Il ne faut pas embrasser les
élèves !
Ma première fois en psychiatrie c’était un matin à essayer d’entrer dans un pavillon fermé. Une dame d’un certain âge, en tenue, s’avance, vers la porte pour m’ouvrir. J’ai su cinq minutes plus tard que c’était une aide soignante et qu’elle allait être ma référente lors de ce stage.
Derrière elle accourt les bras ouverts, en se
dandinant, un grand sourire aux lèvres, un patient petit, obèse avec une tête
énorme.
Dans mon esprit, deux questions pressantes se
forment :
« Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je
suis censée faire ? »
Le patient s’avance de plus en plus.
« Maman, au secours, non madame au
secours ! » Je me dis dans ma tête.
Ouf ! Je suis soulagée, l’aide soignante se
retourne et coupe le patient dans son élan en le prenant par les mains. Elle
lui dit que je suis une élève et qu’il n doit pas m’embrasser.
J’ai eu peur, j’ai eu chaud.
Ensuite, il a fallu rester dans la salle de vie avec
tous les patients.
Les uns me touchent les bras, les autres les mains.
Je ne sais que faire puisque aujourd’hui, mon
premier jour de stage est un jour d’observation …
Arrive enfin l’heure du repas où l’on me sollicite
pour le service à table.
Je me sen plus utile et j’ai moins peur.
A la fin de ma première journée je dis au revoir
avec un peu moins peur et l’envie de revenir.