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LA CHRONIQUE du LUNDI

Guy Baillon





Docteur Guy Baillon, Psychiatre des Hôpitaux

CHRONIQUE DU PASSAGE ENTRE LA PSYCHIATRIE D’HIER ET LA PSYCHIATRIE DE DEMAIN - (novembre 2006 à Avril 2007).

Entre Lucien Bonnafé et les jeunes de demain, déjà au travail aujourd’hui.

‘11ème chronique du lundi’. Lundi 15 janvier 2007 – Actualités écrites et loi.

Deux contemporains de Lucien Bonnafé viennent de disparaître Pierre Vidal-Naquet et Jean Pierre Vernant, comme lui résistants et communistes. Deux grands acteurs de ce passé récent.

Lucien nous aurait guidés pour apprécier aujourd’hui tout ce que nous leur devons dans approfondissement de la richesse de l’héritage grec pour notre pensée ; de nombreux écrits vont certainement éclairer leur œuvre, nous permettant de nous enrichir à notre tour, soyons attentifs. Un petit livre datant de 1988, reprenant des écrits variés remontant jusqu’à 1967, vient de reparaître en 2006 aux éditions ‘complexes’ ! Clin d’œil revigorant montrant comment et pourquoi nos deux auteurs contestaient l’utilisation par la psychanalyse, Sigmund Freud en premier, Anzieu ensuite, des mythes grecs, Œdipe en l’occurrence. D’après nos deux philosophes - historiens les analystes ont abusé en y lisant l’universalité du complexe d’Œdipe. Preuves à l’appui ils nous donnent une autre version des mythes. Lucien a dû être ravi, et les débats en 1966 1967 ont du être vifs. La relecture est bonne car elle nous montre aussi comment tout cette mythologie tourne autour de la naissance de la ‘politique’, dont on se demande tant aujourd’hui ce qu’elle va faire de nous, et de la psychiatrie. Cela nous donne l’envie de rechercher le mythe qui pourrait nous éclairer sur ce mouvement qui entraîne les professionnels de la psychiatrie puis l’Etat à vouloir détruire la psychiatrie après avoir participé à sa naissance avec la psychiatrie de secteur, et nous demander comment « deviner » son avenir grâce à un autre mythe, mais lequel ? Il nous montrerait qu’une renaissance sera possible lorsque le peuple à nouveau se soulèvera pour secouer le joug de la richesse et de l’opulence de certains ; à chaque révolte populaire on reconnaît droit de Cité à la folie.

Le nouveau N° de l’information Psychiatrique publie un article d’un auteur, pourtant honorable, démontrant que Pussin et Pinel sont entrés dans la mythologie et utilisés du coup avec outrance parce que ‘romancés’ ! Le procès tombe si bien pour ceux qui continuent à n’accorder que peu de valeur au travail des infirmiers, trop promus comme étant de nouveaux Pussin. Pourtant les écrits romancés sur Pussin ont permis de mettre en lumière la réalité du travail courageux et ‘intelligent’ de ces acteurs toujours dans l’obscurité ; encore plus dans l’obscurité aujourd’hui avec le refus de les différencier des autres infirmiers de médecine et chirurgie ; non que la qualité de ces derniers soit en rien critiquable, mais le mélange des spécialités ne permet pas à la psychiatrie de défendre sa spécificité ; cette défense n’est possible que si les infirmiers de la psychiatrie se sentent fortement identifiés, comme le sont les psychiatres parmi les autre médecins. Il est vrai que cela fait longtemps que la majorité des psychiatres et l’Information Psychiatrique ne défendent plus la psychiatrie de secteur.

De la même eau et cela nous attriste, voici le N° de janvier de la revue Esprit qui a pourtant été si souvent lucide sur la psychiatrie. Au moment où la psychiatrie de secteur est mise en miettes par les nouvelles organisations administratives et les nouveaux contrôles, parce qu’ils n’accordent aucune spécificité à la psychiatrie dans le champ médical. La psychiatrie a des liens privilégiés à la fois avec le corps certes mais aussi avec l’action sociale comme l’a reconnu la loi du 11-2-2005. Elle rencontre des personnes qui doivent être reconnues d’abord comme des hommes avant de l’être comme des organes. Ce N° « L’hôpital en mouvement » dans ses excellents articles ne prend pas en considération la spécificité de la psychiatrie ; il ne se rend pas compte que de ce fait il participe à l’écrasement général que la psychiatrie subit.

Plus grave car immédiat : La loi sur la prévention de la délinquance va être définitivement votée, un désastre à venir où la psychiatrie est aussi maltraitée…« Amis réveille toi les temps sont durs, trop durs » : j’apprend : ‘Semaine d’action du 22 au 26 janvier, manifestations et grèves le mardi 23 janvier 2007 contre cette loi (collectif national unitaire)   gb


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