Et si j'évoquais des choses un peu folles.
Té, un directeur d'hosto qui fait enlever les poignées de portes extérieures des bureaux pour limiter le va et vient des employées, incroyable non, c'est aussi ce que s'est dit l'agent de sécurité incendie.
Vé encore, une directrice qui en introduction d'un groupe sur la mise en place de la réduction du temps de travail énonce "ici on n'est pas là pour parler de morale mais de stratégie" que c'est beau.
Té, Vé, un directeur qui va faire l'homme à la place d'un infirmier dans une unité de soins, vous y croiriez? Moi non plus je n'y avais pas crû. C'est vrai que l'on vit des choses extraordinaires en psychiatrie, on y entend aussi des histoires abracadabrantes du style "les contractuels ne sont recrutés que pour remplacer les absences temporaires" autant croire au père Noël ou a une augmentation des bas salaires ou même à une réduction du temps de travail compensée par des embauches équivalentes.
De toute façon notre ministre a annoncé la disparition des centres hospitaliers spécialisés, CHS, c'est pas fou ça. Ah oui il restera bien des unités de soins pour les malades difficiles et ou dangereux, mais ça ne s'appellera plus centre hospitalier sûrement. Y soignera t'on encore. Ne vous y trompez pas on s'acharne toujours a soigner pour l'instant dans nos obsolètes CHS, activité maintenue pendant les travaux de déstructuration. Mais que ferons nous avec M Levert qui commence au bout de sept ans a tenter de faire le tri entre responsabilité et culpabilité dans le parenticide qu'il a commis et entrevois l'ombre d'un soupçon d'une évolution. Et avec M Bullet, qui au bout de cinq ans est encore incapable d'évoquer le contenu du délire Rambo maniaque qui l'a conduit au pire. Quant à M Massat qui s'ouvre à la vie après de longues années de repli faute d'une prise en charge adaptée tout comme M Sony, devront ils retourner tous s'enfermer dans leur citadelle mentale.
Raser les CHS, chiche, si c'est pour amplifier l'exercice d'un soins moins contraignant, soin en ambulatoire, développement de structures de proximité, une autre forme d'organisation des soins de moyen et de longue durée en osmose avec les secteurs sociaux et médicaux sociaux.
TouS les éléments du dispositif existent et ne demandent qu'à être harmonisés et doté des moyens nécessaires pour devenir très vite une réalité efficace. Seulement on se heurte au problème que connaît tout intervenant des secteurs sanitaires et médico-sociaux.
Soigner demande du monde, ce monde pèse en salaire et ces salaires ne s'amortissent pas comme du matériel ou de l'immobilier. Alors on fait appel à la chimie et à l'enferment. Pas parce que c'est mieux pour le patient mais parce que c'est moins coûteux au jour le jour que de payer des intervenants. Et contrairement aux discours ce sont les signes du renfermement que donnent nos gestionnaires.
Plus possible de permettre la réadaptation d'un patient hospitalisé en psychiatrie vers un centre médico social ou foyer de jour, notre fonction publique hospitalière locale a dénoncé les conventions antérieures avec les structures privées non lucratives sans bien entendu en proposer de nouvelles. En seulement six mois le projet de création d'une unité de soins close de vingt lits voit le jour alors que tous les autres projets n'en finissent pas d'aboutir, depuis plus de trois ans pour certains.
Unité de soin close, maison close, loin d'être une maison de tolérance c'est l'aboutissement de toute les intolérances.
L'autre projet en vogue consiste a augmenter le nombre de places vouées à l'accueil de personnes gravement handicapées. Plus vouées a une prise en charge technique que relationnelle, autrement dit à des soignant de moindre coût. Seulement les soignants étant avant tout des humains, là où ils sont et avec ce qu'on leur donne ils font toujours leur maximum.
Ainsi malgré tout du soin relationnel se met en place pour ces malades rebaptisé arriérés, et du soin tenteront de faire les futurs salariés de l'unité de soin fermé. Mais pourquoi donc l'appel d'offre pour les travaux de cette structure est il publié qu'aucun projet de soin ni médical, ni infirmier, ni quoi que ce soit n'ait vu le jour.
Notre directeur mène campagne pour sécuriser les issues des unités de soins existantes, limitateurs d'ouvertures aux fenêtres, étude des modes "d'évasions" ainsi de suite, la psychiatrie est trop perméable, du coup depuis une semaine la porte principale de notre unité de soins est librement ouverte de neuf heures a dix huit heures. Puisque une unité spécifiquement fermée doit être crée, les autres sont censées être ouvertes non. Au fait il paraît que le maire de la commune mène campagne auprès du préfet pour qu'il durcisse sa position sur les autorisations de sortie pour les patients sous contrainte de soins.
C'est fou tout les signes d'ouverture que l'on reçoit.
Il n'y a pas un bouquin qui sorte sur les prisons sans qu'un passage n'évoque le fait que de nombreux détenus nécessiteraient une prise en charge en santé mentale, il n'est pas un crime atroce ou affreux sans que les politiques n'invoquent de suite la mission du soin psychiatrique et de même pour tout ce qui relève de la violence massive et répétitive née des ghettos et de l'exclusion.
J'y vais un peu fort là, bien sûr que non.
Tenez, un autre truc fou, on ne forme plus d'infirmiers de secteur psychiatrique depuis dix ans et il se murmure que la psychiatrie doit devenir un fonction infirmière spécialisée… sans que les survivants du précédent diplôme ne soient reconnus tels, puisqu'ils ne sont pas reconnus infirmiers, ils ne peuvent être spécialisés. Compliqué, pas vraiment, l'objectif était de substituer une formation à orientation sciences humaines par une autre fondée sur un substrat technique qui s'avère insuffisante pour affronter les implications du soin en psychiatrie.
Enfin pour nous rassurer la direction a publié plusieurs notes de services sur l'usage obligatoire des "bips" d'alarme et sur le caractère impératif des demandes de renforts. Comme ça si un jour on s'en prend une bonne, comme on dit, l'administration pourra toujours se dédouaner en stigmatisant le fait que nous ne portions pas le bip pour alerter.
"Il n'est pas question de morale mais de stratégie" c'est bien ce que nous a dit une directrice la semaine dernière. J'espère que ce n'est pas une sentence ministérielle.
Dommage, la dynamique de soin du pavillon Lacan évoluait favorablement depuis Décembre et les giboulées d'Avril avait présidées à la mise en place d'activités thérapeutiques nouvelles en plus d'ouvrir ses portes, nous devons être encore à contre courant, c'est fou non.