Santé mentale et Soin
ABECEDAIRE
Abécédaire
:C’est un livre illustré destiné à l’apprentissage de la lecture. Cet abécédaire qui ne se prendra pas trop au sérieux, a pour but de nous remettre en mémoire l’ABC de l’art infirmier en santé mentale.
Foin des " Terminologies ", des " Dictionnaires " plus ou moins encyclopédiques, des " Lexiques ", des " Glossaires ", des " Taxonomies " dont l’emploi est déconseillé, des " Taxinomies ", des " Nosographies " et autres catalogues où l’on enferme les mots d’une profession et la réalité qu’ils décrivent.
Nous voulons un abécédaire pour l’émerveillement, pour redécouvrir chaque mot comme si c’était la première fois, pour conserver un regard d’enfant, un regard naïf mais si perversement polymorphe ou si polymorphiquement pervers, pour nous laisser surprendre par une expression qui décrit si justement ce que nous avons ressenti jeudi dernier en écoutant Jean-paul, l’entrant en H.O.
Un abécédaire pour redécouvrir le plaisir de capturer des fragments de réalité, pour redonner du sens à ce que nous vivons au quotidien, pour découvrir le mot juste, celui qui se rapprochera le plus possible de ce que nous voulons exprimer, écrire dans le dossier de soin ou dans l’article clinique que nous préparons.
Un abécédaire pour forger nos concepts, pour créer et soutenir un champ clinique infirmier, pour communiquer avec les autres professionnels de santé.
La première et la seule conversation que j’ai eue avec Eliane Mercier, directrice de l’Ecole des cadres de Bordeaux, rédactrice de Soins psychiatrie, aujourd’hui décédée est à l’origine de cette page. Le Comité de rédaction venait de s’achever, nous prolongions dans la rue la discussion entamée. Elle évoquait le travail de définition des différents termes utilisés par les infirmiers et l’impossibilité d’en caractériser certains par manque de références écrites. Je lui proposais d’utiliser dans des articles les mots manquants insuffisamment utilisés afin de faciliter ce travail de conceptualisation. De fil en aiguille, un vague projet de dictionnaire vit le jour. Peu de temps après, Eliane partait aux Antilles. Elle n’en revint pas.
Eliane n’est plus là.
Le dictionnaire est devenu un abécédaire.
Il n’y a pas de dictionnaire sans Académie. Nous autres infirmiers, on n’a pas de code de déontologie, on n’a pas d’Ordre alors créons l’Académie serpsy. Nous vous proposons d’en être les membres. Pour être de l’Académie Serpsy, il suffit de se promener sur le site, d’être titillé par une définition, de la modifier, d’en donner des exemples ou des acceptions. Vos définitions seront notées en italiques avec votre login entre parenthèses. Si un consensus se fait, elles seront retenues officiellement. Sinon, elles seront une étape de la définition. Le père de cette idée est indirectement Jean Argenty dont vous pouvez visiter le site.
Vous pouvez également nous envoyer des images pour illustrer les mots proposés, c’est un abécédaire, ne l’oublions pas.
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et si vous ne trouvez pas votre mot, proposez nous une définition...
Spatule avec laquelle on appuie sur la langue pour examiner la bouche et la gorge. L’abaisse-langue comme le tensiomètre ou le thermomètre fait partie des outils de base de la panoplie médicale. Pas moyen de jouer au docteur sans. Quand on appuie sur votre langue, cela a tendance à provoquer une légère nausée, ce qui fait de cet examen, un acte plutôt désagréable, surtout si vous avez une angine. A coter un sur l’échelle de douleur.
" Faites Ah ! " dit le docteur.
Je préfère dire " 33 "
" Ah ! " Que d’angines ainsi diagnostiquées !
En l’absence de médecin, face à un patient inquiet, angoissé, qui se plaint de la gorge et qui consomme de l’infirmier ou du médecin comme s’ils étaient une nourriture inépuisable, il est toujours possible de le rassurer en regardant sa gorge. Prendre l’air attentif, noter ce que l’on voit, poser quelques questions sur le moment où le patient éprouve des sensations douloureuses et lesquelles. Ainsi vous rassurez le patient et contribuez à orienter le diagnostic médical.
L’abaisse-langue peut servir à des tas d’autres choses. En médecine de brousse, cassé en deux dans le sens de la longueur, avec une compresse imbibée de synthol, il peut permettre de nettoyer une bouche asséchée, déshydratée, souillée, pleine de glaires. On n’est jamais trop attentif avec la bouche des patients.
FridomSe dit d’un muscle qui abaisse telle ou telle partie du corps. Pas de commentaire. A vous de jouer.
Le mot abandon apparaît au 12ème siècle, il est formé à partir de l’expression " a ban doner " qui signifie livrer quelqu’un, en l’exilant, à la discrétion et à l’arbitraire d’une juridiction étrangère (hors des bans). Abandonner quelqu’un est donc un acte grave, c’est le punir, le chasser de la communauté, lui ôter tous ses repères, toutes ses inscriptions sociales, toutes ses possibilités d’être un sujet de droit. L’être abandonné n’existe plus, il est socialement mort.
Par un retournement donc la langue est coutumière, le mot abandon, cesse de décrire un acte imposé, une punition, pour exprimer l’action de renoncer, de quitter contre son devoir, un lieu, une fonction ou une activité.
On parlera ainsi d’un abandon de poste.
Abandon par Freud de la théorie de la séduction
La théorie de la séduction part du constat fait par Freud qu’en cours de traitement, de nombreux analysants se remémorent des expériences de séduction sexuelle qui peuvent aller de simples avances en paroles ou par gestes jusqu’à un attentat sexuel manifeste (attouchements, pénétration).
Si Freud mentionne la séduction dès 1893, ça n’est qu’entre 1895 et 1897 qu’il lui donne une fonction théorique majeure. Cette théorie suppose que le traumatisme se produise en deux temps séparés l’un et l’autre par la puberté.
Le premier temps, celui de la séduction proprement dite, est caractérisé par Freud comme événement sexuel " présexuel ". Il est apporté de l’extérieur à un sujet qui, lui, est incapable d’émotion sexuelle. La scène au moment où elle se produit, n’est pas l’objet d’un refoulement. C’est seulement lors d’un second temps qu’un deuxième événement, qui ne comporte pas forcément de signification sexuelle en lui-même, vient évoquer par quelques traits associatifs le souvenir du premier. C’est en raison de l’afflux d’excitation déclenché par le souvenir que celui-ci est refoulé Enoncer que la scène de séduction est vécue passivement ne signifie pas seulement que le sujet a un comportement passif dans cette scène mais qu’il la subit sans qu’elle puisse évoquer chez lui de réponse, sans qu’elle fasse écho à des représentations sexuelles.
Freud attribue une telle importance à la séduction dans la genèse du refoulement qu’il cherche à retrouver systématiquement des scènes de séduction passive. On en trouve des exemples dans " Les études sur l’hystérie ". Mais, cet aspect systématique est tel qu’il va progressivement mettre en doute leur véracité. Les lettres à Fliess montrent bien les doutes qui s’emparent de lui et l’importance du débat intérieur du chercheur. La mort de son père est un élément important dans l’abandon de cette théorie. Freud découvre que les scènes de séduction sont parfois le produit de reconstructions fantasmatiques, découverte corrélative de la mise à jour progressive de la sexualité infantile.
Le pas théorique est important, il constitue un pas décisif dans l’avènement de la théorie psychanalytique et, dans la mise au premier plan des notions de " fantasme inconscient ", de " réalité psychique ", de " sexualité infantile spontanée ", etc. (1)
Il y a donc un siècle, Freud abandonnait la théorie de la séduction, acte fondateur dont il paraît essentiel de se souvenir aujourd’hui. Si Freud cesse de croire au caractère systématique de ces scènes de séduction, il n’en pense pas moins que celles-ci sont fréquentes, et ont une valeur pathogène certaine.
" Toute la question est de savoir s’il faut considérer le fantasme de séduction comme une simple déformation défensive et projective de la composante positive du complexe d’Œdipe, ou s’il faut y voir la traduction d’une donnée fondamentale : le fait que la sexualité de l’enfant est toute entière structurée par quelque chose qui lui vient comme de l’extérieur : la relation entre les parents, le désir des parents qui préexiste au désir du sujet et lui donne une forme. En ce sens, la séduction réellement vécue aussi bien que le fantasme de séduction ne seraient que l’actualisation d’une telle donnée. " (1)
Ces questions, loin d’être une lubie de psychanalyste détaché du quotidien, se posent de plus en plus souvent à des soignants confrontés aux confidences de patients victimes de séduction sexuelle. La prise en compte sociale du danger représenté par les attentats pédophiliques multiplient ces confidences et plongent les soignants dans une certaine perplexité. Entre ceux qui grimpent sur leur cheval blanc pour aider à châtier le terroriste sexuel et ceux qui minimisent et invalident le discours du patient, il importe de ne pas oublier la théorie, et de savoir que les raisons de l’une ou l’autre attitude sont obscures et renvoient aux motivations inconscientes des uns et des autres. Les conséquences de l’attitude des soignants peuvent être terribles, d’où la nécessité de savoir de quoi et d’où on parle.
1 – D’après LAPLANCHE (J), PONTALIS (J.B), Vocabulaire de la psychanalyse, P.U.F., Paris, 1967.
FridomL’abandonnisme est un sentiment et un état psychoaffectif d’insécurité permanente, lié à la crainte irrationnelle d’être abandonné par ses parents ou ses proches, sans rapport systématique avec une situation réelle d’abandon.
Si nous trouvons dans l’histoire infantile du patient des épisodes d’abandon réel ou de deuil, de rejet par les parents, tous les enfants abandonnés ne deviennent pas abandonniques. Des interactions parentales pathogènes très précoces jouent probablement un rôle important dans la genèse de cet état.
Les sujets qui souffrent d’abandonnisme sont souvent hypersensibles, anxieux, instables sur le plan caractériel, fragiles sur un plan émotionnel ; en général, ils ne supportent pas la frustration.
Ces sujets s’avèrent extrêmement complexes à soigner, notamment en institution. On retrouve chez eux en même temps une souffrance liée à un vécu d’abandon, d’isolement, de privation affective, un repli sur soi, une auto-dépréciation, des tendances à régresser vers des positions infantiles et en même temps une tendance à agresser constamment l’autre dans une sorte de comportement réactionnel impulsif.
Pour J.L. Faure, le problème psychoaffectif est chez eux de " l’ordre d’une frustration imaginairement ressentie ou redoutée et inacceptable, comme dans l‘attente d’un abandon toujours virtuellement possible (mais dont la réalisation concrète, si par accident elle survient, s’avère sans influence sur ce sentiment ou même paradoxalement l’atténue, dans la mesure sans doute où l’expérience vient se substituer à l’attente imaginaire) " (2)
Autrement dit, ces sujets appréhendent tellement l’abandon qu’ils vont tout faire pour le provoquer. Plus la relation établie avec eux est importante, plus le risque d’abandon leur semble grand, et plus donc il leur faut attaquer ce lien. Ils sont à la fois dans une demande de remplissage relationnel et dans l’impossibilité d’accepter un tel remplissage. Le manque est tel qu’il est impossible, de toute façon, de le combler.
Faut-il considérer ce caractère abandonnique comme une névrose d’abandon (C. Odier, G. Guex), comme un état limite, comme une psychonévrose narcissique (O. Kernberg) ? Aux spécialistes de fournir des éléments de réponse.
Il est important de savoir que si la psychothérapie peut être aidante, la psychanalyse est inopérante et déconseillée.
Les sujets abandonniques posent de nombreux problèmes à l’institution soignante. Convaincus qu’ils ne peuvent être aimés à la mesure de leur exigence d’amour, convaincus qu’ils ne sont pas aimables et qu’ils ne peuvent donc qu’être rejetés, ces patients n’ont de cesse de provoquer le rejet. Ils s’ingénient d’autant plus à la provoquer qu’ils trouvent dans l’équipe des soignants convaincus que leur mission est de réparer les failles des patients, de combler leur vide d’amour, de se réparer eux-mêmes en réparant l’autre. Moins les soignants se vivent comme perfectibles plus ils deviennent les jouets de ces sujets experts dans l’art de déceler les failles d’un fonctionnement institutionnel qu’ils ont pu expérimenter tout au long de leur parcours. S’instaurent alors assez vite des interactions soignants/soigné hautement pathogènes où tout ce qui se passe est vécu sur un mode affectif sans recul théorique. Il peut se créer un système où la tolérance, le dévouement, l’acharnement thérapeutique de ces soignants conduisent le sujet à aller de plus en plus loin dans sa tentative de se faire rejeter. Ces attaques du sujet abandonnique impliquent elles-mêmes un surcroît de dévouement chez les soignants. Les patients sont alors parfois conduits à perpétrer des passages à l’acte de plus en plus graves qui vont les amener à être isolés pour des durées de plus en plus longues. Les soignants peuvent également multiplier les contre-attitudes qui vont conforter ces sujets dans leur conviction de ne pas être aimables et les inciter également à multiplier les passages à l’acte ; leur demande d’amour n’étant jamais prise en compte, les réactions de rejet seront prises comme des manifestations d’amour perverties.
Les guéguerres infirmiers/médecins sont le terreau rêvé pour ces spécialistes du rejet.
La prise en charge de ces patients implique une institution qui travaille sur son propre fonctionnement (réunions de synthèse où sont abordées et réfléchies les relations soignants/soigné, supervision personnelle ou supervision d’équipe), une institution au sein de laquelle la théorie soit vécue comme un enrichissement de la pratique et non pas comme un hobby des psychiatres et des psychologues, une institution au sein de laquelle chacun éprouve suffisamment de plaisir à penser, à soigner pour que le patient ne soit pas la seule source de gratifications.
Sur un plan infirmier, les soignants ont tout intérêt à proposer des temps de rencontre (entretiens, activités) réguliers, inscrits dans le temps plutôt que de tenter de répondre au coup par coup à des demandes impossibles à exhausser. Le sujet attaquera le cadre proposé mais il vaut mieux qu’il attaque ce cadre que la relation établie.
Les soignants doivent également apprendre à différencier ce qu’il en est d’eux en tant que personne, et le rôle qu’ils jouent. Le sujet abandonnique n’attaque pas la personne mais l’objet d’amour possible, c’est en tant qu’objet d’amour possible, et donc potentiellement rejetant que le soignant doit se penser Ce n’est pas uniquement un adulte que nous avons en face de nous, mais un nourrisson frustré de la présence maternelle, que le soignant ne peut remplacer.
Cette blessure de l’abandonnique ne peut être réparée. Il la portera toute sa vie. Le rôle du soignant est de l’aider à faire avec, à trouver des aménagements qui limitent ses attaques contre tout lien affectif. C’est peu mais c’est énorme.
2 – FAURE (J.L), cité in Grand Dictionnaire de la psychologie, Paris Larousse, 1991.
Un abcès, c'est un amas de pus dans une partie du corps.
On parle d'abcès chaud dû le plus souvent au staphylocoque ou au streptocoque. Il s'accompagne des signes de l'inflammation. Staphyllo et Strepto sont des sortes de troll invisibles qui persécutent les infirmiers qui en ont une trouille bleue. Les bons infirmiers arrivent même à les sentir. Ils perçoivent le grouillement des microbes sur le sol, sur les paillasses, dans l'urine qui parfume les services de gérontopsychiatrie. Je me souviens des recommandations de mes collègues qui me conseillaient de mettre une de ces blouses courtes qui s'arrêtent à la ceinture. C'est bien connu, Strepto et Staphyllo en microbes bien élevés ne frappent pas en dessous de la ceinture.
Nous laisserons de côté l'abcès froid pour nous intéresser à l'abcès de fixation.
L'abcès de fixation est un abcès provoqué artificiellement pour localiser une infection générale. La technique est aujourd'hui abandonnée. Dans un sens figuré, l'abcès de fixation permet de circonscrire un phénomène néfaste ou dangereux. Par exemple, quand les infirmiers commencent à remettre en cause le fonctionnement institutionnel, il est stratégiquement habile de provoquer un abcès de fixation afin d'éviter que l'infection que cela représente ne se généralise. Il existe différentes techniques. On peut par exemple attaquer personnellement celui qui semble être le leader. Il est ainsi obligé de se justifier et n'a plus l'opportunité de développer ses arguments. Lorsqu'une situation, un problème caché empoisonne la vie institutionnelle, l'infirmier qui veut vider, crever l'abcès doit savoir qu'on lui opposera un abcès de fixation. Mais l'institution doit également savoir qu'un pet retenu provoque un abcès au trou du cul. Economiquement, cela n'est pas simple. L'abcès de fixation n'est une solution à court terme. A moyen et à long terme, il faut traiter les causes de l'inflammation.
fridom
fridom
Appelé parfois "Abdelkader al-Djazaïri" ("Abdelkader l'algérien"), car son père s'appelait Mouhyi ad-Dîn al-Djazaïri.
Si l'image principale que l'histoire retient de ce grand personnage est son nationalisme et son opposition farouche à la colonisation française en Algérie, sa dimension d'homme de lettres, de penseur et de soufi -non moins importante que la première- est restée au second plan.
Adepte de la guerre sainte (Djihad), nourri aux textes sacrés, son combat politique et militaire contre les français durera quatorze années: on retiendra plusieurs dates importantes: 1832, Abdelkader devient Emir et, grâce à l'accord passé avec le général Desmichels, obtient la pleine souveraineté sur le royaume éphémère de Mascara (1834).
1837, il signe un pacte de non-agression réciproque, dit "Traité de la Tafna" avec le maréchal Bugeaud.
1843, le duc d'Aumale eut raison de la smala du grand chef guerrier.
1847, Abdelkader se rend au général Lamoricière. Il est interné successivement à Toulon, Pau et Amboise, avant d'être exilé à Damas, en 1860, où il mourut.
Sa tombe voisinera avec celle du plus grand soufi de l'Islam occidental, Ibn Arabi. Les cendres de l'Emir Abdelkader furent rapatriées en Algérie en 1979 où il repose désormais au cimetière d'El Alia.
Pour l'Algérie indépendante, l'Emir Abdelkader constitue le symbole vivant de la fierté nationale: il est celui qui, le premier, aura jusqu'au bout milité pour une identité arabo-berbère et surtout islamique de son pays.
Par ailleurs, celui qui deviendra l'Emir pour la France, le chef de guerre respecté, est également un commentateur patenté et un soufi de renom. On lui doit plusieurs essais pénétrants, parmi lesquel -outre la chasse- certains sont consacrés à Ibn Arabi. Enfin, on sait qu'il fut initié aux arcanes de la Franc-Maçonnerie.
"Dictionnaire des symboles musulmans. Rites, mystique et civilisation". Malek Chebel.
Son nom signifie Serviteur de l'Omnipotent. C'était aussi un poète.
Abdelkader, j'en ai rencontré un, il y a presque vingt ans. Drapé dans son burnous et la soixantaine bien sonnée, c'était un Abdelkader des HLM. Il m'a enseigné l'écoute du silence et m'a montré l'espace du silence mais c'est une autre histoire, un peu éloignée de la résistance politique de l'Emir, quoique.
Marianne Clin
Enfin un mot sérieux. Le dictionnaire étymologique le confirme en en faisant un dérivé savant du latin abdomen, abdominis ventre. L'abdomen serait donc le ventre pour les médecins, les savants. En 1921, le dictionnaire le décrit comme la partie du corps qui renferme les intestins. Aujourd'hui, l'abdomen est défini comme la région inférieure du tronc de l'homme et des mammifères, séparée du thorax par le diaphragme et limitée en bas par le bassin. Parmi les organes abdominaux, on trouve l'estomac, les intestins, le foie, le pancréas, la rate, les reins, etc. Notre but n'étant pas de faire un cours d'anatomie, nous nous arrêterons là. Nous avons donc deux mots qui décrivent la même région (en gros) : ventre et abdomen. Ainsi lorsque le patient se plaint du ventre, le médecin se réfère à l'abdomen et aux organes qu'il contient. Le Nouveau Larousse encyclopédique nous le dit bien : " L'examen médical a pour but de rechercher une contracture des muscles de la paroi abdominale, ce qui serait signe de péritonite, ou bien, etc. ". Le ventre est du registre de la plainte, du ressenti du patient, du symptôme, l'abdomen est du registre d'une interprétation, d'une lecture, du signe d'une éventuelle maladie. Chaque partie du corps est investie d'une certaine façon par le patient. C'est ce que nous dit le dictionnaire de 1921 en limitant l'abdomen aux intestins. C'est aussi ce que nous apprend l'anthropologie en observant que les Japonais ont développé une sémiologie extrêmement fine des problèmes intestinaux, sémiologie que l'occident ignore et dont l'essentiel est même intraduisible en français. On ne peut pas ne pas faire le lien entre le rite du hara-kiri, le suicide pratiqué au Japon, où le suicidant doit s'ouvrir le ventre et en sortir ses intestins et cette sémiologie si riche qui montre que contrairement à nos sociétés, l'abdomen est une région noble pour les Japonais. On peut noter en revanche la relative pauvreté de la sémiologie des troubles cardiaques au Japon. Le diagnostic médical se réfère à l'abdomen, aux variations pathologiques qui l'affectent, à une causalité physiologique et au traitement qui en découle ; ce que les soignantes anglo-saxonnes nomment le " diagnostic infirmier " se rapporte au ventre. Que ressent le patient, comment se représente-t-il ce qui se passe dans ce ventre, comment vit-il ces grouillements, ces gargouillis, ces flatulences, ces brûlures ? C'est de cela que traite le diagnostic infirmier. La constipation, par exemple, n'est pour l'infirmier pas essentiellement une histoire d'abdomen, d'intestin. C'est un investissement particulier de la sphère anale qui se réfère qu'on le veuille ou non à l'apprentissage de la propreté, au premier cadeau que fait l'enfant à sa mère, à la relation avec l'équipe soignante, à une façon particulière de digérer les épreuves douloureuses de la vie, de les éliminer, etc.. C'est un certain nombre d'habitudes de vie, de rituels que l'hospitalisation perturbe. Certains ne peuvent y " aller " sans un journal, d'autres ont des heures précises, d'autres doivent boire un jus d'orange à jeun, etc. Le premier soin à proposer à la personne constipée lorsque l'on est infirmier est de l'écouter, de l'amener à nous raconter ces rites, ces représentations. Le traitement proposé par le médecin n'en sera que plus efficace. Il ne s'agit pas de faire une psychanalyse, juste d'écouter ce savoir que le patient a de lui-même, ces valeurs qu'il associe à ce que la médecine nomme abdomen. fridom
Dans l'ordre des choses, et s'il existe quelque justice dans ce monde, en serai-je non seulement le géniteur mais aussi le tuteur, le censeur, le Dieu, celui qui a pouvoir de vie et de mort sur ces progénitures.
Ai-je l'exorbitant pouvoir de décider d'effacer les définitions incluses sans mon avis à l'intérieur de ce ventre ?
Le père est celui qui a le droit de féconder la mère. Halte là enfants incestueux ou bien ne suis-je pas le père mais qui suis-je ?
Question que ne se posent pas assez les psychiatres qui voient dans nombre d'infirmiers des enfants incestueux.
Le père est une extrémité dont tout dé-coule. Il n'est pas un homme mais une tension. Ainsi ne suis-je pas le père de l'Abécédaire (même indirect) mais un véhicule de la tension de ce qui veut être et sera.
jean.argenty@wanadoo.fr
Pour ma part, je reste sur ma faim... (Emmanuel