V LE
DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LES TOXICOMANIES ET LE REVIH
A Dax, dans le cadre de
lutte contre la toxicomanie, le secteur de psychiatrie générale effectuait un travail en réseau
depuis plusieurs années avec notamment le service de maladies infectieuses du
Centre Hospitalier de Dax et la Source, association loi 1901, chargée des soins
aux toxicomanes, aux jeunes sortant de prison et aux jeunes errants.
Le CMP était bien repéré par
les utilisateurs, et malgré la diversification des points d’entrée dans le
dispositif, nous avons suivi 37
héroïnomanes en 1999 au niveau du CMP.
VI.1. LES SEVRAGES
En effet, c’est à partir de
1985 qu’a été mis en place un travail de collaboration entre le Centre
médico-psychologique et le service des maladies infectieuses.
Ce travail s’articulait
surtout autour du sevrage des patients toxicomanes, essentiellement des
toxicomanes aux opiacés. Un infirmier de secteur psychiatrique du Centre
médico-psychologique s’est chargé particulièrement de recevoir les toxicomanes
en consultations et de prévoir une éventuelle hospitalisation pour le sevrage.
Les modalités d’hospitalisation, avec un cadre et un protocole de soins bien
précis, sont ainsi mises en place. Durant l’hospitalisation, l’infirmier
référent en question ayant posé le cadre avec le patient et l’équipe du service
de médecine, sera lui-même garant du déroulement du sevrage.
L’anticipation anxieuse au
moment de l’admission, élément pronostique du bon déroulement du sevrage, est
assumée par la présence de l’infirmier de secteur qui accompagne le patient et
rassure l’équipe du service hospitalier.
La disponibilité du
soignant, facilement joignable, la prise en compte et la gestion thérapeutique
adéquate de l’anticipation anxieuse sont fondamentales pour le pronostic
immédiat du sevrage, c'est-à-dire pour que le sujet puisse rester le temps
initialement prévu.
Comme on sait que l’héroïne
a une demi-vie courte, les premiers signes de sevrage peuvent apparaître dès 6
heures après la dernière prise. La durée de ce syndrome de sevrage est
également fonction de la durée d’action de l’opiacé utilisé. Ainsi, pour
l’héroïne, la durée totale des manifestations de sevrage physique est de
plusieurs jours : 3 à 4 environ. Il est assez rare que chez un
consommateur exclusif d’héroïne, des signes de sevrage persistent 4 jours après
la dernière prise d’héroïne.
C’est pour cette raison que
la durée du sevrage a été fixée à cinq jours.
En général le patient
commence son sevrage au premier jour de la semaine, dans une chambre seule,
sans visite ni téléphone.
AU fur et à mesure de
l’apparition du syndrome de sevrage, on en traite les diverses manifestations
de façon symptomatique, en s’abstenant d’utiliser tout agoniste opiacé. La
prescription médicamenteuse protocolisée lors du sevrage est sous la
responsabilité du praticien hospitalier et des assistants du service.
Une anxiolyse par
neuroleptique sédatif (cyamemazine à la dose de 300 à 600mg/j) est préférée aux
benzodiazépines. Le patient est ainsi mis à l’abri de la substitution d’une
dépendance à une autre.
Pour les douleurs et les
courbatures, le traitement utilisera volontiers les antalgiques de première
intention tels que l’aspirine et le paracétamol à dose efficace, parfois
associés aux spasmolytiques de type amidopyrine. Cependant la toxicité
hépatique du paracétamol et de ses dérivés nous incite à être prudent, du fait
de la fréquence de pathologies hépatiques chez les toxicomanes.
Les troubles du sommeil
assez fréquents au cours du sevrage, ainsi que dans les jours et semaines qui
suivent, nécessitent l’utilisation d’hypnotiques de préférence non
benzodiazépiniques.
Après le sevrage un
accompagnement psychothérapeutique avec un soignant du centre
médico-psychologique est proposé au patient.
Les toxicomanes occupent une
place prépondérante dans l’actualité médico-sociale depuis plus de 20 ans. Les
dépendances aux opiacés, particulièrement à l’héroïne, sont parmi les plus
graves et les divers recours thérapeutiques demeurent aléatoires. Certes le
sevrage est maintenant bien modifié et sa réalisation facile, mais les rechutes
précoces ou différées sont de règle, comme si l’appétence, désir insurmontable
de consommer la drogue, persistait au-delà du sevrage. C’est dans l’optique
d’une prévention des rechutes qu’ont été proposées les cures de maintenance par
la méthadone, puissant analgésique synthétisé en Allemagne pendant la seconde
guerre mondiale.
VI.2. LES TRAITEMENTS
DE SUBSTITUTION
Le traitement au long cours
de l’héroïnomane par les produits opiacés de substitution est très controversé
en France. Pendant plusieurs années, la délivrance de la méthadone fut très
limitée, expérimentale. Elle fut effectuée par les hôpitaux Fernand-Widal et
Saint Anne à Paris selon un protocole expérimental établi par les équipes de P.
Denicker et E. Furnier sous l’égide de l’INSERM.
L’épidémie du sida et la
diffusion des hépatites B et surtout C dans les milieux toxicomaniaques, ont
modifié le débat sur les traitements de la toxicomanie. L’objectif essentiel
n’est plus l’abstinence du sujet mais une réduction des risques infectieux. En
effet, les toxicomanes en France ont été largement infectés par le VIH. Ainsi
parmi l’ensemble des cas de sida déclarés depuis 1978, près du tiers sont liés
à la toxicomanie.
Actuellement, selon
différentes sources, 20 à 30 % des toxicomanes seraient infectés par le virus
du sida avec une prévalence variable selon les régions : plus de 40 % dans
le Sud-Est et le Sud-Ouest et moins de 10 % dans le Pas-de-Calais et à Lille.
Les toxicomanes sont
également très touchés par les hépatites, mais leur statut sérologique n’est
pas aussi bien cerné que celui du VIH : 70 % sont porteurs, pense-t-on, du
virus de l’hépatite C ; 48 à 68 % dans les centres spécialisés soit 57 à
72 % parmi les toxicomanes utilisateurs de la voie intra-veineuse.
VI.2.a Le centre de
méthadone
A partir de 1989,
l’extension de la Source a permis à l’équipe de secteur psychiatrique de Dax
d’investir encore plus dans la prise en charge des toxicomanes.
En effet, cette association,
fondée par un prêtre, l’abbé Michel Dubroca, jusque-là implantée à Mont de
Marsan, chef-lieu du département des Landes, a décidé, à la demande du docteur
Minard, chef de service du secteur psychiatrique et membre du Conseil
d’administration de l’Association, d’ouvrir une antenne à Dax. L’équipe
dacquoise de la Source sera ainsi créée et composée de trois éducateurs.
Très vite une collaboration
s’avère indispensable entre le Centre médico-psychologique et cette équipe.
Cette dernière, n’étant pas médicalisée, utilisera les compétences des
psychiatres du service public. Cette collaboration se traduira par une
convention entre le Centre hospitalier de Dax et l’association la Source. Elle
permettra d’ouvrir de nouveaux espaces de réflexion communes sur les
addictions.
L’équipe de la Source
bénéficiera ainsi d’une régulation réalisée par un infirmier de l’équipe
psychiatrique. Les éducateurs de cette équipe aideront le Centre
médico-psychologique dans l’accompagnement de certains patients psychotiques
schizophrènes.
Les deux équipes participent
également à la sensibilisation, l’information et la prévention des
toxicomanies, notamment auprès des élèves, des parents d’élèves et des enseignants
des établissements scolaires du département.
A l’initiative de la Source
et avec le soutien du Centre hospitalier, (l’équipe de secteur, la pharmacie,
le laboratoire) un centre de méthadone a été crée à Dax en 1998 (tableau IV).
Ce centre a commencé de fonctionner en janvier 1999. une convention de
coopération a été passée entre le Centre hospitalier de Dax et la Source :
la gestion du centre est assurée par la Source alors que le côté médical et le
côté médicamenteux sont du ressort de l’hôpital de Dax.
Il est à noter que si le
projet de Dax a été autorisé et financé, contrairement au projet déposé à Mont
de Marsan, c’est à la suite d’un audit demandé par la DDASS (54). Cette
évaluation montrait en effet l’importance et la cohérence du travail en réseau
sur le pôle dacquois.
L’hôpital de Dax a détaché
pour la médicalisation du centre deux médecins hospitaliers à temps partiel (un
psychiatre et un généraliste) et une infirmière diplômée d’état. Par ailleurs,
l’hôpital assure la rétrocession de la méthadone et la réalisation des analyses
urinaires.
L’équipe du centre est ainsi
constituée :
-
1 infirmière à
mi-temps
-
2 médecins à
temps partiel
-
1 éducateur (La
Source)
-
1 secrétaire
(La Source)
L’équipe basée sur le centre
est chargée, selon les compétences respectives de ses membres, de prendre en
charge sur le plan médico-socio-éducatif les toxicomanes suivis dans le cadre
du traitement de substitution.
L’équipe médicale s’occupe
essentiellement de la prescription, de la délivrance de la méthadone et du
suivi médical dans ce cadre avec prescription des analyses urinaires (40) (41).
Le centre est ouvert aux
usagers du lundi au vendredi de 9h30 à 14h.
VI.2.a.1. Admissions
au traitement par la méthadone
Toute admission au centre de
méthadone passe par la Source. Un entretien préliminaire est réalisé par les
éducateurs de la Source pour évaluer les dépendances et les indications du
traitement de substitution par la méthadone. Ensuite, une rencontre avec les
médecins du centre est programmée pour information, évaluation et indication.
Les entretiens préalables à
l’inclusion dans le protocole méthadone permettent d’effectuer un bilan social,
médical et psychiatrique, de préciser les conditions d’admission dans le
protocole et les conditions de prise en charge. Il est important que celles-ci
soient clairement définies et acceptées par le patient.
Par ailleurs, il nous parait
nécessaire de fournir des explications sur les principes qui fondent les
traitements à la méthadone pour des raisons d’efficacité, de réussite et
d’observance, comme nous les recommanderions en bonne pratique de psychologie
médicale pour toute intervention thérapeutique.
VI.2.a.2. Information
du patient
L’information au début de la
cure porte sur deux domaines :
- d’une part sur les principes du traitement,
- d’autre part sur ce qui est attendu du patient.
Les principes du traitement
consistent à administrer de la méthadone aux toxicomanes. Le but recherché est
de conserver à son organisme une imprégnation constante de méthadone, du moins
pendant un certain temps, afin de supprimer les symptômes de manque, réduire
l’envie impérieuse de consommation d’opiacés et atténuer, pour ne pas dire
supprimer, l’effet de l’héroïne en cas de consommation surajoutée.
La méthadone est un opiacé
de synthèse sont la principale qualité pharmacologique vient de sa durée
d’action (24 à 36h). Une seule prise par jour suffit donc, ce qui supprime
l’alternance d’euphorie et de manque (les up and down) qui fait partie
de la cavalcade épuisante de l’héroïnomanie.
Le principe de substitution
est en effet celui d’un double déplacement, d’abord le déplacement de la
consommation d’un produit d’action rapide et interne (l’héroïne) vers un
produit lent et moins psycho modificateur (la méthadone), puis un déplacement
du mode de régulation de cette consommation de l’intérieur du sujet vers le
prescripteur et le cadre, ouvrant par là même un espace de négociation et
d’interaction.
Le deuxième volet
d’information correspond à ce qui est attendu du patient et a donc valeur
contractuelle. Cette contractualisation se concrétise par la remise d’un
document écrit qui doit être signé par le patient. A ce document sont joint
également et remis au patient un règlement intérieur du centre et un document
sur les données pharmacologique de la méthadone.
Les principaux éléments
d’information sont donnés avant la première prescription. Mais ils sont repris
dans les entretiens suivants d’autant plus que certains patients sont parfois
dans un état de grande détresse psychique et physique lors de leur admission en
traitement et par conséquent peu disponible pour en prendre bonne note.
VI.2.a.3. Evaluation
L’évaluation se basera
surtout sur les différentes dépendances, la motivation de la personne, l’aspect
psychopathologique et les complications somatiques associées. L’évaluation du
traitement est confié à l’INSERM (41).
VI.2.a.4. Indications
En France, si au début les
indications étaient limitées aux toxicomanies aux opiacés, aux toxicomanies
graves après échec des prises en charge antérieures depuis plus de 5 ans, à
l’existence d’un syndrome amotivationnel sévère, aux toxicomanies
sous-entendues par un trouble grave de la personnalité, aux femmes enceintes
une mesure réglementaire a considérablement
libéré les structures à la délivrance du produit depuis la fin du mois
de mars 1995. Les toxicomanes qui continuent à s’injecter des produits,
notamment le Subutex, les états de dépendance liés aux prises de traitement
d’opiacés de synthèse, comme le sulfate de morphine prescrits en ville, et les
nouveaux consultants polytoxicomanes sont également susceptibles de se voir
recommander un traitement substitutif par la méthadone.
VI.2.a.5. Mise en
place du traitement
La prescription de méthadone
à un toxicomane est dans la plupart des pays soumise à des règles strictes. En
France, la délivrance de la méthadone répond à des règles bien définies par le
ministère de la santé (48), en particulier sa primo-prescription est confiée
exclusivement aux centres de soins spécialisés et des contrôles urinaires
doivent être effectués. Le patient doit au moins venir tous les jours absorber
sa dose de méthadone dans le centre qui le délivre, et la durée d’une
prescription (et donc l’autonomie des patients qui en découle) est limitée à
une semaine.
Si un relatif consensus (42)
s’est fait autour du chiffre de 30 mg de chlorydrate de méthadone pour cette
dose, à Dax, la dose initiale est habituellement de 30 à 60mg par jour. Le
patient sera ensuite revu tous les jours, et on adapte la posologie en fonction
de l’existence des symptômes de sevrage (48) (sueurs, frissons, inconfort,
somnolence). La dose de maintenance est en général obtenue après 2 à 4 semaines
de traitement.
Le patient absorbe la
méthadone devant l’infirmière, au centre, tous les jours sauf les samedis,
dimanches et jours fériés on lui délivre la prescription correspondante aux
jours de fermeture, on lui remet en même temps une autorisation de détention du
traitement et il s’engage à ramener les flacons vides au centre.
Des contrôles urinaires
inopinés sont réalisés non pas systématiquement mais selon l’état du patient
(53). Ils recherchent différents toxiques : héroïne, cocaïne,
amphétamines, benzodiazépines, barbituriques et méthadone. Les résultats sont
transmis et discutés avec le patient lors des entretiens.
Le patient peut rencontrer tout
membre de l’équipe (éducateur, infirmière, médecin) selon leur disponibilité à
sa demande.
Une réunion hebdomadaire de
toute l’équipe permet de discuter de la clinique et de la prise en charge
globale (médico-socio-éducative) du patient. Ceci nous permet également
d’éviter tout clivage et d’avoir une attitude cohérente et si possible adaptée
pour chaque patient.
En accord avec le patient,
on informe régulièrement son médecin traitant du projet thérapeutique. S’il
nécessite en début de traitement d’un arrêt de travail, c’est le médecin
traitant qui s’en chargera. Ce dernier sera régulièrement informé de
l’évolution de la prise en charge du patient. Ceci nous permet de maintenir le
contact avec le médecin généraliste et éventuellement de faciliter le relais
ultérieur.
Au bout de trois mois de
traitement, si les examens toxicologiques des urines sont négatifs pour les
substances illicites, et après évaluation de l’état du patient par l’équipe, on
peut espacer la venue du patient au centre à 2 ou 3 fois par semaine, s’il le
souhaite.
VI.2.a.6. Maintenance
du traitement
La dose quotidienne et la
durée du traitement à la méthadone ont fait l’objet de nombreuses discussions.
Dole et Nyswander (43), les
innovateurs du traitement par la méthadone au début des années 60, formulèrent
une « théorie métabolique » de l’addiction, bien avant la découverte
des endorphines et des récepteurs opiacés. Selon cette théorie, nombre de
toxicomanes, sinon tous, consomment des opiacés pour compenser un déséquilibre
neuro-physiologique persistant. L’état actuel des connaissances ne permet pas
de préciser si ce déséquilibre préexiste à l’usage des opiacés ou s’il en est
la conséquence, ni s’il est irréversible (hypothèse initiale de Dole, qui
influença sans doute les longues cures américaines sans perspectives d’arrêt)
ou réversible à l’arrêt de la consommation d’opiacés (hypothèse plus actuelle).
Cette question pose le problème de la durée nécessaire des cures de maintenance
et celui de savoir si certains sujets n’auraient pas besoin de traitement très
prolongé, sinon à vie.
Durant les années 70, s’est
développé aux Etats-Unis un courant en faveur de l’utilisation de doses plus
faibles que celles utilisées initialement par Dole et Nyswander (43). Ce
mouvement a fait tache d’huile, trouvant un support favorable dans les
réticences liées de façon générale à la méthadone. Ces choix reposaient sur
quelques études isolées. Il aura fallu attendre les années 80 et surtout 90
pour que s’accumulent des travaux (52) démontrant clairement que plus la dose de méthadone est élevée, plus
les patients sont facilement abstinents. Inversement il a été démontré qu’il
n’était pas plus difficile (si ce n’est plus long) d’arrêter la méthadone chez
les patients avec des doses moins élevées (47).
Au centre de méthadone de
Dax, la plupart de nos patients ont une dose moyenne de 60-80mg/j de méthadone.
Cette dose de maintenance est en général obtenue après 3 ou 4 semaines de
traitement. L’adaptation de la posologie se fait au cas par cas à partir d’une
évaluation clinique fine des symptômes de manque résiduel, principalement
d’ordre psychique, tels que des envies fortes de consommation d’opiacés ou
d’éventuels allers-retours au produit. Elle se fera par paliers d’augmentation
de 5 à 10 mg par semaine.
La prise en charge comporte
une surveillance sociale, éducative et médicale avec des évaluations régulières
de l’évolution.
La prise concomitante de
stupéfiants, notamment la cocaïne ou l’alcool, est la complication fréquente
des cures de maintenance de la méthadone.
La présence de pathologies
associées (psychiatriques ou somatiques) nécessite l’orientation du patient au
Centre médico-psychologique ou au service médico-chirurgical concerné du Centre
hospitalier de Dax.
Le but des cures de
substitution ne se limite pas au traitement chimique de l’addiction, ni aux
remaniements de la vie sociale des patients. Le travail thérapeutique entrepris
par les soignants permet aux patients de faire de nouvelles expériences et de
retrouver l’estime d’eux-mêmes : premiers pas vers le désir de changer.
La file active du centre de
méthadone de Dax pour l’année 1999 est de 15 patients, et on espère pour
l’année 2000 atteindre 30 à 40 patients suivis.
Les difficultés des
déplacements (insuffisance de transport en commun), l’éloignement de certains
patients, le nombre limité de notre équipe, nous obligent à travailler plus
dans le futur avec les pharmacies privées et les médecins généralistes pour le
traitement de relais de méthadone.
Même si l’objectif essentiel
n’est plus l’abstinence mais une réduction des risques infectieux et de
dommages, le respect du patient et la mise en place d’un cadre adapté et
cohérent sont des éléments essentiels pour l’efficacité d’un traitement de
substitution par la méthadone.
« Les
toxicomanes » comme le rappelle Engelsman (55) « ne doivent être vus
ni comme des criminels, ni comme des gens dépendants, mais comme des citoyens
normaux qui peuvent faire des demandes normales et auxquelles il faut offrir
des opportunités normales. Ils ne doivent pas être traités comme une catégorie
à part »
VI.2.b. LA BUPRENORPHINE
Le travail en réseau a
trouvé une place importante dans l’utilisation de la buprénorphine comme
produit de substitution.
Dans une première phase nous
avons proposé aux médecins généralistes du secteur un enseignement
post-universitaire (EPU) sur les indications et les modalités de prescription
du subutex. Cette formation, proposée à l’initiative du docteur Minard avec la
collaboration du professeur Tignol, a rencontré un vif succès. On pouvait
dénombrer 120 personnes, médecins généralistes et pharmaciens, à cet EPU.
C’était en février 1996.
Nous avons également mis en
place une collaboration efficace dans la prise en charge psycho-sociale des
patients toxicomanes avec l’aide du Centre médico-psychologique et des
travailleurs sociaux.
Dans la même période, à
l’initiative de la DDASS, nous mettions en place un comité de suivi Subutex réunissant
des intervenant en toxicomanie, des psychiatres et des médecins généralistes.
Ce dispositif vise à analyser
et à améliorer les dysfonctionnements liés à la prescription de cette molécule
et d’évaluer les pratiques. Il se réunit une fois par mois et comporte une
quinzaine de membres.
VI.2.c.CONCLUSION
Il n’y a pas une
substitution, mais des substitutions possibles, selon le choix du médicament
prescrit, les doses, les modalités de l’accompagnement, la durée, mais
également selon les objectifs du patient et ceux des soignants. Ainsi faut-il
s’attacher à établir un cadre, un projet et un contrat thérapeutique tels que
nous les avons évoqués plus haut.
Si, pour le centre de
méthadone de Dax, l’année 1999 est une année de fondation, d’installation et de
découverte, les années à venir sont celles d’innovation, de maturité et de
consolidation.
Et il conviendra en 2000, de
faire le bilan de la substitution à la buprénorphine, sous forme d’un nouvel
EPU.