Conte De Noël.
Evidemment, les flocons tombaient sur la ville comme dans un film de Capra.Paris avait ses toits blancs, et les passants se hâtaient pour retrouver le chaud d’une maison.
Ce jour là, Antoine était perplexe.Un camarade d’école lui avait appris la terrible nouvelle.Plus qu’un deuil, c’était une tragédie.Non seulement il n’existait pas, mais il n’avait jamais existé ! Alors, pourquoi toutes ces illuminations, ces cadeaux, ces victuailles ?
Antoine du coup, n’avait plus le cœur à la fête, et même le sapin, il le trouvait ridicule, et grotesque.
Antoine aimait les ballades dans le quartier.Sa mère le laissait aller jusqu’à la boulangerie tout seul, et d’ailleurs ce jour là, parcequ’il était perplexe et d’aucune humeur festive, elle tenta de rétablir la gaieté en l’envoyant avec quelques menues monnaies s’acheter des chocolats de Noël.
Perplexe, il le fît ; les flocons sur le bout du nez lui glaçaient la peau, un an avant il aurait aimé cette sensation ;là il maudissait les flocons, et toute cette délicieuse mascarade.
En allant à la boulangerie, il passa devant une petite porte en bois entrebaillée.
-Tiens, se dit il, je ne l’avais jamais vu cette porte là…..
Alors, toujours comme dans un film de Capra, la porte s’ouvrit…..
Un homme à la bouille sympathique comme un potiron fit signe à Antoine d’entrer.
Antoine le fit instinctivement, sans réfléchir.
Et là, comme c’était étrange…. il s’agissait d’un intérieur de maison toute biscornue
Les objets ne’y étaient pas tout à fait comme ailleurs, ils avaient à chaque fois comme une différence, un écart, une drôlerie.
-C’est drôle chez toi, dit Antoine
Oui, dit l’homme faisant sourire sa face de citrouille.
-Ta lampe, il manque l’ampoule…..
C’est une ampe dit le monsieur, et elle m’éclaire comme ça.
-Ah bon…..Dit Antoine
Ô… dit Antoine c’est quoi ce lit, il est tout tordu !
C’est un it, c’est pour ça, j’y dors mi-assis mi-debout, mi-heureux mi-triste.
-Ah bon dit Antoine, ma maman elle dit que la literie (il fait son enfant-savant) c’est très important pour le dos !
Mais ma iterie est très confortable, plus je suis triste, plus elle s’incline !
-Ah bon répondit Antoine.
Ô dit encore Antoine, et ça c’est quoi, on dirait des livres mais ils n’ont pas de couvertures !
-Normal…ce sont des ivres, répondit face de citrouille, alors tu penses bien que les couvertures, même en hiver, ils n’en ont pas besoin.
Antoine d’un coup d’œil remarqua d’autres objets bizarres, une louche carrée posée sur une drôle de table, un tableau curieux troué au centre…..
-Tu veux un chocolat dit face de citrouille.
Non ,dit Antoine ma maman elle me dit que faut pas que j’accepte des bonbons des inconnus…
Ben elle te dit beaucoup de choses ta mère, dit l’homme sans sourire cette fois.ET tu la crois ?
-Ben dit Antoine, en général mais pour Noël elle m’a menti…..
-Je ne crois pas dit l’homme, souriant de nouveau.
Allez prends donc ton chocolat et file !
Antoine accepta.Là encore, ils étaient curieux les chocolats…..
Antoine ferma la porte, l’homme le salua, comme dans un film de Capra.
Au moment du départ Antoine remarqua sous la sonnette le nom de l’homme.
Monsieur PER-NO « L ».
Alors qui croire dans ce monde ?
L’enfant, l’adulte, le sage, ou le poète ?
Elena