L’arbre d’Esquirol
La vois-tu traversant le long parc ?
Un autre temps, une autre fois,
un jardin portait ses arbres
comme ce parc.
Elle avait pour elle alors l’enfance .
Tu le connais toi ce temps singulier du matin
où la nuit imprègne encore les branchages ?
C’est le temps de bascule.
Si tu le regardes avec courage, ce ciel
tu verras flotter des milliers de proses
lâchées au vent des siècles
comme des ballons d’enfant.
La vois-tu traversant le long parc
choyant une nostalgie qui la drappe
sous la pluie fine.
Parler serait ridicule
un vêtement trop court
donnant à la déconvenue
de sa traversée,
une forme.
Tu le connais toi ce temps
-celui qui râte
-celui qui bascule
où la poésie monte
comme la colère gronde
avec son inutilité, utile.
Vivre serait ridicule
mais certains jouent aux cartes
dans des bistrots mal feutrés
pour gagner ou pour perdre.
Vivre serait ridicule
mais certains font attention
à choisir leurs fruits mûrs
pour mûrir.
Elle, elle traverse le long parc
-Hopital Esquirol-
Pour elle
ce sont pourtant les arbres
du jardin de l’enfance.