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« Ah, si j’étais un homme ! »

                                           

« 5H du mat’, j’ai des frissons, je claque des dents et je monte le ton !»

Tel aurait pu être un bon début  de « matin » au volant de ma voiture qui m’emmène bosser au Centre Hospitalier, j’écoute la radio, cela me donne du baume au cœur avant la Psychiatrie.

Par un bon matin hivernal, je me lève pour une nouvelle journée de « tournée des popotes » dans les différentes unités, à l’hôpital psychiatrique où je suis un « renfort » ou « soignant homme » comme on nous nomme !

Moi,  je préférerais tout simplement « infirmier » ou « aide-soignant » comme il est écrit sur mon diplôme et comme ce qui nomme ma fonction.

Or, à l’heure actuelle, qui suis-je ?

Je prends mon poste à six heures, j’embrasse mes collègues, prends la relève et à peine je commence mon café  que le téléphone sonne : c’est l’ «accueil » !!! Il veut le nombre de soignants et surtout le nombre d’hommes !!! Et oui, aujourd’hui, çà va encore être chaud, nous ne sommes que quatre en tout dont deux aides-soignants !

Bingo, la « tournée des popotes » commence de suite après car je reçois déjà les coups de fils de mes  collègues  des autres pavillons qui me « réclament » pour venir « faire  leur CI »respectives.

Le temps de m’organiser avec mes collègues en poste avec moi ce matin : une infirmière et une aide-soignante ;  je prends mon café, zut, il est froid ! et déjà, un quart d’heure est passé le temps que j’organise ma « tournée » !

Comme j’essaye de privilégier mon pavillon parfois je me reçois l’agressivité de « collègues féminines » ( eh oui, on sépare les hommes des femmes en Psychiatrie) qui désespèrent de trouver des « hommes » !

J’ai l’habitude, je le prends « cool » mais parfois, j’ai envie de leur dire « est-ce de ma faute ? » , « suis-je responsable ?»

Je fais au mieux pour tout le monde !

Sauf,  eh oui, sauf une chose qui me frustre beaucoup !

Hormis le fait de se sentir en danger souvent , de devoir gérer des situations à risques « sans filet », à l’extérieur de l’hôpital de temps en temps, de devoir « surveiller » et « faire le nombre en CI » très souvent !

Ce qui m’est le plus difficile, c’est de ne pas être plus présent dans mon unité, tout le temps !

Ne pas être présent pour mes collègues qui doivent gérer « seul(e)s » l’unité pendant mes nombreuses absences et qui se retrouvent ainsi parfois en insécurité !

Et de temps en temps, il y a des reproches : « tu pars encore ! », « tu étais où ? en balade ! »,  certes pas méchamment,  mais eux ou elles aussi  en « pâtissent » : difficile de rester en « sous nombre » et de devoir gérer les entrées et l’agressivité de certains patients pour qui nous ne sommes plus disponibles ! Alors, je conçois que ce soit dur à supporter constamment.

Mais encore plus dur à accepter, le fait de ne pas être présent, disponible, à l’écoute des patients de mon unité d’affectation et d’affection.

Comment puis-je encore me sentir « soignant » quand je passe deux heures sur huit dans mon unité , les six autres Heures passées à faire « flic », « maton » « videur » ou « contenant » !

Que puis-je penser des quelques heures passées dans mon unité, trop peu pour faire connaissance avec les patients, pour établir un lien avec eux, pour assurer un suivi, pour exercer en un mot mon rôle de « soignant » !

Je rêve alors en me levant tous les matins de jours meilleurs où j’irai travailler avec envie en songeant que fais un merveilleux métier « infirmier (ou soignant) en psychiatrie » !

Père Noël, si vous m’entendez, pensez à moi !

Je fais d’ailleurs le vœu, pour cette nouvelle année 2009, que nous réussissions à travailler ensemble pour que chacun retrouve de l’envie et du sens à notre métier !

 

« Mais je suis femme, et quand on est femme, 

On ne dit pas ces choses-là. »

 

                                                                                              Décembre 2008

                                                                                              Sudbarbie

  




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