CHRONIQUE DU PASSAGE
ENTRE
Entre Lucien
5ème ‘chronique
du lundi’. Lundi 4 décembre. La démocratie ? dis tu ?
Ami
Ami entends tu
Le chant sourd
Des amis
Qu’on enchaine
Ami…
Mais où sont nos amis
disparus ?
SERPSY
veut de la poésie, dites vous, elle ne peut être que douloureuse en ce moment
La
nouvelle de l’AFP est tombée, sèche, ce matin.«’ Ils’ ont, en une loi, maltraités
délinquants et malades ».
Mais
bon Dieu !
Où
va la démocratie ?
Certes
la démocratie n’empêche personne de s’exprimer.
Les
grecs le savaient qui jugeaient leurs élus lorsque ceux ci avaient été capables
de commettre des lois incompatibles avec
Demain
il faut juger (‘mettre en examen’ disent ils aujourd’hui, voilà bien une preuve
de l’hypocrisie de ce régime qui veut donner à la justice une couleur de
guimauve ! Il nous faut des institutions sereines, une justice, mais une
vraie, une police, mais une police de proximité). Demain il faudra passer en
jugement ceux qui ont trahi
Et
comment traite-t-on les hommes aujourd’hui ?
Une
question philosophique et humaine d’une importance essentielle aux conséquences
profondes sur la vie de notre société, car mettant fin aux processus
d’exclusion, vient d’être traitée comme une décision concernant une voirie
abandonnée ! et encore !
‘A
la sauvette !’, en pleine nuit.
Délinquance
et troubles psychiques sont d’abord associés pour être par la suite amalgamés
dans l’esprit des gens, ce qui flatte et facilite après les sentiments de
rejet.
La
délinquance vient d’être désignée du doigt comme un geste incontrôlé, donc un
geste de folie qui doit faire peur ; et il doit faire peur plus qu’un
crime, car il est prévisible, donc prémédité et prémédité inconsciemment, ce
qu’il y a de pire ; ainsi il n’est même pas nécessaire qu’il y ait acte de
délinquance, il suffit qu’il y ait ‘pressentiment’ de délinquance au dire de
quelqu’un de l’entourage pour commettre un acte tel ! la délation est là
le nouvel ordre moral.
Alors
aussitôt on le mettra à l’écart, et s’il y a un doute de folie, c’est la
psychiatrie et son obscurité qui s’en occuperont, donc les oubliettes…
Quand
à la psychiatrie, elle reste toujours dans l’esprit des hommes en France une
image renvoyant aux pires fantasmes des actes imprévisibles dépassant
l’imagination, et qu’il faut donc exclure. Certes avant 1838 et sous le coup
des tribunaux révolutionnaires (1793) les fous étaient associés aux animaux
très dangereux. Après des mois de débat au parlement en 1838 ils sont revenus
parmi les hommes…Ce fut un progrès immense ! mais « les malades
mentaux » ont fait ensuite l’objet d’une exclusion de plus en plus
surveillée, au fil des années du fait du désir d’une société de plus en plus
sophistiquée, régulièrement réveillée par des medias en quête de ce qu’il y a
de pire chez l’homme, sachant que lorsque l’on agite la peur, le crime, le
scandale, on fait vendre le journal…
Depuis
des générations de soignants la découverte de Pussin et Pinel affirmant que
« la folie complète n’existe pas » et que l’humain est présent dans
toute personne un moment troublée sur le plan psychique, cette découverte a
formé les soignants, elle a accompagné tous les progrès thérapeutiques
(psychothérapies, chimiothérapies, éducation et comportement), elle a démontré
qu’en faisant l’effort d’instaurer une attitude d’abord humaine dans chaque
rencontre, la personne troublée, même profondément, peut rétablir des liens
avec nous et son entourage, et reprendre pied. Mais voilà, une telle évolution
n’est pas encore connue de l’ensemble de la population, qui reste toujours aux
prises avec ses fantasmes de terreur, venant du fond des âges.
L’homme
politique seul, mais le vrai, est en mesure de convoquer à la barre des
témoignages de la Nation tous ces acteurs pour éclairer les citoyens. Ce doit
être un débat solennel, attentif, prolongé.
Un
tout petit exemple vient de se dérouler à l’INSERM, où, après cette enquête
tronquée commise sur la littérature anglo-saxonne, des ‘experts’ avaient cru
pouvoir démontrer qu’il était indispensable de soigner tous les enfants de
trois ans un peu trop agités, sous prétexte que c’était de la graine de
délinquants, étant donné que dans les antécédents de ceux ci on trouvait de
pareilles agitations. Après un an et 200.000 signatures (‘pas de zéro de
conduite’) l’INSERM a accepté le 14 novembre un débat (public restreint, mais Presse
présente) qui a démontré l’absence de sérieux de cette prétendue expertise et
la nécessité d’observer l’enfant avec plus d’humanité en pesant l’importance du
contexte, de son environnement à chaque fois, et en ayant le souci de ne pas
isoler un signe, mais en tenant toujours compte de ‘l’unité’ de la personne
dans sa complexité. Hélas la Presse n’en a à peu près rien traduit à l’opinion.
La leçon était pourtant exemplaire sur la façon dont la folie constitue l’un
des fantasmes les plus solides dans l’opinion, même parmi des ‘scientifiques’,
et empêche de voir la réalité humaine et pas seulement statistique. Mais la Presse
ne s’intéresse qu’aux scandales.
La
majorité parlementaire, ‘faussement élue’ sur une terreur de l’extrême droite
en 2002, est-elle fière de ce qu’elle vient de commettre en pleine nuit à la
sauvette ?
Il
faudra donc attendre un vrai parlement en 2007. Mais il faut s’y préparer dès maintenant
et ceci après avoir écarté ceux qui viennent de se salir les mains cette nuit.
Car
profiter de la nuit pour mettre sous ‘ordonnances’ des décisions sur la
psychiatrie, qui vont augmenter (en les facilitant !!!) les mesures
d’enfermement et provoquer la délation en mettant les maires en otage, est une
atteinte grave à la démocratie : de ce fait il n’y a eu aucun débat sur
une question de société fondamentale ! Où ces hommes ont ils appris ce
qu’est la démocratie ? Est ce le fait d’un petit groupe de tyrans mis au
pouvoir par erreur ?
Il
faudra donc absolument un vrai, un grand débat au parlement, comme en 1838, un
débat dont la nation se ferait l’écho jour après jour, pour que l’humain
reprenne ses droits.
Il
faudra que des familles, des patients viennent témoigner à la barre à côté de
ces générations de professionnels qui ont transformé en 30 ans la psychiatrie
asilaire et aliéniste en une pratique humaine. Qu’ils viennent tous témoigner
sur le sens de « l’homme » et sur les espoirs d’une société.
C’est
urgent car en plus cette psychiatrie est en voie d’asphyxie aujourd’hui. Il est
urgent de dévoiler comment une administration qui a elle aussi au ventre la
peur de la folie est en train d’écraser cette psychiatrie moderne et humaine. Cette
Il
faut ‘y mettre le paquet’ dans ce débat et parler de l’homme sous toutes ses
facettes, retrouver l’émerveillement devant la naissance de l’enfant, ses
premières acquisitions au fil des échanges avec mère et père…et surtout, ensuite,
« ne pas perdre ce fil du développement de l’homme » et du
changement qui n’en finit pas jusqu’au dernier souffle, ne pas perdre ce fil
car il faut que jamais l’homme ne soit laissé seul, ni dans les premiers jours
de sa vie, ni à sa maturité, ni au dernier jour, il faut veiller sur ce
changement formidable qui s’opère constamment en lui grâce à la vie, à ses
rencontres avec les autres, changement qu’il faut soutenir.
« Frères
humains qui après nous vivez… », si nous pouvions laisser un tel
héritage !
« L’homme »,
après tout, justifie bien un débat, un débat digne de lui dans
Amitiés
Vieux frère