtester dit-on chez Renault où règne le
mode d’organisation dit MATRICIEL…), les hiérarchiser en fonction de leur
adaptabilité et de leur bonne volonté à se soumettre au rituel mortifère du
contrôle, des classements, du COACHING, des récompenses, des sélections entre
bons et mauvais, du FICHAGE obsessionnel, voire de la délation, que le
sociologue Zigmunt BAUMAN baptise « culture
du rebut » et qui produit de plus en plus de « déchets
humains ». Ces fameux PRÉCAIRES… du pur capitalisme de plus en
plus totalitaire, comme chez ORWELL.
Sous
l’influence de l’idéologie dominante du management néolibéral, les relations
sociales dans le monde du travail, et plus généralement le processus de
Kulturarbeit sont en cours de changement violent, si bien évoqué dans le beau
film de Denis Arcand « Les
invasions barbares ».
L’évaluation en est devenu l’outil
managérial principal.
Il est issu dans le champ sanitaire des méthodes de l’EBM,
cette médecine fondée sur des preuves soi-disant scientifiques. Et ça passe ou
ça casse. Mais parfois au bout, il y a le suicide. Alors que le prolétaire
d’autrefois vendait sa force de travail au patron, le manager
« moderne » exige désormais la vente de la subjectivité complète de l’équipier, engagé corps ET ÂME pour le profit de l’actionnaire invisible.
La sociologue Nacira Guénif-Souilamas appelle ce phénomène
« la domestication ». Trop
évaluer peut rendre fou quand cela
devient harcèlement, déclassement, sanction, c’est une
DÉ-VALUATION/DÉ-VALORISATION.
Évaluer, c’est inspecter,
expertiser, vérifier, noter, jauger, juger, tester, questionner, classer, repérer, contrôler, surveiller,
estimer, extraire la valeur,
comparer avec des MOYENNES statistiques, avec des standards ou des normes abstraites. C’est créer du STRESS comme mode d’action : la CGC l’a bien compris
qui a créé un BAROMÈTRE STRESS.
Tout ce fatras afin de punir tous ceux qui ne sont pas code
barrés, CONFORMES.
C’est chercher à créer des groupes homogènes de travailleurs,
standardiser, ramener à un fil conducteur, à un mot d’ordre hiérarchisé, à un
guide de bonnes pratiques ou conduites, à un modèle, à des référentiels. A la
« méthode TOYOTA ».
C’est jauger
la PROFESSIONNALITÉ des agents, cet
autre concept de la novlangue du Medef, c’est-à-dire enlever du métier tout
ce qui est intuition, affectivité, savoir faire, culture personnelle,
subjectivité, parole, sentiments, empirisme, tradition transmise,
pour le REMPLACER par les « valeurs d’entreprise »
fabriquées par les DRH, et le réduire à une simple boîte à zoutils respectant à
la lettre les référentiels de savoir-être mis aux point par les ZEXPERTS), dans
des ZUNITÉS de travail où les taches et les responsabilités sont parcellisées,
individualisées à l’extrême, dans le culte de la performance, des taches
rendues TRANSPARENTES jusqu’à provoquer ces « nouvelles PATHOLOGIES de l’individualisme »… lorsqu’il y a de
la « rébellion méthodologique » pour survivre à ce harcèlement .
Cette évaluation-là créé une nouvelle
clinique psychopathologique du travail
qu’a bien cernée Christophe DEJOURS, (dans Soufrance
en France : la
banalisation de l’injustice sociale ; Travail
et usure mentale (essai de psychopatologie
du travail) ; L’évaluation du
travail à l’épreuve du réel) ; mais
aussi Yves CLOT ou Denis DUCLOS, qu’on ne lit pas assez. Ce sont des ouvrages
irremplaçables à utiliser comme arme de résistance à la surexploitation
qui rend malade et qui peut se manifester par une adaptation
sous forme de triche.
Il n’y a plus de sujets, mais des exemplaires, des monotypes
bâtis sur le même moule théorique. Le mésusage maniaque et malveillant de l’évaluation a détruit son capital
symbolique de juste dette, au profit d’une routine de capital-peur : la gestion mortifère par le stress de la concurrence, si clairement théorisée (et appliquée
chez Renault) par Carlos GHOSN, son PDG prédateur.
Gouverner par la peur est un
ouvrage collectif paru en 2007 chez Fayard, qui montre comment la POLITIQUE DE
LA PEUR (et ses salaires de la peur) importée des USA, est devenue l’outil du
patronat, étendu depuis aux administrations publiques comme
l’hôpitalentreprise.
L’insécurité et la menace de chômage en sont les moyens pervers, et disons-le en pesant les mots, fascisants, pour tenir les salariés, et si possible les rendre complices de leur propre aliénation au
nom de l’esprit de la boîte qui les exploite,
dans la tradition du toyotisme (le TPS : Toyota
Productive System, qui provoque le KARO-JISATSU (« suicide en relation avec le travail ») et les rejette sans
état d’âme.
L’évaluation ancienne donnait
en retour fierté et estime collectives au groupe.
Elle s’est rabougrie en une fonction infantile de mise en concurrence des équipiers : la montée d’adrénaline améliorerait la productivité : c’est la
théorie patronale et comportementale perverse
du faux « bon stress ».
Aujourd’hui, l’évaluation permanente comme moyen opératoire de contrôle des actes du
technicien et d’emprise sur son comportement a créé une véritable PANIQUE MORALE, et a pu contribuer à
pousser au suicide plusieurs techniciens de
Renault Guyancourt. Et de bien d’autres entreprises dont on ne parlait pas,
car ces effondrements narcissiques sont vécus comme une HONTE dans des lieux où
la « virilité ouvrière »
était la règle.
Isabelle BÉAL s’est
suicidée à 41 ans en avril 2007 à Saint-Priest, en laissant un mot :
« Trop de pression au travail ».
Son employeur était la
SODEXHO.
Le Collectif des Médecins du travail de Bourg-en-Bresse a
publié un rapport décennal d’observation et donné l’alerte « pour en finir avec le travail dégradé et ses
conséquences sur la santé ET LA COHÉSION SOCIALE ».
Le rapport évoque une détérioration physique et MENTALE des
salariés.
« La situation de la France est HONTEUSE :
si on ne freine pas les logiques de
profit et les logiques GESTIONNAIRES EXCESSIVES, toutes les préventions et précautions ne pourront
être qu’inefficaces… Nous n’en sommes
plus au principe de précaution, mais à l’ALERTE MAXIMALE, tant la dégradation de la santé est
intense ».
On estime en effet, qu’il y a un suicide au travail par jour en France.
Depuis
l’époque du productivisme fou de l’économie japonaise, le « karoshi » s’est développé (syndrome
de la mort par épuisement cardiaque au travail de sujets jeunes sans
antécédents médicaux).
Le suicide, de plus en plus répandu, semble lui succéder, qui
touche désormais beaucoup de milieux professionnels : les prisons, la
police soumise à la culture sarkozyenne des bâtonnets, l’enseignement (où ce
sont désormais les enfants des maternelles qui ouvrent le bal avec leur « carnet d’évaluation comportementale », l’hôpitalentreprise, ses pénuries humaines
et sa nouvelle gouvernance, La Poste avec ses « challenges du meilleur vendeur » et son harcèlement contre-réformiste
depuis dix ans, la sous-traitance dans la chimie, l’ANPE en voie de
privatisation, les tribunaux d’instance, les contrôleurs de la SNCF évalués sur
le nombre de procès-verbaux, la restauration rapide, les hypersurfaces avec les
« qualitests » pour piéger
les caissières, IBM-France qui pratique le « forced ranking », cette notation forcée qui fixe des quotas de licenciés A L’AVANCE , les
médecins de plus en plus touchés (le Vaucluse a ainsi perdu cinq généralistes
et trois psychiatres en dix ans), mais on n’en parle pas, car ce serait trop
angoissant pour les patients, mais aussi les visiteurs médicaux, des délégués
syndicaux exposés à la double vindicte des patrons et des salariés ne sachant
plus à quel saint se vouer, les sous-traitants du nucléaire (Chinon), et
maintenant les entreprises autrefois les mieux organisées syndicalement et en
CHSCT comme les ex-bastions ouvriers Renault et PSA.
Cette multiplication révèle en outre le visage obscène de l’assurance-maladie qui tergiverse pour les prendre
en compte comme « accidents du
travail », petites économies obligent, et du patronat qui n’y voit que
des drames « privés » (de sens ?) pour s’en laver les mains. On
appelle cela « barbarie douce ».
Alors qu’ils plaident hypocritement pour le mythe éculé d’une
« démarche qualité-sécurité », en réalité les DRH ne jurent que par
le quantitatif, et la double tarification hospitalière en est l’exemple
flagrant. Du chiffre, de l’efficacité, du rendement, et peu importe la réaction
de la variable d’ajustement que
constitue désormais le capital humain et ses salaires dérisoires, dans une
époque de surexploitation au travail qui rend tragi-comique le slogan sarkozyen
de « tout pour le travail »…
Nous sommes dans une société de compétition sans éthique ni
états d’âme : seuls le pragmaticisme à l’américaine et l’efficience
comptent. Pas la cohésion sociale. Il s’agit bien de totalitarisme gestionnaire, d’une
menace considérable contre la DIGNITÉ des salariés et le sens de leur
travail.
Partout, le moyen de gestion
utilisé repose sur la FOLIE ÉVALUATIVE, jusqu’au délire paranoïaque, hors de
toute finalité productive, comme moyen d’emprise totale sur les individus. Elle
rend chacun transparent, ce fantasme de tout dirigeant, qui permet la
fin de l’intime, du secret . Mais la transparence incestuelle rend fou. Elle
pousse à tricher, à ruser, à détourner l’évaluation, et prépare la société
d’Orwell. Celle des personnes réduites à des éléments identiques dans les
masses de manœuvre des dictatures, comme Hanna ARENDT l’a si bien montré dans
« Les origines du totalitarisme ».
Tout cela peut vous sembler à juste titre
EXCESSIF, mais mon intention est d’alerter, de faire
prendre conscience de l’irréversibilité
de ces processus de pouvoir, si on ne
les rejette pas collectivement dans une certaine urgence.
La page de garde du site ORANGE propose de participer à des
« autoévaluations » appelées « psycho-tests ». Par exemple,
CALCULEZ VOTRE QE, ce quotient émotionnel, inspiré des méthodes banalisées de
l’église de scientologie, utilisées par L’Oréal, Coca-cola, et Canon pour
évaluer le degré scientifique de motivation professionnelle… Banalisation, conditionnement apparemment LUDIQUE.
Dans cet anti-humanisme de l’ère néolibérale, la personne est devenue marchandise à son tour, réifiée
(selon la formule d’Axel HONNETH) et corvéable à merci, jusqu’à la mort…
Le credo
patronal contagieux de l’évaluation, casse
toute transmission de
savoir-faire, tout héritage ouvrier, (ce phénomène étant amplifié dans les
plans sociaux par l’éjection prioritaire des seniors, ceux qui pourraient justement former des jeunes, et portent
les valeurs solidaires historiques, l’histoire des luttes et des traditions
culturelles de la classe ouvrière), les valeurs collectives issues du Front
Populaire puis de la Libération s’effaçant au profit de la
« liberté » de chacun de faire fortune (le fameux « travailler plus pour gagner plus »,
un mensonge économique).
Nous sommes en plein dans l’idéologie.
Soumettez-vous au non-sens du travail fragmenté tel qu’on vous l’impose
désormais, ou partez par licenciement de consentement soi-disant mutuel (comme
l’a inventé l’ineffable Madame Parisot avec son concept novlangue de
SÉPARABILITÉ), ce fameux « gagnant
gagnant » repris par Sarkozy.
L’évaluation est devenue une arme d’extermination lente (par
l’individualisation, la perte du sens de ce qu’on fait, du sentiment d’utilité)
et l’invention géniale du télétravail
et du renvoi à domicile, fait partie de cet attirail d’isolement et de
dépendance au nom de la « liberté »… sans aucun contre-pouvoir.
Elle est
désormais un monstre issu du croisement
incestueux des méthodes de gestion corporate
du patronat, cette nouvelle gouvernance dont le philosophe Ruwen OGIEN a étudié la manie des néolibéraux de transformer les faits sociaux en phénomènes
psychologiques statistiquables,
et des techniques de rééducation comportementales des universités
anglo-saxonnes.
Elle produit
un pouvoir ABSOLU non plus seulement technique, mais POLITIQUE sur les zévalués, et place les ZÉVALTUEURS en position de
contrôle TOTAL sur le travail, sur la vie et les attitudes des salariés du
privé comme du PUBLIC. Il n’y a plus de sanctuaires, et nous ne pouvons que
constater que cette méthode est l’antichambre d’un vrai totalitarisme par le
retour des valeurs du XIXe.
Il est donc
vital de la refuser, de s’y opposer par tous les moyens.
Car, en jugeant non plus l’action collective, mais l’acteur individualisé,
elle détruit les derniers liens sociaux. Elle introduit
une logique de désubjectivation qui
ramène l’humain à des normes.
Il faut évaluer les
évaluateurs, comme le proposait BOURDIEU. Les angoisser à leur tour.
On ne peut éviter de proposer comme image ANALOGIQUE, une
citation d’Hannah ARENDT, issue de son livre « Les origines du totalitarisme », 1946 :
« La scientificité de la propagande de masses
est d’un usage tellement universel dans la politique moderne, qu’on l’a
interprétée comme un signe plus général de cette obsession de la science qui
caractérise le monde occidental … Ainsi, le totalitarisme semble n’être que la
dernière étape d’un processus en vertu duquel la science est devenue une
idole qui guérira magiquement les maux de l’existence et transformera la nature
de l’homme ».
Or,
l’évaluation a bien cette prétention rationalisante scientifique.
Et pour conclure sur une note de dignité, cette citation :
Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent . Lucie AUBRAC, décédée en 2007 après avoir vécu
debout.
La question se pose
vitale aujourd’hui, de dire NON À L’ÉVALUATION.
Jean-Jacques Lottin. 84800
L’Isle-sur-la-Sorgue.