Du gardien à
l’infirmier psychiatrique :
Histoire d’une
profession
Toulouse Gérard
Marchant
17 Mars 2008
La médicalisation et l’hygiénisation progressive
depuis le début du XXème siècle de l’espace asilaire, vont favoriser la
transformation des services. Elles vont également avoir une action sur les
appellations des professionnels y exerçant et les formations délivrées.
Du gardien à l’infirmier de secteur psychiatrique,
quel chemin ?
Quel choix particulier d’avoir, dans notre titre, employé
le terme au masculin : Infirmier !
La profession infirmière est largement féminisée.
Elle s’est forgée le plus souvent de manière empirique, en tout premier lieu
autour de
Au Moyen âge, par exemple, on met à contribution les
prostituées pour s’occuper des lépreux. Ce sont Les ordres religieux qui vont organiser la profession autour de la
charité et de l’amour de Dieu. Les religieuses qui exercent dans les hôpitaux
et hospices sont alors entièrement prises en charge par la structure
religieuse. Il faudra attendre la laïcisation et
Un des précurseurs : Le Dr
Bourneville (1840 – 1909)
Le
Docteur Désiré Magloire Bourneville était un médecin novateur dans le domaine
de l’hygiène, de la santé publique, de la neurologie, de la santé mentale,
notamment de la neuropsychiatrie infantile. Il était aussi un farouche
anticlérical. Il va dans les années 1870 à 1900, par son influence et son
engagement, favoriser la création d’écoles d’infirmière laïques. C’est
ainsi qu’en 1878 :
l'école d'infirmiers de "l'asile de la Salpêtrière" accueille ses
premiers élèves.
A cette époque dans les asiles publics et privés,
les médecins se heurtent d’un côté aux religieuses, n’obéissant qu’à la
hiérarchie ecclésiastique et de l’autre à l’instabilité du personnel laïc, à la
réputation brutale. Aux soins médicaux et aux thérapeutiques curatives, les
religieuses préfèrent invoquer les Saints guérisseurs : « Elles
considèrent la folie comme un résultat d’un pêché ; font des lectures
mystiques à des malades atteints de folie religieuse »[1].
La catégorie de personnel appelé « gardiens » est décrite
comme une main d’œuvre « secondaire », « subalterne »
ou encore « inférieure».
Quand est-il des gardiens
Le terme de gardien est souvent utilisé dans les
hospices et hôpitaux. On parle également de garde, garde en couches, garde
malade.
Les
gardiens d’asile ont quasiment tous le même profil dans toute l’Europe. Ils
sont issus de milieu modeste souvent anciens malades ou «
convalescents ». Ils sont très proche tant dans leurs fonctions que dans
leur recrutement des gardiens de prison. En 1907, Van Den Venter déclare au
congrès médical d’Amsterdam : «les personnel des gardiens consistait
essentiellement en un ramassis de vagabonds et d'ivrognes, de naufragés de la
société qui, poussés par la faim, acceptaient ces fonctions pour pouvoir
hiberner dans l'établissement ».
Il existait très peu de séparation entre vie privée
et vie publique. On note que le
Règlement du quartier des aliénés de l'hospice de Nantes adopté en 1835
stipulait que « les infirmiers et infirmières doivent «exercer une
surveillance constante sur les aliénés » ; «aucune excuse ne pourrait
justifier un abandon, même momentané, des malades qui leur sont confiés »
(art. 5).[2]
Jusqu’au
début du XXème siècle, les personnels s’occupant des aliénés étaient considérés
encore comme gardiens de fous, ceux qui se devaient de garder, de surveiller
les insensés.
Ils
vivaient à l’intérieur des murs, et presque rien ne les distinguait des
aliénés. Le recrutement était plutôt axé sur la «corpulence physique ».
Certains patients stabilisés devenaient eux-mêmes gardiens. Les personnels sont
nourris et logés à l’hôpital, doivent rester célibataires et partagent
totalement la vie de ceux qu’ils gardent…. Au congrès des aliénistes en 1901 à
Limoges, la question est encore posée « Y a t il lieu de
remplacer les mots de gardiens par ceux d’infirmiers ? » [3] Cette question restera récurrente.
JB Pussin et comment Esquirol prendra
sa place
Jean Baptiste PUSSIN (Lons le Saunier, 1746 Paris, 1811) est souvent considéré comme le père
symbolique de l’infirmier en psychiatrie, il pourrait aussi apparaître comme le
prototype de l’aliéniste du XIXème siècle. J.B Pussin était tanneur, Il a été admis à Bicêtre en 1771 atteint de
tuberculose. Guéri, il trouvera un
emploi à l’hôpital. Il occupe au départ un emploi de garçon de salle et est
nommé en 1785 : surveillant de la salle des mentaux incurables (loges des
« aliénés agités »). Les missions des surveillants sont de
diriger les emplois, c'est-à-dire à la fois les sous-employés et les malades.
Il est d’ailleurs très ordinaire aux XVIIIème que les services recevant des
insensés soit dirigé par un non médecin.
« A
l’hôpital
J.B Pussin
« a développé les principes d’une approche à la fois humaine et
ferme, dont Pinel s’inspire pour théoriser son traitement moral. »[5]
C’est Pussin, qui atténuera et restreindra les
moyens de contention, et non Pinel comme il est souvent dit. Pussin accepte de
partager son savoir-faire, il enseigne, à Pinel, ses principes empiriques
fondés sur l’observation et l’expérience.Il y a aussi un autre personnage
majeur et hors du commun, que l’on ne cite que très rarement, la femme de Mr
Pussin. Pinel en parle à plusieurs reprises dans ses écrits, il note « la
fermeté, l’intelligence et le courage » dont elle fait preuve. Les époux
rejoindront ensuite Pinel en 1801 à
A
la mort de Pussin, le 7 avril 1811 le Conseil Général des Hospices nomment un
médecin à la place du surveillant : Jean Etienne, Dominique Esquirol (1772 -
1840). Les attributions des surveillants sont jugées trop étendue. Il va devoir
alors redéfinir les attributions de chacun : " les devoirs du surveillant
se sont si souvent confondus avec ceux du médecin qu'il en est résulté souvent
des entraves pour le traitement médical et des difficultés sans cesse
renaissantes " Il s'agit là d'un réel coup de force administratif et
médical. Les surveillants sont alors exclus de la relation malades-médecins et
retournent au statut de serviteurs.
Esquirol précise dès lors que « tous les domestiques doivent obéir
sans réplique devant leurs malades ; ils doivent céder aveuglément
cette obéissance inspire un esprit de docilité qui tourne à l’avantage du
malade »
Allons faire un tour du côté de chez
nos voisins !!
Le « no-restraint »
« Ce
concept a pris naissance en Angleterre, au moment où, en France, venait d'être
votée la loi du 30 juin 1838. Le médecin de l'asile de Hanwell, John Conolly,
fait une déclaration solennelle, le 21 septembre 1839, pour réformer son
établissement et abolir toute mesure de contrainte : le fauteuil de force, la
camisole, le gilet de force, le maillot, les entraves... Les idées de John
Conolly ont été diffusées en France par B. Morel. » (1860)
Renouant
avec les principes du traitement moral et les théories philanthropiques de Philippe
Pinel, Tuke, Willis..., John Conolly met en avant trois modalités d’action
thérapeutique dans The construction and government of lunatic asylums
(1847) : les « amusements» (fêtes, bibliothèque, excursions), les «
occupations» (travail des malades, jardinage...) et «l'association
harmonisée ».
L'«
association » vise à composer des groupes d'individus différents, à
l'opposé des regroupements habituels des déments entre eux, des violents entre
eux, etc. : par exemple, la surexcitation d'un malade sera amortie par le calme
d'un autre, la saleté de l'un par la propreté de l'autre, etc.
L'« association » comporte un second aspect : elle fait correspondre
chaque «esprit dérangé, souffrant » avec un «esprit sain » : chaque
malade est référé un soignant, relation qui exige des qualités particulières,
définies ainsi par Sankey :
1.
Un certain degré d'intelligence.
2.
Une disposition naturelle à la santé et à la bonne humeur.
3.
De l'expérience ».
Une
fois ces capacités réunies « à écouter, à servir les malades ».
Il
n'est plus question d'employer ni contrainte physique, ni violence verbale. Il
s'agit d'être attentif, de ne pas intervenir en cas d'excitation. Si la furie
est incontrôlable, la réclusion en cellule s'impose, mais pour une durée limitée,
d'environ deux heures. L'accueil fait en
France aux idées de John Conolly fût plutôt critique »[6]
En
1907, est publié une grande enquête dans
Cependant
dans le même temps Emile Kraeplin pourra dire que : «la suffisance des
vieux infirmiers indispose les jeunes médecins »
L’infirmier psychiatrique : quelle
origine pour cette appellation
Sous le Front Populaire, se met en route un
mouvement humaniste politique et social. Avec le décret du 22 janvier 1937
les asiles prennent la dénomination d’hôpital psychiatrique. Rucart, Ministre
de
du 13 octobre 1937
recommandant le développement d'une psychiatrie hors les murs, Les devoirs du service public psychiatrique ne se
limitent pas aux responsabilités intra-asilaires puisqu’elle préconise
l’ouverture de dispensaire d’hygiène mentale dans chaque départements[7]
et du 7 décembre 1938
sur le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques.
C’est
également en 1937 avec le changement de dénomination des asiles que le terme « d'infirmier
psychiatrique" remplace celui "d'infirmier des asiles
d'aliénés".
Pour
récapituler !
1878 :
l'école d'infirmiers de "l'asile de la Salpêtrière" accueille ses
premiers élèves.
1907 :
passage de l'état de gardien à celui du diplôme d'infirmier de secteur
départemental en psychiatrie [1].
1922 : le
titre « d'infirmier diplômé de l'état français » est créé. Il
sanctionne une formation de deux ans axée sur le soin somatique, et n'incluant
pas le soin en psychiatrie.
Les CEMEA
Nous
ne pouvons parler de formation sans évoquer les CEMEA. Centre d’Entrainement
aux Méthodes d’Education Active va proposer et mettre en œuvre avec des
personnes tels que Daumézon, Le Guillant des stages de perfectionnement
destinés aux infirmiers dès 1949 dans certains établissements qui tentaient,
par l’introduction d’une vie sociale dans le vieil asile, de rompre avec la
fatalité des structures aliénantes.
« Les
infirmiers reviennent des stages des Ceméa enrichis, non pas tant de techniques
sociothérapiques, ou de recettes pour occuper les malades, mais d’une approche
et d’une compréhension du fait pathologique et des modes relationnels, qu’ils
avaient eux-mêmes vécues, entièrement repensées et modifiées. Il en découlait
un changement radical dans leur attitude professionnelle et le désir de la mise
en place de structures désaliénantes et thérapeutique. En ce faisant, ils se
heurtaient au traditionnalisme de la hiérarchie infirmière et médicale. On peut
dire pour schématiser que c’est du constat de l’inadéquation entre le potentiel
révolutionnaire des stages et l’attitude conservatrice du pouvoir médical et
administratif que naissait l’idée qui a donné naissance au groupe de
Sèvres. »[8]
Les journées de Sèvres
La
première eut lieu le 26 mai 1957. Six réunions auront eu lieu au total.
Ces
rencontres initiés par Daumézon et LeGuillant, vont réunir des médecins des hôpitaux
psychiatriques, des psychiatres et des psychanalystes d’exercice privé ainsi
que des moniteurs des CEMEA (Parmi lesquels, on peut citer : Oury, Ayme,
Diatkine, Bonnafé, Follin, Tosquelles, Kestenberg, Gentis …). Le groupe de
Sèvres va adopter une attitude délibérément prospective. Le 26 avril 1959, le
groupe se réunit pour la dernière fois et élabore des propositions d’action,
tant pour :
-
le
secteur (nous pouvons dire qu’il a été le creuset de l’élaboration de la
politique de secteur avant la parution de cette circulaire historique du 15
mars 1960) et
-
pour la participation des infirmiers à
La
participation des infirmiers à la psychothérapie va être une des deux sources
de désaccords entre les participants. Ces désaccords n’étaient pas sans rapport
avec l’ukase stalinien contre la psychanalyse et la première scission chez les
psychanalystes en 1953.
Les années 1950 sont marquées par la découverte
fortuite et l’utilisation empirique des psychotropes, ce n’est pas pour autant
que la biologie ait pris le premier plan. « Curieusement, il n’en a rien
été. Balvet et Bonnafé rappellent que les transformations de l’asile et l’amélioration
du psychisme des patients qui s’ensuivit sont bien antérieures à l’apparition
du Largactil, que ces transformations doivent se poursuivrent, stimulées par
l’usage des neuroleptiques et par l’apport des découvertes psychanalytiques. Je
ne résiste pas au plaisir de citer Bonnafé disant avoir appris de Balvet que la
plus grande efficacité d’une cure de Sakel résidait dans le pot de géranium
placé par l’infirmier au chevet du malade pour que celui-ci le découvre à son
réveil. »[9]
En 1955, le Ministre de
Il
faudra ensuite attendre 14 ans avant qu’un diplôme départemental se mette en
place. La formation étant laissé au grès des établissements et de leurs
moyens !!!
L’arrêté
du 12 mai 1969 entérine le titre : « infirmier de secteur
psychiatrique ». Les cours dispensées évolueront, en 1973 la formation des
ISP est dispensée sur 2 ans et 4 mois. Les élèves continuent à effectuer une
partie de leur temps d’études en travaillant directement dans les services ou
ils sont affectés. Le programme de la formation d’ISP sera une nouvelle fois
modifié en 1979. Elle se déroule sur 3 ans, à savoir 33mois + les congés
d’été !). Il est important de rappeler que ce diplôme n’est pas reconnu au
niveau national. Il demeure départemental !!!!
Le Congrès d’Auxerre
En septembre
Un matin 400 infirmiers ont envahi le congrès des
médecins, un infirmier est monté sur scène et a lu un texte extrêmement
violent. La lumière s’est éteinte et les congressistes ont été invités à se
rendre à Saint-Bris- le-Vineux. Une partie importante des psychiatres les a rejoint une sorte de Mai 68
psychiatrique s’est produit (sans les barricades et la foule autour !).
Ce
congrès à donner lieu à la publication d’un rapport intitulé : « Des infirmiers psychiatriques prennent la
parole ».
Les
infirmiers se sont mis à écrire comme
Pussin l’avait déjà fait 200 ans plus tôt. Le premier a écrire a été André Roumieux
et puis les autres ont suivi…peu ou pas assez !
Le D.U.P
1992
le DUP, diplôme Unique Polyvalent voit le jour. Un seul diplôme pour ceux
exerçant en soins généraux et ceux exerçant en psychiatrie.
Et
pourtant notre demande (réfléchie) était pour que l’on reconnaisse un diplôme
d’état aux infirmiers de SECTEUR PYCHIATRIQUE.
Les
Ecole infirmières se transforment par un jeu sémantique en Institut de
Formation en Soins Infirmiers. Cependant, nous pouvons noter, que plus d’1/4 des IFSI n'a aucun formateur ayant une expérience
du soin psychiatrique!
Dès 2002, soit 10 ans après la mise en place du
diplôme unique, au vue des difficultés rencontrés dans les soins et
l’accompagnement des patients souffrants de troubles psychiques, le gouvernement mesure la
gravité de
Du
5 au 7 Juin 2003, la ville de Montpellier va accueillir les "États
Généraux de la Psychiatrie" dont le but était d'alerter les pouvoirs
publics et l'opinion sur la difficulté croissante d'exercer le soin. La
formation des infirmiers et infirmières y sera encore une fois longuement
discutée bien que les infirmiers de
psychiatrie y aient été invités de justesse !!!!!!!!!
« S’y
affrontent (à partir d’un constat commun de carence de la formation pour
exercer en psychiatrie), deux visions de la formation de l’infirmier en
psychiatrie qui peuvent paraître « ergotage » pour le profane mais
qui révèlent deux positionnements très différents. Spécialisation contre
spécificité. La première, calquée sur le modèle existant des spécialisations
des infirmiers (comme les infirmiers anesthésistes par exemple) vise à ce que
quelques uns acquièrent une spécialisation dans le domaine de
Ce
sera la seule motion des Etats Généraux de la Psychiatrie à ne pas être votée
en séance plénière de fin, renvoyant tenants de l’une et de l’autre option à
des discussions pour proposer troisième voie.
Dans
les mois qui ont suivi les Etats Généraux, des syndicats et associations
infirmier se sont réunis plusieurs fois pour arriver à un consensus minimum
pour interpeller le Ministère de la santé sur cette question. Un texte commun a
été rédigé et adressé à M. Mattei … qui devait quitter ses fonctions peu de
temps après suite à un remaniement ministériel ! »[10]
Un
paseito para a lente, un paseito para a tras
Le
10 Juillet 2003 parait une circulaire
qui porte sur le "renforcement
de la formation des infirmiers destinés à exercer dans le secteur psychiatrique".
Nos pouvons penser que par ce texte Le gouvernement invalide l'esprit de la
formation unique, et en reconnaît son insuffisance. Le rapport Clery-Melun fait
suite à cette circulaire (que nous notons « d’application
immédiate »). « Alors qu'il avait été question de rajouter jusqu'à 2
ans de formation spécialisée aux infirmiers en soins généraux qui choisissent
d'exercer dans la santé mentale, le rapport ne préconise plus qu'une formation
complémentaire de 6 mois: c'est mieux que rien, mais à ce rythme (6 mois de
plus après 10 ans d'inertie) il faudra attendre 2052 pour retrouver les 3 ans
de formation spécialisée qu'ont eue les infirmiers de secteur psychiatrique.
Attention, il n'en restera peut-être plus beaucoup pour faire la
transition! »[11]
Cependant rien n’est mis en place, de façon
construite. Le plan « santé mentale » version Mr Douste Blazy, en
2005, amorce l’idée d’un compagnonnage et c’est en janvier 2006 que se
concrétise la mise en place d'un tutorat infirmier pour les nouveaux soignants
arrivant en psychiatrie.
16 Janvier 2006 : la circulaire n° 2006-21 concrétise la mise
en place d'un tutorat infirmier pour les nouveaux soignants arrivant en
psychiatrie. Cette stratégie d'évitement transpose sur les épaules des anciens
infirmiers encore présents dans les services, une responsabilité bien
encombrante que politiques et I.F.S.I. partage maintenant depuis plus de 15
ans.
Cette circulaire est une reconnaissance très
explicite du fait que la transmission des savoirs et des savoir-faire,
nécessaire pourtant au travail d'équipe en psychiatrie, ne se fait plus depuis
1992...
S’y
associeront les 15 jours de consolidations des savoirs…..
Conclusion
L’infirmier
ne s’appelle plus infirmier de secteur psychiatrique mais dans les services qui
ont mené une véritable politique de secteur, il a maintenant tout un réseau de
partenaire avec lui dans la ville qui l’aident, le guident dans les soins qu’il
apporte aux personnes en souffrance psychique. Il n’a jamais autant mérité son
appellation d’infirmier de secteur.
Les
formations spécifiques des professionnels ont été supprimées. Le nombre de
psychiatres formés depuis 1986 a été divisé par 10. La formation d’infirmier de
secteur psychiatrique a disparu depuis 1992. Cette disparition s’est avérée
possible car il n’y a pas eu de reconnaissance d’un exercice particulier. D’un
point de vue économique, il n’était pas rentable de continuer à dispenser 2
formations de plus les hôpitaux psychiatriques représentaient des «
viviers » d’infirmiers diplômés. Avec la disparition de ce diplôme, la
spécificité du champ d’exercice a disparu. Et pourtant !
Etre soignant en psychiatrie n’est pas
un métier anodin, cela suppose une éthique, un positionnement militant quand à
la défense des droits de l’homme. Notre travail consiste à nous rapprocher de
l’autre, cela suppose que l’on se positionne avant tout comme Homme et que l’on
travaille avec son propre engagement humain.
Cela suppose aussi d’être un artisan, qui bricole au quotidien avec ses outils
et concepts. Cela suppose qu’il faut rester en position d’apprentissage et
d’apprendre aussi et surtout des patients.
Notre travail est aussi et surtout un travail de lien, de connaissance humaine
et professionnelle; lien de l’Homme avec son histoire, sa famille, sa cité.
Soigner
et principalement en psychiatrie ne se borne pas à appréhender des techniques
mais c’est avant tout un engagement politique qui s’appuie sur une conception philosophie
de l’homme.
Je
voudrais, pour conclure mon propos, vous faire partager cette réflexion de
William Faulkner : « Le suprême degré de la sagesse est d'avoir des rêves
suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu'on les poursuit. »
Isabelle
Aubard
Infirmière
de secteur psychiatrique
Cadre de santé
[1] Bourneville D.M, « Histoire illustrée de la psychiatrie »
[2]Marcel JAEGER, «Congrès
européen : ASCISM - 21 novembre 2000 « L’histoire des infirmiers en psychiatrie et
la dimension européenne », serpsy.org
[3] L’infirmier de secteur psychiatrique, http//www .serpsy.org
[4]
[5] Jacques Hochmann, L’histoire de la psychiatrie, Puf, p.9
[6] Marcel JAEGER, «Congrès européen : ASCISM - 21 novembre 2000
« L’histoire des infirmiers
en psychiatrie et la dimension européenne », Serpsy.org
[7] Bonnafé (L) thèses 1978 sur la psychiatrie de secteur, l’information psychiatrique vol54 n°8 octobre 1978 p.877
[8] Jean Ayme, « le groupe de Sèvres, VST N° 128, 1980
[9] Michel Gillet, « Le retour d’Ulysse » in Quelle formation pour quelle psychiatrie ?, Erès, p.106
[10] Emmanuel Digonnet, note personnel de l’auteur
[11] http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/histoire.htm