REMERCIEMENTS |
Je remercie Martine Aubert, qui a été mon Directeur de mémoire, et qui m’a aidé à élaborer et à structurer ce travail de recherche.
Merci au Dr CHOFFEL et à Michèle COLL pour la confiance qu’ils me témoignent.
Je tiens également à témoigner ma reconnaissance à toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de cette étude, en y consacrant du temps, soit par leur aide technique, soit par leurs conseils, soit en remplissant les questionnaires.
Et, en l’illustrant du propos de R. Maurin[1], qui déclare que dans les institutions gériatriques, le personnel « est souvent plaint, félicité, mais jamais envié », je souhaite rendre hommage à travers ce mémoire à Abdel, Annie, Aurore, Liliane, Manu, Isabelle, Nadia, Francine, Patricia, Pierre-Yves, Maryse, Anne-Marie, Estelle, Roselyne, Claude, Christiane,…et tous les autres qui se reconnaîtront, pour leur professionnalisme, leur dévouement auprès des personnes âgées, pour leur courage et leur ténacité dans les moments les plus difficiles.
SOMMAIRE
PREAMBULE------------------------------------------------------------------------------------------------------------p.8
INTRODUCTION-------------------------------------------------------------------------------------------------------p.11
OBJET
DE L’ETUDE------------------------------------------------------------------------------------------------p.15
1. ORIGINE DU
PROJET-----------------------------------------------------------------------------p.15
2.
PROBLEMATIQUE----------------------------------------------------------------------------------p.18
3.
HYPOTHESE------------------------------------------------------------------------------------------p.18
CONCEPTION
DE L’ENQUETE-----------------------------------------------------------------------------------p.20
1. METHODE DE
L’ENQUETE-----------------------------------------------------------------------p.20
2. CHOIX DE
L’ECHANTILLON----------------------------------------------------------------------p.20
3. ADMINISTRATION DU
QUESTIONNAIRE----------------------------------------------------p.21
ANALYSE DE CONTENU--------------------------------------------------------------------------------------------p.24
1. IDENTIFICATION
DES PERSONNES ENQUETES------------------------------------------p.24
2.
POPULATION PRISE EN CHARGE ET DIFFICULTES RENCONTREES-------------p.26
3. ATTENTES DES PERSONNES ENQUETES--------------------------------------------------p.39
4. CONNAISSANCE DU SYSTEME ET DES ACTEURS--------------------------------------p.43
5. SATISFACTION DES
REPONDANTS-----------------------------------------------------------p.46
6. REMARQUES ET PROPOSITIONS--------------------------------------------------------------p.48
PROPOSITIONS
D’ACTIONS---------------------------------------------------------------------------------------p.52
1. PROPOSITIONS
CONCERNANT
2. PROPOSITIONS
CONCERNANT
3. PROPOSITIONS
CONCERNANT LE TRAVAIL EN RESEAU--------------------------p.54
4. PROPOSITIONS
CONCERNANT LES ACTEURS-----------------------------------------p.56
CONCLUSION---------------------------------------------------------------------------------------------------------p.60
BIBLIOGRAPHIE-----------------------------------------------------------------------------------------------------p.63
ANNEXES--------------------------------------------------------------------------------------------------------------p.67
PREAMBULE |
J’ai poussé les portes de la psychogériatrie en
novembre 1992.
Embauchée dix années plus tôt au
Centre Hospitalier Spécialisé en Psychiatrie de Novillars, j’avais travaillé
dans diverses unités d’admissions d’adultes âgés de moins de 65 ans, et de
patients hospitalisés au long cours.
L’unité de psychogériatrie
n’était séparée de ma dernière unité d’affectation que par une lourde porte. En
franchissant cet accès, des odeurs désagréables vous saisissaient. Des vieux,
avachis dans des fauteuils, donnaient une atmosphère de tristesse, relevée
quelques fois par des cris stridents ou alors lancinants. Au sein du centre
hospitalier, travailler chez les « gâteux » était dans les esprits,
peu valorisant, voire même plutôt dégradant.
A cette époque, ma demande de
mutation tenait du défi, je souhaitais faire l’expérience de cet univers que
beaucoup fuyaient.
Et, dans ce décor, où les
journées semblaient rythmées, au demeurant par des tâches routinières, j’ai
découvert toute la mesure du « prendre soin ». Au-delà des
tâches rébarbatives, ce sont des histoires de vie singulières, plus ou moins chaotiques
et douloureuses que j’ai appris à écouter.
« En étant
centré sur la tâche, les professionnels du soin infirmier ne se ménagent pas de
place véritable pour une approche subtile, intuitive, spontanée et concertée de
la personne soignée. S’asseoir, par exemple, près d’un patient pour
« simplement » bavarder avec lui est souvent perçu, par des collègues
pressés par des tâches à effectuer et à terminer, comme un gaspillage de temps. »[2]
Le concept de « prise en
charge globale de la personne », enseigné en Institut de Formation en Soins Infirmiers (I.F.S.I.)
s’est concrétisé pour moi dans cette unité. Car si le motif des admissions
présupposait toujours une atteinte psychologique, c’est dans ses dimensions
familiale, sociale, et culturelle qu’elle devait être traitée. En outre, il ne
fallait pas négliger les corps souvent usés des vieillards malades.
Dégagées d’un utopique devoir de
guérir, mes journées de travail ont défilé, ponctuées de « petits
riens » gratifiants (sourires, remarques agréables, légers progrès, insignifiants et pourtant si
prodigieux …).
Puis, j’ai pris conscience qu’un
travail de valorisation du soin en psychogériatrie était à entreprendre.
Décidée à partir en croisade
contre les représentations plutôt accablantes des vieux et de leur prise en
charge, j’ai vite compris que ma fonction d’infirmière ne pèserait pas lourd
face à ce fléau. J’ai donc décidé de suivre la formation de Cadre de Santé pour
revenir au 1er janvier 2000 à la gériatrie, armée des outils du
management.
Par la suite, m’engager dans une
formation spécifique, axée sur la gérontologie et les pathologies du grand âge,
m’est apparu primordial pour encadrer une équipe soignante, pas toujours rompue
à la prise en charge des vieillards.
Les études conduisant au Diplôme Interdisciplinaire
de Gérontologie de l’Université de Bourgogne ont alors enrichi mon expérience
de terrain. Pour autant, l’obtention du DIGUB est soumise, en outre, à la
rédaction de ce travail de fin d’études.
« Le mémoire
permet au stagiaire d’intégrer les connaissances acquises pendant la
formation en les appliquant au thème traité. Ce thème sera directement lié
à la pratique professionnelle…[3] »
« Si tu ne sais pas où tu vas, sache au moins d’où tu
viens »
Proverbe Breton
Le
centre hospitalier de Novillars (CHN) a ouvert ses portes en 1968. Situé à une
quinzaine de kilomètres de Besançon, il dispose de 286 lits d’hospitalisation
pour accueillir des personnes atteintes de troubles mentaux.
Le
CHN rassemble 3 secteurs[4] de psychiatrie adultes (25G01=service A -25G02=service B -
25G03=service C) et 1 intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile=service D.
Le
découpage sectoriel est défini dans le cadre du Schéma Régional d’Organisation Sanitaire (S.R.O.S.).
Sous
la responsabilité médicale d’un chef de Service, on retrouve au sein de chaque
secteur adulte :
-
des unités d’hospitalisation réservées spécifiquement :
.
aux patients « chroniques » (hospitalisés au long cours),
.
aux admissions jeunes,
.
aux admissions des personnes âgées de plus de 65 ans,
-
des hôpitaux de jour
-
et des Centres Médico-Psychologiques (CMP).
Toutefois,
le 1er juillet 1997, une convention[5] signée conjointement par les Chefs de Service des secteurs
B et C, repensait cette organisation en orientant toutes les admissions des
personnes âgées sur l’unité de psychogériatrie du service C, les TILLEULS.
Ainsi,
depuis cette date, les personnes âgées de plus de 65 ans présentant des
pathologies psychiatriques et nécessitant des soins actifs sont hospitalisées
selon leur domiciliation : aux TILLEULS (secteurs géographiques 25G02 et
25G03) ou aux LILAS (secteur géographique 25G01). Voir carte p 22.
A
la sortie, le suivi ambulatoire, quand il est nécessaire, est assuré en relais
par les 3 infirmiers de secteur (1,8 équivalent temps plein (ETP) au départ des
TILLEULS, 1 ETP pour les LILAS). Ces soignants, détachés pour la
psychogériatrie, font partie de l’équipe de secteur du CMP de leur service
respectif.
Une
représentation simplifiée sous la forme d’un organigramme permettra au lecteur
de mieux saisir la complexité du dispositif actuel :
Cadre
de Santé supérieur Service
A
En
2003, un Contrat d’Objectifs et de Moyens, proposé par la nouvelle Direction du
CHN, a été approuvé par les tutelles. Il y est question, entre autre, de la
création d’une fédération de psychogériatrie entre les secteurs 25G01, 25G02 et
25G03. Cette nouvelle entité sera placée sous coordination médicale unique.
La
fédération assurera le rapprochement des 2 unités d’admission, permettra
d’harmoniser les pratiques, et de mieux coordonner les prises en charge intra-hospitalières
et extra-hospitalières.
Ainsi, le projet souligne l’importance accordée à l’activité
extra-hospitalière. La fusion des équipes de secteur optimisera les actions
engagées aujourd’hui indépendamment dans chacun des services.
Le thème de ce mémoire
s’articulera avec la réflexion sur le travail en réseau des équipes
mobiles de psychogériatrie.
Dans le premier chapitre de cet écrit nous entrerons
au cœur de mon sujet d’étude et nous découvrirons la problématique et
l’hypothèse de recherche.
La seconde partie de ce mémoire
présentera les étapes de la conception de mon enquête.
L’analyse de contenu fera l’objet
de la troisième partie.
Enfin dans un quatrième et dernier
volet, nous ouvrirons des perspectives en élaborant des propositions d’actions.
« Hâte-toi de bien
vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie »
Sénèque
OBJET DE L’ETUDE |
1.
ORIGINE DU PROJET
Le 3 octobre 2003, le Directeur
du CHN me confiait la mission de
développer la coordination des équipes extra-hospitalières intervenant auprès
des personnes âgées, première étape du projet de plus grande envergure qui
aboutira à la constitution d’une fédération de psychogériatrie.
Et c’est tout naturellement que
le sujet de mon mémoire a trouvé consistance, à travers cette commande
institutionnelle.
J’ai entrepris de former un
groupe de travail intersectoriel, composé des 2 médecins chefs de service, des
2 assistants sociaux, des 3 infirmiers de secteur, des 4 cadres. Les directives
du chef d’établissement proposaient de réfléchir à « une meilleure
prise en compte des attentes de nos partenaires (maisons de retraite, centres
de long séjour…), d’offrir à ces derniers une meilleure lisibilité de notre
organisation, et d’améliorer l’efficience de notre action. »
Des réunions se sont échelonnées
de novembre 2003 à janvier 2004. J’en livrerai les points essentiels ci-après.
Les cinq séances de travail avaient pour axe méthodologique les étapes de la
démarche de projet :
- bilan de l’activité des 2 CMP,
- réflexion sur les points à
améliorer,
- définition des objectifs à
atteindre pour améliorer la situation,
- propositions d’actions
correctives,
- évaluation de la démarche.
En 2003 le bilan de
l’activité du service A fait état de 162 personnes âgées suivies en secteur. Le
service C annonce 108 patients pris en charge (soit 865 actes infirmiers et
L’arrêté du 14 mars 1986 relatif aux équipements et services de lutte contre les maladies mentales, comportant ou non des possibilités d’hébergement, nous indique dans l’article 1er que les Centres Médico-Psychologiques « sont des unités de coordination et d’accueil en milieu ouvert organisant des actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d’interventions à domicile, mises à la disposition d’une population. Ils peuvent comporter des antennes auprès de toute institution ou établissement nécessitant des prestations psychiatriques ou de soutien psychologique. »
Au service C le premier poste d’infirmier de suivi ambulatoire a été
créé en 1995, le second en 1997. Et c’est en 1998 que le service A a détaché
une infirmière pour la psychogériatrie.
Depuis la parution de la circulaire du 18 mars 2002 relative à l’amélioration de la filière soins gériatriques, les équipes mobiles rattachées aux unités de court séjour gériatriques se sont multipliées. Elles ont pour mission de dispenser conseils, avis, recommandations dans les services de spécialité d’organe accueillant des personnes âgées, situés au sein du centre hospitalier de rattachement. En revanche, à en croire J.P. Clément, « des équipes de secteur spécifiquement attachées à la psychiatrie du sujet âgé sont encore rares. »[6]
Lors de nos séances de travail, il a été rapporté que le travail de l’infirmière de secteur du service A manquait de liens avec l’unité d’admission les LILAS. Ses interventions sont organisées actuellement au départ du CMP situé à Besançon, où est localisé son bureau.
Les bureaux des infirmiers de secteur du service C sont situés dans l’unité les TILLEULS. Cette situation plus stratégique a l’avantage de permettre une meilleure connaissance des personnes qui devront être présentées aux maisons de retraite. Et, établir des contacts préalables avec les patients qui bénéficieront d’un suivi ambulatoire, leur donne des repères rassurants. Enfin des liens de collaboration ont pu s’instaurer entre équipe soignante de l’unité et équipe soignante de secteur.
Nous avons relevé d’autre
part que le mauvais acheminement des appels téléphoniques, était un obstacle
incontestable au travail en partenariat. Les communications parviennent sur
différents postes, sans véritable connaissance du bon interlocuteur
(secrétariat, unité d’admission, bureau cadre, infirmiers de secteur, CMP …).
Un numéro d’appel unique faciliterait les échanges.
Enfin, le problème des interventions des infirmiers se multipliant dans une même structure, par le jeu du découpage sectoriel, a été soulevé. Pour y répondre, il a été proposé d’inventer un système de référent infirmier par établissement, et de former une équipe intersectorielle. Cette organisation ne ferait d’ailleurs qu’anticiper le projet de fédération entre les services A et C.
Il a également été envisagé d’élargir le travail en réseau, en s’inscrivant dans un partenariat avec les médecins de ville, les services de soins à domicile, Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), Aide au Maintien A Domicile (AMAD) …, en les informant de nos missions. L’activité du CMP pourrait être développée à domicile, en intervenant sur signalements, auprès de personnes âgées non connues des services du CHN, ce qui pourrait certainement ainsi éviter des hospitalisations.
Enfin, nous avons remarqué
qu’il n’existait que deux conventions signées avec des structures d’hébergement
pour personnes âgées. Malgré quelques réserves et la crainte d’être pris dans un engrenage où
nous ne pourrions plus faire face à une demande de plus en plus importante, le
groupe de travail propose la rédaction
de conventions bilatérales avec engagements réciproques. Elles formaliseraient
l’existant et serviraient de support pour
présenter le rôle et les missions des intervenants de l’équipe mobile
pluriprofessionnelle de psychogériatrie.
Paradoxalement, au terme des cinq séances de travail plusieurs intervenants s’interrogeaient sur le but de ces réunions. Même si les objectifs avaient été clairement énoncés dès le départ, il s’avère qu’il y a eu confusion entre le projet final de fédération, et l’intention d’optimiser l’activité de secteur en psychogériatrie.
Pour ceux-ci, les attentes des partenaires sont connues et les réponses apportées ne peuvent être améliorées sans moyens supplémentaires. Il semble que ce soit la difficulté à s’adapter au changement qui les figerait dans un désir de conserver le fonctionnement actuel.
Or, c’est bien dans une démarche
d’optimisation que nous devions nous engager. «L’optimisation
est une méthode qui a pour but de donner à une entreprise, le rendement
« idéal » en créant pour ce faire les conditions les plus favorables
et en tirant le meilleur parti possible de la situation existante (…).
L’optimisation se situe plus dans une logique d’amélioration des processus,
plutôt que dans une logique de rupture et de refonte en profondeur des
processus. »[7]
2.
PROBLEMATIQUE
Pour accéder au cœur de mon
sujet, j’ai choisi de travailler à partir de la problématique suivante :
Comment
parvenir à démontrer que, bien que l’organisation actuelle des activités de
secteur en psychogériatrie donne toute satisfaction, rien ne nous dit qu’elle
ne peut être améliorée ?
3.
HYPOTHESE
L’hypothèse de recherche qui me
guidera pour répondre à cette question s’amarrera sur le postulat
ci-après :
Je
suppose que toute organisation peut être optimisée sans avoir recours à de grands
bouleversements, et c’est en m’appuyant sur une étude réalisée auprès de nos
partenaires de soins que je tenterai de prouver que, bien que nos actions
soient efficaces et appréciées, elles peuvent évoluer vers des améliorations.
« Mourir cela n’est
rien ; mourir, la belle affaire, mais vieillir ! Ah,
vieillir ! »
Jacques
BREL
CONCEPTION DE
L’ENQUETE |
Notons que si l’activité de
secteur concerne bien évidemment toute une équipe pluriprofessionnelle, mon étude
cernera plus particulièrement le champ professionnel infirmier.
1.
METHODE DE L’ENQUETE
Il
m’a semblé qu’interroger un maximum de professionnels donnerait une vision de
l’existant, non pas fiable à 100%, mais la plus proche de la réalité.
De
toute évidence, si je souhaitais recueillir et faire parler des chiffres, la
méthode la plus appropriée était l’enquête par questionnaire.
La
production de chiffres devait me permettre de mesurer la connaissance du dispositif extra-hospitalier (existence,
missions, identité des intervenants), d’évaluer les attentes, les besoins et la
satisfaction des partenaires, et de contrôler l’efficacité des actions
entreprises sur le terrain.
Pour
éviter de mettre en difficulté des professionnels dont le temps est si précieux,
j’ai opté pour une majorité de questions fermées. Elles ont cependant toutes
été améliorées par une catégorie « autres », dans la liste des
réponses, afin de laisser place à l’improvisation.
Du
fait de la diversité des lieux et de la population des enquêtés, la
construction d’un questionnaire standardisé n’a pas été chose aisée.
C’est
pourquoi j’ai préalablement réalisé un
test, en sollicitant une infirmière à domicile, un cadre hospitalier et un
cadre d’un centre de long séjour. Cette étape m’a permis de remanier le
questionnaire en tenant compte des remarques apportées.
2.
CHOIX DE L’ECHANTILLON
Mon choix de la population à interroger a ciblé les 3 axes de notre partenariat : les professionnels intervenant au domicile, ceux du secteur hospitalier, et ceux des structures médico-sociales.
Ø L’annuaire téléphonique du Doubs m’a permis d’accéder à la liste relativement exhaustive des infirmiers libéraux. Et, après avoir retiré de cette liste les professionnels n’exerçant pas sur les secteurs du CHN*, j’ai procédé à un tirage au sort systématique en appliquant un taux de sondage de 20% (sélectionnant un sujet tous les 5).
J’ai rencontré les responsables des associations d’aide au maintien à domicile (AMAD, Aide à Domicile en Milieu Rural « ADMR », CCAS) à qui j’ai remis des questionnaires afin qu’ils les ventilent auprès de leurs responsables de secteur.
Ø J’ai également adressé des formulaires à remplir aux cadres hospitaliers de l’unité de gériatrie du Centre Hospitalier Universitaire de Besançon, et de l’unité de gériatrie du Centre de Réadaptation des Tilleroyes, principaux services hospitaliers qui adressent des malades au CHN.
Ø Enfin, tous les Directeurs de structures d’hébergement situées sur le secteur géographique couvert par le CHN, ont été concernés par cette enquête.
*
Je précise que le nouveau découpage
sectoriel dans le cadre du S.R.O.S., qui devait être effectif en 2002 (arrêté
ARH n°02.59 en date du 1.07.2002), n’est appliqué que depuis octobre 2004.
Certains cantons ne dépendent donc plus du CHN. Cependant ces modifications
sont survenues trop tardivement pour que j’en tienne compte au moment où j’ai
déterminé le public à interroger.
3. ADMINISTRATION
DU QUESTIONNAIRE
Compte
tenu de la dispersion
géographique des enquêtés, le choix de l’enquête postale s’est imposé.
J’ai donc expédié 72
questionnaires et un courrier d’accompagnement[8] en prenant la
précaution d’y joindre une enveloppe de retour pré affranchie.
La période était peu propice
(époque des congés estivaux) pour mener ce type de sondage. Mais les enquêtés
disposaient toutefois d’un délai de 3 semaines pour répondre.
De plus, une lettre de rappel[9] postée un mois et demi
après le premier envoi n’a que très
légèrement amélioré le taux de retour.
La
carte ci-dessous reproduit la sectorisation telle qu’elle était au moment de
l’enquête et délimite donc les territoires concernés par ma démarche.
ANALYSE DE CONTENU |
Plus
de la moitié des questionnaires m’ont été renvoyés dans les 10 jours succédant
l’expédition. La rapidité des réponses,
les quelques appels téléphoniques que j’ai reçu pour obtenir des renseignements
complémentaires, et le taux de retour très honorable de 54%, montrent l’intérêt de
la démarche, et la mobilisation de nos partenaires.
|
Infirmiers libéraux |
Responsables
secteur |
Centres
hospitaliers |
Structures
d’hébergement |
Total |
Questionnaires
expédiés |
25 |
15 |
2 |
30 |
72 |
Questionnaires
retournés |
13 |
8 |
1 |
17 |
39 |
Taux de
retour |
52% |
53% |
50% |
57% |
54% |
Le taux de retour prend en compte les 6 non-réponses, pour cause de
déménagements (2), cessation d’activité (2), incompréhension de la démarche
(2).
Les
résultats ont été traités par informatique sur le logiciel SPHINX Version Plus² .
1.
IDENTIFICATION
DES PERSONNES ENQUETES
↣ Question n° 1 : âge
- de 29 ans |
2 |
30 – 39 ans |
8 |
40 – 49 ans |
12 |
+ 50 ans |
17 |
Avec plus de 74%, on trouve une grande
majorité de professionnels âgés de
plus de 40 ans.
↣ Question n° 2 : profession
Infirmier |
16 |
Cadre
infirmier |
8 |
Responsable
de secteur |
6 |
Directeur |
8 |
Autre :
médecin |
1 |
La plupart des répondants sont issus de la formation infirmière.
Il s’agit des infirmiers libéraux, des infirmiers ou cadres infirmiers de la
structure hospitalière et des structures sanitaires et sociales.
Les responsables de secteur ont la charge d’encadrer les équipes
d’aides à domicile (appelées auparavant aides-ménagères) qui interviennent chez
les personnes âgées pour les aider dans les actes de la vie courante. Ils ont
été
1 médecin d’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées
Dépendantes (EHPAD) s’est donné la peine de répondre lui-même à l’enquête,
ainsi que 8 directeurs d’établissements. C’est dire l’intérêt que cette enquête
a suscité et leur motivation à vouloir travailler en collaboration avec les
services du CHN.
↣ Question n° 4 : secteur d’activité
EHPAD |
10 |
Domicile |
19 |
Centre hospitalier |
1 |
Autre |
9 |
Il semble que le sigle « EHPAD »
n’était pas adapté. J’entendais regrouper sous cette même dénomination toutes
les structures d’hébergement, ayant à l’esprit l’application de la réforme de
la tarification et du financement des Etablissements Hébergeant des Personnes
Agées Dépendantes (décret n°99-316 du 26 avril 1999). Le principe de remise à
plat du dispositif concernait en effet maisons de retraite médicalisées ou non,
logements-foyers, soins de longue durée, long séjour…. Or, la possibilité de
répondre librement par le biais de l’item « autre » a été utilisée à
9 reprises. Il s’agit de 2 maisons de retraite, d’1 Maison d’Accueil Rural pour
Personnes Agées, de 2 unités de vie et de 4 logements-foyers.
Il est possible que ces structures ne se soient pas
engagées dans la signature d’une convention tripartite, les obligeant, entre
autre, à se plier aux exigences du référentiel qualité ANGELIQUE[10].
Qu’importe, pour la suite de l’analyse, et par
facilité, ces neuf structures seront assimilées aux autres établissements
d’hébergement. L’objectif de cette question était de retrouver la répartition
des trois volets de notre partenariat (domicile, secteur hospitalier, structures
d’hébergement). Et ils sont proportionnellement bien représentés.
↣ Question n° 6 : depuis combien de temps
exercez-vous dans ce secteur d’activité ?
- de 2 ans |
4 |
2 à 5 ans |
9 |
6 à 10 ans |
5 |
+ de 10 ans |
21 |
On constate une ancienneté de
plus de 5 ans chez la majorité des répondants. Ce pourcentage qui s’élève à
66%, indique à mon sens une certaine stabilité dans la fonction, facteur
rassurant pour des personnes âgées. Il sous-entend également que les
professionnels ayant répondu, ont une expérience évidente dans le domaine de la
gérontologie.
2.
POPULATION
PRISE EN CHARGE ET DIFFICULTES RENCONTREES
↣ Questions n° 7 : à combien estimez-vous le nombre de
personnes âgées pour lesquelles vous assurez une prise en charge ?
La série des questions n° 7, 8 et
9, bâties pour être confrontées les unes aux autres, n’a pas été complétée dans
son intégralité par tous les répondants :
- 1 personne ne précise pas le
nombre de personnes âgées qu’elle a en soins,
- 6 n’ont pas évalué le nombre de
personnes âgées qui nécessiteraient une prise en charge ambulatoire par
l’équipe mobile du CHN,
- et 5 ne se prononcent pas sur
le nombre de personnes âgées qui bénéficient déjà d’un suivi psychiatrique.
Si le principe d’anonymat n’avait été un obstacle,
j’aurais pu recontacter les personnes enquêtées et leur proposer de compléter
les renseignements faisant défaut.
Cependant, d’après les chiffres communiqués, on peut
établir une moyenne du nombre de patients âgés pris en charge par les
différents acteurs (voir tableau ci-après).
Infirmiers libéraux |
15 |
Soutien à domicile |
195 |
Centre hospitalier |
30 |
EHPAD |
66 |
Et c’est l’occasion de constater que, même en perte
d’autonomie, la majorité des vieillards vit encore à domicile en bénéficiant de
soutien et de soins. Le désir profond de rester chez soi, et même d’y mourir,
est fréquemment exprimé dans les enquêtes faites auprès des personnes âgées. Le
domicile constitue un lieu de repères et d’investissements (économique,
affectif…).
On sait que l’âge d’entrée en institution avance
considérablement, du fait d’un meilleur état de santé, du veuvage plus tardif,
et de la mise en place d’un étayage social.
Toutefois, « le maintien à domicile d’une
personne âgée dépendante tend de plus en plus à être assimilé à une conduite à
risque ; risque pour elle-même, risque pour son entourage. C’est au nom
d’un risque que les professionnels ou les membres de l’entourage ne veulent pas
courir que l’enfermement intervient. »[11]
Notons qu’ 1 infirmier à domicile nous informe qu’il
n’a aucun patient âgé dans sa clientèle.
n° 8 : à combien estimez-vous le nombre de ces personnes qui
nécessiteraient un suivi psychiatrique ?
En rapportant les chiffres de la question n° 7 à ces données, nous obtenons le pourcentage de personnes âgées qui présentent des troubles psychiatriques.
Il varie de 0% pour quelques infirmiers libéraux et 2 EHPAD, à 100% pour 1 EHPAD de 60 résidents et 1 infirmier à domicile qui soigne 10 vieillards.
Nous retiendrons cependant qu’en moyenne 26% des personnes prises en charge, souffrent de symptômes faisant évoquer une pathologie psychiatrique (voir détails sur le diagramme ci-après).
Cette inquiétante proportion rejoint les conclusions de D.V. Jeste dans
son étude consacrée au sujet. « Après avoir
donné des chiffres sur l’élévation de l’espérance de vie aux Etats-Unis, il
montre que la proportion de personnes âgées souffrant de troubles mentaux va
s’accroître de manière encore plus importante du fait des diagnostics plus
précoces et précis, de la levée du tabou de la maladie mentale chez les baby
boomers vieillissants et de l ‘amélioration des thérapeutiques dont nous
disposons. Pour l’auteur, les psychiatres doivent se préparer à
« l’explosion imminente » du nombre de personnes âgées souffrant de
troubles mentaux. »[12]
n° 9 : à combien estimez-vous le nombre de personnes qui
bénéficient d’un suivi par l’équipe mobile du CHN ?
A quelles difficultés serons nous
confrontés dans un avenir relativement proche ? Pour l’heure, en faisant
parler les chiffres, nous découvrons que le dispositif extra-hospitalier ne
couvre pas suffisamment les besoins.
Car nos partenaires estiment à
environ 22% les patients présentant des problèmes psychiatriques, pour qui un suivi est effectivement assuré
par le CHN. On comprend mieux les motivations qui les ont amenés à remplir le
questionnaire.
Le diagramme ci-après nous
indique plus visuellement les pourcentages évoqués dans la question n° 8 et
dans la n° 9, par catégorie professionnelle.
↣ Question n° 10 : à votre avis, quels sont les
types de situations difficiles à gérer
« Les troubles du comportement
entrant dans le champ de la psychiatrie présentent une fréquence importante à
cette période de l’existence. (…) leur prévalence est encore plus grande au
sein des institutions ; ils touchent près de 50% des résidents à un moment
ou l’autre de leur présence à l’intérieur des établissements. »[13]
C’est en reprenant les motifs d’admission dans l’unité de
psychogériatrie les TILLEULS que j’ai décliné les différents items à cocher
pour cette question.
Il est dommage que la consigne « en indiquant
l’ordre de priorité » n’ait pas été respectée par 7 des répondants. Elle
n’a peut être pas été comprise. Ou bien alors n’était-elle pas assez visible
(police d’écriture au minimum) ? Ces sept personnes enquêtées ont
simplement coché les cases.
J’aurais souhaité pouvoir classifier les situations problématiques par
ordre d’importance. Nous procèderons toutefois différemment, en quantifiant le
nombre de fois où elles sont citées.
Signalons qu’1 personne n’a pas répondu à cette question. Il s’agit de
l’infirmier à domicile qui n’avait aucune personne âgée à soigner (cf. question
n°7).
Nombre de fois où les troubles psychiques sont cités
En abordant chaque type de désordres psychiques inventoriés, nous ne pourrons faire l’impasse d’un détour sommaire par la clinique.
+ Agressivité
L’agressivité peut s’exprimer de différentes manières : sur le mode de l’auto agressivité (la violence est dirigée contre la personne elle-même) ou de l’hétéro agressivité (le patient s’en prend aux autres, aux soignants, aux aidants ou aux résidents).
L’agressivité est verbale ou physique. Dans les deux cas les conséquences peuvent être fâcheuses. Le seuil de tolérance pour les autres est très variable et quand il est atteint, c’est bien souvent une hospitalisation en urgence qui en résulte.
Evoquée à 27 reprises, c’est la situation la plus préoccupante, tant pour les EHPAD, que pour le centre hospitalier. Elle vient également en tête du palmarès pour les professionnels du domicile.
L’agressivité est rencontrée habituellement chez des personnalités dominantes ou qui agissent par « méchanceté », mais bien souvent, elle se fait l’expression d’angoisses ou de stress non canalisés.
« La réponse thérapeutique médicamenteuse ne peut, ne doit être ni la première, ni la seule réponse face aux comportements agressifs d’une personne âgée, hormis les situations d’urgence graves. Un comportement agressif doit être analysé pour tenter d’en comprendre la genèse et le sens. »[14]
+ Idées suicidaires
Sur 12 000 suicides recensés annuellement, les plus de 65 ans en constituent environ le tiers. Les vieillards sont particulièrement exposés, et ce sont notamment les hommes qui sont le plus enclins à ce geste. La détermination est souvent infaillible, les moyens mis en œuvre pour se donner la mort sont radicaux (pendaison, arme à feu, noyade, défenestration…).
Prudence face à un patient suicidaire car, « la folie sécuritaire consisterait à protéger l’autre jusqu’à le nier dans sa réalité d’individu souffrant. Nous risquons alors d’être du côté de la toute puissance soignante (…). A l’inverse, l’autre attitude, dans la toute impuissance soignante (…) peut m’entraîner du côté du déni : ne pas vouloir voir cette souffrance insupportable. »[15] L’évaluation du désarroi de la personne âgée passe par une écoute bienveillante. Une enquête réalisée en Italie a pu prouver que des contacts téléphoniques établis avec régularité pouvaient avoir une incidence positive sur le taux de suicide des personnes âgées.
Cité par 26 personnes, c’est un souci majeur pour les EHPAD et les professionnels du domicile qui ont répondu à cette enquête.
+ Idées
délirantes
Ce
ne sont probablement pas les psychotiques vieillis qui mettent dans l’embarras
nos partenaires, car le vieillissement aurait plutôt tendance à atténuer leurs
productions délirantes, notamment pour les schizophrènes. D’ailleurs, nombreux
sont ceux qui, institutionnalisés des années durant, en psychiatrie, ont su
s’adapter en structure d’hébergement. En revanche, l’évolution vers une
stabilisation est plus contestable pour les délirants chroniques.
En
outre, chez le vieillard, on peut voir également s’installer des délires
d’apparition tardive. De structuration paranoïaque, ils évoquent plutôt des
idées de préjudice, de persécution ou des plaintes hypochondriaques. Ce n’est
pas toujours facile pour l’entourage qui est la cible du délire et qui se voit
accusé à tort de vol ou autres méfaits inventés. C’est d’ailleurs à domicile
que ces comportements engendrent le plus de difficultés
Une
personne démente peut présenter des délires de type imaginaire. Ils sont en
général bien supportés, sauf s’ils sont trop anxiogènes.
Face
au délire d’une personne âgée, il faut intervenir prioritairement sur les
facteurs favorisants (dépression, angoisse, solitude…). « L’abord
psychothérapique est aussi indispensable. D’abord, il est important de gagner
la confiance de la personne âgée délirante pour qu’elle puisse exprimer sans
réticence ce qui la préoccupe (…). Sans adhérer au propos délirant, il faut
savoir le tolérer et ne pas en favoriser une critique trop hâtive. Ainsi, si le
sujet âgé délirant tardif dispose d’un interlocuteur prêt à accueillir son
désordre, il trouve souvent la capacité à relancer sa propre remise en ordre. »[16]
+ Idées
dépressives
Les états dépressifs de la vieillesse sont souvent banalisés, ils
passent inaperçus et sont pris en charge tardivement. Ils ont, en fait,
tendance à être considérés comme une conséquence normale du vieillissement. De
surcroît, la dépression du sujet âgé ne répond pas franchement aux descriptions
symptomatologiques traditionnelles, on
parle de dépression atypique, de dépression masquée. Elle peut toutefois être
dépistée grâce à l’échelle de dépression gériatrique (Geriatric Depression
Scale).
Le risque majeur est l’acte suicidaire. C’est sans aucun doute la
crainte du passage à l’acte qui pose problème en EHPAD comme à domicile, ou
bien encore l’incapacité, par manque de temps ou par manque de formation,
d’avoir une relation aidante face à la souffrance de ces malades.
+ Alcoolisme
Il existe deux types
d’alcoolisme : l’alcoolisme chronique d’installation précoce dans la vie
du patient, et l’alcoolisme qui survient après 60 ans en lien avec des
évènements qui sont vécus comme insurmontables.
Pour les EHPAD il ne pose pas de
problème capital. En institution, il est certainement possible de mettre en
place une surveillance et des contrôles dissuasifs. En revanche, dans notre
étude, nous constatons que les professionnels du domicile ont à faire face
fréquemment à des états d’ébriété problématiques. En état d’ivresse, le patient
peut perdre le contrôle de lui-même et se trouver en péril, en commettant des
actes dangereux ou du fait de la fragilité que lui confère l’alcool.
Aborder de front la problématique
alcoolique avec le patient est difficile car, « la personne en
difficulté avec l’alcool semble, de prime abord, n’avoir que peu, voire pas du
tout de demande et de désir sur le plan relationnel. Elle apparaît comme
quelqu’un sur la défensive, qui se dérobe se renferme sur elle-même dès que le
problème de fond est approché. Insaisissable. Inaccessible. (…) En tant que
soignants, il importe de ne pas s’arrêter à ce mur que le patient dresse
pour se protéger des autres et qui fait obstacle à la relation. »[17]
+ Opposition à
la prise de traitement
Dans ces circonstances, les
soignants se trouvent confrontés à un refus catégorique ou bien encore à des
stratégies de dissimulation de la part de la personne âgée. Il faudra bien
entendu chercher la cause de ce refus (trop de médicaments, trop difficiles à
avaler, goût désagréable, lassitude vis à vis d’un traitement de longue durée,
manque d’information, pas de conscience de la gravité de la maladie, équivalent
suicidaire…).
Prendre le temps d’écouter et
chercher à comprendre, essayer de convaincre, de négocier seront les premiers
conseils. Enfin, si le traitement est nécessaire et qu’il n’est toujours pas
absorbé, il est peut être souhaitable d’envisager une autre forme (buvable,
injectable, transcutanée…) en concertation avec le prescripteur.
Les partenaires des trois
secteurs d’activité ont fréquemment des difficultés pour gérer ce type de
situation.
+ Agitation
Après avoir éliminé une
pathologie organique, une douleur inexprimée ou un syndrome confusionnel qui
devra être traité en urgence, il faudra tenter de trouver la signification de
ce comportement psychomoteur. Il peut être étroitement lié à d’autres troubles
du comportement comme les délires, l’anxiété. On observe également des périodes
d’agitation dans la démence, à certains moments de la journée, et notamment en
fin de journée. C’est le syndrome du coucher de soleil (sundown syndrom). Les
patients sont en effervescence, le mobilier est déplacé, des drames émergent
(il faut aller chercher les petits à l’école, prévenir des parents qui
s’inquiètent, rentrer les bêtes des champs…), des conflits peuvent éclater
entre résidents, en institution. On le voit d’ailleurs dans les réponses
apportées par les EHPAD : l’agitation du vieillard est difficile à gérer
en collectivité.
Naomi FEIL propose d’adopter la
Validation[18], (technique
de communication qu’elle a mis au point durant les années qu’elle a passées
auprès de personnes âgées démentes) pour tenter de trouver un sens à ces
troubles du comportement. Mais « Le soignant dispose d’un peu plus de
150 outils pour s’entretenir avec autrui. Dans cette trousse, un outil est
particulièrement adapté : la compréhension. Là est l’une des clés :
chercher à comprendre ce qui paraît fou, ce qui paraît illogique, incohérent,
dénué de sens. Le postulat de base du soignant va donc être : « Les
comportements fous existent, mais la folie n’existe pas ». »[19]
+ Cris
Très dérangeants pour l’entourage, les cris peuvent générer des phénomènes d’exclusion. Pourtant, une fois de plus, ils sont souvent un moyen d’exprimer une douleur morale ou physique. Ils peuvent être associés à une pathologie ou à l’existence d’un phénomène hallucinatoire. Ils peuvent signer une grande anxiété ou un désir de présence. Avant d’imaginer un recours à une chimiothérapie apaisante, il faut tenter de repérer s’il existe des circonstances, et des moments favorisants.
Ces comportements incommodent particulièrement en collectivité (ils viennent en 3ème position pour les EHPAD), un peu moins à domicile (on comprendra que la gène occasionnée touche un environnement plus restreint), et ils ne sont pas retenus pour la structure hospitalière.
+ Anxiété
« L’anxiété se
définit par un état subjectif de détresse, un sentiment pénible d’attente et
d’appréhension d’un danger à la fois imminent et imprécis. »[20] Les troubles anxieux ne sont pas systématiquement repérés
car ils prennent souvent l’apparence d’une pathologie somatique (palpitations,
céphalées, troubles locomoteurs…) ou évoquent d’autres troubles du comportement
(dépression, agitation).
Une
bonne connaissance de l’histoire du patient permettra de définir les points
d’ancrage de son anxiété ; car les personnes âgées expriment difficilement
leurs émotions, les problèmes qui les tiraillent. L’anxiété n’est pas toujours
bien tolérée par l’entourage, les plaintes souvent non fondées, se renouvellent
perpétuellement. On le remarque dans notre enquête chez les intervenants du
domicile qui ont placé ce trouble en 4ème position.
+ Troubles de
l’alimentation
Le
repas englobe trois dimensions : l’apport nutritionnel, qui devra
couvrir les besoins de l’organisme ; le plaisir que nos cinq sens
ne manqueront pas de nous faire découvrir ; et enfin, la fonction
sociale du repas à laquelle on n’accorde pas assez de valeur pour les
personnes âgées.
Ce
sont davantage les aidants du domicile qui observent des troubles de
l’alimentation. Il faut comprendre qu’ils ne font que passer et que de ce fait
la surveillance alimentaire est limitée. Les troubles de l’alimentation
correspondent à la boulimie ou à l’anorexie, qui est plus fréquente chez les
personnes âgées. Le refus alimentaire peut avoir plusieurs causes : une
absence de nourriture (revenus insuffisants, incapacité à faire ses courses…),
une perte d’appétit dûe à une pathologie, une incapacité fonctionnelle (troubles
de la déglutition, apraxie…), une maîtrise de soi (régime amaigrissant,
convictions religieuses, délire paranoïaque…), mais il peut signer une
dépression, un désir d’en finir avec la vie. Il faut faire preuve de vigilance
car quelques jours de non-alimentation peuvent entraîner le vieillard dans une
spirale infernale[21] :
+ Fugues
« On aurait tort
de n’y voir que le témoin d’une détérioration cognitive et de ne pas y
chercher aussi le signe d’une
protestation, d’un refus, d’un conflit ou plus simplement d’une angoisse
incontrôlée. »[22] En institution, c’est bien souvent pour retrouver le
domicile perdu que les personnes cherchent à fuguer.
La facilité consisterait à garder les issues fermées. Pour palier à cette difficulté, de plus en plus d’établissements s’équipent de systèmes d’alarme avec bracelet anti-fugue, plus ou moins efficaces.
Dans
notre enquête, ce sont plutôt les professionnels du domicile qui nous signalent
qu’ils sont concernés par ce comportement potentiellement dangereux, selon le
lieu de résidence de la personne âgée.
+ Déambulation
La
déambulation est un comportement propre aux pathologies démentielles. Pour
atténuer cette errance sans but, des mesures simples peuvent être adoptées,
telles que : organiser l’espace efficacement, et / ou tenir compte de
l’importance de la lumière. « Un lieu sombre repousse les malades,
alors qu’ils sont naturellement attirés par un lieu bien éclairé, on peut ainsi
éviter l’effet « cul de sac » ou « nasse » d’un
couloir : s’il est faiblement éclairé le malade valide actif fera de
lui-même demi-tour. »[23]
Il
faudrait éviter les lieux confinés ; mais en revanche, préserver des
endroits de regroupements sociaux que recherchent les déments.
La
déambulation doit être respectée, en veillant toutefois à ne pas aller au
devant de la menace d’épuisement ou de chute. Ces deux risques majeurs sont des
indications à la prescription de contention[24]. En institution, il
faut veiller à ce que cette solution ne devienne pas un palliatif au manque de
personnel.
La déambulation semble peu problématique en
EHPAD et à domicile.
En
revanche, elle fait partie des 3 perturbations psychiques énumérées par
l’établissement sanitaire. Il est fort probable qu’elle représente un danger du
fait du risque de départ intempestif du service, et par la promiscuité des
chambres de malades « cloués » au lit par des perfusions et des
sondes de tout ordre.
+ Troubles du
sommeil
En France, la
moitié des prescriptions de
somnifères s’adressent à des
personnes âgées de plus de 65 ans. Les femmes
souffrent plus que les hommes de troubles du sommeil.
Or, la qualité et l’organisation
des cycles du sommeil subissent des variations physiologiques en
vieillissant. Les réveils au cours de la
nuit sont plus fréquents et leur durée s’allonge. L’heure du coucher est
avancée, tandis que la nécessité d’une sieste se fait de plus en plus
ressentir. Ces modifications chrono biologiques normales ne doivent pas être
identifiées comme des troubles du sommeil.
Une véritable insomnie sera
caractérisée par ses répercutions dans la journée : sensation de fatigue,
asthénie, somnolence, irritabilité, troubles de la concentration. Qu’il
s’agisse d’une insomnie avérée ou d’une plainte non fondée au demeurant, il
convient de s’interroger sur le sens de cette plainte et d’en rechercher les
causes (iatrogènes, toxiques,
pathologies organiques, pathologies psychiatriques), ou les facteurs
favorisants (événement anxiogène, angoisse de mort).
Dans cette étude, les troubles du
sommeil ne sont pas les problèmes prioritaires. Ils sont certainement peu cités
car la prise en charge médicamenteuse est maîtrisée par les généralistes.
+ Autre
C’est 1 unité de vie qui fait
apparaître ici un trouble psychiatrique qui n’était pas proposé dans la liste.
Il s’agit de TOC. Le Trouble Obsessionnel Compulsif est un « trouble
anxieux défini par l’association de pensées intrusives, obsédantes, non
contrôlables, anxiogènes et de comportements compulsifs rituels censés diminuer
l’anxiété. »[25] On
comprendra aisément le malaise, voire l’aversion que peuvent dégager ces
patients obnubilés par leurs obsessions récurrentes. En dehors de la thérapie
comportementale, peu de traitements peuvent venir à bout de leur détresse qui
les isole de leur environnement social.
+ En
conclusion,
Il faut avoir à l’esprit que les troubles du comportement « ont un sens : ils sont souvent l’expression d’une difficulté pour
la personne à « faire face » à une situation qu’elle ressent comme
difficile. Ils sont un langage : admettre qu’ils ont un sens, c’est admettre que leur existence signe l’expression
indirecte par la personne de sa difficulté à « faire face ». Le
maître mot est « tolérance » au sens psychogériatrique du
terme : il s’agit
d’accepter la personne
démente, de la reconnaître en tant que personne et de
valider le sens de son comportement. »[26]
Nous pouvons étendre cette conception des conduites inadaptées des déments à tous les troubles que nous venons de décrire et elle s’applique à l’ensemble des sujets âgés fragilisés.
Notre travail de liaison tentera de faire accepter, comprendre, tolérer et accompagner ces comportements qui dérangent et qui risquent d’induire des attitudes d’exclusion.
Le diagramme ci-après nous donne un aperçu rapide de la répartition des réponses par domaines d’intervention.
3.
ATTENTES DES PERSONNES ENQUETES
↣ Question n° 12 : qu’attendez-vous de la
collaboration avec les soignants de l’équipe mobile du CHN ?
Seuls 14 répondants ont tenu compte de la consigne
« en indiquant l’ordre de priorité ». A
l’identique de la question précédente, nous nous intéresserons donc au nombre
de fois où ont été cochées les réponses. Le tableau ci-dessous restitue le
nombre de réponses récoltées en regard de chaque proposition :
Attentes
de la collaboration avec les soignants de l’équipe mobile du CHN |
EHPAD |
Domicile |
CH |
Total |
Visites d’évaluation en cas de
situation problématique |
14 |
11 |
1 |
26 |
Accompagnement psychologique en
aval de la sortie |
12 |
12 |
1 |
25 |
Identification d’un interlocuteur
privilégié au CHN |
10 |
12 |
0 |
22 |
Conseils de prises en charge aux
professionnels de santé |
11 |
10 |
0 |
21 |
Informations concernant les
pathologies psychiatriques de la PA |
10 |
10 |
0 |
20 |
Informations concernant les
traitements psychiatriques de la PA |
7 |
12 |
0 |
19 |
Présentation du dossier aux
soignants qui prennent le relais |
7 |
10 |
1 |
18 |
Visites de soutien à la PA |
8 |
10 |
0 |
18 |
Accompagnement et soutien des
proches |
5 |
9 |
0 |
14 |
Permanence téléphonique |
5 |
8 |
0 |
13 |
Accompagnement psychologique en
amont d’une hospitalisation |
4 |
6 |
0 |
10 |
Autre |
0 |
1 |
0 |
1 |
Non réponse |
1 |
2 |
0 |
3 |
+ Les trois secteurs d’activité s’entendent pour définir comme axe
prioritaire de nos actions, des visites d’évaluation en cas de situation
problématique. Cette démarche se situe plutôt dans un cadre préventif. Il
s’agit pour les infirmiers de liaison de donner un avis d’expert sur un
problème ponctuel et de proposer des conduites à tenir. Des hospitalisations
« catastrophes » pourraient parfois être évitées.
+ Les partenaires du domicile, des EHPAD et du C.H. désirent nous voir
nous engager dans un accompagnement systématique des personnes âgées à la sortie
d’une hospitalisation au CHN. L’infirmier libéral n°6 propose d’ailleurs
qu’il y ait un « passage de l’équipe au moins une fois après l’hospitalisation (dans le
milieu familial). »
+ Comme nous l’avions supposé lors
des réunions du groupe de travail intersectoriel, il serait souhaitable que les
personnels de proximité puissent identifier un interlocuteur
ressource au sein du CHN. Cela faciliterait les contacts, favoriserait la
communication et éviterait des pertes de temps et d’informations.
+ Nous avions constaté en étudiant la
question n°6, que la majorité des répondants possédaient une bonne
expérience gérontologique avec une ancienneté supérieure à 5 ans. Or, ils
semblent bien démunis face à certaines situations et attendent beaucoup de la
collaboration avec l’équipe de soins ambulatoires du CHN. La mission de conseiller
auprès des professionnels de santé est réclamée tant en EHPAD qu’à
domicile.
+ De surcroît, on attend, à domicile comme en
EHPAD, que l’infirmier de secteur du CHN puisse fournir des informations sur
les troubles psychiatriques.
Le personnel travaillant en institution n’est plus assez formé, ni en
nombre suffisant. L’adaptation des moyens humains n’a pas suivi l’évolution des
pathologies rencontrées en EHPAD. En effet, la population accueillie dans ces
établissements a changé, elle « est
fondamentalement différente de celle qui était accueillie il y a 10 ans en
maisons de retraite :
En
terme de besoins de santé, la prévalence de la démence est passée de 39% à 71%
en une dizaine d’années. (…) Deux autres populations ayant des besoins
spécifiques de santé émergent :
-
la
population psychiatrisée pour laquelle les hôpitaux psychiatriques considèrent
qu’ils n’ont plus à l’assumer au long cours en dehors des périodes de
« crise » ;
-
les
handicapés vieillissants dont
l’espérance de
vie s’est considérablement
accrue. »[27]
- A ces personnes au long passé institutionnel, s’ajoutent les vieillards fragiles qui décompensent tardivement et souffrent également de pathologies psychiatriques (dépression, délire, alcoolisme…).
+ L’infirmier psychiatrique sera appelé aussi à donner
des informations concernant les traitements psychiatriques de
+ Nos trois catégories de partenaires accordent une
grande importance à la présentation du dossier de la personne âgée, afin
d’organiser la continuité des soins. Ce temps de liaison est primordial pour un
premier contact. Une présentation complète (histoire de vie, histoire de la
maladie, antécédents…) garantira une meilleure prise en charge.
+ Nous remarquerons qu’une grande importance avait été
accordée aux visites post-hospitalisation (mentionnées par 25 personnes),
tandis que les visites de soutien ne sont que peu retenues (18 fois).
Toutefois, les intervenants du domicile y sont plus attachés qu’en EHPAD. Cela
est probablement dû au fait qu’ils ne font que de brèves interventions au
domicile, et qu’ils estiment que renforcer l’étayage déjà en place est plus rassurant.
+ La nécessité d’un accompagnement et d’un soutien
des proches de la personne âgée malade est bien entendu accentuée à
domicile. Les difficultés, parfois la détresse des aidants naturels ont besoin
d’être verbalisées et entendues pour éviter que ne s’écroule un équilibre parfois précaire.
+ Il est étonnant que le
besoin d’une permanence téléphonique n’ait pas été plus marqué. Avoir la
garantie de pouvoir contacter un interlocuteur en cas de besoin me semblait
pourtant un élément essentiel. Mais nous verrons plus loin dans l’analyse que
les interventions sur le terrain sont plus briguées.
+ Quelques enquêtés attendent de nos équipes un accompagnement
psychologique en amont d’une hospitalisation. Des visites de pré-admission
prépareraient la personne âgée en douceur et diminueraient ainsi le stress et
la perte de repères.
+ Cet
« autre » a été coché par un responsable de secteur qui spécifie
ainsi ses attentes : « conseils de
prise en charge aux professionnels d’aide à domicile, synthèses entre le
personnel du CHS et le personnel d’aide à domicile. » On sent un besoin de collaborer plus étroitement
avec des professionnels qui n’ont pas de formation spécifique et qui de
surcroît se retrouvent seuls au domicile de personnes âgées présentant des
troubles psychiatriques.
+ 3 personnes n’ont pas donné de réponses à cette
question. Il s’agit à l’évidence de répondants qui n’ont pas connaissance
d’interventions de l’équipe de suivi ambulatoire dans leur secteur de travail.
4.
CONNAISSANCE DU SYSTEME ET DES ACTEURS
↣ Question n° 14 : y a-t-il des interventions de
personnels mandatés par le CHN auprès des personnes âgées dont vous avez la
charge ?
|
EHPAD |
domicile |
CH |
Total |
Non réponse |
0 |
1 |
0 |
1 |
Oui |
11 |
6 |
0 |
17 |
Non |
7 |
11 |
1 |
19 |
Ne sait pas |
0 |
2 |
0 |
2 |
2 infirmiers à domicile ne savent
pas s’il existe ou non des interventions de l’équipe mobile de psychogériatrie
sur leur secteur de travail.
1 de leur confrère n’a pas pris position. On peut expliquer cette
absence de réponse par le fait qu’il n’y a pas de personne présentant des
troubles psychiatriques dans la population âgée à qui il dispense des soins.
Les
positionnements sont plus tranchés dans les structures d’hébergement où l’on
est mieux informé de l’existence des infirmiers de secteur. Le pourcentage est
conforme à la pratique si l’on se remémore que ¾ des interventions se font en
EHPAD.
Sur
un total de 39 répondants, 17 témoignent de leur connaissance du système
extra-hospitalier. Cette proportion est tout à notre honneur, me semble-t-il.
Nous
poursuivrons donc l’analyse en exploitant les réponses de ces 17 enquêtés, les
questions suivantes ne s’appliquant plus qu’à eux.
↣ Question n° 15 : si oui, ces intervenants
sont ?
Non réponse |
22 |
Médecin |
6 |
Cadre infirmier |
2 |
Infirmier |
15 |
Psychologue |
1 |
Autre |
0 |
En croisant les réponses à
cette question et celles de la question n° 19 je remarque que les rôles et
fonctions des intervenants ne sont pas toujours bien repérés : à 2
reprises 1 infirmier endosse les responsabilités de cadre infirmier.
En outre, un répondant a
assimilé des intervenants (1médecin, 1psychologue et 1 infirmier) travaillant
sur le secteur 25G02 qui ne reçoit plus de personnes âgées en
hospitalisation, mais qui, a priori intervient dans le suivi en CMP de ces
patients.
↣ Questions n° 17 : identifiez-vous ces intervenants
avec précision ?
Non réponse |
22 |
Oui |
11 |
Non |
6 |
En questionnant les 17 partenaires du réseau ayant confirmé nos
interventions, ils nous indiquent pour 2/3
d’entres eux qu’ils identifient les intervenants. Ce sont principalement
les EHPAD qui témoignent (9, pour 1 infirmier libéral et 1 responsable de
secteur).
↣ Questions n° 18 : si oui, pouvez-vous indiquer
leur nom ?
Cette question n’était pas posée innocemment. Elle a été induite par une
confusion que j’ai
pu constater, alors
que je recevais des
appels téléphoniques
s’adressant au Dr « X », l’1 des infirmiers de liaison.
Au regard des réponses aux questions 15 et 18 de ce questionnaire, de
nouveau, je remarque que les fonctions ne sont pas toujours identifiées
convenablement.
↣ Question n° 19 : comment s’effectuent les
demandes d’interventions ?
Non réponse |
22 |
A la demande du
médecin traitant de la personne âgée |
10 |
A la demande de
la famille |
1 |
Après
discussion en équipe |
8 |
Sur
l’initiative d’un seul agent |
0 |
Autre |
4 |
Les interventions sont initiées par le médecin traitant de la personne
âgée, ou après en avoir débattu en équipe. La décision n’est jamais prise par
un seul individu. Pour les 4 « autres », on nous précise que les
visites son instaurées à l’initiative des infirmiers de liaison du CHN.
Le répondant n°26 apprécie ces interventions habituellement programmées,
il l’exprime au travers de la question n°32, ouverte aux remarques :
« excellente collaboration avec l’équipe
qui suit régulièrement des résidents sortant de Novillars sans demande de notre
part. Si un problème survient, X (1 infirmier de secteur) en informe
le docteur de Novillars et me recontacte par téléphone. »
En revanche l’enquêté n°14 apprécierait « avoir un planning des visites pour chaque résident suivi. »
↣ Question n° 21 : auprès de qui s’effectuent ces
demandes d’interventions ?
Non réponse |
22+4 |
CMP de votre
secteur |
5 |
Secrétariat du CHN |
1 |
Directement auprès des intervenants |
10 |
Autre |
0 |
Les retours sont très hétérogènes, il n’y a pas vraiment de règles de
fonctionnement concernant les demandes d’interventions.
4 personnes ont dû être embarrassées par cette question puisqu’elles se sont ralliées aux 22 non-répondants précédents. Il est inquiétant de se dire que ces partenaires ne savent peut être pas qui contacter. Il manquait une rubrique « ne sait pas », pour cette question, qui aurait pu nous éclairer sur le sens à donner à cette absence de réponse.
5.
SATISFACTION DES
REPONDANTS
↣ Question n° 23 : si vous contactez une personne
du CHN dans quel délai intervient-elle ?
Non réponse |
22+4 |
Très rapidement
|
3 |
Plutôt
rapidement |
7 |
Plutôt
tardivement |
3 |
Très
tardivement |
0 |
Les enquêtés sont globalement plutôt satisfaits, bien que 4 d’entre eux
ne se prononcent pas. Aucun ne déplore d’interventions trop tardives en dehors
de l’infirmier d’EHPAD (n°21) qui nous raconte un épisode délicat où il a été
confronté à un patient agité, avec risque de fugue et opposé à la prise d’un
traitement : « il est regrettable de devoir parfois attendre pour obtenir un RDV auprès
d’un psychiatre. » Or, les médecins psychiatres qui prennent en
charge les patients âgés de leur secteur ne sont pas des médecins urgentistes.
Leur disponibilité est conditionnée par leur charge de travail, plutôt
conséquente.
↣ Question n° 24 : quels sont les types de transmissions
après l’intervention ?
Non réponse |
22 |
Transmissions
orales |
13 |
Transmissions écrites dans le dossier de la personne âgée |
4 |
Information au médecin traitant |
1 |
Aucune |
3 |
Autre |
1 |
Principalement les transmissions sont faites oralement. Le répondant n°
33 précise même qu’elles « se font
rapidement, entre deux portes, dans un couloir… ». Nous
pouvons nous douter que ce mode de communication ne soit satisfaisant pour
personne.
La rubrique « autre » a été retenue pour spécifier que les transmissions étaient « orales, et pas toujours. »
↣ Question n° 26 : est-ce satisfaisant ?
Non réponse |
22+4 |
Oui |
3 |
Non |
10 |
Le constat est rapidement établi : les transmissions ne sont
manifestement pas notre point fort !
↣ Question n° 27 : si non, quel serait le moyen le
plus adapté ?
Non réponse |
22+7 |
Transmissions
orales |
3 |
Transmissions écrites dans le dossier de la personne âgée |
9 |
Information au médecin traitant |
3 |
Autre |
1 |
7 personnes n’ont pas de
propositions à faire pour améliorer le manque de transmissions.
Mais la majorité penche en faveur de l’écriture. Des traces écrites sont
plus fiables qu’une parole, qui peut être mal véhiculée ou bien encore perdue.
Dans ses remarques concernant la collaboration avec l’équipe mobile de
psychogériatrie du CHN, l’enquêté n°19 reformule de nouveau que « des transmissions écrites dans les dossiers des personnes âgées sont
souhaitables. »
1 partenaire proposera question 34 que les transmissions se fassent en
« synthèse d’évaluation et d’analyse. »
↣ Question n° 29 : vous trouvez les interventions
efficaces ?
Non réponse |
22 |
Tout à fait
d’accord |
1 |
Plutôt d’accord |
11 |
Plutôt pas
d’accord |
5 |
Pas du tout
d’accord |
0 |
Visiblement, malgré quelques imperfections du dispositif
extra-hospitalier, les personnes enquêtées considèrent que les interventions de
l’équipe mobile du CHN sont plutôt efficaces.
4 EHPAD ne sont pas trop d’accord. Mais il faut comprendre le répondant
n° 23 qui cumule les reproches à notre encontre : pas de collaboration,
interventions plutôt tardives, aucune transmission, et pas d’identification des
intervenants.
↣ Question n° 30 : vous trouvez les intervenants
disponibles ?
Non réponse |
22+2 |
Tout à fait d’accord |
3 |
Plutôt d’accord |
11 |
Plutôt pas d’accord |
1 |
Pas du tout d’accord |
0 |
En règle générale les intervenants se montrent relativement disponibles,
à en croire les enquêtés.
2 personnes n’en disent rien.
Et, sur un versant moins positif, nous retrouvons la personne qui
précédemment n’était pas très satisfaite de notre travail en partenariat
(n°23).
↣ Question n° 31 : vous trouvez les intervenants à
votre écoute ?
Non réponse |
22+1 |
Tout à fait
d’accord |
5 |
Plutôt d’accord |
10 |
Plutôt pas
d’accord |
1 |
Pas du tout
d’accord |
0 |
De nouveau l’enquêté n°23 n’est plutôt pas d’accord.
En revanche, tous les autres s’accordent pour décréter que les
intervenants sont à l’écoute. Nous y
verrons là transparaître les compétences spécifiques des infirmiers
psychiatriques rompus aux techniques d’écoute et de relation d’aide.
6.
REMARQUES ET PROPOSITIONS
↣ Question n° 32 : avez-vous des remarques
concernant la collaboration avec l’équipe mobile de psychogériatrie du
CHN ?
Des bribes des discours produits dans cette question ouverte ont été
déposées ça et là au fil du travail. Retenons dans l’analyse de cette rubrique,
que la collaboration avec nos partenaires est qualifiée d’ « excellente » (n°26), de « bonne » (n°14), qu’elle est « à réfléchir et à améliorer » (n°16), qu’il y a « peu de collaboration »
(n°33), voire qu’il n’y a « pas de
collaboration entre les infirmiers de Novillars, la psychiatrie et nous. »(n°23)
2 enquêtés regrettent la rupture de liens qui fonctionnaient plutôt
bien : « sur notre secteur cette
équipe était présente mensuellement et était efficace. Mais notre secteur ne
reçoit plus ces visites. Il semble que nous ne dépendions plus de
Novillars » (n°4), « nous avions institué des temps de paroles avec
les infirmières de secteur. Depuis le départ de l’une d’elle en retraite, le
contact ne s’est pas renoué. » (n°17)
Enfin 1 autre nous renvoie d’un ton compatissant que nous exerçons un
« beau métier, difficile. » !
(22)
↣ Question n° 33 : quelles seraient vos
propositions d’amélioration concernant la collaboration avec l’équipe mobile de
psychogériatrie du CHN ?
Comme pour la question
précédente, des propositions formulées en réponse à la question n° 33, ont été
implantées tout au long de cette étude. L’essentiel des propos recueillis
tourne autour :
+ des interventions : on nous demande de les programmer (n°23, n°14), qu’elles soient plus fréquentes (n°14), plus promptes quand il y a urgence (n°14), systématiques après une sortie d’hospitalisation (n°6),
+ de la formation / information : un partenaire désirerait des informations sur les comportements à risque (n°36), un autre de la documentation sur les pathologies et les traitements (n°23), enfin un troisième propose que nous réalisions « des interventions en formation sur notre site sur des problèmes spécifiques » (n°15),
+ des réunions : il est question de réunions inter-équipe, de réunions de synthèse au sujet de la personne âgée (n°16, n°34, n°35, n°36), de participation de l’équipe mobile à des transmissions (n°14), de créer « plus de liens avec les intervenants de terrain » (n°37), ou bien encore « plus de partenariat et de rencontres ponctuelles pour faire le point et évaluer les situations » (n°39),
+ adhésion des médecins traitants : les répondants n°20 et n°26 font référence au manque d’adhésion des médecins traitants généralistes au dispositif extra-hospitalier,
+ convention : l’EHPAD n°24 est très demandeuse d’une convention : « établir une convention entre notre EHPAD et le CHS (souhait déjà formulé) »,
+ soutien : les
équipes d’EHPAD et du service hospitalier (n°29, n°31) réclament un soutien
psychologique.
On sent derrière ces propositions d’amélioration des équipes
régulièrement en difficulté. Soulignons les besoins et les attentes qui ont
émergés au cours de cette étude : être éclairé, conseillé, parfois même
assisté, quand il est question de prendre en charge des vieillards en
souffrance psychologique.
« Si
tu veux gravir cette montagne, commence par faire le premier pas. »
Proverbe oriental
PROPOSITIONS
D’ACTIONS |
Les
propositions d’actions déclinées ci-après ne sont pas exhaustives. De plus,
elles demandent à être retravaillées dans les détails pour la mise en oeuvre.
Elles
répondent aux problématiques énoncées en groupe de travail et celles soulevées
au cours de notre enquête.
Enfin,
ces propositions devront être soumises au groupe de pilotage du projet de
fédération psychogériatrique et aux membres de
1.
PROPOSITIONS
CONCERNANT
+ Plan
d’action N° 1 :
Définir
les valeurs qui sous-tendent nos actions, en s’appuyant sur les
référentiels de bonnes pratiques existants. Déterminer nos choix éthiques, dans
le respect de
Car le suivi à domicile peut constituer « pour les
patients qui en expriment le désir la possibilité de rester chez eux et d’y
mourir. Ceci implique que le désir exprimé d’un patient soit pris en compte
quel que soit son état de santé somatique ou mentale ; en d’autres termes,
la parole exprimée est toujours prise au sérieux et n’est jamais invalidée,
fut-elle celle d’un dément.
Si l’on accepte qu’une personne
âgée meure chez elle cela signifie mourir de maladie mais aussi peut-être
d’accident. »[30]
+ Plan
d’action N° 2 :
Ecrire
le projet du CMP de psychogériatrie en concertation avec toute l’équipe
pluridisciplinaire. Ne pas omettre la phase d’évaluation qui devra permettre de
mesurer l’efficacité des actions
entreprises, grâce à des indicateurs précis.
Par
exemple, il serait judicieux à l’avenir de mesurer l’incidence du dispositif
extra-hospitalier sur le nombre d’entrées en unités d’admission au CHN. Car
l’objectif est bien d’éviter au maximum le recours à l’hospitalisation, tant
dans un souci économique que pour épargner des déracinements souvent
générateurs de régression chez la personne âgée.
« Il est de
constatation empirique que la présence ou le recours possible à l’équipe
psychiatrique diminue le recours à l’hospitalisation psychiatrique en cas de
troubles du comportement. L’intervention ponctuelle auprès du malade, de
l’équipe, de la famille, etc. peut aplanir la symptomatologie. L’hospitalisation
à temps complet en psychiatrie ne devant se faire que dans un but positif
diagnostique et thérapeutique et non pas d’exclusion. »[31]
2.
PROPOSITIONS
CONCERNANT
+ Plan
d’action N° 3 :
Mettre en place une permanence
téléphonique en direction d’un numéro
d’appel unique, permettant d’accueillir et d’orienter les appels si besoin.
+ Plan
d’action N° 4 :
Rédiger
une plaquette d’information expliquant les missions et les principes de
fonctionnement du CMP, puis la porter à la connaissance de tous les éventuels
partenaires : infirmiers libéraux, structures d’hébergement, services de
gériatrie hospitaliers, associations d’aide à domicile, médecins libéraux.
« L’équipe mobile devrait se
faire plus connaître (rôles, fonctions…) à l’ensemble des équipes en vue de
travailler plus en collaboration. »
(enquêté n°31)
D’ailleurs, pourquoi ne pas étendre la communication au-delà des
professionnels de terrain, en incluant des personnes relais de l’information
(association Alzheimer, Centre Local d’Information et de Coordination
gérontologique
(CLIC) du département…) ?
Plus
notre action se situera dans un registre de prévention, plus nous parviendrons
à éviter les situations de crises en intervenant le plus en amont possible.
+ Plan d’action N° 5 :
Promouvoir la communication, en
travaillant sur la transmission écrite des informations lors des interventions
des infirmiers de secteur, et en planifiant une collaboration active lors de
réunions de synthèse organisées par nos partenaires EHPAD et responsables de
secteur.
3.
PROPOSITIONS
CONCERNANT LE TRAVAIL EN RESEAU
+ Plan
d’action N° 6 :
Comme nous avons pu le voir, il
est préférable que les bureaux des infirmiers de secteur soient situés intra
muros, afin de préserver les liens entre unité d’hospitalisation et travail
en réseau.
En revanche, il faudrait avoir la
possibilité de réserver un point d’accueil dans les différents CMP de
l’ensemble du CHN, en cas d’éventuelles consultations de proximité. En
effet, si les interventions en CMP sont rares, elles existent et peuvent être
amenées à se développer. De plus, compte tenu que le projet de fédération psychogériatrique
entre dans le champ intersectoriel, une mise en commun des moyens de chaque
service devrait pouvoir être requise.
+ Plan d’action N° 7 :
Intégrer les réseaux existants
(réseau gérontologique du Grand Besançon qui se réunit depuis septembre 2002,
réseau gérontologique de Baume Les Dames qui englobe huit cantons) et prendre
part aux actions locales, aux réunions de travail, et être identifiés comme
membres partenaires du réseau.
+ Plan d’action N° 8 :
Se doter de conventions de
partenariat avec les structures d’hébergement et les associations de
soutien à domicile, dans lesquelles seront explicitement repris les engagements
respectifs : les acteurs du réseau accepteront de prendre en charge des
patients hospitalisés au CHN, sans se heurter à
une étiquette de « malades
psychiatriques ». Il pourrait même
y être fait mention d’un accès prioritaire ; Le CHN assurera un
suivi régulier de ces personnes âgées et s’engagera à les ré-hospitaliser si
nécessaire ; le retour en institution ou à domicile avec des aides
ménagères sera systématiquement envisagé après stabilisation des symptômes.
Car « c’est bien souvent une autre
psychiatrie qu’attendent les institutions gériatriques : celle qui serait
capable de supprimer tout comportement indésirable par une prescription. Et ni
les méthodes ni l’éthique de la psychiatrie publique ne pourront bientôt plus y
avoir cours si elles sont en quelque sorte concurrencées par de telles pratiques.
Un risque qui est en train de devenir réalité si l’on considère les erreurs
thérapeutiques à l’origine de nombreuses hospitalisations et l’esprit dans
lequel nous sont proposées, voire imposées, des conventions
inter-établissements faisant fi du projet de soin et du consentement du
patient. »[32]
4.
PROPOSITIONS
CONCERNANT LES ACTEURS
+ Plan d’action N°9 :
Fusionner les équipes infirmières
de secteur du service A et du service C afin de n’en former plus qu’une, d’harmoniser
leurs pratiques et de donner de la cohérence au travail en réseau.
Désigner des référents infirmiers
qui deviendraient des interlocuteurs privilégiés.
Cette
organisation concorderait avec le souhait des responsables de secteur n°34 et
n°36 qui aimeraient « pouvoir identifier les infirmiers » et « connaître
une personne référente. »
+ Plan d’action N°10 :
A nos missions d’accompagnement
et de suivi des personnes âgées en souffrance psychique s’associe de plus en
plus une mission d’expertise auprès des acteurs de terrain.
Recruter des intervenants
possédant un niveau de formation en psychiatrie et en gériatrie adapté,
est devenu un préalable incontournable. En l’absence de candidatures répondant
à ce critère, les infirmiers seront sélectionnés selon que leurs capacités
correspondront ou non à une fiche de profil de poste, qu’il ne faudra
pas manquer d’élaborer.
+ Plan d’action N° 11 :
Il sera pertinent d’évaluer la
charge de travail, afin d’adapter les besoins en personnel.
Une évaluation pérenne nous dira
si l’évolution démographique, qui s’oriente vers un vieillissement de la
population, sera un enjeu de taille pour nos calculs.
Et, même si évoquer la « révolution
de la longévité[33] » est devenu une banalité dans un sujet qui a
trait à la gérontologie, c’est pourtant un détour incontournable quand on
connaît son incidence.
Nous pourrions d’ores et déjà nous pencher sur la question du
vieillissement dans le Doubs, en avançant quelques chiffres [34] :
1 Dans le département les personnes de plus de 60 ans représentent 19,4 % de la population totale (1 habitant sur 5).
1 D’après une enquête réalisée par l’URCAM, 2200 personnes âgées de 65 ans et plus souffriraient de la maladie d’Alzheimer.
1
L’évolution de la population durant les 10 dernières années :
|
1990 |
1999 |
Variation
90 – 99 |
Population totale |
484 770 |
499 062 |
+ 14 292 |
60 – 69 ans |
42 829 |
45 251 |
+ 2 422 |
70 – 79 ans |
24 113 |
34 826 |
+ 10 713 |
80 – 89 ans |
13 613 |
13 553 |
- 60 |
+ 90 ans |
1935 |
3520 |
+ 1 585 |
1 L’espérance de vie est de 75,5 ans pour les hommes et de 82,1 ans pour les femmes.
1 La moyenne d’âge en établissement
avoisine 83 ans. Les femmes sont plus nombreuses (74 % pour 26 %
d’hommes). Et la durée moyenne de séjour est d’environ 5 ans.
1
Evaluation de la dépendance en établissement répartie par GIR :
1 La capacité d’accueil des établissements est de 3414 places autorisées, 3360 places installées, et de 3235 places occupées.
Le taux d’occupation est de 96,28%.
Et il y a en moyenne 653 personnes en liste d’attente.
« J’ai appris qu’une vie ne vaut rien, mais que rien ne
vaut la vie ».
André Malraux
CONCLUSION |
La
prise en charge de la personne âgée ne doit pas être morcelée au gré des
différents professionnels. Elle ne se limite pas à une juxtaposition de
diverses interventions. Au contraire, elle doit s’inscrire dans une démarche
globalisante, dans laquelle les acteurs du soin auront su tisser des liens
étroits de collaboration.
Les
infirmiers de l’équipe mobile de psychogériatrie du CHN ont un rôle privilégié
dans ce travail de liaison, ils sont un maillon fort du système de soin.
Au
début de ce travail je m’interrogeais sur comment
parvenir à démontrer que, bien que l’organisation actuelle des activités de
secteur en psychogériatrie donne toute satisfaction, rien ne nous dit qu’elle
ne peut être améliorée ?
Et
j’avais émis l’hypothèse que toute
organisation peut être optimisée sans avoir recours à de grands
bouleversements, et c’est en m’appuyant sur une étude réalisée auprès de nos
partenaires de soins que j’ai tenté de prouver que, bien que nos actions soient
efficaces et appréciées, elles peuvent évoluer vers des améliorations.
Requestionner
nos pratiques n’était pas une démarche vaine, c’est ce que l’enquête a tenté de
démontrer. Ce travail de recherche m’a permis de repérer les imperfections de
notre système de soins ambulatoires. Mon hypothèse de départ a bien été
vérifiée.
Nous
avons ainsi découvert au cours de l’analyse qu’il nous faudra à l'avenir
-
formaliser les temps consacrés aux
prestations de soins aux personnes âgées
et de conseils aux équipes,
-
améliorer
la communication et l’information,
-
développer
le partenariat actif avec les EHPAD mais aussi les services de soins à
domiciles en se dotant de conventions,
-
garder
à l’esprit que la psychiatrie de liaison est appelée à s’étendre, comme nous le
rappellent les projections démographiques,
-
recruter des personnels qualifiés
et compétents capables de dispenser soutien aux patients, à leur entourage, et
formation aux soignants fréquemment en
difficulté, car « Comment le personnel n’ayant bénéficié
d’aucune formation peut-il assurer une présence, c’est à dire écouter,
participer à la souffrance, mais refuser de se substituer à la personne pour
les gestes de la vie courante qu’elle ne peut effectuer elle-même ? Si le
personnel n’a pas de formation, il ne pourra comprendre que, la nuit la personne
âgée est souvent désorientée, a peur et sonne. Et au lieu de chercher la cause
de ce trouble, il lui enlève tout simplement la sonnette et la gronde. »[35]
A
l’évidence, comme le confirment les résultats de l’enquête, il faut avoir à
l’esprit qu’en dépit de la qualité de nos interventions, nous devons faire
preuve d’humilité et penser que nous pouvons toujours améliorer nos
prestations.
Ce
travail est une invitation à toujours
s’interroger sur notre pratique, quel regard, quel vécu nous renvoient nos
partenaires ?
En
outre, chercher à améliorer notre système de soins c’est déjà reconnaître à la
personne âgée le droit d’être bien soignée. Forts de ce précepte, nos actions
de soutien aux équipes soignantes contribueront sans aucun doute à la
valorisation du soin en gériatrie.
BIBLIOGRAPHIE
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Agitation et agressivité des personnes âgées : le point de vue du
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D.I.G.U.B., U.F. Gérontopsychiatrie, Psychoses et états délirants,
Eléments de cours mars 2001, Photocopie dont l’original est inconnu.
& CAPITAIN
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de cours mars 2001, Photocopie dont l’original est inconnu.
& Circulaire du 14 mars 1990 relative aux
orientations de la politique de santé mentale.
& Evaluation des pratiques
dans les établissements de santé Limiter
les risques de la contention physique de la personne âgées, ANAES, octobre
2000, 42p.
& MAURIN (R), Le projet de vie en long séjour : une aide à la
souffrance du soignant ?, Service Universitaire de Formation Continue
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& http://www.efii.com/ANFH/cadre/gmweb/cadre_GM_Optimisation.htm, 2004, 3p.
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http://look4.free.fr/psych/nevrose_ob.htm, 2004, 2p.
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& VINCENT (M.C), D.I.G.U.B.,
U.F. Vieillir à domicile, Interventions de secteur en psychiatrie,
Eléments de cours novembre 2002.
& VINCENT (M.C), D.I.G.U.B.,
U.F. Psychogériatrie, L’alcoolisme du sujet âgé, Eléments de cours
octobre 2001.
& Couverture : dessin de source non connue.
Madame, Monsieur,
Infirmière cadre de santé au
centre hospitalier de Novillars, je prépare actuellement un diplôme
interdisciplinaire de gérontologie à l’université de Bourgogne (D.I.G.U.B.).
Dans le cadre de ces études, mais
également pour répondre à l’objectif institutionnel de réorganiser ce service,
je réalise une enquête concernant le suivi ambulatoire des personnes âgées de plus de 65 ans atteintes de
troubles mentaux, par les personnels mandatés par le C.H. de Novillars.
Je vous remercie par avance de bien vouloir y collaborer, en répondant personnellement au questionnaire ci-joint, avec le plus de précision possible.
Comme vous pouvez le constater il est simple à compléter et son remplissage ne devrait pas vous demander beaucoup de temps.
Vos réponses seront exploitées
anonymement par informatique, et non pas traitées à un niveau individuel.
Je vous saurai grée de lui
réserver le meilleur accueil et de le retourner le plus rapidement possible
(avant le 23 août prochain) à l’aide de l’enveloppe réponse ci-jointe.
Si vous souhaitez des
informations complémentaires, vous avez la possibilité de me joindre au……………….
Madame, Monsieur,
Il y a quelques semaines, je vous
ai adressé un questionnaire concernant le suivi ambulatoire des personnes âgées de plus de 65 ans atteintes de
troubles mentaux, par les personnels mandatés par le C.H. de Novillars. Votre nom ou
celui de votre établissement a été tiré de façon aléatoire sur la liste des
professionnels du Doubs.
Si vous avez déjà renvoyé le
questionnaire, soyez-en sincèrement remercié. Si vous ne l’avez pas encore
fait, je vous saurais grée de le faire dès que possible. Il a été envoyé à un
échantillon de 72 professionnels susceptibles d’intervenir auprès de personnes
âgées, et vos réponses sont importantes pour réaliser une enquête au plus proche de la réalité du terrain.
Si vous souhaitez des
informations complémentaires, vous avez la possibilité de me joindre au ………………………les
lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h00 à 11h30 et de 13h30 à 16h30 ou au ……………………….pour
les autres moments.
Avec mes remerciements.
Service
Universitaire de Formation Continue de Bourgogne (SUFCOB)
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Sociales |
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Sociale |
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Nécessire |
Nécessaire |
36 |
6 |
dû |
due |
Sous
la direction de Martine AUBERT
Psychologue |
[1] MAURIN (R), Le projet de vie en long séjour : une aide à la souffrance du soignant ?, Service Universitaire de Formation Continue de Bourgogne, 1994, 53p, p.48.
[2] HESBEEN (W), Prendre soin à l’hôpital, Interédition Masson, 1997, 195p, p74.
[3] Université de Bourgogne, préparation au DIGUB
[4] Circulaire du 14 mars 1990 relative aux orientations de la politique de santé mentale
[5] Annexe 1
[6] CLEMENT (J.P), Guide pratique de psychogériatrie, Masson, 2002, 329p, p.266.
[7] http://www.efii.com/ANFH/cadre/gmweb/cadre_GM_Optimisation.htm, 2004, 3p, p.2.
[8] Annexe 2
[9] Annexe 3
[10]
Application Nationale pour Guider une Evaluation Labellisée Interne de
[11] AMYOT (J.J), Droit au choix, droit au risque au grand âge, Pluriels, n°39-40, novembre- -décembre, 2003, pp. 1 à 4, p.2.
[12] CHAZARAC (P.M) – MALTAVERNE (S), L’avenir de la gérontopsychiatrie au sein de la psychiatrie publique, L’information psychiatrique, n°8, octobre, 2001, pp. 786 à 790, p.789.
[13] LEGER (J.M) - OUANGO (J.G), Le psychiatre a-t-il encore sa place en médecine de la personne âgée, L’information psychiatrique, n°8, octobre, 2001, pp. 780 à 785, p.784.
[14] CNUCKAERT (X) – Prise en charge de l’agressivité du sujet âgé : le point de vue d’un gériatre, La revue du généraliste et de la gérontologie, n°88, octobre, 2002, pp.3 à 5, p.5.
[15]
MONTFORT (J.C) –
THOMAS (J) – SAGNE (A) – TRIDON (M), La crise suicidaire chez la personne âgée,
Soins gérontologie n°29, juin, 2001, pp. 13 à 28, p 25.
[16] CAPITAIN (J.P), D.I.G.U.B., U.F. Gérontopsychiatrie, Psychoses et états délirants, Eléments de cours mars 2001, Photocopie dont l’original est inconnu.
[17] VINCENT (M.C), D.I.G.U.B.,
U.F. Psychogériatrie, L’alcoolisme du sujet âgé, Eléments de cours
octobre 2001.
[18] FEIL (N) – Validation mode d’emploi, Paris, Editions Pradel, 2001, 236p.
[19] MONTFORT (J.C) – Agitation
et agressivité des personnes âgées : le point de vue du psychogériatre, La
revue du généraliste et de la gérontologie, n°88, octobre, 2002, pp.6 à 9, p.6.
[20] CAPITAIN (J.P), D.I.G.U.B., U.F. Gérontopsychiatrie, Etats névrotiques, Eléments de cours mars 2001, Photocopie dont l’original est inconnu.
[21]
BELLEVILLE (J),
D.I.G.U.B., U.F. Vieillir 1, Problèmes alimentaires chez la personne âgée,
Eléments de cours mars 2001.
[22] NOEL (P), « La porte » en psychiatrie des personnes âgées, L’information psychiatrique, n°8, octobre, 2001, pp. 820 à 822, p.821.
[23] CHALINE (B), Manuel de conception architecturale 2001, Cahors, Laboratoires Eisai et Pfizer, 2001, 147p, .p89.
[24] Evaluation des pratiques dans les établissements de santé Limiter les risques de la contention physique de la personne âgées, ANAES, octobre 2000, 42p.
[25] http://look4.free.fr/psych/nevrose_ob.htm, 2004, 2p, p1.
[26] AUBERT (M), D.I.G.U.B., Option « travailler auprès des Personnes Agées perturbées ou démentes », Préalables à la relation et repères pour mieux communiquer, Eléments de cours décembre 2001.
[27]
HERVY (M.P) – SALOM (M), Les établissements d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes, Le livre blanc de la
gériatrie, Paris, ESV Production, 2002, 431p, pp 167 à 174.
[28] Décret du 11 février 2002, 2002-194 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession infirmière.
[29] Annexe 4
[30] VINCENT (M.C), D.I.G.U.B., U.F. Vieillir à domicile, Interventions de secteur en psychiatrie, Eléments de cours novembre 2002
[31] CHARTRE (J.P.) – TIGNOL (J), Place et rôle des équipes soignantes psychiatriques dans les institutions pour personnes âgées, La revue du généraliste et de la gérontologie, n°27, septembre, 1996, 176, pp.48 à 50.
[32] CHAZARAC (P.M) – MALTAVERNE (S), L’avenir de la gérontopsychiatrie au sein de la psychiatrie publique, L’information psychiatrique, n°8, octobre, 2001, pp. 786 à 790, p.788.
[33] FORETTE (F), la révolution de la longévité, Paris, Grasset, 1997, 221p.
[34] Source : Schéma gérontologique départemental du Doubs (avant-projet) , octobre 2001, 93 p.
[35] WALTER (B), Soigner en gériatrie, un art, une passion, Vélizy, Lamarre, 1997, 197 p, p186.